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Béatrice Lecouturier à propos de la rentrée scolaire 2025

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Je voudrais compléter l’intervention de notre collègue Delphine Bürkli en intervenant sur les décharges des directeurs et des directrices d’école. 

Votre communication sur la rentrée 2025 se félicite d’avoir gagné la bataille contre la suppression de ce régime spécifique parisien instauré par Jacques Chirac il y a 40 ans. 

Mais c’est avoir la mémoire bien courte Madame la Maire car il serait honnête de rappeler que c’est la Ville de Paris qui n’a plus versé la compensation de 12 millions par an au ministère de l’Education nationale depuis 2019 mettant en péril cette spécificité parisienne et l’avenir des directeurs d’école de plus de cinq classes qui en bénéficient. Car je rappelle que les directeurs des écoles parisiennes sont déchargés à partir de cinq classes alors que le régime usuel appliqué hors Paris s’applique à partir de 12 classes. 

Leur grogne nous a été remontée en début d’année et nous avions heureusement dénoncé ce manquement pour vous alerter sur cette situation que vous aviez vous-même créée. Alors oui, un moratoire a été signé par le ministère de l’Education nationale pour la conduite de ces décharges pour l’année 2025-2026 et c’était souhaitable. C’était souhaitable car ce régime est justifié pour les directeurs qui sont confrontés dans notre capitale à des responsabilités accrues et bien peu accompagnés par les services de la ville. 

Tout est un casse-tête pour eux et ils nous le disent. L’exemple des cours oasis ou celui de l’aménagement des rythmes scolaires illustre le manque d’accompagnement dont ils souffrent. 

Si les compléments de décharges venaient à disparaître, les conséquences pour les écoles parisiennes seraient considérables. Les directeurs ne pourraient plus assurer pleinement leur mission et renonceraient même à rester à la tête de leurs écoles. Lorsqu’on connaît la difficulté à tenir ce poste essentiel de lien avec les familles, nous devrions être tous collectivement à leur côté, ce que vous n’avez pas fait depuis 5 ans. 

Alors, il est toujours aisé de faire porter la responsabilité à l’État comme vous le faites si souvent, mais cette crise aurait pu être évitée si la ville de Paris avait tout simplement assumé ses obligations. 

Je vous remercie.

Delphine Bürkli à propos de la rentrée scolaire 2025

Merci Madame la Maire,

Paris dispose d’un patrimoine bâtimentaire éducatif exceptionnel. Des écoles de qualité, des enseignants et des personnels municipaux engagés, des classes moins chargées que dans d’autres villes de France entre 20 et 25 élèves par classe, c’est une réalité et nous devons absolument la préserver. 

Parce qu’il y a d’abord une densité plus importante d’élèves au mètre carré à Paris qu’en province et la taille des salles de classe, des cours et des préaux est plus modeste dans nos écoles parisiennes. 

Et puis, il faut être capable de répondre à la diversité des profils des élèves et de mieux les accompagner dans un environnement adapté. Le rôle de la collectivité, notre rôle de maire d’arrondissement est d’offrir les meilleures conditions d’apprentissage dans nos écoles. Cela veut dire concrètement adapter nos bâtiments au défi climatique, mieux les isoler, les connecter au réseau de fraîcheur. Et sur ce sujet, on est loin du compte. 

On se souvient encore des récents épisodes caniculaires avant les vacances d’été et des directeurs incitant les parents à sortir leurs enfants de l’école surchauffée ou des élèves qui se sont réfugiés avec leurs enseignants ou leurs animateurs dans des cinémas climatisés de la capitale pour trouver un peu de fraîcheur. 

Cela veut dire aussi mettre des moyens et des personnels animateurs et ATSEM en nombre suffisant pour assurer le temps périscolaire. Soutenir nos professeurs de la Ville de Paris pour la pratique du sport, des arts plastiques et de la musique. Une spécificité parisienne à conserver et à amplifier. Et là aussi, nous peinons à obtenir les moyens nécessaires avec de moins en moins de PVP. Sans parler de la médecine scolaire qui est en sous-effectif chronique et pourtant tous ces métiers sont indispensables à l’épanouissement des enfants. 

Quant aux directrices et directeurs des écoles, ils ont subi de plein fouet l’an dernier vos hésitations à prendre en charge financièrement ces six dernières années lors des charges d’enseignement. Une spécificité là aussi parisienne depuis 40 ans, ce qui a déstabilisé l’ensemble de la communauté scolaire. Non seulement nous souhaitons que leur décharge soit maintenue, que leur rôle soit soutenu et renforcé et que leur soit confié de nouvelles prérogatives comme un budget d’autonomie pour l’entretien courant des écoles. 

Et puis nous ne pourrons pas faire l’économie d’une remise à plat enfin des rythmes scolaires que vous avez mis en place dans la douleur il y a 11 ans. Cette réforme de 2013 doit une bonne fois pour toutes être évaluée d’un point de vue financier organisationnel pour les familles, pour les équipes d’encadrement, mais aussi et surtout du point de vue de l’intérêt de l’enfant. Parce que nous soutenons l’école publique, qu’elle porte en elle une mission d’élévation et d’épanouissement, nous devons aussi mettre sur la table la question du retour de la semaine de 4 jours pour l’enseignement des fondamentaux avec une journée complète le mercredi dédiée aux périscolaires et des études surveillées à partir de 16h30 les mardis, les lundis, mardis, jeudis et vendredis. 

On sait tous la difficulté de recruter des enseignants qui habitent souvent loin de Paris, de trouver des remplaçants en cas d’absence ou de temps partiel et puis pour les REV (Responsables Educatif Ville) et les animateurs, ne serait-il pas plus efficace pour eux et leurs conditions de travail d’avoir un emploi du temps plus stable et surtout moins haché ? Autant de sujets que nous ne pouvons plus mettre sous le tapis à Paris et que nous devrons regarder en face. 

Je vous remercie.

Béatrice Lecouturier à propos de la politique de soutien de la Ville de Paris aux proches aidants

Merci Monsieur le Maire, 

Mes chers collègues, il y a parfois des armées de combattants silencieux au dévouement sans faille. Les proches des aidants appartiennent à cela. 

11 millions de personnes en France déclarent apporter une aide régulière et bénévole à un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie. À Paris, ce sont environ 310 000 personnes qui déclarent aider un proche, soit près d’un Parisien sur 6. 

Très souvent, trop souvent, ce sont des femmes à 80 % qui jonglent entre vie professionnelle, familiale et responsabilité d’aidantes. Beaucoup d’entre elles expriment leur épuisement, un malaise, une solitude et un manque de reconnaissance. Et d’ailleurs, 54 % ignorent qu’ils ou qu’elles sont des aidants étant accompagnés d’un proche, un proche étant une évidence pour eux. Ils disent simplement, “Je m’occupe de quelqu’un que j’aime.” 

La ville de Paris a mis déjà un certain nombre de dispositifs rappelés dans cette communication comme la maison des aînés et des aidants, des plateformes de répit et organiser des villages des aidants ou des cafés des aidants pour écouter, informer et surtout rompre l’isolement. 

Mais soyons lucides. Malgré ces progrès, trop d’aidants restent seuls, épuisés, parfois à bout. Nous devons aller donc plus loin. Aller plus loin dans la reconnaissance. Beaucoup d’aidants ignorent encore leur droit. Pourquoi ne pas créer une carte aussi des aidants de Paris qui donne accès à des avantages dans les transports, la culture ou les services municipaux ? 

Il faut aller plus loin dans l’information à l’hôpital, dans les mairies d’arrondissement, dans les associations avec une grande campagne municipale d’information sur tous les panneaux municipaux. 

Aller plus loin dans l’aide financière en renforçant l’accès à l’information à l’AJPA, l’allocation journalière du proche aidant ou en aidant au montage du dossier ou à celui de l’accès aux aides parisiennes pour couvrir les coûts d’aide à domicile ou à l’adaptation au logement. 

Aller plus loin dans le répit des aidants. Il n’y a pas de bon accompagnement sans repos. Nous pourrions créer des relais à domicile, des séjours adaptés et des accueils temporaires ou encore dédier une ligne téléphonique unique pour leur donner un soutien moral ou des informations pratiques. 

Enfin, aller plus loin dans la conciliation avec le travail. Beaucoup d’aidants travaillent en entreprise. Ils jonglent entre emploi et accompagnement. Certains quittent même leur emploi pour se consacrer entièrement à un parent ou à un enfant. Nous devons encourager les entreprises parisiennes à proposer des horaires aménagés, du télétravail ou des congés d’aidant mieux rémunérés et la ville doit être exemplaire dans ses propres services. 

Parce qu’aider un proche, ce n’est pas un à-côté, c’est un engagement à part entière. Accompagner les aidants, c’est un acte d’humanité, de justice sociale et de bien-être commun. C’est reconnaître ceux qui donnent toujours sans recevoir, soulager les souffrances, témoigner de notre reconnaissance. 

L’appui politique, les ressources et la cohérence sont les clés de ce succès. Nous avons les dispositifs de base, mais nous devons les renforcer, les rendre plus visibles, plus accessibles, plus généreux et mieux coordonnés. 

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos de l’accès aux droits et aux besoins fondamentaux pour les sans-abris

Madame la Maire,

À mon tour de saluer cette délibération et je voudrais mettre l’accent sur deux projets spécifiquement. 

La première subvention à l’intention de Montparnasse Rencontres et l’énorme travail en matière de domiciliation que tous ces bénévoles effectuent et également Mobile’ Douche dans Paris Centre. 

Paris centre qui concentre aujourd’hui près d’un 5ème des sans abris de la capitale. 

660 personnes ont été décomptées lors de la dernière Nuit de la Solidarité, soit une hausse de 70 % en un an. Ces chiffres rappellent, s’il en était besoin, l’urgence de renforcer nos dispositifs d’accès au droit. Et c’est précisément l’esprit du projet Mobil’Douche mené par l’association de Pôle France, l’une des initiatives qui nous est proposé de soutenir à travers cette délibération. 

Aller vers celles et ceux qui durablement installés dans la rue ne fréquentent plus les appels, les accueils de jour ni les bains douches municipaux. Offrir à ces personnes un moment d’intimité, un peu de chaleur, un moment d’écoute et d’humanité. 

Mais ce projet est aussi un formidable exemple de démocratie locale vivante. Il est né en 2023 de la volonté conjointe des septs conseils de quartiers de Paris Centre qui se sont regroupés pour former un groupe inter conseil et construire ensemble une réponse adaptée à la détresse qu’ils observent quotidiennement dans nos rues. Ce collectif d’habitants engagés a su mobiliser des partenaires privés, des associations, la région Île-de-France et aujourd’hui la ville de Paris pour financer ce projet. 

Cette synergie entre citoyens, institution, acteurs associatifs, c’est exactement ce que nous devrions encourager. Une solidarité de proximité ancrée dans les réalités du terrain. Alors, je veux donc ici saluer le travail absolument remarquable du groupe inter conseil de quartier de Paris Centre et particulièrement Paule et Michel, leur constance, leur sens du collectif car ils ont su démontrer que par l’action citoyenne, quand elle est structurée, elle peut produire des solutions concrètes et durables au service des plus fragiles. 

Je vous invite donc à voter cette délibération avec conviction et reconnaissance pour celles et ceux qui l’ont rendue possible. 

Je vous remercie.

Alexis Govciyan rend hommage à Jacques Martial

Merci Madame la Maire, 

Mes chers collègues,

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris cet été, la disparition de notre cher collègue Jacques Martial, décédé le 13 août dernier et que nous avons accompagné pour son dernier voyage au Père Lachaise. 

Jacques Martial fait partie de ces personnalités nourries de richesses culturelles, territoriales et profondément marquées par les nombreux pays d’Afrique et des Antilles où son père était affecté. 

C’est en Guyane, adolescent, que Jacques Martial découvre le théâtre, art qui deviendra sa vocation. Acteur, metteur en scène, il sera aussi un homme politique engagé notamment à Paris. 

Formé à l’atelier de Sarah Sanders dont il fut l’assistant. Il donne un souffle pédagogique à sa démarche, en animant des stages de formation pour acteurs en étant déjà dans la transmission. 

Tout en mettant en scène plusieurs spectacles, il poursuit sa carrière d’acteur, devenant, vous l’avez rappelé, un visage familier pour le grand public, notamment dans la série Navarro où il incarnait Bain-Marie.

Jacques Martial, c’est aussi l’action citoyenne ! Engagé, honnête homme au sens des Lumières, il savait conjuguer les mots culture et citoyenneté pour faire rayonner la diversité et l’histoire des Outre-mer dans notre capitale. 

Nommé, ça a été rappelé également président de la Villette par Jacques Chirac en 2006, il a été le premier dirigeant noir à la tête d’une grande institution culturelle parisienne.

Élu conseiller de Paris en 2020, adjoint à la Maire, chargé des Outre-mer en 2022, Jacques Martial s’est battu pour défendre les Parisiens ultramarins, soutenir leurs associations, coopérer avec les collectivités ultramarines et porter la mémoire de leurs luttes et de leurs figures emblématiques dans l’espace public parisien.

Grâce à lui, Paris a vu naître le jardin et la statue Solitude, héroïne emblématique de la lutte contre l’esclavagisme et pour la défense des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Il a aussi œuvré pour la dénomination du jardin Toussaint Louverture, ainsi que celle de la statue de Paulette Nardal, fidèle en cela à ses valeurs de transmission.

Son combat était, en effet, celui de la Mémoire en partage, toujours avec la même exigence d’humanité et d’universalité. Son engagement l’a d’ailleurs conduit à de hautes responsabilités comme la présidence de Mémorial ACTe, le musée de l’esclavage de Pointe-à-Pitre. 

En dernier, il était membre du comité de pilotage du Mémorial national des victimes de l’esclavage où il représentait notre collectivité aux côtés notamment du CM98, le Comité marche du 23 mai 1998 dont je salue les dirigeants et militants pour tous leurs engagements mémoriels. 

Il a aussi été à l’origine d’initiatives culturelles fortes, vous l’avez rappelé, comme la si symbolique Nuit Blanche d’Outre-mer. On se souviendra du magnifique feu d’artifice du 14 juillet, en préambule à des Jeux olympiques historiques où les Outre-Mer avaient été mis à l’honneur.    

Pour toute son œuvre et sa vie citoyenne, il était nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 2006, puis promu officier des Arts et Lettres en 2015. 

Au nom du groupe MoDem et Indépendants, je souhaite adresser à son époux, à sa famille, à ses proches et à ses amis, nos plus sincères condoléances. Jacques Martial, homme accompli, laisse une empreinte indélébile dans le cœur de Paris. 

Sa gentillesse et sa générosité d’âme, comme son héritage et sa place parmi nous dans ce Conseil, nous invitent à poursuivre son combat avec la même exigence dans la transmission et la même détermination dans l’action. 

Maud Gatel rend hommage à Jean-Marc Boulenger de Hauteclocque

Madame la Maire, 

Mes chers collègues, 

Je souhaite ici saluer la mémoire de Jean-Marc Boulenger de Hauteclocque et celui du 15e arrondissement qui nous a quittés le 10 septembre dernier à la suite d’un long combat contre la maladie. 

Jean-Marc était un serviteur de la mémoire et un bâtisseur de lien entre les générations autant qu’un homme profondément engagé pour Paris. 

Petit-fils de Nicole de Hauteclocque, résistante de la première heure et figure emblématique de la vie politique parisienne, Jean-Marc Boulenger de Hauteclocque a su à son tour s’investir pleinement dans la vie locale honorant sa famille et son héritage. 

Il occupa diverses responsabilités: adjoint au maire du 15e arrondissement, adjoint au maire de Paris mais également directeur de cabinet du maire du 8e arrondissement. Sa connaissance fine des sujets municipaux, son attachement à la vie locale pour le commerce, la protection de l’environnement et le développement économique sont connus de tous ceux qui l’ont rencontré. 

Acteur clé dans la gestion de l’eau et de l’assainissement, notamment à travers son rôle de vice-président du SIAAP, il a su démontrer son intérêt pour des problématiques essentielles à la qualité de vie des Parisiens. Mais au-delà de ses fonctions publiques et politiques, Jean-Marc Boulenger de Hauteclocque était aussi un homme de cœur profondément attaché à la coopération internationale notamment avec Cuba. Il fut ainsi vice-président de l’ONG Cuba coopération pendant 15 ans. Sa passion pour la culture cubaine, son admiration pour les traditions locales témoignent d’un engagement sincère. 

Écrivain et journaliste, il a su transmettre avec sensibilité le récit de sa grand-mère dans son ouvrage publié quelques jours avant son décès intitulé Nicole de Hauteclocque dans le secret de mon cœur, un hommage poignant à une femme combattante, résistante de la première heure. 

Les élus du groupe MoDem et Indépendants adressent à son épouse Pascale, à ses filles, à Astrid et Axel, à ses proches, à l’ensemble des habitants du 15e arrondissement, leurs condoléances les plus sincères et leurs pensées les plus chaleureuses. 

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos de l’état du bâtiment de la fontaine de la Croix-du-Trahoir

Au 111 rue Saint-Honoré se trouve un bâtiment du 18e siècle inscrit aux monuments historiques. C’est un ancien répartiteur d’eau. Le bâtiment de la fontaine de la Croix-du-Trahoir présente une forte valeur patrimoniale au cœur même de Paris à proximité immédiate de l’église Saint-Germain l’Auxerrois. 

Ce bâtiment a d’abord été squatté, puis la ville a passé une convention d’occupation et une convention d’objectif avec les squatteurs qui s’était constitué en collectif, transformé donc en association Paris Centre qui désormais est le laboratoire de la création en 2004. Des manifestations culturelles ont eu lieu mais de moins en moins et depuis cette date, depuis 2004, le bâtiment s’est significativement dégradé, suscitant l’inquiétude des riverains. Son aspect extérieur est absolument indigne de la capitale et de l’entretien des bâtiments que nous devons au patrimoine parisien. 

Dès lors, nous attendons des réponses, des réponses de la ville et des actes. D’abord, qui occupe ce bâtiment désormais ? Bâtiment, je le rappelle, inscrit aux monuments historiques et sous quel régime ? Et deuxièmement, quand la ville mènera-t-elle les travaux absolument nécessaires de diagnostic et les travaux de rénovation de ce bâtiment historique au cœur de la capitale pour ne pas laisser un tel joyau se dégrader de la sorte. Je vous remercie.  

Béatrice Lecouturier à propos du Plan Lire à Paris 2

Merci Madame la Maire,

Madame la Maire, Mes chers collègues,

Alors comme vous le savez, notre groupe MoDem et Indépendants a toujours été très attentif et force de propositions concernant les bibliothèques à Paris. Alors oui, les propositions de ce Plan lecture 2 vont dans le bon sens car elles sont des mesures de bon sens que nous réclamions déjà depuis la précédente mandature.

Tout d’abord, l’harmonisation des horaires des bibliothèques. Enfin, enfin, il va être possible d’aller dans une bibliothèque à Paris sans se demander si elle est ouverte ou fermée selon le lieu où vous habitez. Les usages des Parisiens ont changé. Leur mode de vie aussi a changé. Il faut que les horaires d’ouverture coïncident, concordent avec leur nouveau mode de vie. Il était donc urgent de rendre lisible les horaires incompréhensibles au niveau parisien. 

Ensuite, l’ouverture dominicale d’au moins une grande bibliothèque par arrondissement est l’autre grande nouvelle. Là aussi, vous connaissez notre combat sur le sujet. Ouvrir les bibliothèques le dimanche, c’est permettre à des parents ou à des grands-parents d’aller lire et choisir des livres avec leurs enfants ou leurs petits-enfants. C’est permettre à des personnes seules de tisser un lien autour du dernier livre lu ou des conseils donnés pour le prochain livre. C’est permettre à tous ceux qui n’ont pas une minute dans leur vie effrénée de la semaine de se poser et de prendre le temps de la tranquillité du dimanche pour enfin ouvrir et lire un livre ou un magazine. Cette décision d’ouverture dominicale doit être saluée mais que de temps perdu. 

Nous pouvons légitimement nous poser la question pourquoi maintenant alors que vous aviez 6 ans pour le faire, cela fait des années que notre groupe porte cette proposition. Si elle avait été prise en temps plus tôt, nous aurions gagné du temps et économisé un plan. Mais c’est très bien, cela va dans le bon sens. 

Si nous partageons les objectifs affichés de ce plan, nous refusons qu’il ne soit qu’un empilement supplémentaire de mesures non appliquées. Il faut maintenant des résultats concrets mesurables avec un calendrier précis. L’accès universel à la lecture vaut mieux que de bonnes intentions répétées. Quant aux ouvertures dominicales, nous attendons une réponse rapide pour tous les arrondissements qui en sont dépourvus et je pense en particulier au 16e arrondissement où il n’existe qu’une seule grande bibliothèque. 

Autre défi important, faire revenir les jeunes dans les bibliothèques. Face à la désaffection inquiétante des jeunes vis-à-vis de la lecture, il convient d’être astucieux et imaginatif pour leur proposer d’autres modes de lecture complémentaires aux livres classiques. En effet, l’important est de franchir la porte d’une bibliothèque. La magie opérera ensuite. Des formats innovants tels que les clubs de lecture, les résidences d’auteurs ou les actions hors les murs dans les collèges attireront ces jeunes publics avec de l’innovation dans les supports adaptés à leur génération. 

Enfin, j’aimerais rappeler que l’inclusion doit faire totalement partie de l’accueil des bibliothèques parisiennes. L’inclusion des publics les plus éloignés, qu’il soit en situation de handicap ou de précarité, ne peut être un axe secondaire. Vous connaissez également la constance de notre groupe à défendre l’inclusion du handicap à Paris. La culture et les bibliothèques doivent aussi faire l’objet d’engagements chiffrés et suivis sur le sujet comme les heures calmes que nous avons fait voter à l’unanimité sans retour de votre part sur cette expérimentation. Mais bon, toutes ces mesures vont dans le beau sens et nous voterons cette délibération. 

Je vous remercie. 

Alexis Govciyan à propos de la dénomination de la place Garbis Aprikian (9e)

Madame la Maire, 

Chère Laurence Patrice, Chers collègues, 

Nous examinons aujourd’hui une délibération qui donne corps à un vœu voté lors du Conseil de Paris de novembre dernier. Celle de dédier un lieu du 9e arrondissement de Paris à la mémoire de monsieur Garbis Aprikian, compositeur et chef de chœur franco-arménien, disparu en octobre 2024 au lendemain de ses 98 ans. 

À travers cette dénomination, il s’agit de rendre hommage à une personnalité d’exception, une figure discrète mais majeure dont la vie et l’œuvre ont tissé un lien singulier entre les cultures, entre les traditions liturgiques arméniennes et les canons de la musique occidentale. Né à Alexandrie en 1926, le futur maestro a grandi au sein de la communauté arménienne où le champ sacré devient très tôt une seconde langue. Son destin artistique se dessine dès l’adolescence à l’ombre des grandes figures de l’opéra italien grâce à un maître formé par Mascagni. 

Sa première œuvre, l’Hirondelle, dit bien cette vocation précoce de porter la voix et l’exil au plus haut. Arrivé à Paris en 1953, boursier, il intègre les grandes institutions de la vie musicale française. Il y reçoit l’enseignement rigoureux de Tony Aubin, de Simone Plé-Caussade et surtout d’Olivier Messiaen, dont il suit les cours d’esthétique musical au conservatoire national supérieur. 

C’est à Paris qu’il compose, dirige et transmet sans relâche pendant plus de 60 ans. Chef des cœurs mixtes Sipan Komitas qu’il dirige pendant plus d’un demi-siècle, Garbis Aprikian s’est imposé comme un ambassadeur infatigable de la musique arménienne qu’il a fait rayonner à travers toute l’Europe de Munich à Venise en passant par Genève et Amsterdam. 

Sa démarche artistique n’a jamais été le repli, mais au contraire le dialogue des cultures, alliance des mélodies européennes et de la diaspora. Parmi ces œuvres marquantes, citons notamment la la naissance de David de Sassoun, inspiré de l’épopée arménienne. Homme de paix et de transmission, Monsieur Aprikian a consacré sa vie à la création, au partage, à l’harmonie, au sens musical, comme essence comme au sens citoyen du terme. 

En 1991, juste après la chute de l’URSS et l’indépendance de la République d’Arménie, il est invité par les plus hautes autorités du pays à s’y produire pour la première fois. Une reconnaissance forte, à la fois symbolique et artistique pour un compositeur longtemps ancré, connu et reconnu en diaspora. 

Ces talents ont été salués par de nombreuses distinctions dont le titre de commandeur dans l’ordre des arts et des lettres en 2021. Afin d’honorer sa mémoire et son héritage en lien étroit avec ses enfants Ara Aprikian et Gorune Aprikian et avec vous chère Laurence Patrice, le choix de la place large et arborée à l’angle des rues de Maubeuge et d’Abbeville et à quelques maîtres de l’Église Saint-Vincent de Paul où il a donné son concert d’adieux, s’est imposé avec justesse. 

Dans cette période où la mémoire et le dialogue doivent être des piliers donnés à un lieu du 9e arrondissement de Paris, le nom de Garbis Aprikian c’est réaffirmer l’importance du travail de mémoire, de la transmission du partage de culture et de la fidélité aux racines sans renier l’universel. Vous l’aurez compris aujourd’hui nous sommes heureux et satisfaits de l’examen et du vote en faveur de cette délibération.

Maud Gatel à propos de la SPL funéraire de Paris et du crématorium du Père-Lachaise

Merci beaucoup Monsieur le Maire, 

Mes chers collègues, 

Alors par cette délibération, vous nous demandez de confier à la Société locale (SPL) funéraire de Paris la délégation de service public pour la rénovation et l’exploitation du crématorium du Père Lachaise. 

Cette SPL créée en 2023 avait pour objectif ô combien louable de proposer des prestations à un prix moins élevé. Mais elle avait surtout l’intérêt en tant que SPL de permettre une non mise en concurrence dans le cadre d’une DSP, une DSP rendue possible par la dénonciation du contrat en avril dernier avec la société des crématorium de France qui avait pourtant remporté le contrat de l’exploitation des crématoriums parisiens pour motif d’intérêt général. 

Et c’est là où nous en sommes. Vous souhaitez confier à la SPL de la ville l’exploitation et la rénovation du crématorium du Père-Lachaise. Nous sommes donc passé des crématoriums au crématorium et ce n’est pas le moindre des problèmes. 

Cette succession de délibérations nous pose plusieurs difficultés. Alors, il y a d’abord le sujet public privé. Alors, Monsieur Gleizes, contrairement à beaucoup dans cette salle, nous n’avons pas d’idéologie sur ce sujet. Ce qui importe, c’est l’efficacité du service public rendu. Or, lorsque la décision a été prise en 2017 de confier au privé la délégation, nous avons pu observer combien les travaux d’entretien et de rénovation étaient importants, tentant à démontrer que la société d’économie mixte avait manqué à ses obligations. 

Aujourd’hui, vous semblez considérer que tout se passera bien avec la SPL. La réalité c’est que tout dépend du pilotage car si les travaux par exemple ont été faits par l’opérateur actuel les travaux de rénovation très structurants ne l’ont pas été. C’est à la demande de la Ville de Paris. Et quand je lis que je cite “Le délégataire exploitera à ses risques et péril le service délégué”, je rappelle que la Ville de Paris détient 99 % des parts. Ce sont donc surtout les Parisiens qui assumeront les risques d’exploitation. 

Deuxième sujet, la résiliation du contrat pour motif d’intérêt général. Le contrat débutant en 2019 prévoyait à la fois l’exploitation et la rénovation du crématorium du Père-Lachaise, mais aussi la construction d’un nouveau crématorium. Le site avait été choisi par la ville : Forceval et pour des raisons plus politiques de majorité municipale que technique, vous en conviendrez, vous avez décidé d’abandonner purement et simplement ce projet arguant de cela pour dénoncer le contrat. 

Alors, cela pose évidemment d’énormes interrogations quant à la capacité du site du Père Lachaise à tenir la charge en l’absence d’un second site. Et alors que des travaux urgents doivent être réalisés, sans parler des conséquences pour les finances de la ville, l’opérateur actuel étant totalement fondé, a demandé un dédommagement pour cette résiliation anticipée de 23 années. 

Dernier point et pas des moindres sur ce sujet comme sur tant d’autres. Les promesses sont mises à la poubelle. Lors de la campagne de 2014, la Maire de Paris promettait la construction d’un nouveau crématorium pour faire face à une demande croissante de la part des familles parisiennes. 

Le Père-Lachaise est conçu pour 4500 crémations lents quand 6000 sont aujourd’hui réalisées. Le retard pris pour les indispensables travaux fait craindre une difficulté voire une incapacité à répondre à la demande. Les temps d’attente s’allongent et l’incendie de juin 2023 a montré combien les travaux étaient urgents. Cela pose des problèmes d’accueil et d’attente indigne de notre ville et du deuil des familles. 

De ce second crématorium, il n’est plus question. Or, c’est indispensable. C’est une demande des familles, c’est une demande sociétale. Dans les grandes villes aujourd’hui, 60 % des décès font l’objet d’une demande de crémation. Alors cette délibération pose des questions lourdes sur la manière de la ville de passer ses marchés et ses relations avec ses opérateurs. Elle fait peser un risque juridique et financier pour la Ville de Paris et les Parisiens. Oui, nous avons perdu 7 ans pour les travaux de rénovation, pour la construction d’un nouveau crématorium et je le crains pour les finances de la ville. 

Mais globalement cette délibération pose un sujet sur l’avenir de la crémation à Paris. Alors, deux questions. Quand seront réalisés les travaux de rénovation prévus depuis des années pour mettre à niveau le crématorium du Père-Lachaise et permettre aux crémations de se faire dans de bonnes conditions ? Et quand la ville tiendra-t-elle ses promesses datant désormais de plus de 10 ans quant à la création d’un second crématorium indispensable pour répondre aux attentes des Parisiens. Je vous remercie.

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