Catégorie : Transition écologique (Page 3 of 3)

Maud Gatel à propos du rapport de la MIE “Paris à 50°C” – Juin 2023

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Après : 6 mois de travail, 75 personnes auditionnées, les 85 recommandations de la mission d’information traduisent un constat alarmant : la ville de Paris n’est pas prête à faire face aux conséquences du dérèglement climatique.

Notamment, et nous l’avons évoqué longuement hier, parce que les discours de l’Exécutif ne sont pas en adéquation avec les actes : création d’îlots de chaleur, abattage d’arbres, artificialisation de la ville ont contribué à faire de Paris une étuve. Comme l’été dernier nous l’a douloureusement démontré avec des relevés de température pouvant aller jusqu’à 59° sur le sol de la place de la République, après le record de 42° le 25 juillet 2019.

Selon une étude du Lancet, parmi 854 villes dans 30 pays en Europe, Paris est la ville où le risque relatif à la chaleur est le plus élevé. Et ce, selon Pierre Masselot, cela s’explique en raison « du manque de végétation et aussi de la couleur du goudron ou des matériaux » utilisés à Paris. Ajoutés à la faible présence d’eau et la topographie, ainsi que les émissions de chaleur anthropique, Paris est une ville fortement exposée à l’effet d’îlot de chaleur urbain, faisant peser des risques majeurs sur la santé des habitants et sur la biodiversité.

D’où l’importance de cette mission d’information dont je veux saluer la qualité des travaux, l’implication d’Alexandre Florentin, le président, à l’origine de cette proposition, et de Maud Lelièvre, sa rapporteure.

Une mission indispensable, vitale même. Car aux côtés de l’indispensable atténuation – la diminution de 55% de nos émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 au niveau européen à laquelle Paris doit prendre toute sa part, nous devons aussi travailler sur l’adaptation. Paris à 50° ne relève pas de la science-fiction et nécessite que nous changions de braquet.

Je voudrais revenir sur certaines des recommandations ambitieuses que nous avons portées dans le cadre de la MIE :

  • Premier volet : Préserver l’habitabilité de notre ville

Après la lutte contre le froid, c’est aussi désormais à la lutte contre le chaud à laquelle nous devons nous atteler. Si nous n’accélérons pas, de très nombreux logements seront impropres à l’habitation. Il faut donc développer le raccordement des bâtiments au réseau de froid urbain, intégrer le confort d’été aux normes de rénovation et repenser notre utilisation des toits. Nous prônons également pour l’interdiction des sorties de climatiseurs sur les toits.

  • Deuxième volet : Faire passer Paris d’une « ville radiateur » à une « ville oasis »

Et ce grâce à une importante désimperméabilisation et l’implantation d’une végétalisation de pleine terre. Paris doit devenir un véritable jardin, et non une ville pelouse, rapport au débat de ce matin.

Développer l’ombre, en veillant à des indices de canopée exigeants et étendre les trames vertes à partir des parcs pour créer de nouveaux corridors de biodiversité et de fraîcheur. Cette re-végétalisation doit s’appuyer sur des espèces résistantes, sobres en eau. La ville oasis passe également par la création de places de village, ombragées et créatrices de lien social…

  • Troisième volet : Mieux faire circuler l’air à Paris

Pour rafraîchir l’espace urbain de manière passive, en préservant les couloirs d’airs existants (donc en conservant les dents creuses).

  • Et enfin, mieux protéger les populations,

en améliorant l’efficacité du fichier Reflex, en ouvrant davantage de lieux refuges, pensés pour tous, y compris pour les animaux. Et en imposant des restrictions de circulation en période de canicule.

Face aux pics de chaleur à venir, la situation parisienne est plus qu’alarmante. Il n’est pas trop tard, mais c’est maintenant. Et le fait d’avoir rejeté en bloc, hier, nos amendements et vœux, dont la plupart étaient la traduction des recommandations de la MIE est un très mauvais signal.

Face à la catastrophe annoncée, ce n’est pas de posture dogmatique dont nous avons besoin mais bien de rassembler toutes nos forces avec un seul objectif : permettre à Paris de surmonter ce défi, en dépassant les clivages et petits jeux politiques. La protection des Parisiens est à ce prix.

Je vous remercie.

 

 

Maud Lelièvre à propos du rapport de la MIE “Paris à 50°C” – Juin 2023

Merci Madame La Maire, Mes chers collègues,

Je souhaite également commencer par des remerciements. D’abord vous remercier, vous, chers collègues, membres de cette Mission d’Information et d’Evaluation, pour votre implication et votre présence constantes tout au long de ces six mois.

Je souhaite également remercier le Bureau des missions de l’Assemblée, en particulier Michel Des-Boscs et ses collaborateurs Williams Andres, Fabrice Deschamps, Jeanne Giraudon, Nicolas Rose, Anne-Gabrielle Grenet, Dominique Martin. Qui nous ont permis, grâce à leur savoir-faire, à leur technicité de travailler dans des conditions plus que favorables et nous aider et nous guider pour produire un rapport de qualité.

J’adresse également mes remerciements tout particuliers aux collaborateurs des différents groupes qui se sont impliqués dans cette mission, et en particulier ceux du groupe MoDem Démocrates et Écologistes : Jeanne Bes de Berc et Pierre Seguin.

Enfin il m’apparaît important de dédier quelques mots au Président de la mission, Alexandre Florentin, avec qui, effectivement c’est vrai, j’ai partagé de longues séances de travail, y compris le week-end pour essayer de trouver une voie consensuelle et partagée avec qui il a été très agréable de travailler intellectuellement pour produire un rapport de qualité.

J’espère que ces liens convergeant au sein de la mission que nous avons trouvés entre élus, collaborateurs, que nous avons su créer, perdureront, permettront d’avancer ensemble dans des sujets importants pour dessiner un meilleur avenir pour Paris.

Ce rapport laisse tout de même une interrogation en suspens : Fuir ou périr dans une ville radiateur ?

Voilà une question que, je l’espère, ne devront jamais se poser les Parisiens, notamment ceux qui ne peuvent pas partir. Or, dans un Paris devenu inhabitable, dans un Paris sous 50°C, qui pourrait arriver plus rapidement que prévu si nous ne changeons pas de trajectoire, il faudra avant tout protéger les populations.

Sous bien des aspects Paris est une ville riche. Riche en histoire, en ressources, en savoirs, en forces vives, en compétences. Notre capitale dispose de capacités de résilience qu’aucune autre ville au monde ne peut se vanter d’avoir grâce à son Histoire, à l’hétérogénéité de son architecture.  L’histoire de Paris est remplie de moments durant lesquels nous n’avons pas cédé. Durant lequel les Parisiens ont toujours su trouver les ressources nécessaires à la défense et la protection de leur capitale. C’est aujourd’hui à nous de la protéger face à un ennemi plus invisible, plus sournois, mais tout aussi dangereux.

Nous devons nous retrouver ensemble, en tant qu’élus de la Ville de Paris, à ce moment clefs de notre histoire commune. Je ne reviendrai pas sur les propositions ni les conclusions, qui ont été présentées par Alexandre Florentin mais les axes d’adaptation sont maintenant connus nous l’avons largement présenté. Ce qui est important c’est de se dire qu’il faut partir de l’existante, il faut aller vers un avenir et il faut agir dès maintenant

Agir dès maintenant pour protéger dès l’été prochain les populations, agir dès maintenant, dès ce mois de juin pour protéger ceux qui travaillent dans des conditions difficiles.

Les Parisiens nous attendent, ils attendent de nous, décideurs politiques, que nous puissions mettre de côté nos luttes partisanes et que nous avancions ensemble. Il est vrai parfois que notre vision d’adapter Paris n’est pas totalement la même, mais cette mission a su montrer qu’on pouvait ensemble avoir des points de convergence, trouver de grandes idées, des volontés communes. Il est vrai que parfois, c’est un peu l’image que j’ai de cette mission, c’est que nous avons un peu comme des plaques tectoniques qui se rencontrent, créent quelques remous, produit des montagnes, je ne sais pas si c’est l’Everest. Mais en tout cas la conclusion c’est qu’individuellement nous ne pouvons y arriver ; c’est avec une volonté commune exacerbée que nous arriverons à dépasser ces difficultés que nous connaissons aujourd’hui. 

Ces six mois de mission nous auront permis de comprendre que c’est la manière avec laquelle nous faisons ville qui doit être repensée. Nous devons partir de ce qui fait Paris pour imaginer demain.

Paris c’est une histoire, une architecture, un romantisme et une renommée que nous ne pouvons oublier quand nous pensons à l’adapter. Bien au contraire, c’est en permettant à Paris de continuer à rayonner, à travers l’imaginaire que notre capitale véhicule, que nous pourrons mettre en place des mesures d’adaptation dont le monde entier s’inspirera. Paris est une source d’inspiration et nous pouvons permettre qu’elle le reste en dépassant les contraintes. Elle deviendra ainsi la première ville au monde ayant embrassé son avenir tout en regardant son passé. S’appuyer sur le patrimoine parisien afin de penser une ville totalement reconnectée avec la nature doit être le moteur de l’élaboration de nos prochaines politiques publiques.

Paris doit devenir le berceau du nouveau triptyque Humains – Ville – Nature. Prendre en compte l’histoire et le patrimoine Parisien sans avoir peur du changement doit nous permettre collectivement de rendre cette ville plus résiliente, à travers la création d’une nouvelle relation entre l’homme et le vivant. Cette relation peut être porteuse d’espoir notamment la mise en place de solutions fondées sur la nature.

Endiguer la spirale infernale dans laquelle l’humanité s’est insérée ne passera que par des solutions collectives notamment dans les villes, et en changement de modèle civilisationnel.

Il faut une implication de tous, celle du Conseil de Paris, des associations que nous avons largement concertées, des citoyens qu’ils soient engagés, ceux qui s’engageront demain, du monde économique et du monde du travail.

Quand nous parlons protection de l’environnement, nous parlons aussi de la protection de la ressource en eau, de l’énergie, de l’air non polluée, de système alimentaire ainsi que de la protection des conditions de viabilité sans lesquelles l’espèce humaine ne peut perdurer. C’est pourquoi, un modèle d’une ville qui serait intelligente, technique et surclimatisée ne peut être utile qu’à court terme. 

Sans un environnement sain, les sociétés humaines et leurs structures politico-sociales n’existent pas. Et c’est donc sur ce chemin collectif que nous devons avancer ensemble, collectivement pour garder un Paris viable et habitable.

Repenser Paris, c’est repenser la manière avec laquelle nous faisons ville, avec laquelle nous faisons société. En ce sens, revenir au cadre conceptuel de l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour les questions de l’environnement, à savoir :

La nature pour la nature,

La nature pour la société,

La nature pour la culture.

S’applique parfaitement à Paris et peut demain servir de fil vert à notre politique d’adaptation.Nous devons retourner à l’essentiel, recréer ces liens et j’espère que cela sera le sens de nos travaux des prochains mois.

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos d’un voeu du groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes relatif à la sobriété lumineuse

Merci beaucoup Madame la Maire.

La sobriété énergétique est une nécessité, tant d’un point de vue de la situation géopolitique et de notre autonomie stratégique, qu’un impératif écologique.

En septembre dernier, la Ville avait annoncé vouloir réaliser 10 % d’économie d’énergie avec un certain nombre de mesures. D’abord, l’extinction de la Tour Eiffel la nuit, puis la réduction de la température dans les bâtiments publics. Une disposition qui ne semble pas être respectée dans l’ensemble des bâtiments de la ville.

Le Conseil de Paris avait ajouté un dispositif relatif à l’extinction des publicités lumineuses sur les colonnes Morris, les kiosques, les abris voyageurs, de 23h45 à 6h du matin.

Par ce vœu, nous demandons simplement une évaluation du plan tel qu’il avait été présenté et mis en œuvre par la Ville. Et par ailleurs, il nous donne l’opportunité de rappeler notre attachement à la révision du RLP.

Le sujet de la publicité lumineuse est une question importante, tant d’un point de vue environnemental que de santé publique.

Il mérite donc de faire l’objet d’un débat public et de trouver une traduction dans le RLP.

Pourriez vous nous éclairer sur le calendrier de sa modification ?

Je vous remercie.

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