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Pierre Casanova à propos de l’adhésion avec participation de la Ville à la SCIC Petit bain

Merci beaucoup. Alors, quelques mots. D’abord la société dont il est question. Deuxièmement, la présentation qui nous est faite par la majorité municipale et troisièmement, notre recommandation de voter contre. 

Alors, la société dont il s’agit porte le renom de Petit bain. Elle propose une programmation, je cite, hybride, mêlant concert, spectacle, soirée clubbing et expériences artistiques. Et ces statuts prennent le soin de dire qu’elle permet également l’ouverture et l’exploitation de restaurants et bars. L’explication, deuxième point, nous apprend qu’une prise de participation à hauteur de 20 000 €, ça n’est pas une petite somme, à hauteur de 20 000 € représenterait plusieurs intérêts pour la collectivité et la société coopérative. Société coopérative, on voit tout de suite son intérêt 20 000 € c’est beaucoup. Pour la collectivité, nous ne sommes pas convaincus. 

Premier intérêt selon l’auteur de cet argumentaire, la posture, écoutez bien, la posture de la collectivité se trouve modifiée. Elle devient partie prenante de la structure. Bah oui, à 20 000 € on est partie prenante. Et elle entre dans une nouvelle forme de relation avec les autres associés. Oui, il y a celui qui paye et il y a ceux qui reçoivent. La SCIC, écoutez bien, joue alors le rôle d’instance de dialogue et de coopération et permet d’appréhender différemment le développement économique local. En réunissant l’ensemble des acteurs, elle peut être utilisée comme un outil de structuration d’un écosystème. Ah oui, alors l’écosystème à 20 000 €, alors si vous voulez, moi je vais fabriquer des écosystèmes, je vais faire fortune dans le weekend. 

Alors on apprend en outre qu’en plus de ces 20 000 € la SCIC, la pauvre, elle est à plaindre, elle a déjà reçu 131 000 € de subvention de fonctionnement attribuées en 2025 par la direction des affaires culturelles qui n’en est pas sa première fois puisque nous comprenons qu’elle est garante de ces emprunts bancaires depuis 2011. Est-il raisonnable pour une municipalité, pour une collectivité de devenir associée ? Il ne s’agit pas d’une simple subvention d’une association dans une telle entreprise.

Deuxièmement, chaque année, cette municipalité distribue des subventions à sa clientèle d’environ 300 millions d’euros par an. Cela représente sur la totalité de la mandature près de 2 milliards d’euros. Comment vous faire comprendre chers amis de la majorité que pour les Français normaux, pour les Parisiens qui travaillent, je parle pas de ceux qui bavardent, le chauffeur du taxi qui finit à 1h du matin, le boulanger, le plombier, 20 000 € c’est gigantesque pour un part et du clubbing que ses impôts, que le doublement de sa taxe foncière servent à financer ce genre de plaisanterie, c’est une insulte. 

Et comment faire pour vous convaincre ? Je vais vous dire : l’alternance. Quand vous serez dans l’opposition, vous vous souviendrez que 20 000 € c’est beaucoup de sous. Merci.

Maud Gatel à propos des orientations budgétaires de la Ville

Mes chers collègues, 

Deux mois après la sortie du rapport de la chambre régionale des comptes particulièrement sévère, il fallait oser, oui, il fallait oser, Madame la Maire, dire que la gestion était responsable et sérieuse. 

Vous félicitez de la solidité des fondamentaux ou encore affirmez que la ville était bien gérée. Alors ce matin, vous avez partagé avec ce conseil le panégyrique de votre bilan. Je ne crois d’ailleurs pas que les Parisiens partagent votre vision, mais ça nous le verrons. 

Alors, faisons le bilan de votre gestion budgétaire en quelques chiffres. La dette d’abord : 9,7 milliards en 2026 et ce sans compter les loyers capitalisés. Une dette qui n’est pas liée à une baisse des recettes mais bien à une augmentation des dépenses de fonctionnement irraisonnée de plus d’un milliard d’euros en 6 ans. Tel un bateau ivre, la ville de Paris continue de foncer vers le mur de la dette. Et au-delà de ces indicateurs, on a aussi l’illustration d’un fin de cycle puisque tous les leviers ont été activés et désormais toutes les marges de manœuvre sont obérées. C’était l’augmentation de la fiscalité, notamment la taxe foncière immédiatement absorbée, les loyers capitalisés qui année après année par définition diminuent ou encore les sessions qui sont passées de 85 millions en 26 contre 100 millions en 25. Résultat, quasiment plus de levier puisqu’on a bradé les bijoux de famille. 

Alors, c’est le dernier budget, le dernier budget avant une nouvelle ère puisque les choix d’aujourd’hui pèseront sur les générations futures. Plutôt que d’investir pour l’adaptation de la ville au dérèglement climatique, la ville consacrera l’année prochaine 237 millions de charges financières. Le prochain exécutif héritera d’une ville dont les marges de manœuvre seront profondément réduites. Oui, il faudra prendre ses responsabilités, redresser les comptes, être courageux, pour les Parisiens, car définitivement Paris mérite mieux. 

Je vous remercie. 

Delphine Bürkli à propos du budget supplémentaire de la ville pour 2025

Merci Madame la Maire, 

Le budget supplémentaire qui nous est présenté aujourd’hui traduit malheureusement à nouveau un manque d’anticipation et de prévision de votre part. 

Et qui nous inquiète, sur la réalité des finances de notre ville. Lors du dernier débat budgétaire la contribution des collectivités redressement des finances publiques dans le cadre du PLF été estimé à 5 milliards d’euros par le gouvernement Barnier malgré ces annonces vous n’avez pas tenu compte des conséquences financières que cela aurait sur les finances de la ville de Paris : cette charge est in fine ramenée à 2,2 milliards mais aucune adaptation budgétaire sérieuse n’a été envisagée par la municipalité. 

Malgré une hausse de 295 millions d’euros des recettes de fonctionnement, les dépenses augmentent dans quasiment les mêmes proportions : plus 172,8 millions d’euros sans dégagement massif net d’épargne substantiel, ni réorganisation vers des priorités budgétaires clairement assumées.  Alors si plusieurs d’entre vous se sont déjà longuement exprimés sur l’état alarmant des finances de la ville, je souhaite pour ma part recentrer notre regard sur les arrondissements.

Parce que les arrondissements c’est la proximité. Ce mot de proximité que vous aimez tant brandir dans vos discours également en faire des affiches dans les rues de Paris encore récemment, mais un mot qui dans la réalité dans les actes se vide de son sens et surtout de ses moyens. Car ce que l’on constate aujourd’hui c’est que cette proximité que vous revendiquez haut et fort est en réalité la première, la première à sacrifier sur l’autel d’une gestion financière alarmante à travers des arbitrages budgétaires qui se traduisent unilatéralement par des coupes sévères et qui de fait déstabilisent aussi toute l’administration et donc nos services publics. 

Pour les arrondissements précisément les chiffres parlent d’eux-mêmes la dotation d’animation locale passe de 14,25 millions d’euros à 14,1 millions d’euros une baisse peut-être symbolique sur le papier mais qui pèse concrètement sur les initiatives de terrain sur la vie associative et sur la dynamique locale. 

La dotation de gestion locale elle, chute brutalement de 152,9 millions d’euros à 145,8 millions d’euros, ce sont plus de 7 millions qui disparaissent des marges de manœuvre quotidienne de nos mairies d’arrondissement. Et la dotation d’investissement est réduite quasiment de moitié de 5,6 millions d’euros à 3,1 millions d’euros, moins 2,5. Autant de projets reportés, annulés ou réalisés au rabais. 

Au total, ce sont près de 10 millions d’euros qui disparaissent du budget des arrondissements entre le budget primitif 2025 et aujourd’hui. Mais plus problématique encore cette année vous avez décidé unilatéralement de ponctionner les excédents des arrondissements malgré leur gestion rigoureuse et cela en dépit des règles l’article L 2511 45 du CGCT est pourtant très clair je cite “Le solde des excursions de l’état spécial est reporté de plein droit.” Dans le 9e arrondissement, ce sont 241 320 € issus de notre propre gestion que nous voyons nous envoler sous nos yeux.

Alors nous prenons acte de cette décision mais nous ne pouvons que nous inquiéter du signal qu’elle envoie. Les arrondissements sont sommés de faire plus avec moins, pendant que la ville tente de masquer son déficit structurel en puisant dans leur caisse. Cette manière de faire est non seulement injuste mais profondément contre-productive parce que ce sont nos concitoyens qui en paient les conséquences, ce sont leurs projets, leurs attentes, leurs engagements qui sont bafoués, mais au-delà des conséquences budgétaires il s’agit là d’un signal politique désastreux qui dit aux élus locaux que leur gestion ne compte pas que leur autonomie est illusoire et que la proximité est une variable d’ajustement. 

Alors soyons lucide la ville n’a plus les moyens de ses ambitions, l’organisation des JOP l’an dernier a été une formidable opportunité pour obtenir des crédits indispensables des pouvoirs publics, du COJO, pour livrer des aménagements structurants on parle des pistes cyclables, des équipements sportifs mais pas seulement je pense aussi aux forêts urbaines qui sont financées grâce au fond vert mis en place par le gouvernement. 

Malgré cela le mur de la dette est là et il est massif et au lieu d’assumer une révision de ses priorités vous choisissez de déshabiller, de siphonner les arrondissements pour tenter de sauver la face mais ça ne suffira pas et tout le monde le sait je vous remercie.

Maud Gatel à propos du compte administratif 2024 de la Ville de Paris

Merci beaucoup Monsieur le Maire, 

Avant de vous parler compte administratif, Delphine Bürkli, la maire du 9ème arrondissement parlera du budget supplémentaire, je voulais dire un mot sur la communication JO pour dire enfin. Enfin, mais je regrette que dans la mesure où elle est intervenue à la suite de la conférence d’organisation nous n’aurons malheureusement pas le temps d’en parler aujourd’hui mais je souhaite vivement qu’un nouveau débat soit organisé sur ce sujet car je pense que c’est de l’intérêt de tous. 

Alors, les comptes administratifs ont un grand mérite. Puisqu’on parle de réel, de prévisions ou pas de prévisions ou de souhaits. Ce qui ne vous empêche pas de vouloir encore et toujours vous dédouaner de toute responsabilité et de remettre la faute sur d’autres. Mais avec les comptes administratifs, reconnaissons le, c’est un peu plus compliqué. Car ce dont il est question, ce sont de vos prévisions, et de votre exécution budgétaire. Et entendre dire la Maire de Paris « les comptes 2024 sont bons »… je dois avouer, ça doit être ça le culot. 

Et puis si on pouvait tous se mettre d’accord, si on pouvait arrêter avec le recours aux agences de notation, à la certification qui ne sont en rien des preuves de bonne gestion. Cela se saurait, il suffirait de regarder l’état. 

Alors, derrière le satisfecit de la maire, les comptes administratifs traduisent un moment absolument historique pour Paris. La première fois, où la section de fonctionnement est en déficit. Et il confirme ce que nous avons dénoncé ces 24 derniers mois maintenant : la surestimation des recettes de la ville pour le budget 2024 et pour ça l’État n’y est absolument pour rien. 

Tablé sur des DMTO à 1,5 milliards, même révisé à 1,4 était totalement hors-sol au regard du retournement du marché immobilier qui était intervenu dès 2023. Alors la Maire de Paris a sous-entendu que c’était lié à la dissolution bon en l’occurrence dès 2023 c’était pas vraiment le cas. Et puis croire que les Jeux olympiques et paralympiques doubleraient la taxe de séjour était beaucoup trop optimiste au regard des précédents comme nous vous l’avions rappelé. Et ce n’est pas faute de vous avoir alerté sur ces deux sujets même si vous nous avons l’habitude que vous ne nous ne écoutiez pas : votre découverte bien tardive interroge. 

Pensiez-vous seul avoir raison contre tous les experts et vos oppositions ou alors est-ce une manière de ne pas baisser les dépenses au moment du vote du budget ? En un mot avez-vous sous-estimé ces recettes et fait voter un budget artificiellement en équilibre dont on savait pertinemment qu’il ne pourrait pas être exécuté ? C’est la raison pour laquelle, pour répondre à cette question, nous souhaitons que la Chambre régionale des comptes soit saisie. 

Ces prévisions erronées ont pour conséquence une situation budgétaire hors de contrôle. Chaque année on se dit que ça ne pourrait pas être pire, et chaque année vous nous démentez. Une surestimation des recettes et des dépenses qui continuent d’augmenter car oui, malgré des prévisions dont on savait qu’elles étaient à minima extrêmement optimistes plutôt que de rechercher des économies réinterroger les dépenses, la hausse des dépenses s’est poursuivie comme depuis 10 ans avec une hausse des dépenses de gestion de plus de 6 %. Et cet effet ciseau nous envoie dans le mur. C’est la chute de l’épargne brute à un niveau inconnu de près de 65 % et dès lors la capacité d’autofinancement c’est un recours massif à l’endettement, en hausse de 52 %, et bien évidemment l’explosion de la dette et de la charge de la dette. 

La situation est pour nous aujourd’hui hors de contrôle et le pire c’est que cela devrait être pire encore. Et oui cela serait pire si vous teniez vos promesses, si les recrutements étaient faits dans les crèches pour la police municipale et si les projets promis aux Parisiens étaient mis en œuvre, la situation budgétaire de la ville serait encore davantage dégradée. Et c’est pas un paradoxe, on peut à la fois dénoncer la trajectoire budgétaire et dénoncer l’abandon des projets car au milieu il y a eu des promesses faites aux Parisiens. Ce n’est pas grave de reporter des projets quand les finances l’imposent. Quand on a promis beaucoup plus que ce qu’on était capable de faire. Ce n’est pas grave, c’est même indispensable. Ce qui est grave en revanche c’est de ne pas l’assumer d’abandonner en catimini les projets les uns après les autres d’embellir votre quartier à réinventer Paris en passant par le budget participatif ou encore le plan vélo. 

Trajectoire budgétaire alarmante, fondamentaux profondément obérés, dépenses hors de contrôle, la situation des finances publiques parisiennes n’a eu de cesse de s’aggraver depuis 10 ans comme si le budget n’était pas piloté. 

Il est grand temps de reprendre le contrôle vivement mars 2026, je vous remercie.  

Maud Gatel à propos de la majoration du taux de la taxe départementale de publicité foncière

Il n’y aura pas de hausse d’impôts, c’est l’engagement qu’a pris la Maire de Paris en 2019 réitéré en 2021. 

Elle disait d’ailleurs, nous nous sommes présentés devant les Parisiens en disant qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts. Il faut dire que le premier mandat a été marqué par la hausse d’à peu près toutes les taxes possibles et inimaginables et d’ailleurs les Parisiens s’en étaient bien aperçus, c’était l’augmentation déjà de plus de 18 % des taux départementaux des droits indirects, l’augmentation de la taxe d’habitation, la taxe foncière sur les résidences secondaires, l’augmentation de la taxe de séjour, l’augmentation des tarifs de cantine, des centres d’animation, l’augmentation des tarifs de stationnement.

Il aura fallu 24 heures, premier mandat. Il aura fallu 24 heures entre l’adoption définitive du projet de loi de finances par le Sénat et l’inscription à notre ordre du jour de l’augmentation de 0,5 point pour les DMTO (droits de mutation à titre onéreux). 

24 heures donc pour renier, une nouvelle fois, votre promesse de ne pas augmenter les impôts pour les Parisiens. 

Alors vous avez été obligé de le faire disiez-vous Monsieur Gleizes, c’est cette même vision qui vous empêche de faire des économies et de concevoir un budget avec des dépenses, des recettes et aussi des économies.  

Donc non, vous n’étiez pas obligés de le faire. En revanche, cette mesure nous inquiète alors que le marché immobilier, on sentait un frémissement. Il nous inquiète parce que ça fragilisera sans aucun doute la reprise timide sur le marché immobilier avec des conséquences à terme et là je vous rejoins Monsieur Gleizes sur les DMTO qui sont quand même une ressource extrêmement importante de la ville de Paris. 

Et puis ce sera une difficulté supplémentaire pour les ménages parisiens cherchant à acheter, en renchérissant le prix des biens pour un deux pièces c’est 3000 € de plus et l’on sait que les frais de notaire c’est ce l’apport volontaire qui est obligatoire pour un achat immobilier. 

Alors vous l’avez compris, nous nous opposerons à cette nouvelle augmentation de taxes qui aura des conséquences également pour tous les Parisiens, je vous remercie. 

Delphine Bürkli à propos du budget primitif de la Ville de Paris pour l’année 2025

Madame la Maire, 

Tout au long de cette journée, les membres de mon groupe, Maud Gatel, Béatrice Lecouturier, Pierre Casanova, Maud Lelièvre et Alexis Govciyan ont développé notre vision face au budget et aux choix financiers qui sont les vôtres pour ce budget 2025. Une fois encore, nous avons dénoncé, non par posture mais dans un esprit de responsabilité, votre choix assumé de recourir à la dette, qui atteint plus de 9 milliards d’euros. 

Cette année encore, vous continuez à gérer la ville comme si vous pouviez éternellement jouer avec des emprunts sans conséquence. Mais au final, ce sont les Parisiens qui paient déjà la facture. 

Cette dépendance croissante des finances parisiennes à l’emprunt, qui est devenue la principale et la première source de financement des investissements, est pour nous préoccupante. D’autant plus, qu’un tiers de ces nouveaux emprunts sera finalement consacré au remboursement des emprunts précédemment contractés : 308 M€ en 2025. 

Face à cette situation, nous sommes bien sûr en droit de nous interroger sur la qualité de la gestion budgétaire de la collectivité qui hypothèque les choix à moyen et long termes. En atteste d’ailleurs le rapport budgétaire rédigé par les services de la ville, je cite : les taux sont élevés et la charge de la dette obère de plus en plus les recettes de fonctionnement : 225 M€ au BP 2025 contre 213 M€ au BP 2024.

En défense, nous vous avons entendu ce matin avec beaucoup de véhémence critiquer l’Etat, responsable finalement de tous les maux. Vous déplorez les charges nouvelles pesant sur la Ville au titre de la péréquation horizontale, qui fonde pourtant le pacte de solidarité entre les communes. Comment des élus locaux, qui se réclament de la gauche, peuvent-ils s’insurger contre ce principe de réduction des inégalités territoriales ? Car oui Paris reste une ville riche mais, n’ayant jamais bénéficié de réformes de structure, c’est vrai que nous vivons aujourd’hui désormais à crédit et la péréquation n’y est pour rien dans cette dérive. 

Vous augmentez la dette alors que dans le même temps vous accusez un retard dans le financement de l’ensemble de vos axes d’investissement. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous faites clairement le choix d’hypothéquer l’avenir des Parisiens, au risque à terme de ne plus avoir de marge de manœuvre.

Quelques illustrations. 

Le plan vélo est considérablement retardé, seulement 21% des pistes cyclables ont été aménagées à mi-mandat, selon l’association Paris en Selle. 

Le plan Arbre qui vise à planter 170 000 arbres d’ici 2026 est aussi considérablement en retard et privilégie le quantitatif au qualitatif, nuisant à l’adaptation de Paris au réchauffement climatique.

Quant au plan « embellir quartier », son exécution a déjà une mandature de retard. 

Et pendant ce temps la capacité d’autofinancement de la ville dépasse difficilement les 60%, en retrait de 3% par rapport à 2024. Pour financer les 40% restants, comment faites-vous ?  Vous augmentez encore la dette ou les impôts et les taxes sur les Parisiens et les entreprises ? 

Que pensez aussi de votre présentation en trompe l’œil de l’évolution des dépenses réelles de fonctionnement, annoncée comme étant limitée à 11,8 millions d’euros, alors que les dépenses de péréquation et de reversements fiscaux, mécanismes liés à l’État, diminuent de 123 millions d’euros. Cette évolution globale masque la progression de la masse salariale (+ 64,3 M€) et des dépenses de gestion (+56,4 M€), avec des dépenses d’administration générale qui augmentent de 5,5% d’une année à l’autre ce qui, là aussi, nous interroge sur le pilotage de la dépense publique et les choix de la collectivité, notamment celui de ne pas procéder à une évaluation de la qualité et de la performance de sa dépense.

D’ailleurs, où est votre plan d’économies de 250 millions d’euros promis en 2021 ? Vous avez gouverné pendant une décennie comme si l’argent public était une ressource infinie.  

Sans compter votre vision très optimiste de la conjoncture économique, puisque le BP 2025 annonce des DMTO (droits de mutation à titre onéreux) au même niveau qu’en 2018, alors que la croissance, cette année-là, était de 1,5%, quand, en 2025, la Banque de France prévoit qu’elle se situe à 1,2 %. La question de la sincérité des inscriptions à ce sujet peut être, là aussi interrogée, au regard de l’exercice 2024. 

Vous revendiquez aussi des investissements pour la transition écologique. Certes, les chiffres sont là : 1,8 milliard d’euros inscrits chaque année, 800 millions pour l’adaptation climatique, et même 100 millions pour les espaces verts. Mais au-delà des annonces et des outils de communication, où sont les réalisations concrètes ? On empile les plans mais dans les faits on en est encore à négocier, voire faire l’aumône, pour la pose d’un store pare soleil dans une école ou sur le toit terrasse d’une crèche.

Nous considérons que Paris mérite mieux qu’une gestion approximative et un endettement à outrance. Ce budget n’est pas la solution : c’est un problème supplémentaire. Vous dites « nous assumons » et bien nous aussi. Nous assumons de défendre les intérêts des Parisiens et de dire que ce budget n’est pas responsable et constitue une impasse. C’est pourquoi, nous voterons contre ce projet de budget. 

Je vous remercie. 

Maud Lelièvre à propos du budget primitif de la Ville de Paris pour l’année 2025

Merci Monsieur le Maire, Mes chers collègues, 

Dans la lignée des interventions faites ce matin par mes collègues, Maud Gatel, Pierre Casanova et Béatrice Lecouturier sur le budget primitif pour 2025, celui-ci illustre une continuité sans remise en question, marqué par un recours systématique à l’endettement et des choix budgétaires qui manquent de cohérence stratégique, notamment sur les questions d’environnement. 

Lorsqu’on regarde de près les chiffres sur l’environnement, un domaine crucial face aux défis qui sont les nôtres en matière de réchauffement climatique, de défis divers, les ambitions se heurtent à la réalité budgétaire décevante. La transition écologique, pierre angulaire de ce programme, bénéficie d’un budget de 57,8 millions d’euros pour des actions transversales en faveur du climat telles que l’ouverture des nouveaux espaces verts, la végétalisation, les mobilités décarbonées, la rénovation énergétique, ou l’adaptation. 

Mais ces crédits sont bien insuffisants pour répondre aux besoins réels. Et si nous voulons demain prétendre à une véritable adaptation au changement climatique, l’objet de nos débats du mois précédent, la Ville aurait besoin d’un investissement annuel de 500 millions d’euros. Or, le Plan climat est aujourd’hui largement sous-financé. En 2023, simplement 34,3 millions d’euros ont été réellement dépensés sur les millions initialement budgétés pour des actions transversales en faveur du climat. Les écarts entre les annonces, la communication et la réalisation interrogent, sur ce domaine qui devrait être prioritaire. Pour 2025, l’investissement total prévu pour l’environnement s’élève à 110,2 millions d’euros, soit à peine 6% des besoins estimés. 

Un exemple concret : celui de la végétalisation et des forêts urbaines, affichées comme des priorités dans ce budget. Des projets comme les forêts urbaines, les “rues aux écoles” sont séduisantes et nous les mettons en œuvre sur le territoire mais avec simplement 6 millions d’euros qui sont consacrés, une enveloppe qui reste stagnante sur les questions sur les espaces verts dans leur ensemble, on ne peut pas prétendre à une véritable transformation et cela se traduit dans la qualité de ce qui est fait en matière d’investissement dans les espaces verts et les espaces publics. 

S’ajoute à ça également la question de l’entretien, le nerf de la guerre notamment en période de réchauffement climatique, souvent relégué au second plan alors que nous en aurions bien besoin pour assurer la continuité et la viabilité des espèces qui sont plantées. 

Cette logique pose également question pour d’autres dispositifs. Par exemple, le cas des 3 millions d’euros consacrés au plan “Paris Frais” en 2025, qui reste marginal par rapport aux besoins qu’aurait la ville à s’adapter contre les vagues de chaleur. De même, les 0,6 million d’euros accordés au plan “volets”, qui devraient être destinés à financer les volets des logements gérés par les bailleurs sociaux et les équipements publics sont totalement sous-estimés et insuffisants, conduisant d’ailleurs à une augmentation des dépenses énergétiques dans ces bâtiments. 

Absence de cohérence sur cette politique énergétique pour atteindre nos objectifs climatiques et bien que le budget soit en légère augmentation sur certains points, ces sommes, à chaque fois, ligne par ligne, sont insuffisantes. 

Comment, dans ce cadre, envisager la décarbonation des équipements publics, la transition énergétique du parc social qui devrait faire partie de nos priorités sociales, à la fois pour des questions de finances pour les familles mais aussi de bilan énergétique global.

Ces avancées sont symboliques, souvent pleines de bonnes intentions dans les plans qui sont présentés mais on ne peut avoir des plans à la hauteur de nos ambitions que si nous y consacrons le budget nécessaire. 

Ces contradictions donnent une vision assez parcellaire. D’ailleurs, la présentation des plans, notamment ceux qui ont été faits ces derniers mois, ont créé des attentes, à la fois chez les Parisiens mais également chez l’ensemble des associations sociales et environnementales qui suivent nos travaux et on ne peut pas avancer sans cette priorisation des investissements. 

La MIE “Paris à 50°” avait d’ailleurs fait des préconisations essentielles. Une préconisation essentielle, qui est restée ignorée, portait sur la priorisation des investissements et nous ne la retrouvons pas à travers ce débat budgétaire.

La MIE préconisait également de prioriser les investissements selon trois axes : rénovation thermique adaptée aux fortes chaleurs, en commençant par les bâtiments qui accueillent le public vulnérable, la végétalisation et la désimperméabilisation des sols pour permettre la résilience des réseaux. 

Dans ce contexte, le groupe MoDem et Indépendants porte deux propositions concrètes pour pallier ces manques de priorité budgétaire. La première c’est qu’avec 25 plans stratégiques qui ont été adoptés par la Ville, 25, il est indispensable d’avoir un suivi qui soit rigoureux et transparent pour la mise en œuvre. C’est ce que nous avons débattu à plusieurs reprises en 8ème commission en présence des adjoints, ce qui avait été demandé également dans le cadre de la MIE au moment du rendu du rapport et le tableau d’exécution budgétaire actuel manque de lisibilité et empêche une évaluation précise des efforts financiers pour des plans cruciaux comme celui du Plan climat. Notre vœu est donc d’intégrer, dès l’exercice budgétaire 2025, un focus détaillé sur des montants budgétés, engagés et réalisés pour chaque plan stratégique, afin aussi de permettre et faciliter le travail des équipes tant en mairie centrale qu’en mairie d’arrondissement. 

Le Plan climat 2024-2030 prévoit un plan ambitieux pour transformer 1000 toits en espaces mieux isolés et végétalisés. Ce dispositif est largement sous-financé, nous proposons donc d’ajouter 1 million d’euros au budget alloué à ce plan, en réduisant d’autant le chapitre des dépenses imprévues. Cet effort permettrait de couvrir davantage de logements, de soutenir des initiatives comme les toitures végétalisées et d’accélérer l’adaptation de notre parc immobilier dans sa totalité. 

En l’état, Monsieur le Maire, ce manque de cohérence face aux défis environnementaux ne nous permet pas de soutenir le budget tel qu’il est présenté. 

Merci. 

Pierre Casanova à propos du budget primitif de la Ville de Paris pour l’année 2025

Merci Madame la Maire,

Je ferai vite puisque j’entends, je sens, je devine l’impatience d’aller vers cette pause déjeuner. 

Je voulais revenir sur ces questions financières. La question, de façon très légitime, souvent posée par les rangs de la gauche est : “vous parlez d’économies, vous parlez d’économies, mais vous ne dites pas lesquelles”. Et c’est une question légitime parce que c’est évidemment la question difficile, c’est évidemment la question qui rend impopulaire et c’est aussi la question qui mérite du travail et, dans la prévision je l’espère d’un changement de majorité, nous pouvons utiliser ces heures passées dans les camps de l’opposition, sur ces bancs, à réfléchir à ce que pourraient être en effet nos économies.

Il me semble que, au-delà d’une approche purement quantitative qui dirait “on va baisser chacun des budgets de tant de pourcents”, on peut aussi réfléchir en priorités. Je prendrai un exemple qui est celui de l’action internationale de la ville de Paris. Il est évident que l’action internationale soucie à tout citoyen, tout élu, et que c’est toujours une cause tout à fait passionnante. En revanche, il n’est pas évident que les villes, ni les collectivités locales doivent ici suppléer ou concurrencer l’Etat. Ma foi, n’est-ce pas une question nationale que l’international ? Tandis que les collectivités locales devraient se concentrer sur le local. 

Si je prends 5 exemples de dépenses, financées sur le budget de la ville, donc les impôts de nos concitoyens. Premier exemple : la revalorisation du patrimoine architectural de Phnom Penh. Deuxième exemple : la création au Sénégal d’une troupe de danse unifiée. Troisième exemple : la formation de 8 professeurs de karaté pour transmettre une pratique adaptée et inclusive à Madagascar. Quatrième exemple : créer un rucher de 50 ruches au Togo et former 15 apicultrices. Cinquième exemple, c’est le dernier : renforcer la gestion collective des ressources naturelles via une approche éco-féministe en Colombie. 

Alors évidemment, derrière chacune de ces subventions, chacune de ces associations, il y a des gens tout à fait respectables, tout à fait sincères, et ne voyez dans mon propos aucune forme de mépris. La question que je pose est la suivante : en matière d’affaires étrangères, ne devrions-nous pas nous en remettre aux spécialistes, aux experts ? Il y a en France, l’Agence française du développement, il y a en France, un ministère des Affaires étrangères et des spécialistes chevronnés, passionnés, convaincus en matière de coopération. Je passe évidemment la question de l’empreinte carbone. Quand vous avez 15 collectivités, 3 ministères différents, qui chacun prennent des avions pour aller en Colombie, à Madagascar, ou en Afrique, est-ce bien raisonnable ? Est-ce qu’une équipe d’experts ne serait pas aussi efficace ? Ne serait pas, dirais-je même, plus efficace ? 

Car il me semble qu’en matière de coopération internationale, comme en toute matière, il n’y a rien de pire que l’amateurisme et le saupoudrage. Ce qui est important, me semble-t-il, c’est la compétence, l’expérience, la spécialisation, et l’expertise. Ne serait-il pas plus avantageux, pour les populations qui bénéficient de ces aides, qu’elles aient un seul interlocuteur, qui revêtirait je l’espère toutes ces qualités ? 

Deuxièmement, sur le plan des principes, autant je suis, comme tous les centristes, et il n’y a pas que nous, nous n’avons pas le monopole, je sais que les écologistes partagent cette opinion, favorable à la décentralisation. Est-ce que le pendant naturel de la décentralisation, la décentralisation étant que l’Etat s’occupe moins des collectivités locales et que les collectivités locales se gèrent davantage avec plus d’autonomie ; est-ce que le pendant naturel c’est aussi que les collectivités locales et les mairies, ne se prennent pas pour des petits gouvernements ou des petites principautés ? Ne voyons-nous pas que quand une ville singe un gouvernement, se prétend compétente en Affaires étrangères, en Affaires sanitaires et que sais-je encore, en fait elle s’affaiblit. Car l’éparpillement entraîne la dilution, à la fois du pouvoir, de la compétence et de la reconnaissance des citoyens. 

Voilà pourquoi, mes chers collègues, la préparation de l’alternance dans cette ville nécessitera un travail humble et aride de sélection des priorités et il m’apparaît que l’action internationale ne doit pas faire partie des priorités d’une collectivité municipale. 

Voilà ce que je voulais vous dire. 

 

Béatrice Lecouturier à propos du budget primitif de la Ville de Paris pour l’année 2025

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Comme le disait si justement William Christie samedi soir à la philharmonie de Paris : la France a parmi ses armes la culture. La culture, véritable rempart des esprits contre les obscurantismes qui voudraient abattre nos libertés.

Alors si le groupe Modem et Démocrates se félicite d’une augmentation de 3,3 millions d’euros du budget culture 2025 par rapport à celui de 2024 pour atteindre 181,7 millions d’euros, nous ne sommes pas dupes pourtant. Cette hausse n’est qu’un juste retour des subventions à leur niveau d’avant 2020. Donc rien de bien révolutionnaire dans ce budget culture.

Parmi les satisfactions, toujours le réseau des 14 musées municipaux de Paris Musées et leur programmation attractive. Cependant, les Jeux olympiques et paralympiques de cette année nous ont démontré la fréquentation de ces musées pas assez tournée vers une clientèle de touristes étrangers qui se dirigent essentiellement vers les grands musées nationaux et passent à côté de musées comme Cognacq Jay, Cernucchi, Balzac ou celui de la vie romantique. Le petit palais n’arrive qu’à la qu’à la 57è place et le Musée d’Art Moderne à la 74è place des classements. 

Alors, ce qui doit nous animer avant tout dans la construction d’un budget culturel c’est bien l’accès de la culture à tous. Et la première clé de l’accès à la culture pour tous commence par la lecture et l’accès aux bibliothèques parisiennes.

Concernant le fonctionnement des bibliothèques , le budget reste stable malgré leurs difficultés financières. Je rappelle qu’au mois d’octobre dernier, elles faisaient face à une insuffisance de crédits de paiement.

Aussi, afin de prévenir de tels couacs, il serait judicieux d’accorder à nos bibliothèques un accompagnement financier renforcé. Alors vous me direz que les budgets augmentent côté investissement en passant de 6,7 à 7,2 millions d’euros. Mais, vous le savez très bien, il s’agit essentiellement de crédits destinés aux acquisitions de collections pour les nouvelles bibliothèques. 

Vous connaissez notre combat de toujours qui est l’ouverture des bibliothèques parisiennes le dimanche et notre ténacité à vous le demander régulièrement. Et pourtant c’est un non récurrent qui nous est rendu et nous le regrettons pour les Parisiens. 

Combat tenace également pour l’accessibilité des bibliothèques. Pour notre groupe Modem et Démocrates il est impératif de l’améliorer et nous réitérons notre demande par le biais d’un amendement budgétaire qui demande l’extension des pôles Sourd et Lire autrement dans les bibliothèques parisiennes.

Égalité d’accès également par une simplification et une uniformisation des horaires d’ouverture des bibliothèques sur l’ensemble du territoire parisien.

Outre celui des bibliothèques, vous connaissez également notre combat à défendre le patrimoine parisien. Et même si nous reconnaissons la bonne volonté de Karen Taïeb à essayer de le préserver, les chiffres sont là. 

Alors que les Jeux olympiques parisiens ont révélé aux yeux du monde la splendeur de notre patrimoine, la Ville de Paris s’honorerait à faire des choix politiques pour sa restauration et sa sauvegarde.

Nous, nous avons choisi d’en faire une priorité en faisant adopter par notre assemblée une politique de sauvegarde du petit patrimoine parisien qui peut disparaître. 

Aussi, afin de renforcer cette démarche, nous vous proposons un amendement visant à instaurer une véritable journée du Petit Patrimoine dans le calendrier parisien.

Je parlais de choix politique concernant le patrimoine. Je peux également en parler en ce qui concerne le théâtre privé puisque vous avez choisi de baisser de 40% leur  subvention en 2024 de 40% mettant tous les acteurs de cette activité en grave danger. Je cite Madame Filipetti Directrice des affaires culturelles qui assimile le théâtre privé parisien à des spectacles uniformisés pour humoristes stars de la télévision. Mais Madame la Maire, serait-ce le mot de privé qui vous coûte tant ?

Pourtant, le théâtre privé est complémentaire au théâtre public. Il a son public, ses acteurs et sa place dans l’espace culturel parisien. Je rappelle que les théâtres publics parisiens sont subventionnés à hauteur de 36 millions d’euros alors que le théâtre privé l’est un peu plus de 3 millions d’euros.

C’est l’occasion pour nous, groupe Modem, de rappeler tout notre soutien au théâtre privé, à ses acteurs, à son public et à toute l’activité économique qu’il apporte à la ville de Paris.

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos du budget primitif de la Ville de Paris pour l’année 2025

Merci Madame la Maire, Mes chers collègues,

Il me semble essentiel en ce début de débat budgétaire qui va nous occuper toute la journée de revenir sur un certain nombre d’affirmations formulées au cours de ces dernières semaines, mais également ce matin. 

Première affirmation : Paris est bien gérée. Coup sur coup, les deux candidats à la candidature socialiste à la mairie de Paris dans la droite ligne de votre politique, mais qui pouvait en douter, nous ont expliqué que ce budget était maîtrisé, et que le montant de la dette n’avait pas d’importance.

Rappelons les chiffres, la dette atteindra 9,36 milliards d’euros fin 2025, soit un doublement en 10 ans, et encore ce chiffre ne tient pas compte de la dette cachée des loyers capitalisés. 

Votre budget présente une épargne brute à un niveau historiquement bas avec une durée de désendettement portée à 17 ans dans un contexte où les taux d’intérêts sont très hauts. Alors vous brandissez comme étant d’art de bonne gestion, la note des agences de notation ou encore la certification dont les comptes de Paris font l’objet. Alors certes, vous n’avez pas l’exclusivité de cette recette éculée, mais nous allons le redire, les agences de notation n’évaluent pas la qualité de la gestion mais mesurent la capacité à rembourser les emprunts et donc la capacité de la ville à lever des impôts pour rembourser la dette. Alors les agences de notation ne décernent pas un diplôme de bonne gestion.

Nous n’avons jamais demandé la mise sous tutelle de la ville, Gabriel Attal non plus. Mais si cela est séduisant sur le papier, la procédure ne s’applique pas à la situation de Paris. Ce que vous faites n’est pas illégal, c’est immoral; car cela fait peser sur les générations futures cette incapacité structurelle à gestionner les équilibres budgétaires. 

Deuxième affirmation : le budget permet d’adapter la ville au changement climatique. En 2025 les charges de la dette atteindront un montant record de 225 millions d’euros, ce qui avec le remboursement des emprunts atteint plus d’un demi-milliard d’euros pour cette année 2025. C’est la totalité de la somme estimée par le rapport Pisani-Ferry pour adapter la ville au changement climatique. Et en laissant filer la dette la ville obère ses capacités à agir, y compris sur ce qu’elle affirme être ses priorités. 

Troisième affirmation : ce budget continue d’assurer un haut niveau de service public pour les Parisiens. Alors deux chiffres concernant le cadre de vie des Parisiens et l’entretien du patrimoine, des services de base qui viennent contredire cette affirmation : moins 4 millions consacrés au nettoiement mécanique des chaussées et des trottoirs, je pense que la question de la propreté fait pourtant partie des priorités des Parisiens, et moins 5 millions pour les dépenses d’entretien de la voirie. Les JO n’auraient-ils été qu’une parenthèse ?

Quatrième affirmation : le niveau de la dette n’a pas d’importance car la ville s’endette pour investir. Évidemment qu’il faut investir pour l’avenir et notamment pour adapter la ville au changement climatique, mais s’endetter autant pour se faire n’est pas une fatalité. On n’est pas obligé de financer une majeure partie de l’investissement en recourant à l’emprunt, ce qu’avait déjà dénoncé dès 2022 la Chambre régionale des comptes en estimant que la Ville de Paris avait un niveau d’investissement trop élevé par rapport à ses capacités financières.

L’investissement doit s’appuyer sur une épargne brute beaucoup plus importante et pour cela, il faut questionner les dépenses et même les recettes. Nous faisons systématiquement des propositions en ce sens. Alors je vais en rappeler quelques-unes qui font l’objet d’un certain nombre de vœux : la revue des dépenses, le plan d’économie sur des postes d’ores-et-déjà identifiés, le réexamen de l’ensemble des dépenses à l’aune de l’intérêt unique des Parisiens, davantage de justice fiscale, une meilleure exploitation des redevances, une part des DMTO consacrée au désendettement de la ville.

Cinquième affirmation : c’est un budget de stabilité dans un environnement contraint. Effectivement les grands équilibres ne changent pas, les adaptations se font à la marge alors même qu’un budget avec un niveau de recettes de 9 milliards d’euros autorise un certain nombre de choses. Des compensations en hausse, il doit s’agir du fameux désengagement de l’État. Je rappelle que la trajectoire de la DGF est connue depuis 2014 et que nous avons eu donc 10 ans pour s’adapter à cette baisse et des dépenses de péréquation en baisse. Mais le système est à bout de souffle car depuis 10 ans les mêmes artifices sont utilisés : les loyers capitalisés, comme les cessions, se tarissent. Recette majeure, les DMTO (droits de mutation à titre onéreux) s’essoufflent : moins 200 millions lors du budget précédent, moins 300 millions pour l’année 2024 et là vous estimer un retour à un niveau extrêmement important que nous ne voyons pas venir. 

Et puis les dépenses de fonctionnement demeurent à un niveau particulièrement élevé par rapport aux recettes, ne permettant pas de dégager suffisamment d’épargne brute pour mener une politique d’investissement soutenable. Car oui, pour nous la trajectoire budgétaire n’est pas soutenable et obère les capacités de la ville à agir et elle ne permet plus à la ville de remplir ses missions et de tenir ses engagements puisque chaque année, le budget est bloqué grâce à la sous-consommation des crédits. Pierre Casanova, Béatrice Lecouturier et Maud Lelièvre reviendront sur des aspects spécifiques liés aux dépenses et aux investissements annoncés qui nous conduisent au précipice.

Je vous remercie.

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