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Delphine Bürkli à propos de la rentrée scolaire 2024

Madame la Maire, 

Pour vous, une rentrée réussie signifie que chaque enfant ait un enseignant devant lui, une table, une chaise, quelques fournitures et un repas chaud dès le premier jour. Sur ces points, votre communication reflète assez fidèlement la réalité.

Cependant, elle ne souligne pas assez selon nous les nouveaux défis auxquels nous faisons face : la crise des vocations professionnelles, la surreprésentation des réseaux sociaux et des jeux en ligne, le départ des familles, le dérèglement climatique et l’importance cruciale de l’investissement dans les écoles, qui doit être le pilier de cette politique publique.

Alors je ne me limiterai pas à critiquer les fermetures de classes, qui ne sont finalement qu’une conséquence. La vraie cause, c’est le certain mal-être dans nos écoles : des familles qui se tournent vers le privé ou qui quittent la ville, animateurs et REV en grève depuis plus de 18 mois, crise du recrutement, notamment chez les animateurs et dans les crèches. La situation est devenue plus que préoccupante.

Et pourtant, de l’or entre les doigts, nous en avons : un maillage du territoire en écoles exceptionnel, des enseignants de qualité, des professeurs de la Ville de Paris (PVP) tout aussi remarquables, des classes peu chargées pour de meilleures conditions d’apprentissage, une offre culturelle et patrimoniale à portée de mains… pour garder les familles ou les faire revenir, nous devons absolument faire fructifier tous ces atouts et les renforcer.

Parmi nos priorités figure l’adaptation de nos locaux au changement climatique. Cela inclut bien sûr les cours oasis, inspirées du modèle belge, mais également des actions comme l’isolation des bâtiments, le remplacement des menuiseries, l’installation de stores extérieurs à toutes les fenêtres et de voilages dans les cours. Car nous sommes conscients que toutes les cours d’écoles parisiennes ne peuvent pas accueillir des plantations en pleine terre.

Pour renforcer les travaux que nous engageons sur nos IIL (Investissements localisées) dans chaque mairie d’arrondissement – je le rappelle à la Maire de Paris : ce sont les mairies d’arrondissement qui flèchent les investissements dans les écoles – il nous faut vraiment là aussi passer à la vitesse supérieure et pourquoi pas en mobilisant l’équivalent des fonds jusqu’à présent consacrés au budget participatif dans les écoles pour les consacrer aux seules cours de récréation.

A ce propos, j’ai lu avec intérêt le rapport de l’Inspection Générale sur les cours oasis, un rapport très instructif. Je regrette cependant que les recommandations n’aient pas encore été suivies, notamment sur l’usage des sols en asphalte clair qui s’avèrent peu efficaces en termes de perte de chaleur et particulièrement éblouissants. Il est également préconisé le recours régulier à une entreprise pour le nettoyage des copeaux et il est souligné que l’entretien des espaces verts est très mal coordonné. Cet exemple illustre bien la gestion incertaine adoptée par la ville de Paris : des annonces, mais sans méthodologie pour assurer un suivi efficace.

Pourquoi ne pas expérimenter des budgets d’autonomie pour les écoles, leur permettant, en lien avec les maires d’arrondissement, de réaliser des travaux de peinture et de petites réparations pour un entretien plus réactif ? À Paris, les directeurs d’écoles, souvent déchargés de la gestion des cours, sont très impliqués ; utilisons leur expertise pour garantir une qualité d’accueil constante.

Et puis nous devons redoubler d’attention pour nos collèges, alors qu’ils sont aujourd’hui le parent pauvre, un peu délaissé, il faut bien le dire, par le Département de Paris. Nous militons pour créer une véritable offre périscolaire dans les collèges avec la mise en place d’un REV par collège et pour confier aux CASPE d’arrondissement la compétence directe sur ces établissements.

Notre rôle d’élus est d’accompagner au mieux les familles parisiennes au quotidien. La rentrée a été marquée par des difficultés liées à la transition entre Facil Famille et Paris Familles. Vraiment un casse-tête pour les parents, pour les agents, pour les directeurs d’écoles, pour les REV. Il faut espérer que les problèmes informatiques seront bientôt résolus et qu’une hotline renforcée sera mise en place temporairement.

Un autre sujet important pour moi, qui n’est pas abordé dans la communication, est la sécurité aux abords des écoles et l’importance de maintenir ce qui fonctionne, comme les points écoles. Il est essentiel de les renforcer, surtout avec les ajouts de pistes cyclables bi-directionnelles. Apprendre aujourd’hui que certains points, pourtant accidentogènes, ne sont plus surveillés en raison d’incivilités des cyclistes et d’une nouvelle limitation d’âge pour les vacataires est tout simplement inacceptable.

Et puis depuis des mois, et en particulier hier encore, nous valorisons les bienfaits du sport, mais en même temps, nous réquisitionnons les gymnases un à deux mois par an minimum, privant ainsi les scolaires de leurs activités sportives hebdomadaires. Ces actions contre-productives envoient des signaux négatifs aux familles et les éloignent de nos écoles.

Enfin, dernier point, il est essentiel de vraiment renforcer les moyens dans les écoles, notamment sur le sujet des médecins scolaires et des ASEM. Pour rendre ces métiers plus attractifs, il faut revoir leur rémunération, payer les heures supplémentaires au lieu de leur proposer des récupérations, faciliter leur accès au parc locatif parisien. Concernant plus précisément les ASEM, il est crucial de viser une ASEM par classe, car l’actuelle règle du nombre de classes moins une n’a plus de sens compte tenu des absences que nous déplorons. Pour les crèches, et bien je renouvelle ma proposition pour terminer de rappeler les agents, jeunes retraités, qui souhaitent revenir à temps partiel pour aider les familles parisiennes.

Je vous remercie. 

Béatrice Lecouturier à propos de la carte scolaire

Madame la Maire,

Mes chers collègues, 

Notre école va mal et notre responsabilité est collective.

Même si notre école va mal en France, elle va encore plus mal à Paris.

Depuis 10 ans, l’académie de Paris a perdu 27 500 élèves dans le 1er degré soit 20% des effectifs. Et cette tendance s’est accélérée depuis ces dernières années.

Une baisse de plus de 2 000 élèves est attendue pour la prochaine rentrée comme vient de le dire ma collègue Catherine Ibled. 

Alors oui, nous avons un problème de démographie à l’échelle nationale qui se répercute nécessairement sur les effectifs d’élèves parisiens.

Oui les écoles se vident mais oui, votre politique Madame la Maire porte une responsabilité dans la fuite des familles à Paris, un véritable exode comme le constatent les écoles. 

Notre groupe MoDem a régulièrement alerté, vous a régulièrement alerté sur ces chiffres. 

Votre réponse était surprenante et inquiétante de vous réjouir de cette baisse des effectifs au motif qu’il y aurait moins d’élèves dans les classes pour un meilleur enseignement.

Mais je rappelle que nous avons déjà un des meilleurs taux d’encadrement à Paris qui est de 19,9 élèves par classe alors qu’il est de 21,7 au niveau national. 

Il était évident qu’une baisse des effectifs entraînerait mathématiquement des fermetures de classes et des suppressions de postes.

C’était évident sauf à avoir une vision totalement déconnectée de la réalité en se réfugiant dans le déni.

Alors aujourd’hui vous vous offusquez de ces fermetures de classes.

Mais nous aussi, Madame la Maire, qui partait. Nous aussi, et plus encore que vous car elles sont, je le répète, le fruit de votre politique, de votre manque de vision politique pour que les familles et leurs enfants ne quittent pas Paris. 

L’école ne va pas bien à Paris avec des classes non chauffées comme l’école maternelle des Grands-Champs, dans le XXe arrondissement, ou bien dans le XVIIIè où plus d’un millier d’enfants n’ont pas eu leur repas chaud en plein hiver à la cantine sans information donnée aux parents.

L’école ne va pas bien à Paris où la mixité sociale est faite à marche forcée. 

Notre groupe Modem réaffirme tout son attachement oui, à une bonne mixité sociale dans les établissements scolaires.

Mais il nous faut regretter les affectations d’Affelnet trop nombreuses qui n’ont aucun sens sauf à envoyer des enfants avec un bon bulletin scolaire à l’autre bout de Paris uniquement pour relever l’Indice de position Sociale de certains établissements scolaires qui ont été abandonnés depuis des années.

L’excellence et l’exigence pour tous. Voilà bien notre boussole.

Oui les écoles préparatoires doivent accueillir des élèves méritants des bacs professionnels mais pas au détriment des classes préparatoires générales.

Oui nous devons ouvrir, et non pas brader l’accès à des établissements d’élite à des élèves boursiers qui ont des résultats remarquables dans leur scolarité et qui suivront des cours avec la même exigence que leurs camarades non-boursiers sans concession ni baisse de niveau.

Enfin, l’école ne va pas bien à Paris car vous rallumez la guerre scolaire avec l’enseignement privé en suspendant le financement de la ville de Paris à Stanislas établissement privé sous contrat avec l’Etat. C’est à l’Etat, car c’est à l’Etat de décider si son statut d’établissement privé sous contrat doit être reconduit et non pas à la ville de Paris. La loi vous oblige. La loi vous oblige donc à verser les subventions de la ville qui sont dues à cet établissement sans chantage ni faire planer une épée de Damoclès sur leurs finances. 

Pour toutes ces raisons Madame la Maire, nous ne voterons pas ce vœu de l’exécutif.

Et je vous remercie.

Maud Gatel à propos de la Politique des ressources humaines pour le périscolaire (question d’actualité)

Madame la Maire, 

Mes chers collègues, 

Un appel à la grève des animateurs du périscolaire a été lancé par le SUPAP-FSU et la CFDT. 

Ce mouvement est particulièrement suivi depuis lundi avec près de 200 écoles fermées sur les services d’interclasse et sur les ateliers du mardi après-midi.

Des dizaines d’autres établissements fonctionneront en service très perturbé durant toute la semaine. 

C’est le deuxième mouvement social après celui d’octobre 2023 pour les animateurs du périscolaire et les agents spécialisés des écoles maternelles.

Avec des revendications qui nous paraissent tout à fait légitimes

Des recrutements supplémentaires pour respecter le niveau d’encadrement. Pour mémoire, le taux d’encadrement pour des interclasses est théoriquement de 32 élèves et je pense que vous en conviendrez tous : 32 élèves c’est déjà beaucoup  pour une seule personne d’autant plus quand il y a à prendre en considération les besoins particuliers.

Et puis avec l’absentéisme constaté, le taux d’encadrement peut très largement chuter puisque théoriquement il est de 1 pour 14 enfants en maternelle, et il peut aller jusqu’à 1 pour 25 enfants. D’où la demande de la part des grévistes de création de brigades de remplacement pour pallier les absences. 

La question des salaires, bien sûr. 

Le métier d’animateur mérite d’être revalorisé financièrement, les salaires atteignant à peine le SMIC. Ce qui permettrait de rendre la fonction plus attractive.

Pour soutenir les personnels et améliorer l’encadrement de nos enfants, il faut rendre cette fonction bien plus attractive, et travailler sur la rémunération. 

Le statut et les salaires ne sont pas les seules variables. Les horaires morcelés pèsent également sur l’attractivité des métiers et en termes d’organisation. On assiste à une baisse de la professionnalisation chez les animateurs le BAFA et une formation minimale sur l’encadrement des enfants devraient être un pré requis. 

L’attractivité de la profession passe également par un accès privilégié au logement social, ce que nous demandons pour toutes celles et ceux qui prennent soin de la ville. 

Ces mouvements ont évidemment un impact sur le corps professoral, amené à intervenir en soutien pour pallier les conséquences les plus difficiles. 

De plus, si certains TAP peuvent être maintenus, notamment en raison de l’envoi de personnel administratif, mais en l’absence de service minimal, il pourrait tout de même y avoir des conséquences pour les enfants notamment en terme de sécurité au regard des sous-effectifs.

Et évidemment conséquence pour les parents. Pas de cantine, de goûter et de devoirs surveillés, les familles sont dans l’obligation de s’organiser pour pouvoir s’occuper des enfants et tout le monde n’est pas en mesure de se mettre en télétravail. 

Alors nous nous inquiétons d’un dialogue social qui paraît en panne à la ville. Vous avez annoncé hier que vous ne recevrez les représentants syndicaux que lundi prochain. Pourquoi attendre aussi longtemps alors que le mot d’ordre est connu depuis le 6 novembre ? 

Et quelle stratégie de recrutement pour faire face aux postes qui manquent par dizaine, qu’avez-vous prévu pour redonner de l’attractivité aux métiers de l’animation périscolaire, nécessaire à une offre de qualité pour les petits    Parisiens ?

Je vous remercie.