Étiquette : transition écologique (Page 1 of 3)
Merci Monsieur le Maire,
Donc vous souhaitez choisir aujourd’hui un nouvel opérateur qui à la fois croyez-vous vous garantit un prix fixe assez bas, vous promet d’augmenter de 50 % le réseau, d’augmenter de 50 % la quantité d’énergie renouvelable utilisée, tout en faisant près de 4 milliards d’investissements, le tout en 25 ans.
Revers de la médaille, évidemment, vous choisissez l’offre qui pense que la consommation va augmenter alors même que toutes les politiques publiques visent à la baisser, vous vous inventez suffisamment souvent, y compris quand l’énergie utilisée est propre. L’offre encore qui n’utilise pas les capacités à transformer des installations de production existantes et qui s’appuie davantage sur de nouvelles constructions. L’offre enfin qui ne garantit rien sur la gestion des chantiers alors qu’on sait tous ici les difficultés que ça entraîne pour les Parisiens.
À vrai dire, nous avons de sérieux doutes sur la capacité à garantir le prix d’usage, surtout quand on voit les hausses récentes et qu’on connaît un peu les aléas, les crises qui peuvent toucher les prix de l’énergie. Ça a des conséquences directes sur les usagers, les Parisiens et le lien avec la consommation estimée est évident : si la consommation n’est pas à la hauteur et nous devons tous l’espérer entre la rénovation des bâtiments et la hausse des températures, alors, c’est tout l’équilibre du contrat qui s’écroule.
J’ajoute que pour cette nouvelle concession, l’exigence importante à laquelle vous renoncez, c’est celle de raccorder les bâtiments publics aux nouveaux réseaux déployés et hop, les contraintes, c’est pour les autres, pas pour la Ville et c’est franchement dommage. Mais le mot, en fait, le grand mot a été prononcé tout à l’heure par votre majorité, secteur privé. C’est ça votre problème.
Ce dont nous parlons est particulièrement structurant pour une ville comme Paris. Structurant aussi lorsqu’on parle de l’adaptation de la ville au changement climatique. Structurant enfin, quand on parle de prix de l’énergie pour l’utilisateur final.
Il y a plusieurs mois déjà pour des contrats de bien plus petite importance vous nous proposiez également de prolonger les concessions en cours pour que ce soit la majorité qui sortira des urnes en mars 2026 qui choisissent le nouveau concessionnaire et là à tout juste 3 mois des élections vous nous demandez de valider un contrat qui sort l’opérateur quasi centenaire et qui lie les mains de la future majeur majorité, celle qui je l’espère vous verra dans l’opposition et ce pour 25 ans.
Ce que vous faites n’est pas républicain. Vous aviez tout à fait les moyens de repousser ce choix. Au lieu de quoi, vous vous précipitez lors de ce dernier conseil pour faire voter par votre majorité cet ultime contrat. Ce ne sont pas de bonnes méthodes.
Ainsi, le groupe MoDem votera contre cette délibération.
Merci beaucoup Monsieur le Maire,
Les modalités de renouvellement du contrat ont été évoquées, le sujet du calendrier, et ma collègue Séverine de Compreignac, y reviendra.
Je voulais simplement pour ma part m’attacher à illustrer l’immense occasion manquée du réseau actuel qui aurait pu, qui aurait dû, constituer un levier majeur pour la ville pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Car rappelons le, le bâtiment représente 20 % des émissions nationales de CO2 dont la majeure partie provient du chauffage. Le renouvellement de cette concession pour le plus grand réseau de chaleur d’Europe nous est présenté comme l’aboutissement d’une politique volontariste écologique.
Et pourtant, cela fait 25 ans que à la tête de Paris, vous avez laissé un réseau de chaleur dérivé complètement, pour devenir aujourd’hui une épave climatique. La quantité de chaleur perdue est phénoménale en raison des sous-investissements chroniques. Mais encore plus grave, vous ne vous êtes jamais servi du levier considérable que constitue pourtant le réseau de chaleur pour réduire nos émissions.
Ce réseau ne représente que 54 % au mieux d’énergie renouvelable. Ce taux est parmi les plus faibles de tous les réseaux de chaleur. Il a même parfois fallu acheter des certificats de biométhane pour dépasser les 50 % fatidiques vous donnant droit à une TVA réduite. Vous avez fait donc de l’optimisation fiscale climatique pour masquer votre incapacité durant des décennies à faire évoluer ou même maintenir correctement ce réseau.
Mais vous avez surtout renoncé à utiliser ce levier en dépit des conséquences pour le climat et pour la santé, sans parler de la dépendance aux énergies fossiles dans le contexte géopolitique que nous connaissons. Rappelons le, le gaz naturel émet des oxydes d’azote lors de la combustion qui irritent les bronches avec des effets nocifs sur la santé respiratoire, des particules fines PM 2.5 qui compte tenu de leur petite taille peuvent pénétrer dans l’organisme. Du monoxyde de carbone : gaz toxique incolore produit par une combustion incomplète des composés organiques volatiles notamment. Du benzène même lorsqu’il n’y a pas de combustion et ce sont des composés cancérigènes. Du méthane dont les fuites se trouvent tout au long de la chaîne et qui est un puissant gaz à effet de serre qui contribue à la formation d’ozones troposphériques.
Vous avez même durant plus de 20 ans maintenu du charbon comme source d’énergie malgré toutes les conséquences induites pour la planète et pour la santé. Dans ce nouveau contrat, les délégataires potentiels annoncent que 500 000 tonnes de carbone au moins seront économisées. Cela signifie que chaque décennie, depuis que vous êtes au pouvoir, ce sont 5 millions de tonnes de CO2 que vous auriez pu éviter.
Il est insupportable de penser que les élus qui se disent préoccupés par le climat n’aient pas exploité ce levier. En 25 ans, vous auriez pu, vous auriez dû, augmenter le taux d’énergie renouvelable sur le réseau et mener les travaux indispensables.
Le débat de ce matin doit ouvrir les yeux des Parisiens sur cette inaction climatique pendant les 25 dernières années. Au lieu de vous attaquer à ce véritable enjeu, au lieu de cesser plutôt ce demi-million de tonnes de carbone qui détruit notre planète, vous avez décidé d’agir uniquement sur ce qui était visible. Alors, c’est vrai, les arbres en pot, ça se voit davantage que le réseau de chaleur, mais c’est pas plus efficace. Aucune des actions que vous avez mené en 25 ans n’aura permis d’économiser ni de près ni de loin le demi-million de tonnes annuelles que vous auriez pu éviter en vous occupant du réseau de chaleur.
Cette délibération, finalement, c’est la révélation d’une immense supercherie et d’une absence de volonté d’agir pour diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Les Parisiens n’ont pas besoin que l’on leur parle d’écologie. Ils ont besoin qu’on agisse sur l’essentiel de nos émissions et c’est ce que vous n’avez pas fait pendant tant d’années. Le climat meurt de l’inaction des politiques qui ne sont que des écrans de fumée. Je vous remercie.
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Ce projet de budget pour l’année 2026 reflète des choix politiques ambitieux, notamment ceux que nous aurions aimé partager en matière d’environnement, mais qui peinent à répondre aux défis majeurs auxquels notre ville est confrontée.
Bien qu’on nous annonce dans le bleu climat 2025 un niveau d’investissement inédit pour 2024 et près de 3,4 milliards d’euros sur 5 ans, force est de constater que certaines priorités semblent reléguées au second plan notamment en matière d’environnement, de rénovation urbaine et de gestion des espaces publics comme l’a mentionné notre présidente de groupe Maud Gatel.
En matière environnementale, il est nécessaire d’investir pour atteindre des objectifs fixés, prenons par exemple le plan climat. En 2025, ce dernier bénéficiait de 57,8 millions d’euros. Mais en 2026, cette somme a été réduite alors que les moyens nécessaires vont être croissants d’année en année. Pour qu’une politique, pour que cette politique que nous souhaitons résolument en faveur de la transition écologique soit efficiente, il aurait fallu que le recul depuis 2020 des crédits qui étaient alors de période de 92 millions d’euros qui ont été écrêtés de plus d’un tiers soit à minima maintenus. Si les politiques publiques ne sont pas uniquement fondées sur des besoins de moyens financiers, cette baisse laisse quand même présager les difficultés que nous aurons pour mettre en œuvre une politique d’adaptation qui réponde aux besoins d’investissement et aussi aux besoins de justice sociale.
Alors oui, nous savons tous que les ressources publiques ne sont pas illimitées, qu’il ne s’agit pas simplement d’un débat technique, c’est une question de cohérence et d’anticipation.
Sur la gestion des déchets également et la propreté urbaine pourtant essentielle à la qualité de vie à Paris, elles subissent également des réductions notables avec seulement 173,5 millions d’euros alloués en 2026. Cette baisse est particulièrement préoccupante si elle s’ajoute à la stagnation des crédits pour les stations trilib’, à la baisse des crédits alloués pour des actions transverses également importantes et on peut s’interroger sur la capacité de la ville à maintenir un service public de qualité en ces domaines dont on voit aujourd’hui les grandes limites.
Enfin, concernant les espaces verts mis en avant comme une priorité, leur budget est réduit. En 2025, 54,3 millions d’euros étaient alloués au parc, au jardin, aux espaces verts de la capitale. Mais pour 2026, cette somme a à nouveau baissé. Investir pour protéger les habitants et s’adapter au changement nécessite d’en faire une priorité et une priorité budgétaire. La végétalisation emblématique que vous aviez mentionnée dans votre introduction est-elle aussi un recul ?
Les crédits pour la création des nouvelles rues jardins, par exemple. Pourtant, ces besoins de végétalisation sont un enjeu crucial pour notre adaptation collective au réchauffement climatique. C’était déjà d’ailleurs notre inquiétude en juillet dernier lorsque nous avions eu entre les mains le rapport de la cour régionale des comptes publié par la suite, la cour régionale des comptes sur la situation financière de la ville et qui avait montré une baisse importante des effectifs et pointé la baisse des effectifs de la direction des espaces verts de la ville rendant impossible leur gestion au quotidien.
Enfin, la rénovation du secteur public à Paris, un domaine essentiel pour la transition écologique requiert des moyens conséquents, en particulier pour la décarbonation du bâti, mais aussi pour des projets plus structurants comme la réhabilitation de certains patrimoines historiques. Certains établissements visités par nos élus montrent combien infiltration, passoir thermique et équipements obsolètes sont plutôt le patrimoine aujourd’hui de la ville.
Les personnels comme les familles nous le disent, nous devons faire plus vite avec plus d’ambitions et plus de moyens. Alors, nous appelons donc à ce que ce budget puisse être revu et puisse traduire pleinement une priorité pour l’écologie et pour l’entretien de la ville et surtout pour son adaptation.
Sur le rapport annuel sur la gestion des déchets ménagers assimilés à Paris qui confirme une tendance toute petite à l’amélioration amorcée depuis quelques années. On voit en effet encore une fois une toute petite diminution des tonnages collectés par rapport à 2023. On est à – 0,4 %. On pourrait parler de stagnation qui s’inscrit dans la continuité d’une baisse globale observée de 6 % des déchets produits.
Dans la communication sur l’année 2023, la ville s’était engagée à renforcer les dispositifs de tri, développer le compostage et élargir les solutions de réemploi. Et globalement, des progrès ont été faits sur la fréquence des collectes des bacs jaunes, des dispositifs pour le tri des déchets alimentaires et l’accessibilité au point d’apport volontaire. Par ailleurs, la communication d’aujourd’hui annonce le lancement de 59 nouveaux sites de compostage collectif accompagnés de la distribution de 1 477 lombri composteurs individuels. Cependant, malgré ces avancées, plusieurs défis persistent. L’incinération demeure la principale voie de traitement des déchets résiduels représentant encore 87 % du contenu des poubelles grises et une augmentation des erreurs de tri est relevée, en particulier dans les bacs multimatériaux. Ces erreurs nuisent à la qualité des flux collectés évidemment et freinent les performances de recyclage. À ce jour donc, les résultats restent timides et la ville doit impérativement renforcer ses actions de prévention, d’éducation au tri et encourager plus fortement le réemploi et la réduction à la source. La ville fait face à des lacunes structurelles, des efforts insuffisants pour encourager le tri, en particulier auprès des jeunes public, c’est l’éducation et une progression trop lente dans le déploiement de points d’apport volontaire et de composteur de proximité.
Malgré la généralisation du tri imposée par la loi AGEC en 2018 de mémoire, 2019. L’insuffisance des infrastructures seulement 621 copropriétés couvertes en 2023; vous imaginez à l’échelle de Paris ce que ça fait; limite la collecte et la valorisation des déchets. On peut tout de même noter les avancées les trilib’, les points d’apport volontaire, les composteurs, mais leur répartition reste très inégale sur le territoire. Et la généralisation du tri des biodéchets reste un défi.
En 2023, seuls 200 abris bacs étaient disponibles. Je m’arrêterais une petite minute sur la question des mégots de cigarettes qui est un vrai défi pour une ville comme la nôtre. Il y a beaucoup de progrès qui ont été faits ces dernières années sur le traitement de ce type de déchets. On sait les valoriser, on sait en faire autre chose et il est plus que temps de faire un plan innovant et volontaire. Aujourd’hui à Paris, dans 90 % des cas, on jette au mieux les mégots dans les poubelles de rue. Nous attendons donc toujours le plan de communication de la mairie sur ce sujet. Dans le 6e arrondissement, on avance, les conseils de quartier s’en sont saisis et ont obtenu la multiplication des cendriers de rue avec l’appui de petits tracts pédagogiques qu’ils distribuent eux-mêmes. Mais si c’est une réponse concrète, ce n’est pas à l’échelle de l’enjeu. C’est à la mairie de Paris de se saisir de ce sujet et d’investir vraiment pour qu’il y ait plus de mégots aux pieds des arbres et que ceux qui sont récoltés soient recyclés et non jetés dans la poubelle générale.
Comme tout bilan, il faut distinguer ce qui relève d’une amélioration structurelle de ce qui découle de facteurs extérieurs. L’évolution positive entre guillemets des tonnages par exemple est aussi la conséquence de la baisse des activités économiques, du recul démographique et de la mutation des modes de consommation. Ainsi, s’il faut reconnaître certaines avancées, ces progrès demeurent largement insuffisants, au regard de l’urgence environnementale. La faiblesse encore une fois du tri des biodéchets en est un exemple frappant, il représente 26 % du contenu des poubelles parisiennes mais seulement 1 % aujourd’hui effectivement triés.
Donc en conclusion, si la ville revendique des avancées notables en matière de propreté et de gestion des déchets, ces progrès restent fragiles et souvent plus affichés que véritablement transformateurs. Seule une action plus structurante permettra de répondre à l’urgence climatique.
Je vous remercie.
Mes chers collègues,
En préambule, je souhaiterais à nouveau saluer l’esprit de concorde qui a souvent régné dans ces MIE que nous avons pu suivre. Nous pouvons donc remercier la patience parfois voir souvent mise à l’épreuve des présidents et des rapporteurs pour mener des débats de manière sereine et aboutir à des propositions votées à l’unanimité des membres. En profiter aussi pour remercier bien évidemment l’administration qui a toujours fourni un travail remarquable.
Mon intervention portera ce matin sur la MIE des Bois de Boulogne et de Vincennes. Première MIE traitant de ce sujet essentiel pourtant pour notre capitale. Merci donc à sa présidente Valérie Montandon et à son rapporteur Émile Meunier. Alors, ce sujet des bois n’ayant jamais été exploré, les sujets abordés allant de la biodiversité en passant par la sécurité, la propreté, les coupes rases, la circulation ou le patrimoine, et bien tous ces sujets ont donné corps à de nombreuses et riches propositions, 68 en tout. Si nous saluons quelques avancées significatives selon la délibération que vous nous présentez aujourd’hui sur les mobilités avec le développement des pistes cyclables ou une reconquête écologique, une avancée sur la propreté, ce bilan reste encore bien en deçà de la richesse des préconisations de cette MIE et notamment une absence totale sur tout le volet patrimonial que portait notre groupe MoDem et Indépendants.
Vous connaissez notre combat à défendre le patrimoine à Paris et notamment tous les éléments de ce petit patrimoine qui abonde aussi dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Rappelons que ces deux bois ont une histoire puisqu’ils ont été créés sous Napoléon III et qu’ils recèlent de très nombreux éléments architecturaux pour rendre la promenade plus agréable. Les Parisiens sont tous témoins et regrettent de voir la dégradation rapide patrimoniale de nos bois. Aucune réalisation ou réflexion n’a été menée sur le sujet, aggravant encore l’état préoccupant des bancs, des abris, ou de tous ces petits bâtiments du 19e siècle qui sont en danger par manque d’entretien.
Alors, nous réitérons encore notre demande à faire un véritable travail d’inventaire et de protection des éléments patrimoniaux des deux bois. Qu’en est-il également de la clause pollueur-payeur pour l’événementiel ? De la lutte anti dépôt sauvage par piège photo ? Rien non plus sur l’intégration des deux bois au plan de mobilité avec un calendrier d’accessibilité PMR ou les cheminements de déploiement d’abribus de banc et de sanitaires. Rien sur la continuité écologique anti fragmentation. La gouvernance reste au registre des bonnes intentions bilatérales sans généralisation des conventions, ni refontes de l’achat 2003 que vous réclamez. Donc un sentiment très mitigé sur ce bilan des MIE, de la MIE des Bois de Boulogne et de Vincennes. Un sentiment plus de saupoudrage de mesure qu’une réelle volonté à s’attaquer à des sujets structurants qui demandent évidemment plus de volonté politique et de moyens pour être efficace.
Nous le regrettons sincèrement car c’est tout le travail des élus de la MIE, des dizaines de personnes auditionnées et de l’administration qui n’est pas suffisamment reconnu. C’est donc le sens du vœu que nous présentons avec les élus du groupe MoDem et Indépendants pour que chaque MIE ait un bilan détaillé et qui soit transmis au Conseil indiquant l’état d’avancement de chaque recommandation, le service responsable, le calendrier et les résultats obtenus et surtout que ces informations soient régulièrement mises à jour et rendues publics dans un vrai esprit de transparence. Car si les présentations en commission méritent d’être saluées, elles ne sont pas assez régulières pour permettre un véritable suivi dans le temps et leur méthodologie pose question car ces préconisations sont regroupées par grand thème, les réponses se limitant à l’avancement global des politiques municipales sans examen précis de chaque recommandation.
Néanmoins, un travail a été fait, il faut le reconnaître. Il demandera certainement d’autres MIE sur les sujets précis qui en ont émergé. Il faudra aussi peut-être et certainement une autre majorité pour les mettre en œuvre. Je vous remercie.
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Il y a dix ans, Paris accueillait un moment rare d’unité internationale : l’Accord de Paris. Un traité climatique, certes, mais aussi une feuille de route partagée pour repenser nos trajectoires de développement. Il portait une ambition claire : inscrire l’action de chacun dans une dynamique globale, aligner les politiques publiques, les investissements, les comportements, autour d’un objectif et d’un horizon commun et soutenable.
Dix ans plus tard, le bilan est contrasté. Si des avancées sont visibles – notamment sur l’intégration de la neutralité carbone dans de nombreuses stratégies –, les dynamiques engagées ne sont pas à la hauteur des défis. Les effets du réchauffement climatique s’intensifient au-delà des prévisions, les écarts d’engagements se creusent, les trajectoires restent globalement éloignées des objectifs à long terme. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Accord de Paris, mais de reconnaître que l’heure n’est plus aux déclarations de principes, mais à la consolidation et l’accélération de l’action.
À Paris, il est de notre responsabilité de traduire ces ambitions dans le concret, au plus près des habitants.
Des efforts ont été faits. La baisse des émissions depuis 2004, les politiques de verdissement très présentes, les mobilités actives, les investissements dans les énergies renouvelables : tous ces éléments vont dans le bon sens. Mais pour que ces actions portent pleinement leurs fruits, elles doivent s’inscrire dans une approche plus structurée, mieux coordonnée, et plus équitable sur le territoire.
La résilience doit se planifier et elle suppose d’abord de mettre les moyens là où l’urgence est la plus importante. Or que constate-t-on ? Une chute des investissements depuis 2019. Pour 2025, le budget total alloué à l’environnement atteint 110,2 millions d’euros, ce qui ne représente qu’environ 6 % des besoins réellement estimés. La Ville devrait en effet pouvoir mobiliser chaque année près de 500 millions d’euros pour répondre efficacement à l’ensemble de ces enjeux. Un désengagement pointé par la Chambre régionale des comptes couplé à une baisse des effectifs notamment dans les services de la DEVE.
À l’inverse des exigences de l’Accord de Paris, le court terme l’emporte parfois sur le long terme.
Sur la question de la biodiversité, les initiatives locales se multiplient, des arbres sont plantés, des îlots de fraîcheur sont créés. C’est essentiel. Mais il faut faire plus. Donner plus de moyens. C’est ce que les habitants et la nature attendent, ce sont des continuités écologiques. Pour une végétalisation plus cohérente et plus vivante.
Il faut arbitrer en faveur de la nature à chaque fois quand c’est possible car ces solutions fondées sur la nature participent à l’adaptation de la ville, au rafraîchissement urbain, à la résilience sociale et écologique. En ce faisant, c ’est prendre acte de l’interdépendance entre nos politiques climat et celles du vivant.
Et pour réussir, nous avons besoin de transversalité, de coopérations renouvelées. L’énergie, la logistique, la gestion de l’eau ou des déchets ne s’arrêtent pas au périphérique. La stratégie climatique de Paris ne peut rester isolée. Elle doit se construire dans la Métropole, avec la Région, avec les communes voisines et dans un esprit de partenariat, de co-échange et d’efficacité.
Enfin, l’un des enjeux cruciaux reste l’adaptation sociale. C’est peut-être là où nos politiques sont trop en retrait. Les événements climatiques extrêmes frappent d’abord les plus fragiles. Il faut aller plus loin : cartographier les vulnérabilités, anticiper les risques, ouvrir des lieux de refuge accessibles, signalés, opérationnels et 24H/24. Il ne s’agit pas uniquement de résilience technique, mais de solidarité.
C’est cette vision que nous portons au sein du groupe MoDem et Indépendants :
– Une écologie partagée, co-construite à l’échelle du territoire.
– Une écologie protectrice, centrée sur l’adaptation et la justice sociale.
– Une écologie rigoureuse, avec des objectifs publics, des échéances claires et des budgets fléchés.
– Et une écologie non partisane, où le climat n’attend pas nos désaccords.
Paris a une responsabilité particulière. Parce que l’histoire des Accords de Paris s’est construite à Paris. Parce que la crédibilité de la transition passe aussi par l’exemplarité locale. Parce que, dix ans après, il est urgent de traduire l’esprit des Accords de Paris en actes concrets, efficaces et durables.
À l’approche de la COP30 au Brésil, Paris devra se hisser à la hauteur du texte qu’elle a accueilli. Non par des effets de communication, mais par une stratégie ancrée dans les quatre piliers de l’Accord de Paris : universalité, long terme, transversalité, durabilité.
Je vous remercie.
Le rapport, mes chers collègues,
Le rapport “Paris Demain” présenté en 8e commission est un document essentiel. Il donne à voir la trajectoire écologique et sociale de notre ville à travers 33 indicateurs structurés, mesurables, utiles.
Je veux saluer la rigueur des services de la DTEC, leur capacité à rendre visible l’effort collectif, mené dans un contexte difficile et leur travail d’en faveur d’une transparence. Oui, Paris avance. Le réseau de chaleur est devenu le premier de France. La qualité de l’air s’est améliorée. La consommation énergétique baisse.
Et dans une ville exposée à des piques de chaleur toujours plus intense, dans une ville, où + 0,7 degrés Celsius ont été mesurés en 2024 par rapport à la normale dans une ville construite à 90 % avant les normes climatiques modernes, avons-nous le droit de nous contenter du rythme actuel ? Je ne le crois pas.
Préparer Paris aux crises, c’est se mettre à la hauteur d’un climat qui évolue plus vite que nos plans et c’est assumer une forme de lucidité. Toutes les politiques ne se valent pas.
Une végétalisation réussie ne se mesure pas uniquement au nombre d’arbres plantés mais à la capacité des sols à les accueillir. Il serait essentiel de façon collective pour faciliter notre trajectoire sur la biodiversité de mettre plus de moyens pour évaluer le nombre de pieds d’arbre encore bitumé, les trames vertes dont il faudrait assurer la continuité alors même que nous connaissons leur importance face aux îlots de chaleur.
Plus de moyens, nous l’avons évoqué hier sur les restrictions en matière budgétaire sur le budget environnement. L’eau, elle aussi l’eau doit aussi trouver sa juste place dans l’espace urbain, non pas comme un accessoire mais comme un système.
Au-delà des fontaines rénovées, nous l’avons évoqué hier, trop nombreuses qui restent trop nombreuses fermées ou en non état d’utilisation, des zones de baignade à offrir plus nombreuses, il est urgent d’instaurer un maillage dense d’espace d’eau pour rafraîchir et irriguer la végétation.
La création d’ouvrage de rétention permettrait d’ailleurs par le stockage d’eau en milieu urbain une ressource précieuse face aux périodes de sécheresse. Le nombre croissant de nuits à des températures très chaudes augmente les risques pour la santé. Des solutions existent, comme celles mises en place en Espagne. Nous les avons déjà évoqué dans cet hémicycle, en particulier à Madrid, combinant végétalisation, infrastructure d’eau dont nous manquons et réseau de froid urbain qui doivent inspirer notre stratégie locale.
Il est possible d’associer réseau de froids urbains, bassin de rétention, toiture végétalisée, cours d’école désimpermalisées dans une stratégie cohérente et efficace. À nous d’avancer en ce sens.
Dans un an, ces indicateurs nous permettront de dresser un bilan précis de l’efficacité des politiques mises en œuvre. Cependant, il ne faut pas oublier que les années passées sous votre mandat, Madame la Maire, ont déjà façonné la trajectoire de Paris et que les résultats d’aujourd’hui sont le fruit de choix et d’orientations que vous avez choisi. Je pense notamment à la tour triangle, aux surfaces bitumées qui continue d’aggraver les îlots de chaleur.
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Paris est aujourd’hui confrontée à une situation que nous avons dénoncée, redoutée, et même anticipée. L’intensité des vagues de chaleur que nous subissons constitue une menace directe pour la vie des Parisiens. 5 jours à plus de 40°C depuis 2019. Avant 2019, combien ? Aucun !
Cette semaine, les records de température sont exceptionnels dépassant les 40 degrés celsius – sauf peut-être d’ailleurs dans cet hémicycle climatisé de façon privilégiée. Partout ailleurs dans Paris, cette canicule s’accompagne de nuits tropicales particulièrement insupportables rendant impossible le repos des Parisiens.
Impossible à l’intérieur, du fait de la chaleur, mais aussi impossible d’ouvrir les fenêtres en raison des nuisances sonores générées notamment par les terrasses et ceux qui restent dehors et qui empêchent le sommeil de nombreux Parisiens.
Ce n’est pas tout. Qu’en est-il de l’ouverture des piscines municipales ? Elles ferment à 18h sans extension d’horaire avant le 5 juillet sans personnel supplémentaire pour accueillir les usagers qui voudraient un peu de fraîcheur.
Quant à la forêt urbaine, place de l’Hôtel de ville, elle est fermée. Vous avez même supprimé des points d’eau qui permettaient de soulager un peu la chaleur. Cette fermeture de fontaine concerne d’ailleurs tout Paris, pas simplement la place avec moins d’une fontaine sur deux en fonctionnement.
Ces exemples montrent combien les Parisiens sont vulnérables face à la chaleur, face à la canicule. Il y a 2 ans, en tant que rapporteur de la mission Paris à 50° degrés présidée par Alexandre Florentin, nous avions collectivement fait plusieurs recommandations dont deux majeures sur lesquelles je voudrais revenir.
Recommandation 6, raccorder les établissements scolaires au réseau fraîcheur de Paris. Où en sommes-nous à ce sujet ?
Recommandation 42, lancer une étude sur un développement plus rapide de fraîcheur de Paris accompagné d’une étude d’impact. Quelles avancées concrètes ?
Aujourd’hui, le raccordement au réseau fraîcheur de Paris reste hors de portée pour de nombreuses structures d’arrondissement, encore plus évidemment pour les habitants face au coût prohibitif pour réaliser ces raccordements.
Rafraîchir les écoles en priorité aurait permis de créer des lieux refuges. Ma question est simple. Sur les 800 établissements que nous avions identifiés, combien d’établissements publics sont effectivement raccordés ? Combien d’écoles ?
Et ce n’est pas la seule solidarité climatique que nous devons mettre en œuvre. Les EHPAD à Paris ne disposent pas de climatisation individuelle dans toutes les chambres alors qu’un certain nombre de résidents très âgés voire malades ne peuvent pas se déplacer. Or en EHPAD, les travaux ont des conséquences sur le prix d’hébergement payé par les résidents. À nous de faire en sorte que ces personnes âgées soient prioritaires dans le raccordement et que cela soit pris en charge par la ville.
Merci beaucoup Monsieur le Maire,
Je prends l’habitude de clôturer ces séances et peut-être souhaiterez-vous désormais que je les débute.
Malgré les annonces, nous continuons d’attendre la révision du RLP (Règlement local de publicité) pour adopter nos règles à la publicité moderne. Mieux prendre en compte les innovations en la matière, qui ne sont en matière de publicité pas toujours des progrès.
La délibération qui nous est soumise aujourd’hui met à jour un certain nombre de modalités, il s’agit d’une part de simplifier les catégories et d’autre part d’augmenter quand même les tarifs à hauteur d’un peu plus que l’inflation.
Alors à Paris on taxe la publicité dès le 1er cm carré mais certains y échappent dans une large mesure. Depuis novembre 2023, au 103 de l’avenue des Champs-Élysées, une malle géante aux couleurs de Louis Vuitton et qui a prévu de rester jusqu’en 2027. Alors pour certains c’est une enseigne temporaire, pour d’autres c’est une publicité. En tout cas pour les recettes de la ville, c’est une somme certes significative, mais relativement modeste au regard d’autres contributions puisque c’est 1,7 million.
C’est une installation promouvant une marque sur un bâtiment classé, éclairé la nuit et destiné à rester 4 ans. Donc ça n’est absolument pas neutre. Et je pense que cette installation doit nous inciter encore davantage à accélérer la révision du calendrier du RLP pour bien savoir ce dont on parle.
Je vous remercie.