Je voudrais évoquer trois points.
- Premièrement les effets de la crise COVID sur les finances de la Ville, que Madame la Maire a évoqués.
- Deuxièmement, indépendamment de l’effet COVID, la persistance de « l’effet ciseaux » que nous avions également déjà évoqué.
- Enfin les mesures qui nous paraissent appropriées pour aborder ces questions budgétaires durant les années qui viennent, de la façon la plus utile aux Parisiens.
Premièrement :
Les conséquences budgétaires de la crise du COVID, tant sur les dépenses de gestion que sur les recettes, sont nombreuses, puisque les recettes issues des droits de mutation, de la taxe de séjour, des amendes de stationnement et de la fourrière ont fortement décru, de plus de 500 millions d’euros : 532 millions d’euros exactement.
Mais je ne voudrais pas que l’effet du COVID dissimule la baisse structurelle de recettes qui semble difficilement remédiable.
Deux recettes traditionnelles sont appelées à ne cesser de diminuer.
- Les loyers capitalisés
- Les cessions d’actifs fonciers et immobiliers.
Ça n’est pas une corne d’abondance éternelle.
Ces deux poches, dans lesquelles on a traditionnellement puisé, ne se rempliront pas par magie du fait de la fin de la crise sanitaire.
Deuxièmement :
La persistance de l’effet ciseaux : il y a une diminution des dotations de l’État et une hausse de la péréquation. C’est indépendant de la crise COVID, ça remonte à bien avant et, pour être tout à fait factuel, plan de relance ou pas plan de relance, étant donné les finances à la fois de la Ville, mais du pays plus généralement, je ne vois pas comment un scénario de reprise, ou de rétablissement d’un semblant d’équilibre, pourrait s’appuyer sur un soutien de l’État.
L’État ne peut pas être le seul soutien, puisque lui-même a besoin de soutien.
Donc, ça me semble un pari téméraire que de tout espérer de l’aide de l’État et du plan de relance.
En tout cas, ça n’est pas la bonne manière pour une ville d’être à la fois à l’équilibre, souveraine et indépendante, d’autant que, si l’on veut bien prendre la peine de regarder les autres sources de revenus possibles, nous resterons extrêmement liés aux fluctuations du marché dont j’avais compris que la majorité municipale se méfie, puisque les revenus des droits de mutation sont directement indexés sur le marché immobilier, qui est lui-même directement indexé sur les fluctuations internationales.
Alors, est-ce vraiment cela que l’on souhaite ? Dépendre d’un État, dont on sait qu’il n’est pas toujours riche, et des marchés financiers internationaux ? Ça ne me semble conforme, ni au bon sens, ni même aux discours et aux bonnes intentions de la majorité municipale.
Alors, que faut-il faire ?
Que pouvons-nous recommander ?
C’est mon troisième point.
Il y a trois façons, me semble-t-il, de rétablir les choses :
- Premièrement : c’est sous la contrainte de la crise financière et du déséquilibre que la Ville va se retrouver à subir des mesures dictées par les marchés, par les créanciers, ou par l’État. C’est ce qui arrive aux municipalités qui connaissent des difficultés financières trop importantes pour s’en sortir. C’est la pire des manières, qui aboutit à des solutions injustes, impopulaires, contraintes.
- Deuxièmement : envisager le débat budgétaire en dictant par le haut les mesures de modernisation de nos finances, d’une manière un peu technocratique. Cela peut fonctionner mais cela a un grand inconvénient : ce n’est pas toujours compris par la population qui se retrouve otage de l’administration ou des clivages partisans.
- Enfin, troisièmement : la manière démocratique, soutenue par les centristes. Cela signifie donner à tous les Parisiens une voix pour formuler leurs priorités sur les recettes et sur les dépenses, pour moderniser la situation et éviter que les 6 milliards de dette de la ville de Paris en 2021 n’atteignent un jour les 10 milliards.
Ce serait un droit des citoyens. Il faut les traiter en responsables et c’est pour ça que je vous propose de lancer un chantier, pour les années qui viennent, d’assises démocratiques sur la situation budgétaire et les finances de la ville.