Merci Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Cher Monsieur le Maire, Jean-Luc Romero-Michel, je souhaite tout d’abord vous remercier pour tout ce travail. Vous remercier ainsi que vos équipes et ce travail fourni et saluer le sérieux avec lequel ce plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme a été élaboré.
Dans une ville où plus d’un habitant sur cinq est immigré, où les actes racistes et antisémites sont en forte augmentation, il est indispensable de proposer une réponse publique solide, concertée et ambitieuse. Paris ne peut pas fermer les yeux. Protéger toutes celles et ceux qui y vivent fait partie des fondements même de notre action municipale. Votre plan, ce plan présenté est structuré, assez complet et propose des avancées. Nous tenons aussi à souligner la qualité de la concertation que vous avez mené avec les associations, les chercheurs, les institutions et les élus. Trois propositions que notre groupe défendait depuis longtemps y figurent pleinement.
D’abord, la création d’un observatoire indépendant chargé de produire des données fiables et utiles pour l’action publique. Ensuite, la montée en puissance des formations pour les agents municipaux, particulièrement ceux en contact direct avec les usagers. Et enfin, le développement d’ateliers de sensibilisation dès le plus jeune âge dans les temps périscolaires. Ces mesures étaient attendues et répondent à des besoins clairement identifiés. Au-delà des dispositifs sectoriels, il nous faut rappeler une évidence. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne doit pas être une politique parmi d’autres. Elle doit irriguer toutes les politiques municipales : éducation, logement, sécurité, culture, économie, emploi. Chaque domaine produit des situations où des discriminations peuvent se manifester. Pour être crédible, il faut que ce plan soit réellement transversal et qu’il ne reste pas cantonné au champ déjà convaincu.
C’est là que se joue l’efficacité d’une politique antiraciste et de lutte contre la haine des juifs, contre l’antisionisme. C’est là que réside notre capacité à imposer des sujets partout, y compris là où ce ne serait pas spontané. Le second point sur lequel je veux insister, c’est le suivi. Certes, nous créons un observatoire, c’est très bien, mais un observatoire qui ne produit pas des données exhaustives, indépendantes et surtout utilisables devient un outil simple de communication. La ville devra assumer cette exigence de transparence. Sans chiffres consolidés, sans indicateurs réguliers, sans capacité à mesurer l’impact des actions, ce plan restera une liste d’intentions. La rigueur du suivi sera le vrai test de crédibilité de la stratégie présentée aujourd’hui.
Enfin, nous devons agir beaucoup plus en amont. Les ateliers périscolaires et les parcours éducatifs vont dans la bonne direction, mais ils ne suffiront que si l’on mise vraiment sur le long terme. Sensibilisation et formation des encadrants, continuité pédagogique, partenariat solide avec les associations spécialisées. On ne déconstruit pas les préjugés en organisant quelques animations. On le fait en créant un environnement éducatif cohérent où la tolérance mutuelle et le respect de l’autre et des règles deviennent des réflexes acquis dès l’enfance. C’est là que se joue la prévention durable. C’est là que Paris doit être au rendez-vous.
Enfin, pour qu’un plan soit vraiment cohérent, il doit concerner l’ensemble des acteurs. Sur ce point, il reste une étape que nous continuons à considérer comme essentielle, l’exemple que doivent donner les élus. Notre groupe avait proposé la création d’une charte d’engagement républicain pour les membres du Conseil de Paris afin d’encadrer nos propres pratiques et de prévenir toute parole ou comportement discriminatoire. Vous n’avez pas jugé utile de retenir cette proposition. Nous le regrettons car elle aurait envoyé un signal clair. La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la haine des juifs ici aussi dans l’institution qui porte la politique municipale est importante et c’est là qu’elle commence.
Néanmoins, nous soutiendrons ce plan parce qu’il pose des bases claires et parce qu’il répond en partie aux attentes que nous avions formulées. Mais nous continuerons à plaider pour que la responsabilité politique soit pleinement assumée par chacune et chacun des élus de cette assemblée. Je vous remercie.