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Béatrice Lecouturier à propos de la niche du groupe MoDem pour la protection du petit patrimoine – Juin 2023

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Tout le monde le sait, Paris ne serait pas Paris sans ses monuments et son patrimoine historique exceptionnel. La Tour Eiffel, Notre Dame, le Louvre, l’Hôtel des Invalides, la Sainte Chapelle, la Butte Montmartre, les hôtels particuliers du Marais, les places ; bref tout ce patrimoine majestueux que nous envie le monde entier et qui fait de Paris la ville la plus belle du monde.

Mais à côté de ce patrimoine flamboyant se cache dans nos quartiers, dans nos rues, sur nos murs, un patrimoine plus humble, plus modeste, un petit patrimoine.

Notre ville regorge de tous ces témoignages du temps à qui sait les regarder, sur les trottoirs, les façades, dans les cours ou les jardins, qui racontent non seulement l’Histoire, avec un grand H, mais aussi la petite histoire de ses habitants et de leur quotidien ; des racle pieds, des chasse roues, des pompes à eau, des devantures de commerces, autant d’éléments qui nous renseignent sur l’organisation de notre ville au fil de son histoire.

Alors je sais que la notion même de petit patrimoine peut susciter des réactions.

Cependant, parler du petit patrimoine n’a rien de péjoratif ni de diminutif ;

Parler de petit patrimoine, ou de patrimoine de proximité, ne doit pas être une question qui clive et nous pourrons utiliser dans nos travaux les 2 termes sans dogmatisme. Même si je vous avoue avoir une préférence affective pour l’appellation de petit patrimoine.

Notre groupe Modem, Démocrates et Écologistes, a donc fait le choix de vous présenter aujourd’hui une délibération pour rendre hommage à ce petit patrimoine urbain trop souvent oublié et qui mérite, pourtant, de notre ville, une véritable politique de sauvegarde et d’entretien.

Remettre les Parisiens au centre de la politique patrimoniale à Paris a été notre boussole pour présenter cette niche qui s’articule autour de 3 axes principaux.

Ces trois axes principaux sont les suivants : Recenser, Restaurer, Valoriser.

Tout d’abord, recenser.

La notion même de petit patrimoine, nous venons de le dire, est difficile à appréhender par sa diversité et son manque d’encadrement juridique.

Cependant, nous pouvons aisément le caractériser lorsque nous pensons aux frontons, portails, statues, puits, kiosques, fresques murales, bornes, cadrans solaires ou boîtes à sable .

Mais bien d’autres éléments que nous ignorons encore peuvent être protégés au titre du petit patrimoine. Je pense notamment à tout ce patrimoine industriel, végétal ou animal qui sont des marqueurs forts de notre paysage parisien.

Les Parisiens sont les premiers témoins de ce petit patrimoine qui ponctue leur quotidien, leurs trajets pour aller au travail, leurs promenades ou leurs moments en famille. Ce petit patrimoine, il se l’ont approprié au fil du temps, il fait partie de leur environnement le plus proche , ils y sont très attachés et ils ont envie de le sauvegarder.

C’est pourquoi nous proposons qu’une plateforme collaborative soit créée afin de recenser tous les éléments de petit patrimoine et alimentée par les Parisiens eux-mêmes. Cette plateforme complètera le travail déjà fabuleux des associations et sociétés historiques dans les arrondissements.

A côté de cette plateforme collaborative, nous souhaitons la création d’un Observatoire Parisien du petit patrimoine composé de membres d’associations nationales et parisiennes très actives sur le sujet, de la commission du Vieux Paris, d’historiens, d’architectes et de Parisiens.

Cet Observatoire sélectionnera un certain nombre d’éléments recensés qui appelleraient à une restauration urgente.

Le deuxième axe de cette niche concerne la restauration de ce petit patrimoine.

La restauration du patrimoine demande des moyens financiers importants. La restauration du petit patrimoine est donc une question financière mais elle est aussi une volonté politique de flécher les crédits publics.

Or force est de constater que la ville de Paris n’investit pas suffisamment dans la restauration de son patrimoine même si nous saluons la volonté de Karine Taïeb à vouloir faire avancer les choses.

C’est pourquoi nous proposons un financement hybride avec une participation privée et publique ; une plateforme de financement participatif où 1 euro investi par une personne physique ou morale serait abondé du même montant par la ville de Paris .

Notre ville recèle de jeunes apprentis et de professionnels aguerris aux métiers d’art ou de bénévoles qui souhaitent s’engager pour être utiles à la sauvegarde de leur patrimoine. Nous pouvons alors imaginer une mobilisation organisée et encadrée par la ville de Paris pour faire appel à toutes ces personnes.

3ème axe enfin, Valoriser le petit patrimoine.

Même s’il est qualifié de trésor des humbles et des pauvres, le petit patrimoine doit être reconnu et célébré à sa juste valeur.

Aussi, nous proposons la création d’une journée du petit patrimoine parisien qui aura pour objectif la présentation de ce petit patrimoine à tous les Parisiens.

Comme le fait si bien en Sardaigne l’association Monumenti Aperti, ce sont les élèves et les collégiens qui travailleront autour d’un projet de restauration du petit patrimoine puis présenteront à leurs parents et aux habitants de leur quartier durant un week- end l’histoire de ce projet.

La région Ile de France a mis en place dès 2017 une politique ambitieuse pour la sauvegarde du petit patrimoine et chaque année ce sont plusieurs dizaines de sites labellisés Patrimoine d’intérêt régional Ile de France.

D’autres villes et départements en ont fait de même.

Alors chers collègues, nous avons bien vu comme les Parisiens sont attachés à leur patrimoine et savent se mobiliser pour le sauvegarder.

C’est par cette mobilisation populaire que nous souhaitons que la ville de Paris, en collaboration avec chaque mairie d’arrondissement, s’empare de ce sujet patrimonial ; qu’elle mette en place une véritable politique de sauvegarde de ce petit patrimoine parisien que nous vous proposons de voter aujourd’hui.

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos du rapport de la MIE “Paris à 50°C” – Juin 2023

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Après : 6 mois de travail, 75 personnes auditionnées, les 85 recommandations de la mission d’information traduisent un constat alarmant : la ville de Paris n’est pas prête à faire face aux conséquences du dérèglement climatique.

Notamment, et nous l’avons évoqué longuement hier, parce que les discours de l’Exécutif ne sont pas en adéquation avec les actes : création d’îlots de chaleur, abattage d’arbres, artificialisation de la ville ont contribué à faire de Paris une étuve. Comme l’été dernier nous l’a douloureusement démontré avec des relevés de température pouvant aller jusqu’à 59° sur le sol de la place de la République, après le record de 42° le 25 juillet 2019.

Selon une étude du Lancet, parmi 854 villes dans 30 pays en Europe, Paris est la ville où le risque relatif à la chaleur est le plus élevé. Et ce, selon Pierre Masselot, cela s’explique en raison « du manque de végétation et aussi de la couleur du goudron ou des matériaux » utilisés à Paris. Ajoutés à la faible présence d’eau et la topographie, ainsi que les émissions de chaleur anthropique, Paris est une ville fortement exposée à l’effet d’îlot de chaleur urbain, faisant peser des risques majeurs sur la santé des habitants et sur la biodiversité.

D’où l’importance de cette mission d’information dont je veux saluer la qualité des travaux, l’implication d’Alexandre Florentin, le président, à l’origine de cette proposition, et de Maud Lelièvre, sa rapporteure.

Une mission indispensable, vitale même. Car aux côtés de l’indispensable atténuation – la diminution de 55% de nos émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 au niveau européen à laquelle Paris doit prendre toute sa part, nous devons aussi travailler sur l’adaptation. Paris à 50° ne relève pas de la science-fiction et nécessite que nous changions de braquet.

Je voudrais revenir sur certaines des recommandations ambitieuses que nous avons portées dans le cadre de la MIE :

  • Premier volet : Préserver l’habitabilité de notre ville

Après la lutte contre le froid, c’est aussi désormais à la lutte contre le chaud à laquelle nous devons nous atteler. Si nous n’accélérons pas, de très nombreux logements seront impropres à l’habitation. Il faut donc développer le raccordement des bâtiments au réseau de froid urbain, intégrer le confort d’été aux normes de rénovation et repenser notre utilisation des toits. Nous prônons également pour l’interdiction des sorties de climatiseurs sur les toits.

  • Deuxième volet : Faire passer Paris d’une « ville radiateur » à une « ville oasis »

Et ce grâce à une importante désimperméabilisation et l’implantation d’une végétalisation de pleine terre. Paris doit devenir un véritable jardin, et non une ville pelouse, rapport au débat de ce matin.

Développer l’ombre, en veillant à des indices de canopée exigeants et étendre les trames vertes à partir des parcs pour créer de nouveaux corridors de biodiversité et de fraîcheur. Cette re-végétalisation doit s’appuyer sur des espèces résistantes, sobres en eau. La ville oasis passe également par la création de places de village, ombragées et créatrices de lien social…

  • Troisième volet : Mieux faire circuler l’air à Paris

Pour rafraîchir l’espace urbain de manière passive, en préservant les couloirs d’airs existants (donc en conservant les dents creuses).

  • Et enfin, mieux protéger les populations,

en améliorant l’efficacité du fichier Reflex, en ouvrant davantage de lieux refuges, pensés pour tous, y compris pour les animaux. Et en imposant des restrictions de circulation en période de canicule.

Face aux pics de chaleur à venir, la situation parisienne est plus qu’alarmante. Il n’est pas trop tard, mais c’est maintenant. Et le fait d’avoir rejeté en bloc, hier, nos amendements et vœux, dont la plupart étaient la traduction des recommandations de la MIE est un très mauvais signal.

Face à la catastrophe annoncée, ce n’est pas de posture dogmatique dont nous avons besoin mais bien de rassembler toutes nos forces avec un seul objectif : permettre à Paris de surmonter ce défi, en dépassant les clivages et petits jeux politiques. La protection des Parisiens est à ce prix.

Je vous remercie.

 

 

Maud Lelièvre à propos du rapport de la MIE “Paris à 50°C” – Juin 2023

Merci Madame La Maire, Mes chers collègues,

Je souhaite également commencer par des remerciements. D’abord vous remercier, vous, chers collègues, membres de cette Mission d’Information et d’Evaluation, pour votre implication et votre présence constantes tout au long de ces six mois.

Je souhaite également remercier le Bureau des missions de l’Assemblée, en particulier Michel Des-Boscs et ses collaborateurs Williams Andres, Fabrice Deschamps, Jeanne Giraudon, Nicolas Rose, Anne-Gabrielle Grenet, Dominique Martin. Qui nous ont permis, grâce à leur savoir-faire, à leur technicité de travailler dans des conditions plus que favorables et nous aider et nous guider pour produire un rapport de qualité.

J’adresse également mes remerciements tout particuliers aux collaborateurs des différents groupes qui se sont impliqués dans cette mission, et en particulier ceux du groupe MoDem Démocrates et Écologistes : Jeanne Bes de Berc et Pierre Seguin.

Enfin il m’apparaît important de dédier quelques mots au Président de la mission, Alexandre Florentin, avec qui, effectivement c’est vrai, j’ai partagé de longues séances de travail, y compris le week-end pour essayer de trouver une voie consensuelle et partagée avec qui il a été très agréable de travailler intellectuellement pour produire un rapport de qualité.

J’espère que ces liens convergeant au sein de la mission que nous avons trouvés entre élus, collaborateurs, que nous avons su créer, perdureront, permettront d’avancer ensemble dans des sujets importants pour dessiner un meilleur avenir pour Paris.

Ce rapport laisse tout de même une interrogation en suspens : Fuir ou périr dans une ville radiateur ?

Voilà une question que, je l’espère, ne devront jamais se poser les Parisiens, notamment ceux qui ne peuvent pas partir. Or, dans un Paris devenu inhabitable, dans un Paris sous 50°C, qui pourrait arriver plus rapidement que prévu si nous ne changeons pas de trajectoire, il faudra avant tout protéger les populations.

Sous bien des aspects Paris est une ville riche. Riche en histoire, en ressources, en savoirs, en forces vives, en compétences. Notre capitale dispose de capacités de résilience qu’aucune autre ville au monde ne peut se vanter d’avoir grâce à son Histoire, à l’hétérogénéité de son architecture.  L’histoire de Paris est remplie de moments durant lesquels nous n’avons pas cédé. Durant lequel les Parisiens ont toujours su trouver les ressources nécessaires à la défense et la protection de leur capitale. C’est aujourd’hui à nous de la protéger face à un ennemi plus invisible, plus sournois, mais tout aussi dangereux.

Nous devons nous retrouver ensemble, en tant qu’élus de la Ville de Paris, à ce moment clefs de notre histoire commune. Je ne reviendrai pas sur les propositions ni les conclusions, qui ont été présentées par Alexandre Florentin mais les axes d’adaptation sont maintenant connus nous l’avons largement présenté. Ce qui est important c’est de se dire qu’il faut partir de l’existante, il faut aller vers un avenir et il faut agir dès maintenant

Agir dès maintenant pour protéger dès l’été prochain les populations, agir dès maintenant, dès ce mois de juin pour protéger ceux qui travaillent dans des conditions difficiles.

Les Parisiens nous attendent, ils attendent de nous, décideurs politiques, que nous puissions mettre de côté nos luttes partisanes et que nous avancions ensemble. Il est vrai parfois que notre vision d’adapter Paris n’est pas totalement la même, mais cette mission a su montrer qu’on pouvait ensemble avoir des points de convergence, trouver de grandes idées, des volontés communes. Il est vrai que parfois, c’est un peu l’image que j’ai de cette mission, c’est que nous avons un peu comme des plaques tectoniques qui se rencontrent, créent quelques remous, produit des montagnes, je ne sais pas si c’est l’Everest. Mais en tout cas la conclusion c’est qu’individuellement nous ne pouvons y arriver ; c’est avec une volonté commune exacerbée que nous arriverons à dépasser ces difficultés que nous connaissons aujourd’hui. 

Ces six mois de mission nous auront permis de comprendre que c’est la manière avec laquelle nous faisons ville qui doit être repensée. Nous devons partir de ce qui fait Paris pour imaginer demain.

Paris c’est une histoire, une architecture, un romantisme et une renommée que nous ne pouvons oublier quand nous pensons à l’adapter. Bien au contraire, c’est en permettant à Paris de continuer à rayonner, à travers l’imaginaire que notre capitale véhicule, que nous pourrons mettre en place des mesures d’adaptation dont le monde entier s’inspirera. Paris est une source d’inspiration et nous pouvons permettre qu’elle le reste en dépassant les contraintes. Elle deviendra ainsi la première ville au monde ayant embrassé son avenir tout en regardant son passé. S’appuyer sur le patrimoine parisien afin de penser une ville totalement reconnectée avec la nature doit être le moteur de l’élaboration de nos prochaines politiques publiques.

Paris doit devenir le berceau du nouveau triptyque Humains – Ville – Nature. Prendre en compte l’histoire et le patrimoine Parisien sans avoir peur du changement doit nous permettre collectivement de rendre cette ville plus résiliente, à travers la création d’une nouvelle relation entre l’homme et le vivant. Cette relation peut être porteuse d’espoir notamment la mise en place de solutions fondées sur la nature.

Endiguer la spirale infernale dans laquelle l’humanité s’est insérée ne passera que par des solutions collectives notamment dans les villes, et en changement de modèle civilisationnel.

Il faut une implication de tous, celle du Conseil de Paris, des associations que nous avons largement concertées, des citoyens qu’ils soient engagés, ceux qui s’engageront demain, du monde économique et du monde du travail.

Quand nous parlons protection de l’environnement, nous parlons aussi de la protection de la ressource en eau, de l’énergie, de l’air non polluée, de système alimentaire ainsi que de la protection des conditions de viabilité sans lesquelles l’espèce humaine ne peut perdurer. C’est pourquoi, un modèle d’une ville qui serait intelligente, technique et surclimatisée ne peut être utile qu’à court terme. 

Sans un environnement sain, les sociétés humaines et leurs structures politico-sociales n’existent pas. Et c’est donc sur ce chemin collectif que nous devons avancer ensemble, collectivement pour garder un Paris viable et habitable.

Repenser Paris, c’est repenser la manière avec laquelle nous faisons ville, avec laquelle nous faisons société. En ce sens, revenir au cadre conceptuel de l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour les questions de l’environnement, à savoir :

La nature pour la nature,

La nature pour la société,

La nature pour la culture.

S’applique parfaitement à Paris et peut demain servir de fil vert à notre politique d’adaptation.Nous devons retourner à l’essentiel, recréer ces liens et j’espère que cela sera le sens de nos travaux des prochains mois.

Je vous remercie.

Pierre Casanova à propos des comptes administratifs 2022 de la Ville de Paris – Juin 2023

Merci Monsieur le Maire.

Écoutez je crois que vous voulez rapprocher les 2 groupes mais ils sont déjà très proches puisqu’ils sont dans la majorité présidentielle, donc votre lapsus était au fond très proche de la réalité politique.

Alors beaucoup a été dit, et je ne reviendrai pas sur les les chiffres déjà soulignés par mes collègues Carrère-gée et Ibled. Je voudrais juste peut-être faire 3 remarques.

La première sur la constance de cette politique financière, la deuxième sur ce qui me semble constituer ces angles morts, et la troisième pour terminer sur ce que nous pourrions faire pour améliorer les choses, selon le groupe centriste qui m’a donné la la parole aujourd’hui sur ce sujet.

La constance, elle est bien connue de tous, elle est à la hausse. Hausse des dépenses de fonctionnement, hausse des dépenses d’investissement, hausse des recettes d’investissement, hausse des recettes de fonctionnement.

Ça n’est pas une nouveauté, les budgets se suivent et se ressemblent, et nous atteignons des niveaux record, on l’a dit, d’endettement, de déficit, mais ce qui compte peut-être le plus pour nos électeurs c’est leur vie quotidienne.

Est-ce que ces hausses, à quatre égards, se résultent en une amélioration de leurs conditions de vie à Paris ? Est-ce que le fait que Paris est un des taux d’administration les plus élevés de France, en 2019 on était un 23 équivalent temps plein pour 1000 habitants, est-ce que cela se traduit par une satisfaction, des applaudissements chaque fois que nous les croisons, et un concert de louanges des Parisiens ?

La réponse évidemment ne semble pas être le cas, en tout cas quand on voit leur leur vote avec les pieds, si je puis dire, ils sont plus nombreux à quitter cette ville qu’à vouloir y vivre, et ils sont plus nombreux à se plaindre d’y vivre qu’à s’y féliciter.

Deuxième sujet peut-être, les angles morts, ou plutôt les ignorances, l’indifférence à trois égards. Il y a 3 ans, nous avions alerté cette honorable l’assemblée sur le fait que les taux ne seraient pas toujours négatifs, nous sommes dans les taux positifs, je parle bien sûr des taux d’intérêt de la dette, qui ont pour effet de renchérir chaque jour un peu plus et d’accroître l’endettement de la ville et de grever donc les finances de la ville pour les générations présentes et futures. Deuxième ignorance, volontaire, nous avions alerté cette honorable assemblée sur le fait que le prix de l’immobilier ne caracolerait pas éternellement, nous sommes maintenant dans la baisse de l’immobilier. J’ai bien entendu l’orateur communiste, tout à l’heure, se féliciter de la hausse des droits de mutation à titre onéreux. Je regrette que l’an prochain, peut-être, il devra regretter ces paroles, car il y aura peut-être une baisse de cette recette fiscale et à ce moment-là nous verrons qu’une ville qui vivait sur une dette peu chère et des transactions immobilières nombreuses, souffrira sous le poids d’une dette chère et de transaction immobilière qui baisse. Troisième angle mort : l’absence de perspective. Le refus constant, déterminé, de mettre en place un plan d’investissement afin que tous les élus, mais aussi les Parisiens, puissent regarder sur plusieurs années les perspectives financières de cette ville. Dernier angle mort, évidemment, les subventions aux associations. J’ai remarqué que leur montant total n’était pas constant, qu’il y avait parfois des baisses. Je salue cet effort, qui n’est pas démagogique, mais je ne peux que répéter qu’une ville qui ne parvient pas à valoriser ses actifs immobiliers, je ne vois pas comment elle pourrait, sur 2500 à 2600 associations bénéficiaires de subventions, exercer un contrôle fin et précis. Je répète ce vieux principe du centre, “il faut être généreux avec son argent mais scrupuleux avec l’argent des autres”.

Troisième et dernier point, que pouvons-nous faire ? Je ne peux que répéter inlassablement nos propositions d’organiser des assises des dépenses publiques dans cette ville pour identifier de façon transpartisane tous les postes qui pourraient être mieux gérés, tous les gaspis qui pourraient être chassés. À cet égard, je trouve intéressante la piste du groupe écologiste, et en particulier de ma collègue Timsit, sur les dépenses marketing abondantes. Peut-être y a-t-il là un gisement intéressant d’économie. Mais à la fin des fins, je pense qu’il faut redonner la parole aux parisiens par la démocratie directe.

Je finis, Monsieur le maire, et bien évidemment nous arriverons à cela en changeant les élus.

Merci Monsieur le maire

Maud Gatel à propos du PLU bioclimatique et les positions du groupe MoDem – Juin 2023

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Je voudrais commencer cette explication de vote par remercier les services de la ville, pour le titanesque travail fourni. Bien évidemment nous avons regretter d’avoir tardivement les documents mais je voulais quand même saluer l’excellent travail réalisé par l’ensemble des services de la ville. Et puis saluer également le Premier adjoint et son cabinet, non pas qu’il ait compté sur nous pour réconcilier sa majorité pour trouver un moyen de voter ce PLU, mais en tout cas, au cours des ces deux dernières années, nous avons eu des informations régulières sur la manière dont se déroulaient les discussions.

Ce PLU parisien, nous avons un regret, qu’il ne soit justement que parisien, et en 2006, lors des précédents débats relatifs au dernier PLU, nous avions déjà critiqué à l’époque, le manque de pertinence de l’échelle, le PLU n’étant pas métropolitain.

Évidemment, cette critique nous la renouvelons à un moment où le sujet métropolitain aurait été absolument stratégique pour réfléchir tant au logement, qu’aux emplois et à la mobilité, car sans tenir compte de la zone dense, voire de l’ensemble de la région, réfléchir à un PLU à la simple échelle parisienne n’a guère de sens…

Au-delà de ce regret, je voulais noter plusieurs choses qui vont dans le bon sens, en revenant sur certaines dispositions de l’ancien PLU qui ont contribué, et cela a été documenté, démontré, à artificialiser la ville.

  • Revenir sur des compensations qui clairement manquaient d’ambition sur le volet végétalisation : notamment construire sur la pleine terre contre des toitures végétalisées, un artifice auquel la ville a trop souvent fait appel et qui a contribué à la bétonisation de Paris.
  • Autre critique, sur laquelle vous revenez dans ce projet, c’est de faire des EVP de véritables espaces sanctuarisés, contrairement à ce qui fut la norme par le passé : où vous n’hésitiez jamais à déclasser une parcelle pour permettre la construction.
  • Autre sujet, l’Instauration d’un seuil minimal de pleine terre et le classement des arbres remarquables, un sujet que notre groupe a porté lors de la précédente mandature, sans grande écoute à l’époque, et je le regrette.

Et j’ajoute le fait de remettre, à travers notamment des installations de bancs dans l’espace public, des assises nécessaires à la mobilité, mais également au lien social.

Au-delà de ces avancées réelles, elles ne suffisent pas à masquer des manquements d’une part face à l’impératif de l’adaptation de la ville au dérèglement climatique, et des divergences qui demeurent sur des sujets particulièrement structurants.

Maud Lelièvre l’a démontré dans son intervention, il ne suffit pas de répéter l’adjectif « bioclimatique » pour que ce PLU soit à la hauteur de la nécessité vitale de l’atténuation et de l’adaptation de la ville face au dérèglement climatique. Particulièrement lorsque vous avez passé les dernières années à nous dire que non vous n’aviez pas artificialisé la ville, contre toute réalité… Avec un résultat : une densification bâtimentaire qui fait baisser la densité en terme de population. Le paradoxe n’est qu’apparent, les Parisiens aspirent à respirer dans leur ville.

Au-delà des mots, il faut des actes. Après les projets anti écologiques que vous avez porté lors de la précédente mandature, il est encore temps de renoncer au projet de densification et à la diminution des espaces de fraîcheur. Séparez vous à la centrale béton de Lafarge. Sans quoi ces engagements sont vides de sens.

Vous martelez que 300 ha d’espaces verts seront mis à disposition d’ici 2040. C’est 4 fois plus que ce qui a été fait ces 18 dernières années, alors même que le projet de PLU ne prévoit que 53 ha. Dans le 15e, les parcelles réservées à la végétalisation représentent 1 % des emprises réservées. Dans ces conditions, comment peut-on imaginer atteindre les objectifs que vous avez fixés ? “Le grand projet de Paris, c’est la nature », venez-vous de dire Monsieur le premier adjoint. Et bien, ici, nous sommes ici bien loin de l’ambition nécessaire pour faire respirer Paris.

Si nous jugeons ce PLU pas à la hauteur de l’urgence climatique, nous avons aussi des divergences majeures sur ce que doit être une ville. Pour nous, une ville doit offrir une hétérogénéité des usages. Faire cohabiter logement, emplois, équipements et services publics. C’est un équilibre à trouver.

J’ai entendu ce matin dire qu’il fallait chasser le moindre m2 de bureau de la ville, quand d’autres entendent continuer à y travailler. J’y vois peut-être des divergences qui ne sont pas réglées dans la majorité. Et bien non, pour nous, une ville sans activité, ce n’est pas notre vision.

Sur la question du logement, vous avez annoncé, Monsieur le Premier adjoint, que vos objectif étaient ceux-ci : « mixité, vivre ensemble, dignité pour tous ». Souffrez monsieur le Premier adjoint que vous puissiez ne pas être les seuls à avoir les mêmes objectifs. Et que vous n’avez pas le monopole des solutions pour y parvenir.

Nous, nous ne nous satisfaisons pas de la situation actuelle. Des arrondissements surdotés, avec insuffisamment d’équipements publics pour les locataires et pour offrir les meilleures conditions d’accueil possible.

Au MoDem, nous voulons une meilleure répartition du parc social sur l’ensemble du territoire. Nous voulons mettre l’accent sur les indispensables rénovations pour améliorer la vie des locataires du parc social. Nous prônons pour la poursuite du financement du logement social pour mieux le rééquilibrer sur le territoire parisien. Et oui, nous sommes en faveur d’une meilleure mixité sociale et favorables à un véritable parcours résidentiel pour les Parisiens.

Nous avons assisté toute la journée à une surenchère autour du PLU pour savoir s’il était plus communiste que vert, ou plus vert que communiste. Une chose est certaine, c’est que la majorité en sera collectivement comptable. Et que certaines orientations ne vont pas dans le sens d’une ville plus respirable.

La question : avec ce PLU, les Parisiens vivront ils mieux. Permettra-t-il d’améliorer leurs conditions de vie ? C’est la seule question qui mérite d’être posée. Et à l’aune de laquelle se positionner.

Nous avions fait des propositions, à travers 40 amendements et 10 vœux. Pour soutenir un projet alternatif, renforcer nos exigences en matière d’adaptation, notamment à travers la déclinaison des recommandations de la Mission d’information “Paris à 50 °C”. Sur l’accessibilité du logement à travers le soutien aux BRS. Dès lors, il est particulièrement dommageable de ne pas avoir de réponse, ou plus exactement, un rejet en bloc de l’ensemble de ces propositions qui auraient permis de traduire certains discours en actes.

Pour nous, ce PLU n’est pas soutenable.

  • Ni sur un plan financier – le pastillage et la servitude de mixité fonctionnelle coûteront des milliards aux finances de la ville.
  • Ni sur le plan écologique, en raison de son manque d’ambition. C’est une occasion ratée.

Je vous remercie. 

Béatrice Lecouturier à propos du futur PLU bioclimatique – Juin 2023

Monsieur le Maire,

Mes chers collègues,

Le défi principal de ce PLU est de préserver l’âme de Paris dans sa modernité sans abîmer son histoire. C’est une complexité dont nous ne pouvons nous détacher tant Paris est LA ville patrimoniale reconnue dans le monde entier.

Ce qui rythme notre paysage parisien reconnaissable entre toutes les villes du monde, c’est l’homogénéité et l’élégance de notre ville. C’est une homogénéité mais c’est aussi une hétérogénéité qui fait l’identité de Paris. Chaque arrondissement est unique. Notre ville, riche de ses différences, nous impose de les respecter si nous voulons conserver l’âme de Paris.

Malheureusement, votre notion de l’homogénéité tourne à l’uniformité. Ce qui n’est pas du tout la même chose. L’homogénéité dont notre ville a hérité, c’est la cohérence dont parlait ma collègue Maud Lelièvre, c’est la cohérence et l’harmonie. L’uniformité que vous lui imposez, c’est l’égalité et la monotonie.

Uniformité des logements, uniformité des places, uniformité des jardins et je pense à l’aménagement des abords de Notre-Dame.

Une uniformité tellement contraire à l’esprit parisien. Une uniformité qui débouche sur une banalité de notre espace public. Et je crains que ce PLU ne renforce cette uniformité.

En ce qui concerne l’aspect patrimonial de ce PLU bioclimatique, je souhaiterais citer le très bon rapport de Jean-Paul Bailly rendu au nom des  groupes de travail de la commission du Vieux Paris qui ont travaillé sur le sujet. J’en profite pour saluer l’action de cette excellente commission et de son président Jean-François Legaret qui font un travail exceptionnel pour la préservation du patrimoine. 

Ce qui ressort de ce rapport est qu’une alliance bioclimatique / préservation du patrimoine est compatible. Et j’ai entendu Mme la Maire ce matin, je ne voudrais pas que l’on tombe encore dans cette caricature des défenseurs d’un patrimoine immobile. Le patrimoine et rénovation thermique exigeront beaucoup de finesse souligne le rapport Bailly dans l’analyse du bâtiment.

C’est une politique du sur-mesure qui devra s’appliquer : une souplesse et une adaptation afin de trouver les solutions les plus judicieuses dans la préservation de  l’aspect des bâtiments réhabilités. Comme l’isolation thermique extérieure sur certains murs intérieurs ou la captation d’énergie sur les toits.

Nous sommes inquiets quant à la préservation des façades puisque vous envisagez une modification de l’aspect extérieur des immeubles. Nous sommes inquiets car c’est ouvrir la porte à tous les excès sous couvert de l’isolation thermique.

Nous déposons d’ailleurs un vœu à ce sujet demandant qu’un travail partenarial soit organisé entre l’Agence parisienne du Climat et la Commission du Vieux Paris pour les projets de rénovation énergétique.

Nous nous inscrivons dans ce même esprit de sur-mesure en ce qui concerne les surélévations. Les dents creuses, ces espaces de respiration de notre espace parisien, mais également espaces de respiration et de circulation de l’air. Des ponctuations qui évitent des rues bloc uniformes. Même si les surélévations sont une alternative à la construction, elles doivent être délivrées avec infiniment de précautions. Et ce n’est pas le signe que vous avez donné jusque là en accordant des permis de surélévations très souvent contre les avis de la commission du vieux Paris qui dénonçait ces excès.

C’est pourquoi nous déposons un vœu pour qu’un avis de la commission du vieux Paris contraignant soit rendu pour tout projet de surélévations et uniquement en accord avec les mairies d’arrondissements concernées.

Nous souscrivons à l’idée de réhabilitation des bâtiments existants plutôt que les constructions, bien évidemment. En effet conserver un bâtiment existant est déjà un acte vert en soit car, toute la consommation énergétique liée à sa construction est nulle. Rénover est donc un acte vert.

Un nouveau rendez-vous nous donc  est donné avec l’adoption de ce PLU. Quel visage voulons-nous donner à notre ville pour les prochaines décennies ? Un visage que vous avez passablement abîmé pendant ces dernières années et que les Parisiens refusent. Je vous remercie.

Maud Lelièvre à propos du futur PLU bioclimatique – Juin 2023

Madame la maire,

Mes chers collègues,

Décider d’un PLU n’est jamais anodin.

Derrière les données techniques, les chiffres, le droit de l’urbanisme, il nous faut imaginer et projeter, comme d’autres avant nous, que les changements que nous votons aujourd’hui imprégneront les esthétiques urbaines et les vies de demain.

La ville vit, croit, ressurgit en dehors de nous selon les mots de Julien Gracq. Elle nous imprègne à tout jamais, nous forme et nous la reformons.

Ce PLU s’inscrit dans une longue série de révisions et de débats, de reports également.

Mais l’élaboration d’un PLU est avant tout un moment stratégique, un moment de rupture. Aujourd’hui, ce PLU doit répondre aux défis majeurs de la lutte et de l’adaptation de la ville aux effets du changement climatique, à la question surtout de l’habitabilité.

Depuis 2006, les données des différents rapports du GIEC alertent sur l’accélération du réchauffement dont les effets se feront ressentir plus fortement dans une ville comme Paris, très dense, trop dense, et ne comptant pas assez d’espaces verts par habitant. Paris a déjà connu des températures pouvant monter jusqu’à 80°C. Les scientifiques nous disent que si nous continuons sur cette trajectoire, des températures extrêmes, telles que l’Inde et le Pakistan ont connues en avril 2022, pourront devenir des événements climatiques récurrents, y compris dans notre capitale.

Dessiner la ville ne relève plus du débat partisan, mais relève bien de la nécessité de répondre à l’urgence.

Comme l’a montré la Mission d’Information et d’Evaluation « Paris à 50°C », dont je salue le travail collectif, ce qui se joue devant nous n’est plus à prendre à légère. Il est question aujourd’hui de savoir si Paris, dans 5, 10, 15, 20 ans sera encore habitable. Il est primordial d’avoir toujours cette interrogation en tête lorsque nous élaborons des projets urbanistiques qui permettront de rendre cette ville plus sûre et plus vivable pour tous ses habitants et pour le vivant.

Pour avoir un  Paris résilient, ce nouveau PLU doit répondre à  trois exigences. La première celle de la cohérence. Paris doit disposer d’un urbanisme cohérent, adapté, se confrontant à la réalité.

Ce PLU doit rompre avec les logiques urbanistiques du passé. Il n’est plus possible de construire de grandes tours vitrées, ou de déroger aux règles les induisant, qui au-delà d’un esthétisme discutable et d’un confort relatif de vie pour ses habitants sont des gouffres énergétiques favorisant le réchauffement de la ville. Même la ville de New-York, connue pour sa skyline ponctuée de nombreux grattes-ciels a interrogé ce modèle de tours durant l’élaboration de son plan d’adaptation “New York 2050”.

L’adaptation du bâti parisien ne peut se faire contre l’histoire de Paris, et notre amie Béatrice Lecouturier développera nos propositions. L’isolation par l’extérieur, technique d’isolation au demeurant très efficace afin de réduire la température au sein des logements, peur se faire dans le respect des caractéristiques esthétiques de façade. Il convient d’adapter Paris, tout en faisant perdurer son esthétisme. Quel sens aurait pour notre identité une ville mondialisée, dont les façades et les toits ont perdu leurs caractéristiques qui permettent, dès le premier regard, de savoir que nous sommes à Paris. Encore plus lorsque les rues se bordent de marques et de façades commerciales qui se répètent à l’infini de Prague à Milan, de Tokyo aux malls d’Abu Dhabi. C’est le sens du consensus que nous avons trouvé au sein de la MIE, à savoir conjuguer au présent adaptation et identité, modernisme et histoire.

Seconde exigence, celle du vivant. Paris peut devenir une véritable ville-nature si nous y mettons de la volonté et des moyens financiers. En ce sens, la végétalisation de l’espace public doit être massive mais doit surtout être réalisée de pleine terre et dans la durée en choisissant des essences adaptées face à la réalité du futur climat parisien, et il n’est pas forcément judicieux de seulement s’appuyer sur des essences locales mais également d’imaginer celles qui pourront être plus résistantes au stress hydrique.

Sachons regarder ce qui se fait de mieux et aidons-nous des outils qui sont à notre disposition, comme ceux du Muséum National d’Histoire Naturelle qui, par son expertise, peut nous accompagner dans l’élaboration d’un panel d’essence aptes à avoir des plantations adaptées au réchauffement climatique.

Sachons également nous prémunir des effets de mode sans recul d’analyse. Expérimenter les plantations miyawaki a son utilité dans certains territoires, or en France, qui plus est à Paris, son efficacité reste toute relative, car cette méthode doit s’adapter au contexte écologique de chaque lieu. Une étude, parue dans la revue Landscape, fait état d’une mortalité des arbres à hauteur de 80 % au bout de dix ans, raison pour laquelle une autre capitale européenne comme Berlin revient en arrière. Et ce n’est qu’un exemple de mal adaptation ou de contre-solution sur lequel il faut savoir revenir en arrière.

Alors pour permettre à la biodiversité de s’implanter en ville et de croître de manière positive, il convient d’étendre les trames vertes continues à partir des bois, des parcs et des squares, dans le but de créer de nouveaux corridors de biodiversité et de fraîcheur. Les choix urbanistiques du passé ont rendu l’espace urbain parisien trop fragmenté entraînant des ruptures de continuité trop importantes.

Notre contribution aujourd’hui se traduit par un certain nombre d’amendements importants – je viens d’en évoquer quelques-uns et j’espère que nos contributions seront lues comme un enrichissement dont nous partagerons collectivement le bon sens.

Pour maintenir et augmenter le taux de végétalisation à Paris, il convient de planifier et de sanctuariser des espaces à végétaliser chaque année. Pour cela, nous proposons d’augmenter le nombre d’Espaces verts protégés, en définissant des seuils sur le nombre avec une tendance à l’augmentation chaque année.

Enfin, troisième exigence, celle d’une ville adaptée, celle d’une ville qui protège ses habitants.

Le premier outil à notre disposition est bien évidemment la végétalisation que je viens d’évoquer. Par son rôle de climatiseur naturel mais aussi par ses capacités d’ombrage, la végétalisation permet de rendre l’espace public plus sûr, utilisable. C’est pour cela que nous proposons l’établissement d’un coefficient ombre de l’espace public permettant à tout un chacun de s’adapter et de s’approprier un espace public plus frais. Il est utile face aux crises d’avoir des indicateurs de suivi non pas pour nous satisfaire ou nous féliciter mais pour savoir où nous allons. Ce sont les indicateurs qui sont au cœur des débats des COP.

Protéger la population c’est aussi préserver et décider de ne pas faire, de ne pas construire. Nous ne préservons pas suffisamment, à travers ce PLU, des corridors d’air car en continuant à sur-densifier, à surélever la ville, nous nous disons que demain nous allons abandonner certains quartiers, certains habitants, à la chaleur d’une ville radiateur sur-bétonnée. Il nous est aussi possible également d’agir en urgence sur le bâti. L’adaptation du bâti doit impérativement prendre en compte la protection des Parisiens et la réduction de l’effet d’îlot de chaleur urbain dans la capitale. Le confort d’été doit être au cœur de nos transformations, et pour cela, nous proposons, pour toute construction neuve ou restructuration lourde, un système de ventilation passif, qui doit être choisi en priorité.

Enfin, parce que Paris doit être une ville facilitatrice d’échanges et de liens intergénérationnels, nous avons déposé un vœu afin que soit aménagée une ou plusieurs placettes oasis par quartier, ce n’est pas une idée simplement de notre groupe, c’est une préconisation de la MIE. Ces placettes seront des lieux de sociabilisation intergénérationnelle et de sauvegarde.

La vision du Paris que nous défendons est un Paris adapté, frais et sûr pour ses habitants. Un Paris qui répond dans le concret, avec des indicateurs chiffrés et transparents. C’est le sens de nos amendements.

Après le temps de la construction, celui du PLU de 2006, passons à celui de l’adaptation, de la résilience et de la sobriété. Celui d’une ville qui protège et prépare l’avenir dont les Parisiens ont besoin. C’est cette vision de Paris que défendra notre groupe.

Je vous remercie. 

Maud Gatel à propos du futur PLU bioclimatique – Juin 2023

Madame la Maire, 

Mes chers collègues, 

Enfin. Ce PLU que, comme Godot, nous attendions depuis dix mois, a fini par arriver. Il aura donc fallu 3 ans, 3 ans à la majorité pour se mettre d’accord sur un programme de mandature. 

3 ans au cours desquels l’absence de vision partagée faisait capoter, les uns après les autres, les projets d’urbanisme de la Ville. 

Ce qui a changé ? C’est que vous êtes, Madame la Maire, revenue sur vos engagements de campagne. 

Et ce PLU marque la réconciliation de la majorité municipale au prix des renoncements. 

Renoncements à votre promesse de ne pas augmenter les impôts, qui vous permet de lever le verrou financier et aligner deux ambitions irréconciliables, sauf à laisser filer la dette. 

Renoncement aussi à tout ce que vous avez porté depuis 2001

Les balbutiements au sein de la majorité auront fait perdre beaucoup de temps à la ville. Car l’ancienneté du PLU actuel est un frein à la nécessaire adaptation de la ville dans un monde en constante accélération. 

Le débat de ce matin nous donne l’occasion de dresser un bilan précis de votre action depuis maintenant plus de 20 ans. Un bilan maintes fois dénoncé, et aujourd’hui parfaitement documenté grâce au travail des services de la ville. 

Depuis 2006 : 

  • Vous avez bétonné Paris : c’est incontestable, et mesuré : entre 2006 et 2020, ce sont plus de 2, 85 millions de m2 supplémentaires qui ont été construits, dont 1,5 million de m2 de bureaux, avec une augmentation allant jusqu’à 21 % depuis 2014…
  • Vous avez promu des projets anti écologiques en vous affranchissant de la règle des 37 mètres, dans les ZAC, ou encore avec la Tour Triangle…  
  • Vous avez diminué les espaces de respiration en déclassant des parcelles classées « espaces verts protégés », en autorisant 1477 surélévations, ainsi que les constructions en cœur d’îlot
  • Vous avez créé des îlots de chaleur à l’image de la place de la République 

Votre premier adjoint, le résume d’ailleurs parfaitement : le PLU de 2006, c’était le temps de la construction. On ne saurait dire mieux, malgré les discours et les dénégations tentant de faire croire l’inverse aux Parisiens.

Ce n’est pas ce que nous souhaitons pour les prochaines années. Discuter du PLU, c’est se projeter sur le long terme. C’est prendre des décisions aujourd’hui qui auront une incidence sur les prochaines décennies. C’est œuvrer pour que les Parisiens vivent mieux. Voire vivent tout court. 

Si ce PLU peut aujourd’hui être présenté, c’est parce que vous avez renoncé à l’idée même de la sobriété financière avec des objectifs non soutenables, que vous affichez dans ce projet en matière de logements. 

Vous escomptez une augmentation du nombre de logements et une augmentation du nombre de logements publics, grâce au renforcement 

  • de la servitude de mixité sociale, 
  • du pastillage (611 emprises supplémentaires),
  • des surélévations,
  • et à la création de la servitude de mixité fonctionnelle. 

Cet objectif passe par un « moratoire » sur les bureaux, et l’objectif d’une diminution de leur nombre de 20 à 15 millions de m2.

Des dispositifs critiquables à bien des égards : 

Contre productifs : les propriétaires des emprises tertiaires concernées seront découragés de faire les nécessaires travaux de rénovation thermique et plutôt que de voir dépréciés leurs biens seront incités à vendre.

Éminemment dispendieux : le droit de délaissement représentera un puit sans fond pour les finances de la ville…

Des dispositifs aussi discutables juridiquement quand il s’agit de dire qu’un arrondissement est sous doté en logement social quand il respecte les 25% de la loi SRU… 

La ville de Paris a aujourd’hui atteint les objectifs de la loi SRU. Cela signifie-t-il que le chantier du logement est clos ? Sûrement pas. 

Nous considérons, au groupe MoDem, qu’il faut continuer de produire du logement social. Des logements mieux répartis sur le territoire, en limitant à 35% le pourcentage de logements sociaux par arrondissement, et donc en diminuant leur nombre dans les 19e, 20e et 13e arrondissements.

Pour ce faire, il faut renouer avec l’accession sociale à la propriété dans les zones surdotées en logements sociaux, pour soutenir la mixité sociale et redonner des marges de manœuvre financières aux bailleurs pour œuvrer sur la dimension qualitative des logements sociaux actuels, et continuer à produire là où il n’y en a pas suffisamment, dans le respect de la loi actuelle. 

Renforcer le parcours résidentiel, rééquilibrer le logement social sur le territoire parisien et œuvrer pour la qualité du logement social, il y a beaucoup à faire. Mais vos objectifs ne sont en rien soutenables. 

L’autre urgence, c’est l’atténuation du changement climatique et l’adaptation de la ville au dérèglement climatique. Les deux. Des promesses qui doivent se traduire en actes. 

Préserver les espaces de pleine terre, c’est renoncer aux projets de construction sur les EVP, comme le projet Reille, ou encore sanctuariser les espaces verts actuels, comme sur le site de l’ancien hôpital de La Rochefoucauld. 

Moins construire, réutiliser, c’est évidemment diminuer sa consommation de béton ; d’où la logique de mettre fin à l’implantation de l’usine Lafarge.

Sinon ce ne sont que des mots. C’est une accélération dont nous avons besoin pour adapter la ville au dérèglement climatique, et Maud Lelièvre y reviendra.

C’est aussi concilier urgence climatique et protection patrimoniale, Béatrice Lecouturier s’y arrêtera. 

Mieux vivre, c’est faire cohabiter harmonieusement les différentes activités logement, emploi, services publics, commerces. 

Au groupe MoDem, nous croyons à la mixité, qu’elle soit sociale ou fonctionnelle, mais cela doit se faire sans perte de valeurs, par l’accompagnement, pas par la contrainte ! 

Affirmer qu’on veut préserver le commerce, c’est bien. Soutenir concrètement les commerçants c’est encore mieux. Les nouveaux linéaires de protection commerciale vont dans le bon sens. Mais il faut aussi faciliter leur exercice, leur donner les moyens de travailler, notamment en leur permettant de livrer et de se faire livrer, à travers les places de livraison annoncées, que l’on souhaite voir inscrites dans le PLU.  

Améliorer le cadre de vie, c’est aussi prendre soin de la population et mener une politique véritablement inclusive. C’est adapter la ville aux grandes tendances démographiques, je pense notamment au vieillissement de la population – d’ici 2050, 27% des Parisiens auront plus de 60 ans. Cela implique de renforcer significativement l’offre de soins et les solutions d’hébergement pour nos aînés.  

Le PLU a pour objectif de dessiner aujourd’hui la ville de demain. Pour permettre aux Parisiens de vivre mieux, de bénéficier d’un cadre de vie accueillant pour tous, nous vous faisons de nombreuses propositions, une dizaine de vœux et une quarantaine d’amendements que mes collègues détailleront. Avec une seule boussole : rendre Paris attractive pour ses habitants. 

Je vous remercie.  

 

Maud Gatel à propos de la dénomination de la promenade Jean-Paul Belmondo (15ème et 16ème)

Merci beaucoup, Madame la Maire.

Mes chers collègues, après 60 ans de carrière, 75 films, Jean Paul Belmondo le Magnifique s’est éteint le 6 septembre 2021. Quelques jours après, mon groupe faisait voter un vœu pour demander que Paris rende hommage à l’immense acteur à travers la dénomination d’un lieu emblématique de sa vie ou de sa filmographie, en accord avec sa famille.

Le choix était vaste, compte tenu de l’empreinte majeure qu’a laissée l’acteur sur notre ville.

Enfant du 14ème arrondissement, ayant suivi les enseignements du Conservatoire national d’art dramatique dans le 9ème, il s’entraînait assidûment à la boxe à l’Avia Club dans le 10ème arrondissement et vécut longtemps dans le 6e arrondissement.

Parmi ses plus grands succès cinématographiques, nombreux sont ses films qui ont sublimé Paris. À bout de souffle, bien sûr, du quai Saint Michel à l’avenue des Champs Élysées ou encore Paris brûle-t-il ?, place Denfert-Rochereau, ou encore l’hôtel des Invalides.

En réponse à notre vœu et en accord avec la famille de l’acteur, vous nous proposez que la dénomination Promenade Jean Paul Belmondo soit attribuée au terre-plein central du pont de Bir-Hakeim, sous le viaduc du métro aérien.

Le lieu même de la célèbre cascade de Jean Paul Belmondo, alias le commissaire Jean Letellier, sur le toit du métro de la ligne 6 dans le film Peur sur la ville, qui lui valut de se blesser pour l’unique fois de sa carrière.

La promenade fera également face aux immeubles du Front de Seine qui clôturent ce véritable succès populaire qui réunit près de 4 millions de spectateurs à sa sortie. Un choix que nous soutenons avec grand enthousiasme et je voudrais remercier Laurence Patrice pour son soutien et son travail avec la famille de l’acteur.

Je vous remercie.



Maud Gatel à propos d’un voeu relatif à des aménagements cyclables

Merci beaucoup, Monsieur le Maire, 

Je ne doute pas que cette belle concorde en fin de conseil se poursuive dans la mesure où nous allons parler d’apaisement et de partage de l’espace public et de qualité des aménagements cyclables.

Le décret du 30 juillet 2008 prévoit notamment que dans les zones 30, “toutes les chaussées sont à double sens”.

Une part significative des aménagements cyclables de la capitale sont d’ailleurs le fait des contresens cyclables, puisqu’en 2019, c’était pas moins d’un tiers des aménagements qui étaient constitués en réalité de contresens cyclables.

Lorsque la Ville de Paris a décidé en 2021 de la généralisation des 30 km/h dans la capitale, à l’exception de quelques axes structurants, cela a signifié la généralisation de fait des contresens cyclables.

Mais malheureusement, cela doit s’accompagner d’un véritable aménagement ambitieux, parce qu’il ne suffit pas de peindre un vélo sur la chaussée pour en faire une infrastructure adaptée, sécurisée, pour les cyclistes et l’ensemble des usagers de l’espace public.

Quelques exemples me viennent en tête.

La plupart des rues sont marquées par une absence de signalisation ou de “sas” ou de “porte” en début de voie pour signifier le contresens cyclable, ce qui signifie que très souvent, les véhicules à quatre roues n’ont même pas conscience que des cyclistes peuvent venir en sens inverse, ce qui évidemment pose des difficultés.

Il y a la question également du maintien du stationnement motorisé de part et d’autre qui, alors même que la chaussée est insuffisamment large, rend les croisements extrêmement hypothétiques.

Et puis, je vous signale également des aménagements erratiques puisque, par exemple, rue Saint-Jacques, il y a quand même un radar pédagogique qui est situé du côté cyclable et non pas du côté des voitures.

Je ne doute pas que les cyclistes vont très très vite, mais je ne suis pas sûre que ce soit réellement utile.

Et plus globalement, on a des interrogations sur la mise en conformité avec les décisions de 2021, qui tarde.

De nombreuses rues pouvant être considérées comme contresens cyclables ne sont pas aménagées comme telles.

Une réalisation d’aménagement a minima met en jeu la sécurité des cyclistes et il est extrêmement important d’avoir une véritable ambition dans les aménagements, cela même de pacifier l’espace public parisien afin qu’un bon principe ne se transforme pas en mauvaise réalisation, mettant ainsi en jeu la sécurité des cyclistes.

Je vous remercie.



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