Mes chers collègues,
Le plan que nous examinons aujourd’hui à Paris est un texte important, porteur d’ambitions que nous partageons largement : à savoir celle d’une capitale plus verte, plus résiliente, mieux armée face aux effets du changement climatique.
Le groupe MoDem et Indépendants salue ses ambitions : renaturation, trames écologiques, végétalisation du bâti et implication citoyenne.
Et pour que cette ambition se traduise dans les faits, encore faut-il affronter la réalité du terrain, avec lucidité et rigueur. Plusieurs mesures ont déjà été annoncées par le passé, notamment sur les forêts urbaines et se sont butées à des contraintes techniques. Je pense notamment à la densité des réseaux souterrains, qui rendent souvent impossible la plantation en pleine terre, ou à des essences mal adaptées aux sols urbains. Or, sans enracinement profond, il est illusoire de croire que la santé et la pérennité des arbres sera assurée.
Il ne suffit pas de verdir en surface. Il faut penser avant tout durable. Ce qui implique évidemment les plantations en pleine terre quand c’est possible, le choix des essences résilientes, et faire en sorte que la conception des aménagements soit pensée dans une logique de continuité écologique et de connaissance scientifique.
De nombreux arrondissements, comme le 9ème, ont d’ailleurs engagé des politiques actives de transformation de places minérales, de végétalisation de squares, cours d’école converties en cours Oasis, soutien à la végétalisation des toitures et des cœurs d’îlot, accompagnement des copropriétés, rénovation privée. Ce sont des exemples et des actions concrètes, efficaces, mais qui nécessitent du temps, de l’ingénierie, des moyens, de la coordination et de la cohérence avec les services de la Ville.
Autre point sur lequel j’aimerais revenir, la méthode Miyawaki. Elle avait suscité beaucoup d’attentes, parfois trop. L’expérience a montré qu’il était nécessaire de passer d’une logique de volume — planter pour planter — et de passer à une logique de qualité écologique, centrée sur l’indice de canopée. Ce recentrage est bienvenu et doit être clairement assumé dans le plan. Ce n’est pas le nombre d’arbres dans des tableaux excels qu’il faut compter mais leur capacité à s’inscrire dans le temps, à créer du microclimat, à renforcer la biodiversité.
J’aimerais revenir sur une avancée majeure qui aurait pu être portée plutôt mais qui est à saluer de façon positive. C’est la volonté de réorienter 100 % des dépenses identifiées comme défavorables à la biodiversité. C’est une mesure forte, elle aurait pu être portée précédemment par la Ville notamment au moment de l’adoption de l’article 8.32 en 1992 où les pays devaient s’engager et les villes à favoriser la réorientation des finances favorables au développement durable. Elle aurait pu être pensée en 2010 où le concept avait été tendu en France en particulier et recentré sur la biodiversité.
Mais elle ne pourra être effective cette mesure que si elle est suivie d’un travail précis, transversal, impliquant toutes les directions — pas simplement celles en charge des espaces verts. Car les politiques du logement, de la mobilité, des achats publics ou de la propreté ont un impact direct sur la biodiversité parfois de négative.
Il nous manque aujourd’hui plusieurs choses pour que ce plan puisse donner sa pleine ampleur les prochaines années. D’abord une vision claire du financement, des objectifs affichés 40 hectares de nouvelles surfaces végétalisées, 360 cours Oasis supplémentaires d’ici 2030, nécessitent des moyens à la hauteur. Il nécessite également une cohérence complète avec les politiques de biodiversité de façon générale et dépasser la politique des silos. La cartographie et la continuité des corridors écologiques doivent se penser à une échelle métropolitaine, en cohérence avec les dynamiques des communes voisines. La biodiversité ne peut s’arrêter aux frontières administratives de Paris.
Enfin, il nécessite et nous l’avons déjà dit une cohérence entre tous les plans portés par la Ville afin que ces plans n’ont pas à se superposer aux autres mais soient totalement cohérents. Plan climat, plan Arbre, plan local d’urbanisme, plan bioclimatique, plan Paris pluie, plan sobriété hydrique, plan résilience, plan local de prévention des déchets ménagers et assimilés.
Tous ces plans doivent être appréhendés de façon globale et suivis notamment par des reportings réguliers à la 8ème commission. C’est dans ces conditions que nous pouvons préserver le vivant dans notre ville.
Je vous remercie.