Merci beaucoup madame la Maire.
Préoccupation majeure des Parisiens, ce débat est l’occasion de confronter les points de vue sur le logement. Certes, il aura fallu deux ans pour aligner la majorité sur cette question. Les visions opposées sur le logement au sein de la majorité ont donné lieu à de nombreux revers sur un certain nombre de projets d’urbanisme pour l’Exécutif.
Exit donc l’objectif du PLH de 30% de logements sociaux à horizon 2030 au profit d’un objectif de 40% de logements publics d’ici 2035.
Alors bien sûr le logement est au cœur des enjeux budgétaires, de physionomie de la ville et de qualité de vie pour les Parisiens. Et nous avons des divergences structurelles avec vous sur ce sujet.
Là où vous fantasmez un Paris libéré du marché, nous souhaitons que les Parisiens puissent continuer à se loger, y compris dans le parc privé.
Là où vous cherchez la moindre parcelle à bétonner, nous ne voulons pas d’artificialisation supplémentaire.
Là où vous vous satisfaites du quantitatif en matière social, nous aspirons aussi à un parc social de qualité.
Là où les promesses de ceux qui prennent soin de Paris pourraient être favorisées pour le logement social, nous souhaitons en faire une priorité.
Paris est sur le point d’atteindre les 25% de logements sociaux et donc respecter la loi SRU ce dont nous nous réjouissons. Mais ce chiffre masque une réalité : combien de logements ont-ils réellement été produits depuis 2014 ? Peu, puisque plus d’un tiers des logements sociaux produits sont issus du conventionnement. Ce qui ne règle pas le problème des 135 000 demandeurs parisiens de logement.
Or, nous défendons depuis toujours l’idée que ceux qui prennent soin de la ville, agents, policiers, professeurs, professionnels de santé, soient prioritaires pour l’attribution de logements sociaux.
Mais dans cette communication, rien, absolument rien sur le sujet de la cotation, pourtant au cœur des problématiques du logement des agents de la ville.
Être en passe d’atteindre les 25% de logements sociaux ne signifie absolument pas qu’il faille s’arrêter. Bien au contraire, une politique ambitieuse en matière de logement social passe pour nous :
Par une meilleure répartition territoriale du parc de logement sociaux; entre le 2e arrondissement qui compte 6% de logements sociaux et le 19e, plus de 42%, il faut rééquilibrer l’offre. Nous continuons de considérer que la qualité de vie des habitants exige un maximum de 35% de logements sociaux par arrondissement.
Il faut aussi une plus grande mixité dans le parc social, quartier par quartier : en proposant, en allant jusqu’à proposer Mme Naget, l’accession sociale à la propriété qui non n’est pas une fin en soi mais qui doit être une opportunité y compris pour les locataires du parc social parisien.
Un véritable parcours locatif, alors que le système est aujourd’hui absolument asphyxié avec un taux de rotation qui est tombé à moins de 4% au cours de la crise sanitaire : des pensions de famille, du logement très social au logement intermédiaire en passant par le logement social, et l’accession sociale à la propriété.
Mais nous voulons aussi que les locataires du parc social vivent mieux :
Pour cela, des travaux urgents sont nécessaires, certains immeubles n’offrant pas des conditions dignes de vie pour les locataires
L’adaptation du parc au vieillissement de la population ;
Une accélération de la rénovation thermique des logements, à la fois un impératif social et écologique
Une meilleure gestion locative chez les bailleurs
et une véritable incitation pour la politique de permutation, aujourd’hui encore, et malgré les dispositifs mis en place, réduite à sa portion congrue.
Alors oui cette politique a un coût. La production de logement sociaux ne peut plus se faire par conventionnement et doit être faite par préemption, ou par transformation du bâti, par exemple, de bureaux en logement, même si nous en connaissons les limites.
Pour créer 4000 logements sociaux par an et 4000 logements abordables par an, soit un niveau jamais atteint ces dernières années, en n’artificialisant pas davantage les sols, vous proposez de nouveaux leviers :
D’abord de nouvelles règles d’urbanisme pour contraindre les acteurs privés à faire du logement y compris dans leurs projets de restructuration, à travers le principe de servitude de mixité fonctionnelle, un dispositif on ne peut plus risqué.
Le budget de la ville pour acheter des emprises appartenant à l’État mais l’explosion de la taxe foncière n’y suffira pas.
Et la mobilisation des logements vacants, et nous incitons à la revalorisation du dispositif Louez solidaire qui reste insuffisamment attractif.
Au MoDem, nous avons fait du logement accessible une priorité depuis 2008 et nous l’avons rendu possible dans la loi. Mais bien évidemment, avec un budget de 10 millions d’euros, le compte n’y est pas et ne permettrait pas le financement de 8 000 logements comme vous l’indiquez !
Alors comme Emile Meunier l’a indiqué, en mêlant les contraintes budgétaires et la volonté affichée de conserver les espaces de respiration, tout en ne tombant pas dans le collectivisme, l’objectif de 30% de logements sociaux et 40% de logements publics est totalement irréaliste.
Je vous remercie.