Ce budget primitif pour 2022 tente de démontrer une nouvelle fois l’ambition à rendre Paris exemplaire sur le plan de la transition écologique. Avec la création de la Direction de la Transition écologique et du Climat, la pérennisation de l’Académie du Climat, la création d’une coopérative carbone ou encore le lancement d’Eco-Rénovons 2, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il n’aurait pas ailleurs pas pu nous échapper que la Ville de Paris a été récompensée par le « UN Global Climate Award 2021 », tant il est rappelé à de nombreuses reprises dans tous les documents budgétaires l’attribution de ce prix, qui semble plus relever de la communication plutôt que de l’action.
Cependant Madame la Maire, la meilleure récompense dont notre Ville pourrait bénéficier, serait qu’elle soit enfin en mesure d’affronter à l’avenir des canicules à près de 50°C, comme ce que nous avons pu observer en Amérique du Nord en juin dernier, notamment avec le phénomène du dôme de chaleur.
Or, de nombreuses interrogations subsistent sur le développement et le maintien de la nature en Ville à Paris. L’Organisation mondiale de la Santé préconise au moins 10 m2 d’espaces verts par habitant. A Paris intra-muros, les parisiens ne peuvent malheureusement bénéficier que de 5,6 m2 d’espaces verts par habitants. Certains avanceront qu’en comptant les Bois de Vincennes et de Boulogne, Paris talonne les 15 m2 par habitant, cependant, nous sommes encore bien loin des 45 m2 par habitant de Londres, 59 pour Bruxelles ou encore 167 pour Rome. Des efforts conséquents restent à faire.
Il reste plus que nécessaire de tout mettre en œuvre pour sanctuariser nos espaces verts, propices au développement de la biodiversité. Pour les sanctuariser, il faut les entretenir, voire en créer de nouveaux. Or, la baisse de 1,4 millions d’euros pour les espaces verts urbains et la réduction de 4,3 millions d’euros pour le dispositif « 30 hectares supplémentaires », semblent démontrer une baisse de l’attention portée au développement et au maintien des espaces verts.
Par ailleurs, nous apprenions récemment dans la presse le déboisement de 2 hectares au Bois de Vincennes. Même s’il semblerait que ceux-ci seront compensés, je tiens à alerter sur la séquence éviter-réduire-compenser. Si le terme « compenser » est en fin de phrase, c’est qu’il faut le moins possible tendre vers cette solution. Nous gardons encore en souvenir la réduction d’un quart des jardins de la Cité universitaire ou la construction du Musée de la Libération en lieu et place du square Claude Nicolas Ledoux.
Notre Groupe salue la création de la DETEC. Cependant, je me demande si cette création ne se fait pas au détriment d’une autre direction : la direction des espaces verts et de l’environnement, dont le Budget passe de 25 millions à 22 millions en 2022. Celle-ci va donc perdre en plus près de 38,5 postes en 2022, dont 28,5 pour la DETEC, 9 pour l’Académie du Climat et 1 vers la direction de l’immobilier. Pourriez-vous Madame la Maire, nous confirmer que la Ville de Paris ne tombe pas dans une erreur trop souvent commise : opposer Climat et Biodiversité. Est-ce que la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement va pouvoir continuer à faire son travail avec cette réduction drastique de son budget et de son nombre d’agents ?
Concernant le plan arbres, que nous avions salué en octobre dernier, tout en alertant sur les moyens financiers peut-être trop ambitieux à ce sujet, nous pourrions évoquer la question des forêts urbaines que vous avez promis durant les municipales. Alors qu’il semblerait que celle de la Place Catalogne devrait voir le jour d’ici 2024, que celle de la Place du Colonel Fabien serait en réflexion sérieuse, le flou perdure à ce sujet. Après vous êtes rendue compte qu’il ne serait probablement pas envisageable de créer une forêt urbaine sous vos fenêtres sur la Place de l’Hôtel de Ville, je souhaiterais savoir Madame la Maire, que viennent rechercher les 2 millions d’euros prévues à l’étude préalable à l’aménagement des forêts urbaines. Où en sommes-nous sur vos promesses de forêts urbaines ?
Je tiens également à mentionner ma déception concernant le bien-être animal. Cette préoccupation majeure des parisiens n’est présente dans aucun des différents documents budgétaires, et laisse transparaître votre absence d’ambition en la matière.
Environ 250 000 chats et 100 000 chiens vivent à Paris sans compter lapins, hamsters, tortues et autres qui partagent le quotidien de la vie des habitants. Une stratégie “Animaux en ville” avait été votée en novembre 2018 par tous les groupes du Conseil de Paris. On ne peut pourtant que déplorer la mort de trop nombreux animaux sauvages, et le peu de prise en compte des animaux de compagnie, l’exemple le plus flagrant étant le peu de parcs ouverts aux animaux domestiques.
Avec le Groupe MoDem, Démocrates et Écologistes, nous proposons donc un amendement budgétaire visant à mettre en place et à financer un plan pour le bien-être animal comprenant la mise en place d’un numéro d’urgence pour les maltraitances animales, le financement d’une campagne de sensibilisation et d’information sur les gestes à avoir en cas de secours à un animal blessé ou encore, le financement d’une campagne de frais vétérinaires gratuits pour les personnes en difficulté.
Nous proposons également un deuxième amendement budgétaire qui vise à permettre à tous les parisiens de bénéficier d’une initiative que nous avons mis en place dans le 9e arrondissement avec Delphine Burkli, la carte « un animal m’attend chez moi ». Celle-ci permettant de prévoir l’accueil et la prise en charge d’un animal de compagnie en cas d’absence non prévue, voire d’accident. Cette carte a eu un grand succès dans le 9e, mais il serait intéressant de financer une campagne de communication à grande échelle et sa généralisation dans tout Paris.
Enfin, je vais profiter de ce temps de parole pour défendre un 3e amendement budgétaire, sur un tout autre sujet. Chers collègues, je vous encourage à prendre en compte l’importance du renforcement de l’éducation à la sexualité des adolescents et l’importance de l’implication des parents dans cette étape sensible des changements du corps liés à la puberté chez les jeunes. Le financement de Cycloshow, des cours entre parents et enfants, doit permettre de limiter les comportements à risque chez les jeunes mais également la connaissance de pathologies à prendre en charge.
Je vous remercie.