Mes chers collègues,
J’interviendrai sur le plan de relance pour le tourisme proposé par l’Exécutif dans la DAE 281. Ce plan a en effet attiré mon attention lors de la réunion de la 7ème commission même s’il sera soumis au vote dans le cadre de la 1ère commission.
Si le groupe MDE soutient la volonté de l’Exécutif de venir en aide à ce secteur particulièrement touché par la crise, il n’en reste pas moins que 4 critiques ne peuvent à mon sens pas être passées sous silence.
Tout d’abord, sur le coût de ce plan – 1,48 milliards d’euros – et sur son financement sur toute la mandature. Un montant aussi conséquent, s’il paraît nécessaire au vu du nombre d’acteurs touchés de plein fouet, doit être détaillé et justifié, au vu de son impact sur les finances de la Ville. Or, nous possédons aujourd’hui très peu d’informations sur la manière dont l’Exécutif compte financer et utiliser ce budget. La question du financement est d’autant plus importante que les conséquences de la sur le budget de la Ville crise sont déjà perceptibles, et de façon criante. La crise sanitaire a déjà coûté à la Ville de Paris 800 millions d’euros, et la solvabilité de la dette parisienne n’est pas garantie. Avec plus de 7 milliards de dette prévue à fin 2021, la marge de manœuvre de la Ville de Paris est très faible. La faisabilité d’un plan de relance aussi ambitieux doit donc être questionnée.
Par ailleurs, mon groupe sera particulièrement attentif au fait que ce plan bénéficiera à tous les acteurs du tourisme : ils sont nombreux, leurs besoins souvent bien différents. Une étude sérieuse des besoins des différents acteurs doit être réalisée afin de mettre en place un plan de relance sain, efficace pour les acteurs du tourisme et responsable pour les deniers publics. Nous appelons donc l’Exécutif à prendre en compte dans les mesures les spécificités des acteurs touchés – leur taille, leur trésorerie. Je pense notamment au secteur hôtelier qui ne verra probablement pas revenir un nombre important de touristes étrangers avant au moins un an et qui ne peut évidemment pas proposer d’offres alternatives rentables. Les hôteliers indépendants sont particulièrement touchés ainsi que tous les acteurs du tourisme dont la trésorerie est faible. Ce sont eux qui, en priorité, doivent bénéficier d’une aide immédiate de la part de la Ville de Paris.
Troisièmement, si nous voulons que ce plan permette de relancer l’économie touristique, il ne doit pas être pensé à la seule échelle de la Ville mais doit au contraire, en lien avec la région, inclure les acteurs du tourisme au-delà de Paris intramuros. Le marché touristique parisien s’étend en effet largement sur l’ensemble de la métropole. Les touristes ne se contentent assurément pas de visiter Notre-Dame et la Tour Eiffel, mais s’aventurent aussi à Versailles, à DisneyLand, au Stade de France. L’absence de touristes parisiens a donc des conséquences qui ne se limitent pas à nos arrondissements, mais s’étend bien au-delà. Ainsi, pour optimiser l’efficacité d’un tel plan, il est nécessaire d’organiser une stratégie de relance au niveau métropolitain et non communal. Je l’ai dit ce matin sur le PLU et je le répète sur un autre sujet car l’enjeu est le même : Paris ne vit pas en intramuros, et les touristes, étrangers ou franciliens, n’hésitent pas à s’aventurer hors du périphérique. L’oublier, c’est faire de nouveau l’erreur d’une gouvernance de la relance propre à Paris, sans la région.
Enfin, nous souhaitons revenir sur la place qu’occupe le tourisme durable au sein de la présentation du plan de relance, qui illustre le manque d’objectifs clairs en matière de développement durable de la Ville. Aucune solution concrète pour entamer une véritable transition du secteur touristique n’est directement mentionnée. Il semble que la Ville se cache derrière l’organisation « d’Assises du tourisme durable » pour justifier son inaction dans ce domaine. Or, l’organisation de ces assises est chronophage et ne permettra pas de soutenir les acteurs avec efficacité à court terme. Pourtant, la crise que nous connaissons nous invite, dès aujourd’hui, à inscrire le tourisme durable dans une transition écologique sans précédent. C’est parce que le secteur touristique a plus que jamais besoin de notre aide que nous nous devons de leur apporter un soutien immédiat qui répond pleinement aux enjeux de notre époque. La crise économique du secteur ne doit nous faire oublier la crise écologique dont elle est victime depuis plus d’une décennie.
Ainsi, nous sommes face à un enjeu de taille qui nous demande de relancer un secteur en péril sans pour autant déstabiliser les finances notre institution, dans une épreuve d’équilibriste dangereuse. Le groupe MoDem, Démocrates et Écologistes est donc convaincu que pour y parvenir, nous devons apporter une réponse réfléchie, adaptée, ciblée et métropolitaine, tant au niveau économique qu’écologique.
Je vous remercie.