Qui voyage quelque peu dans différentes villes du monde s’en apercevra bien vite: Paris est une des villes les plus denses du monde. Classée au sixième rang mondial derrière Dhaka, Manille, Le Caire, Shanghai et Mumbaï, Paris est aussi la ville la plus dense d’Europe.

Dès lors, le prochain débat au Conseil de Paris relatif à la modification du Plan Local d’Urbanisme, qui confirme la volonté de la mairie de Paris de s’engager dans une poursuite de la densification qu’elle a opérée depuis des années, apparaît comme déconnecté de cette réalité.

Peut-on aller plus loin dans la densification?

Comme cela fut fait pendant des siècles, Paris peut se reconstruire sur elle-même. Il existe encore de nombreux mètres carrés de bâti, non ou mal optimisés, dont on peut faire du logement. A terme, la couverture des voies ferrées et d’une partie du périphérique offrira encore quelques surfaces à bâtir. Pour le reste, le remplissage des dents creuses, le grignotage ici ou là des derniers espaces de respiration de la capitale sont des biens précieux à préserver absolument. Paris a atteint aujourd’hui les limites de l’acceptable et les projets de nouvelles constructions sur des espaces aujourd’hui non construits sont autant de zones piétonnisées, de places et placettes, de squares, jardins et espaces verts ou de loisirs en moins dont nous privons les parisiens d’aujourd’hui et de demain. En creux, ce sont tous nos discours sur la végétalisation de Paris et son rafraichissement durant les périodes caniculaires de l’été qui sont ainsi contredits.

La question d’urbanisme de moyen et long terme qui est posée aux élus de Paris est celle de la limite que nous comptons donner à la densification. Les écologistes posent la question des limites des ressources et des espaces depuis toujours. Ne pas répondre à cette question de la “limite”, c’est tourner le dos à ce qu’on appelle le développement durable. Quand on est près d’atteindre les limites, il faut savoir dire stop et réfléchir à la meilleure manière de préserver les derniers espaces de respiration, et donc gérer l’existant : rénovation, reconstruction, modernisation, optimisation sont les perspectives d’avenir bien plus que le remplissage des vides. La ville a besoin de pleins et de vides. S’il n’y a plus que des pleins, elle étouffe. Il est inéluctable d’oser affirmer un jour que nous mettons un terme à la construction de nouveau bâti sur des parcelles sur lesquelles il n’y a pas, aujourd’hui déjà du bâti.

Et puis Paris doit cesser de penser son urbanisme en s’arrêtant aux limites du périphérique. Toutes les grandes métropoles européennes raisonnent leur urbanisme à l’échelle métropolitaine, toutes réussissent ainsi à répartir intelligemment la répartition de la population et organiser les mobilités adaptées… toutes sauf Paris. Il est temps de passer à une échelle nouvelle: la future métropole du Grand Paris aura la compétence de l’urbanisme et c’est là une opportunité à ne pas ignorer.

Yann Wehrling, porte-parole du groupe UDI – MoDem, Conseiller de Paris (XVe)

Publiée sur le Huffington Post le 7/07/14 : http://www.huffingtonpost.fr/yann-wehrling/embouteillages-a-paris_b_5562590.html