Merci Madame la Maire,
Alors je ne répéterai pas ce qui a été dit, et très bien dit, par les collègues siégeant à ma gauche géographiquement.
Mais je voudrais simplement, ayant lu ce rapport de la chambre régionale des comptes, faire 3 remarques :
- L’une sur ce qui me semble imputable à la gestion – que je critique – de la Mairie de Paris,
- L’autre relative à ce qui ne lui est pas imputable, mais qu’elle doit prendre en compte pour la suite des événements.
- Et la 3e remarque sur peut-être les initiatives qui doivent être prises pour l’avenir, pour le futur.
Alors ce qui est imputable je pense de façon indiscutable quand on a lu ce rapport, dont je tiens à préciser qu’il me paraît mesuré, nuancé, peut-être que les interventions précédentes n’avaient pas assez de temps pour le dire.
C’est que ça n’est pas un rapport à charge, et c’est peut-être pour ça qu’il est redoutable.
C’est un rapport qui distingue ce qui relève de la responsabilité de l’équipe municipale et ce qui relève d’évènements de cas forces majeures. Mais c’est là, d’une certaine façon, que sa critique est plus féroce, parce qu’il aboutit à la conclusion qu’il fallait gérer prudemment, précisément, car on ne prévoit jamais tout à fait ni l’avenir, ni à fortiori les cas de forces majeures.
Donc c’est parce qu’il est nuancé, c’est parce qu’il est équilibré que je pense ce rapport devrait vous conduire à modifier votre politique de gestion des fonds municipaux.
Ce qui est absolument certain, dans les éléments qui sont imputables à cette équipe, c’est premièrement un niveau élevé de dépenses de fonctionnement. Ma présidente de commission, tout à l’heure et à très juste titre, a relevé que quand on les rapporte au nombre d’habitants, à Paris, en dépenses de fonctionnement, on dépense 20 ou 19% – on peut peut-être discuter du calcul -, de plus qu’à Lyon, et 15% de plus qu’à Marseille en 2020.
Est-ce que qui que ce soit ici pense qu’un lyonnais qui vient à Paris un week-end a l’impression qu’on est 20% mieux ici que dans sa ville, ou un Marseillais ?
Non ce n’est pas ça ce qu’il voit. Ce qu’il voit, c’est une ville qui est sale, qui n’est pas bien tenue, et il n’a pas le sentiment qu’en payant davantage de frais de fonctionnement ici on offre un service et une ville plus accueillante.
Voilà ce que je pense.
Deuxièmement, l’épargne brute est insuffisante. C’est la Chambre Régionale des Comptes qui le dit.
Moi je ne fais que relever les éléments énoncés par la Chambre.
Troisièmement, une capacité de désendettement gravement détériorée. Ça c’est également en comparaison de Marseille et de Lyon : notre capacité de désendettement atteint maintenant une durée de 11 à 12 ans, c’est-à-dire qu’on atteindrait – on atteindrait puisqu’il s’agit de l’avenir – la limite imposée, avec une dette maximum projetée en 2026 pouvant atteindre 8,9 milliards. Donc on frise les 9 milliards de dettes.
Alors maintenant, deuxième point, les éléments qui ne sont pas imputables à l’équipe municipale. La Chambre Régionale des Comptes, à très juste titre, relève :
Un, le choc des recettes – enfin elle parle plutôt de choc en recettes.
Deux, la crise sanitaire. Je l’ai dit hier et Madame Hidalgo était étonnée de cette honnêteté, non l’opposition, l’opposition centriste pas plus que la droite d’ailleurs, ne reproche, ni n’impute à Madame Hidalgo la responsabilité du COVID. Mais ça n’est pas pour ça qu’il faut gérer imprudemment. Parce que qui vous dit que dans les années qui viendront, il n’y aura pas une nouvelle crise sanitaire ? Qui vous dit que dans les années qui viendront il n’y aura pas une nouvelle modification des péréquations ? Par conséquent, le principe cardinal de la comptabilité publique comme privée, qui est le principe de prudence, impose de baisser les dépenses, de veiller à gérer plus efficacement les fonds des Parisiens et à regarder la dette comme le lait sur le feu.
Troisième point et j’en termine, que faire pour l’avenir ?
Ce n’est pas très compliqué. Nous vous l’avons proposé, nous renouvelons la proposition, vous devrez tôt ou tard mieux gérer cette ville. Il y aura deux manières de le faire, soit ce sera une manière solitaire, sans transparence, sans communication. Soit vous le ferez de manière démocratique. La gauche a connu ces tournants. Je rappelle qu’en 83, après trois dévaluations en 18 mois, il y a des gens un peu sérieux qui ont dit “bon, on arrête les frais”. Et bien avoir la même chose ici, vous allez devoir accepter le principe de réalité. Nous, ce que nous vous proposons, c’est de le faire dans un cadre démocratique et serein.
Dernier point, j’en termine.
Dans la lettre fort bien tournée de réponse à la Chambre, l’auteure puisque signée par Madame Hidalgo, je ne doute pas que ce soit elle, a invoqué le principe de libre administration des collectivités locales. Nous y sommes attachés, la libre administration, ça impose la bonne administration.
Vous n’aurez pas la liberté si vous ne gagnez pas la responsabilité et l’équilibre budgétaire.
Merci.