Nous voulions, Centristes et Progressistes, dire un mot, j’espère le plus pondéré possible, sur la question du plafonnement des loyers.
C’est un peu ambitieux comme prologue mais au fond c’est un sujet qui a beaucoup souffert de l’hyper politisation et il me semble qu’avec le recul, on peut constater que ce procédé du plafonnement des loyers n’est « ni tout à fait de droite ni tout à fait de gauche. »
On l’applique aux États-Unis depuis de nombreuses années, avant que la plupart d’entre nous soient nés, l’État de New York l’appliquait dans Manhattan en 1947, on l’applique dans probablement la capitale la plus libérale d’Europe : Dublin, en Irlande, on l’applique aussi à Paris qui est une mairie socialiste comme chacun le sait.
Alors, vouloir aborder la question du plafonnement des loyers avec, ce qu’un grand écrivain latino- américain appelait l’hémiplégie ; l’esprit de droite et l’esprit de gauche, ce n’est pas la bonne manière.
Il est évident qu’avec l’accentuation des inégalités nationales, les difficultés de pouvoir d’achat des habitants, il y a un sujet qui est :
Comment fait-on pour que les Parisiens puissent continuer de vivre dans leur Ville quand ils ont de faibles revenus ?
Après, la question est :
Est-ce que le plafonnement des loyers est la meilleure manière d’aider les choses ?
En France, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Hollande, François Bayrou, même Nicolas Dupont-Aignan, tout le monde est pour le plafonnement des loyers. Il faut citer aussi Jean-Luc Mélenchon.
La vraie question est :
Est-ce qu’il ne faut pas étudier et faire un premier bilan de cette politique de plafonnement de loyers ?
Car il est là le plafonnement des loyers, il ne s’agit pas d’en revendiquer l’instauration, il s’agit peut-être d’en mesurer les effets réels.
Au fond la vraie question est :
Est-ce que le plafonnement des loyers a entraîné une calcification voire une augmentation des logements vacants ?
C’est la première question. Il faudrait mesurer l’éventuel effet d’incitation sur certains propriétaires qui se disent : « quitte à louer un logement à un trop faible loyer ; je préfère soit le vendre, soit l’occuper à titre gratuit, moi, ma famille, mes amis ».
Premier élément.
Deuxièmement, est-ce que le plafonnement des loyers a aussi un effet dissuasif sur les propriétaires au moment d’entretenir l’immeuble ?
Je m’explique. Puisque je ne pourrais pas augmenter le loyer, pourquoi augmenter mes charges de propriétaire cette année, en effectuant des travaux de rénovation, en faisant la toiture, en changeant l’ascenseur, en refaisant l’escalier, puisque je ne pourrais pas récupérer mon surcoût l’année suivante dans une augmentation même marginale du loyer.
Troisièmement, au moment de la construction, les promoteurs immobiliers ne sont-ils pas incités par le plafonnement des loyers à construire moins chers ?
Vous voyez où je veux en venir. Il y a deux effets pervers qu’il faudrait étudier, de façon objective sans esprit partisan :
Est-ce que le plafonnement des loyers a un effet sur la quantité ?
Est-ce que le plafonnement des loyers a un effet sur la qualité ?
Car, la vraie problématique autour de la question du plafonnement des loyers me semble-t-il, est : y-a-t-il un écart entre l’équilibre économique réel du marché et le barème préfectoral.
Voilà une question que je pose, encore une fois qui n’est pas une question partisane, mais qui mériterait une étude mesurée, quantitative, la plus objective possible pour que le cas échéant nous réfléchissions à l’avenir à mieux moduler les barèmes de plafonnement de loyers, et à accompagner les délégations qui seraient données par la préfecture à la Mairie de Paris au moment où il s’agit de sanctionner les fraudeurs, car bien entendu comme toujours et pour toute loi – s’il y a loi il y a fraude – s’il y a fraude il faut poursuivre et sanctionner.
Voilà ce que je voulais vous dire.