Chers collègues,
Le débat fondamental que celui que vous nous proposez ce matin dans l’économie de notre Ville est un élément essentiel pour tous les Parisiens en termes d’emplois bien sûr, en termes de proximité des services, mais également de la finance, des finances et de rayonnement de notre ville capitale. Débat fondamental également au milieu d’une crise sanitaire qui a eu des répercussions économiques et sociales majeures à Paris bien sûr, mais en fait dans la France et bien au-delà.
Ainsi nous nous devons de porter une grande attention à notre tissu économique dans son ensemble. Et je crois qu’en premier lieu, ce qu’il faut souligner ici, c’est la mobilisation de tous les acteurs publics pour atténuer les effets de la crise : l’État, la région, la collectivité parisienne. Et ce sera là mon principal reproche, à vous écouter pendant presque trente minutes tout à l’heure, vous êtes vraiment formidables. Vous tirez la couverture à vous en oubliant de dire le rôle qu’ont eu la région et l’État, voire même l’Europe quant à la gestion de la crise et pour la sortie de crise.
C’est un peu facile de dire que grâce aux 200 millions dépensés par la Ville vous sortez à vous toute seule Paris de la crise. Vous dites même dans le document qui nous a été communiqué que, je cite “le territoire parisien a très peu bénéficié des financements de l’État dans le cadre du Plan France Relance”. C’est un peu mélanger des choux et des carottes. Mais j’y reviendrai. C’est aussi et surtout aller vite en besogne, oubliant ce que l’État tout au long de la crise a mis sur la table et dont Paris comme les autres territoires a pleinement – et fort heureusement – profité.
Ces 560 millions d’euros pour l’exonération de cotisations sociales pour les entreprises, de report de paiement d’impôts, de remboursements anticipés, etc. Du fond de solidarité qui a permis d’aider en particulier les TPE, les micro-entreprises, les indépendants, à ne pas se retrouver sans rien pour vivre dans les pires mois de la crise. Ça, c’est 1,4 milliard d’euros. Sans compter les 3 milliards pour le chômage partiel pour les salariés parisiens. Entendons bien je ne veux en rien minimiser ce qu’a fait la Ville de Paris pour soutenir son économie, mais de grâce ne ramenez pas tout à vous.
Nous considérons au groupe MoDem que dès lors qu’il s’agit de défendre la structure économique de notre Ville, de nos quartiers, les demandeurs d’emplois, alors toutes les actions possibles des différents acteurs doivent se rejoindre pour agir au mieux de l’intérêt général. Encore faut-il ne pas générer des actions en sens inverse. Ville sale, pistes cyclables en perpétuels travaux qui créent un enlaidissement réel, décisions et contre-décisions au gré des mois qui finissent par perdre tout le monde, bouchons perpétuels qui finissent par décourager plus d’un entrepreneur, artisan, commerçant, consommateur bien sûr. Parce que, quoi que démontre votre communication, les Parisiens ont des yeux pour voir des commerces fermés nombreux, d’autres en grande difficulté, dans un environnement quasi désespérant de saleté, de désordre, de choix temporaires qui durent depuis des années. Chacun a bien compris que dès qu’un environnement de travaux apparaît, il y en a pour des années. Le moindre feu tricolore en travaux voit le bloc de béton autour de lui prendre racine pour longtemps.
Autre point si l’on parle du financement j’aurais plusieurs éléments à souligner. D’une part, vous semblez confondre soutien pendant la crise et plan de relance. Pardon, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Voir pas du tout. C’est le mélange de choux et de carottes dont je parlais tout à l’heure. Si l’on fait consciencieusement l’addition des dépenses faites pour éviter le pire pendant la crise, alors on arrive vite à 220 millions d’euros. Or vous annoncez 230. Il resterait donc 10 millions pour la relance.
En fait, heureusement que l’État et l’Europe sont là pour vraiment faire la relance. Je ne vous reproche pas de ne pas avoir agi pendant la crise, vous l’avez globalement fait, souvent dans le désordre. J’ai souvenir de quelques interventions ici, en particulier à l’égard de la jeunesse pour laquelle cela partait dans tous les sens. Et pas toujours suffisamment, là aussi, les archives prouveront notre constance à cet égard. Simplement, je vous mets en garde contre la présentation que vous en faite, qui est franchement biaisée. Mais les circonstances politiques actuelles vous y contraignent et expliquent d’ailleurs la tenue de ce débat ce matin.
Enfin, si l’on continue à parler gros sous, je veux rejoindre mon collègue Pierre Casanova hier sur le débat d’orientation budgétaire, et m’inquiéter du décalage entre le financement de la crise et l’augmentation de la dette de presque 10 %. À ce train-là, nous finirons la mandature exsangue.
Je veux conclure en rappelant notre attachement profond à la structure économique de notre ville, qui doit être capable, au-delà de la crise sanitaire actuelle, de se transformer. Pour que les visions de grands axes tels que la rue de Rennes ou le boulevard Saint-Michel dont on voit bien qu’ils sont en perdition ne se multiplient pas et peut-on espérer reprennent vie. Pour que la jeunesse parisienne puisse rester à Paris puisqu’il y aura de l’emploi, des logements abordables, pour pouvoir aussi profiter des richesses de notre Ville. Pour que les touristes aient envie de revenir.
Je vous remercie.