Merci Madame la Maire, Mesdames et Monsieur,
Pendant des décennies, notre ville a tourné le dos à la Seine, l’enserrant dans du béton, la reléguant au rang de décor plus que de bien commun. Et pourtant, elle est là, bien présente, ancrée dans notre territoire, notre histoire commune, et plus que jamais au cœur des enjeux écologiques à venir.
C’est dans cet esprit que nous accueillons favorablement les travaux de la Convention citoyenne pour les droits de la Seine. Ce processus a permis à des Parisiennes et des Parisiens, tirés au sort, de penser ensemble un nouveau rapport à notre fleuve, avec sérieux, humilité et une ambition que nous saluons. Merci Madame la Maire pour avoir pris cette initiative.
Nous partageons plusieurs constats issus de leurs travaux : la nécessité de repenser la Seine comme un écosystème vivant, de mieux concilier ses usages, de renforcer sa protection, et surtout de lui redonner une place centrale dans notre ville. Oui, la Seine doit redevenir un axe de respiration, de fraîcheur, de biodiversité, mais aussi un levier majeur pour la logistique fluviale et des mobilités alternatives, moins polluantes.
Avec Maud Gatel, avec l’ensemble de mon groupe nous sommes favorables à une gouvernance renforcée et plus transparente du fleuve. L’idée d’un Parlement de la Seine, si elle mérite d’être approfondie, va dans le bon sens : celui d’une plus grande démocratie environnementale, où les citoyens ne sont plus cantonnés à des rôles consultatifs mais deviennent de véritables acteurs de la décision.
Nous serons toutefois vigilants à ce que cette ambition se traduise dans les faits. La reconnaissance d’une personnalité juridique de la Seine, par exemple, pose des questions complexes, qu’il ne faut pas éluder, notamment en matière de compétence, d’application du droit, de coordination entre acteurs. Nous ne devons pas promettre plus que ce que nous sommes capables d’instituer durablement.
Mais je veux retenir l’essentiel : cette convention est une respiration démocratique et écologique. Elle nous rappelle qu’il est temps de réconcilier la ville et le fleuve, de penser la nature comme sujet et non comme contrainte, de faire de la Seine une alliée face aux défis climatiques.
Et puisque l’avenir de l’eau à Paris ne se limite pas à la Seine, notre groupe appelle à aller plus loin et à redécouvrir un trésor oublié : la Bièvre. Cette rivière, ensevelie sous nos pieds depuis un siècle, qui traversait jadis les 5e et 13e arrondissements, irriguant faubourgs et ateliers. J’ai lu ce matin dans le Parisien, les déclarations de votre adjoint Dan Lert, qui vont dans le bon sens désormais et c’est vraiment une bonne chose car sa réouverture partielle, déjà engagée en amont par plusieurs communes, offrira à Paris une formidable opportunité de renaturation, de désimperméabilisation et de reconnexion avec son histoire. Elle permettra de créer des corridors de biodiversité, de nouveaux îlots de fraîcheur et des espaces de respiration pour les habitants.
La Seine comme la Bièvre doivent redevenir des priorités concrètes pour bâtir une ville plus résiliente et plus adaptée aux défis climatiques.
Au-delà de la question emblématique de la baignabilité de la Seine, qui a été rendue possible, et vous l’avez dit Madame la Maire, aussi grâce à l’engagement personnel de Marc Guillaume, il nous faut désormais aller plus loin pour développer les activités logistiques qui doivent se marier harmonieusement à notre paysage urbain. Vivre avec la Seine, c’est penser à de nouveaux usages durables et concrets du fleuve pour une ville plus respirable mais aussi pour soutenir l’emploi, pour soutenir le développement économique de notre capitale. Le développement du transport fluvial doit devenir une priorité, sa part modale aujourd’hui est de 6%. Elle doit tripler ces dix prochaines années, c’est l’ambition partagée de l’État, de la Ville mais pas seulement, du Havre, de Rouen dans le cadre d’Haropa port, de la région Ile-de-France.
Ce transport constitue une alternative crédible, écologique et silencieuse au transport routier, tant pour les marchandises que, demain peut-être, pour les personnes. Redonner sa place au fleuve, c’est aussi cela : faire en sorte qu’il irrigue à nouveau nos mobilités, notre logistique urbaine, nos imaginaires collectifs.
Donc à travers cette délibération, notre groupe veut exprimer un soutien clair à la dynamique engagée. Et puis nous prenons l’engagement ce matin de la faire vivre, l’évaluer, et l’enrichir. Je vous remercie.