Merci Monsieur le Maire, 

Mes chers collègues, la ville vit au-dessus de ses moyens. Je ne compte pas le nombre de fois où nous l’avons dénoncé, mais cette fois-ci, ce ne sont pas vos oppositions, mais des magistrats financiers de la Chambre régionale des comptes qui l’écrivent. 

Parmi les principaux enseignements de ce rapport passionnant, des dépenses de fonctionnement qui augmentent plus vite que les recettes et en tout état de cause trop élevées, qui engendrent une faiblesse structurelle de l’épargne de gestion et une chute de la capacité d’autofinancement. Ce qui provoque une explosion de l’encours de la dette plus 120 % en 10 ans, de 4,2 milliards en 2014 à 9,3 milliards en 2024, 10,6 avec les loyers capitalisés; et de la charge d’amortissement annuel de la dette de plus de 100 millions en simplement 3 ans. 

Ils dénoncent aussi des marges de manœuvre réduites à la portion congrue dans la mesure où la fiscalité et les tarifs n’ont eu de cesse d’augmenter au cours des deux derniers mandats et du tarissement des sessions qui ont représenté 28,6 millions en 2024 contre 162 en 2019. Il regrette également l’absence de PIM (Programme d’investissement de la Mandature) malgré les négations de Paul Simondon hier. Absence de PIM ne signifiant pas absence d’investissement et fort heureusement seulement l’absence de programmation et donc d’évaluation. 

Ces constats, nous les faisons depuis des années. Nous vous alertons et rien ne se passe. Ce qui est encore plus inquiétant c’est que vous semblez vouloir faire la même chose avec ce rapport, pourtant documenté et équilibré, lui prêtant des arrière-pensées et ne répondant jamais sur aucun des grands enseignements. C’est bien connu, tout le monde ment, mais vous, vous détenez la vérité universelle. Évidemment, vous avez réitéré vos arguments traditionnels. Nous sommes endettés à cause de l’État. Alors, c’est vrai, des décisions de l’État pèsent sur les finances des collectivités locales dans les deux sens d’ailleurs, ce que la ville omet régulièrement de dire. 

Et contrairement à ce que vous avez laissé entendre encore récemment, je rappelle et c’est documenté par la CRC que la suppression de la taxe d’habitation a évidemment été intégralement compensée. Lorsqu’on s’émeut de la dette, vous nous parlez d’investissement. C’est normal d’être endetté parce qu’on a investi. 

Alors, je voudrais revenir sur cet argument que vous répétez à l’envie. On ne vous reproche pas d’investir, sur certains points d’ailleurs, on vous reproche de ne pas suffisamment investir notamment sur la question du dérèglement climatique. Mais investissement n’égale pas dette ou pas d’investissement, pas de dette. Personne ne demande la fin de l’investissement. Ce que nous demandons, c’est d’investir en empruntant moins. C’est-à-dire en finançant davantage avec la CAF et donc en dégageant des marges de manœuvre. Ce qui implique des choses comme l’évaluation de l’opportunité et de l’efficience des dépenses, la priorisation, l’anticipation et la baisse des dépenses quand la structure financière doit être revue. 

Vos réactions traduisent que peu importe la hauteur et l’épaisseur du mur, vous continuez d’accélérer et ce sont Paris, les Parisiens et les générations futures qui en payent le prix. La CRC l’écrit : la restauration de l’épargne brute ne peut résulter désormais que d’une adaptation du rythme d’évolution de la dépense à celui des recettes de gestion. En d’autres termes, des économies, un impensé pour vous. 

Je veux citer la réponse que vous avez faite hier, Monsieur le Maire. Ce n’est pas vrai hors JO, les dépenses de communication sont restées stables. Imaginons une chose, que ces dépenses de communication puissent baisser car il y a désormais d’autres priorités. C’est tellement révélateur que finalement vous n’en parliez pas. 

Le rapport de la chambre que nous étudierons le mois prochain doit impérativement intégrer l’intégralité des recommandations de la CRC, ce qui d’ailleurs n’avait pas été fait lors du précédent rapport. À défaut, l’absence de remise en question au dépens de la recherche permanente d’excuses, l’absence de fléchissement de la trajectoire budgétaire démontrerait une chose, que vous continuerez dans cette voie à creuser le déficit sans jamais questionner les dépenses. 

Nous nous portons une autre vision, pas par orthodoxie budgétaire, mais simplement pour permettre à la ville d’être au rendez-vous du défi du siècle, celui de l’adaptation au dérèglement climatique. Il est donc urgent de retrouver des marges de manœuvre et d’investir pour protéger les générations futures du poids de la dette poids du changement climatique et nous nous y attellerons. 

Je vous remercie.