Mes chers collègues,
Ce rapport de la CRC dresse un constat précis et sans complaisance. Il met en évidence les tensions démographiques financières, organisationnelles qui appellent de notre part, de la part de la ville de Paris un pilotage plus lucide et plus cohérent.
Depuis près de 15 ans, Paris connaît une baisse continue des effectifs dans les écoles publiques, – 15 % entre 2019 et 2024, tandis que l’enseignement privé maintient ses positions et représente désormais plus d’un quart des élèves du premier degré, nous l’avions dit en septembre dernier, lors de la communication sur la rentrée scolaire. Après les fermetures de classe et si rien n’est anticipé viendront les fermetures d’école et d’ailleurs elles ont commencé dans plusieurs arrondissements de Paris.
Alors il faut regarder bien sûr cette réalité en face et s’y préparer, non pas dans la précipitation mais avec méthode et concertation, notamment avec les maires d’arrondissement. Ce rapport pointe aussi la question de la gouvernance. Le projet éducatif territorial de 2021-2026 se voulait ambitieux dans son intention : mieux articuler les temps scolaires et périscolaires, mais il reste entravé par des dysfonctionnements, coordination insuffisante entre les enseignants, les REV et les animateurs, appropriation inégale du projet, manque de temps partagé pour construire une réelle continuité éducative et surtout une filière de l’animation encore trop fragile, avec des personnels qui ne se sentent pas suffisamment considérés. Là encore, c’est une question de moyens mais pas seulement. C’est une question d’organisation, de pilotage, de confiance donnée aux équipes de terrain.
Cela veut dire de désigner des personnels animateurs et ATSEM en nombre suffisant pour assurer le temps périscolaire, soutenir nos professeurs de la ville de Paris pour le sport, pour les arts plastiques, pour la musique. C’est une spécificité parisienne qu’il faut absolument conserver et là aussi nous peinons à obtenir les moyens nécessaires avec de moins en moins de PVP, d’animateurs, d’ATSEM, sans parler de médecin scolaires, d’assistantes sociales et pourtant, tous sont indispensables dans l’épanouissement des enfants.
Le sujet des directeurs et directrices d’école parlons-en. Cette question mérite bien sûr là aussi une attention particulière. La Chambre critique le régime dérogatoire de décharge totale non compensé financièrement par la ville de Paris depuis 2019. La dette est de 73 millions d’euros vis-à-vis de l’État et pourtant chacun en convient ici, ces personnels assument des responsabilités considérables souvent face à la complexité administrative, à la gestion des travaux, à la multiplicité des partenaires éducatifs : supprimer les décharges reviendraient à affaiblir l’ensemble du fonctionnement scolaire. Avec mon groupe, nous défendons le maintien de ce régime et demandons surtout que la ville sécurise financièrement et juridiquement cette exception au lieu de s’enfoncer dans un bras de fer avec l’État.
Sur le plan du patrimoine scolaire, la CRC reconnaît la volonté de la ville de réduire l’empreinte énergétique des bâtiments, mais elle souligne aussi le manque de pilotage, l’absence d’articulation entre politique de rénovation et réalité démographique, le rôle de la collectivité, le rôle des maires d’arrondissement est d’offrir les meilleures conditions d’apprentissage dans nos écoles. Cela veut dire concrètement adapter nos bâtiments aux défis climatiques, mieux les isoler, les connecter au réseau de fraîcheur de Paris et le compte n’y est pas. On se souvient encore de la première semaine caniculaire de juillet, il y a quelques mois, avec des directeurs incitant les parents à sortir leurs enfants de l’école ou des élèves obligés de se réfugier dans des cinémas climatisés de la capitale pendant le temps du centre de loisirs.
Rénover l’intégralité du parc alors que certaines fermetures sont prévisibles posent questions. Là encore, l’anticipation et la priorisation doivent guider l’action plutôt qu’une approche uniforme. Et au-delà du diagnostic, ce rapport met en lumière un enjeu fondamental, celui de la soutenabilité financière. Les dépenses de fonctionnement augmentent alors que le nombre d’élèves diminue, les investissements se réduisent. Dans ce contexte, il devient urgent de repenser la politique éducative parisienne, non pas pour la restreindre, mais au contraire pour la rendre plus cohérente et plus lisible.
Et puis je terminerai par cela. Je l’ai dit, redit, dans cette enceinte, il faut revenir à la réforme payante de 2013, imposée à l’époque à marche forcée à l’ensemble de la communauté scolaire. Votre choix qu’aucune autre collectivité n’a retenu d’ailleurs, qu’elle soit de gauche, de droite, du centre, d’organiser la semaine avec un mardi, un vendredi à partir de 15h réservés au TAP et un mercredi après-midi en centre de loisirs. Cette organisation doit être absolument revue pour les familles, pour les équipes encadrantes et aussi et surtout pour l’intérêt de l’enfant.
Si ce sujet était déjà il y a 10 ans important et vrai, aujourd’hui il y a urgence face aux difficultés que connaît l’école, souvent le mal mené. La difficulté de maintenir les enseignants à Paris, la difficulté de proposer une filière de l’animation robuste. Nous devons nous poser la question du retour de la semaine de 4 jours pour l’enseignement des fondamentaux avec une journée complète le mercredi dédiée aux périscolaires. Parce que je suis convaincue comme beaucoup ici que l’école reste le premier levier d’émancipation et de cohésion. Nous devons en préserver la force et la promesse.
Je vous remercie Madame la Maire.