Merci Madame la Maire, 

Mes chers collègues, 

Nous y sommes. Nous examinons ce matin le dernier budget de la mandature. L’occasion de dresser un bilan, bien évidemment, de ce qui nous a conduit dans cette impasse budgétaire sur laquelle je reviendrai. Un symbole, la dette qui a augmenté de 50 % lors du dernier mandat et de 150 % au cours des deux derniers mandats. 

Alors, comment as-t’on pu en arriver là ? Alors, pas parce que les dépenses ont diminué malgré la sempiternelle sur le désengagement de l’État, puisque les dotations et les compensations ont continué à augmenter au cours de cette période. 

Nous y sommes arrivés aussi malgré le renoncement à vos promesses, puisque la ville s’est chargée d’augmenter significativement ses recettes. Ce fut par exemple l’augmentation de la taxe foncière au dépend des Parisiens, au dépend des commerçants auxquels aujourd’hui vous souhaitez venir au secours. Résultat : des recettes de taxe foncière en augmentation de 76 % sur la période, sur le dernier mandat. Au total, les recettes de la Ville de Paris ont augmenté en un mandat de 24 %. On est donc loin d’une ville exsangue et qui ne peut pas faire face à ses responsabilités. 

Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement parce que les dépenses ont continué à augmenter. Alors, vous parliez tout à l’heure d’une trajectoire financière solide ? Non, car tout ça s’est fait au dépend des fondamentaux budgétaires : quelques exemples. Des leviers obérés. Les loyers capitalisés logiquement se tarissent mais sont désormais devenus une source de financement dont la ville a besoin chaque année et donc veille à renouveler les conventionnements. Mais cela évidemment ne pourra pas durer. 

Autre levier obéré, celui des sessions qui évidemment se tarissent. On est ainsi passé de 150 millions de sessions en 2020 à 85 cette année. Des marges de manœuvre qui n’existent plus avec une charge de la dette qui atteindra en 2026, 237 millions et qui confirme ce caractère insoutenable de la dette que votre ancienne conseillère budgétaire avait dénoncé dès 2018. 

Des alertes ignorées et une trajectoire qui n’a cessé de s’aggraver depuis lors. Et des priorités pour lesquelles la ville n’a plus les moyens, et j’en donnerai quelques exemples. On peut constater un recul sur les politiques publiques pourtant essentielles pour les Parisiens et la Mairie réduit les moyens là où les besoins sont les plus urgents. Les moyens de fonctionnement de la police municipale passent de 20,7 millions en 25 à 17,7 millions en 26. Une baisse de 17 %. La protection de l’espace public est elle aussi amputée. Dans une ville où le sentiment d’insécurité ne cesse de progresser, ce choix est absolument incompréhensible. 

Les dépenses de fonctionnement consacrées aux espaces verts diminuent de nouveau en fonctionnement avec 17,2 millions. La voirie, vous en parliez Madame la Maire, au cœur du quotidien n’échappe pas à cette logique de recul constant. En fonctionnement, les moyens consacrés à l’entretien de la voirie diminuent légèrement pour atteindre 23,9 millions. Mais en investissement, la baisse est très marquée avec seulement 53 millions pour les dépenses de voirie. 

Sur la politique environnementale, on observe un décalage flagrant entre les discours et la réalité. Les crédits d’investissement consacrés au plan climat sont en recul. Les investissements pour les espaces verts également. Les crédits dédiés à la végétalisation des quartiers, notamment à la création de nouvelle rue jardin, chutent de 8 millions en 2026. La ville subit aujourd’hui les conséquences d’une trajectoire d’endettement non maîtrisée et non corrigée qui pèse sur les financements des politiques publiques pourtant essentielles aux Parisiens. 

Alors certes, il y aura moins d’emprunts cette année mais plus de dettes demain. Certes, il y a plus d’épargne aujourd’hui mais davantage d’intérêt à payer. Voilà la réalité de ce budget. Et puis c’est la partie visible de l’iceberg. La reprise en main des finances de la ville nécessitera forcément un audit global de l’ensemble des budgets de la ville. Elle passera aussi par un plan d’économie et ce dès 2026 et de nouvelles procédures comme le vote de mandats spéciaux par le Conseil de Paris qui existe dans la plupart des collectivités territoriales mais que vous refusez sans cesser de le refuser. Cela aurait pu permettre à notre conseil dont le rôle est de contrôler les dépenses engagées à hauteur de 100 000 € pour les déplacements entre septembre 24 et juillet 25. 

Il faudra aussi resserrer les dépenses de la ville sur les priorités à l’aune de l’intérêt des Parisiens et en termes de gouvernance, mettre en place les outils pour suivre l’exécution budgétaire des grands plans. Sans suivi précis, ils sont surtout des outils de communication. 

C’est l’objet d’un certain nombre de vœux que nous déposons. Béatrice Lecouturier et Maud Lelièvre reviendront également sur un certain nombre de thématiques. 

Il est donc urgent de retrouver des marches de manœuvre, non pas par orthodoxie budgétaire, mais bien parce que c’est la condition pour la ville de faire face aux enjeux auxquels elle est confrontée. Et puis je voulais revenir sur un point. Oui, Paris est la plus belle ville du monde et nous sommes tous des amoureux de Paris. Et c’est la raison pour laquelle nous avons le cœur serré quand nous voyons la dégradation de ses paysages, de son patrimoine. Arrêtez de considérer que vous êtes la seule à aimer Paris. Nous, on l’aime tellement qu’on considère qu’elle mérite mieux. Je vous remercie.