Comme de tradition, notre assemblée doit se prononcer sur la modification de la carte scolaire à Paris pour cette nouvelle année. J’aimerais insister sur deux points: le premier est la baisse des effectifs dans les écoles et le second le volet de la mixité scolaire.
Il faut reconnaître que cette année, nous assistons encore à une lente mais inéluctable baisse des effectifs des élèves dans les écoles parisiennes: les chiffres sont là. Entre 2013 et 2018, alors que tous les départements d’Île-de-France gagnaient des habitants, Paris était le seul département à en perdre. Les chiffres de l’Insee confirment cette baisse démographique. La capitale a perdu 54000 habitants en 5 ans et de manière régulière, ce qui a eu un impact direct, évidemment, sur le nombre de famille à Paris, ce que rappelait ici-même monsieur Brossard ce matin.
Oui, cela est inquiétant car cette baisse ne s’explique pas uniquement par une décrue démographique d’une classe d’âge,argument que vous avez largement utilisé lors de la précédente mandature pour expliquer cette chute des effectifs. Non, cette baisse apparaît bien, en réalité, comme le résultat d’une politique à l’égard des familles à Paris: une politique qui favorise leur départ. Paris ne fait plus rêver les familles, madame la maire. Or, une ville qui se vide de ses familles, c’est une ville qui met son coeur battant au ralenti.
La cherté des prix de l’immobilier explique en partie cette fuite puisque dès le 2e enfant, il faut aller s’installer dans un logement plus grand. Et malgré la politique des logements sociaux que vous menez tambour battant, à marche forcée, depuis votre arrivée, force est de constater qu’elle n’a pas eu les effets escomptés sur les familles.
Si le logement est, certes, un facteur essentiel dans la décision de rester ou de quitter une ville, il n’est pas le seul. Car une ville où il fait bon vivre avec des enfants, on y reste. Or, vivre à Paris ressemble, de plus en plus, à un combat quotidien pour les Parisiens, et en particulier pour les familles. Manque de verdure, ville où règne l’insécurité, le stress et une difficulté croissante à se déplacer. Et ce ne sont pas les promesses de transport gratuit de madame Pulvar qui les feront rester. La magie de Paris ne fait plus recette. Rajoutez à cela une pandémie qui les prive d’une vie culturelle, de sorties au restaurant ou au spectacle. Les seuls arguments qui restaient encore aux familles pour leur faire accepter des sacrifices financiers et d’espace se sont évanouis. On quitte sans regret Paris pour s’installer dans la proche ou la lointaine couronne, voire on part en province. Les familles sont une richesse qui, étant partie, sera très difficile de faire revenir, et nous le regrettons amèrement.
Outre l’aspect démographique, je voudrais souligner comme les parents souhaitent contourner de plus en plus cette carte scolaire dès l’entrée en 6e dans les collèges. En effet, nous observons le désemparement de nombreuses familles contraintes de mettre leurs enfants dans des établissements qui ne correspondent pas à l’éducation qu’elles souhaitent donner à leurs enfants.
Je rappelle à cet égard que 40% des élèves de 6e évitent le collège public auquel ils sont rattachés et les demandes sont deux fois plus nombreuses dans les collèges défavorisés. Nous le regrettons sincèrement. Ces chiffres démontrent le désarroi des familles. Conséquence, elles contournent et quittent le public pour mettre leurs enfants dans l’enseignement privé, et 40% des élèves de 6e évitent le collège public auquel ils sont rattachés, et 35% des collégiens sont dans le privé. La carte scolaire peut effectivement être le moyen de favoriser une mixité scolaire nécessaire et indispensable à une ville et un quartier. Nous avons toujours défendu cette idée, mais les moyens que nous proposons sont différents des vôtres. Cette mixité doit nécessairement passer par une politique de logement harmonisée, sans créer de ghetto, par une excellence d’enseignement pour tous, en proposant dans les collèges les plus fragiles des options de qualité.
Je l’ai souvent dit dans cette assemblée, il doit y avoir une adhésion des familles à la mixité
pour qu’elle fonctionne: proposer, concerter, donner envie et non imposer comme vous le faites trop souvent. Justement, parlons-en de cette concertation que vous avez une fois encore oubliée, pour les parents de l’école Paradis.
Vous l’aurez compris, la situation des écoles et des collèges est un miroir de la situation à Paris. Des disparités de plus en plus profondes qui fracturent de plus en plus ses habitants. Il est de notre responsabilité de les combler afin d’offrir aux élèves et aux familles des conditions d’apprentissage, d’excellence pour tous et à tous.
Je vous remercie.