Madame la Maire, mes chers collègues,
L’urgence climatique nous rattrape chaque jour un peu plus et les objectifs fixés à l’horizon 2030, lors de la COP21, doivent guider notre action, à Paris comme ailleurs.
La place de la jeunesse est centrale dans ce combat, qui reste, ne l’oublions pas, l’affaire de tous. Selon une étude du cabinet Boston Consulting Group, 85% des 15-35 ans sont d’ores et déjà prêts à modifier leurs habitudes dans leur vie quotidienne pour agir en faveur de la transition écologique.
Nous tous ici présents, sur tous les bancs, sommes conscients des enjeux : nous savons que la lutte contre le dérèglement climatique est une priorité, notamment dans un milieu aussi urbain et aussi dense que Paris.
La Région et l’État, qu’il ne faut pas oublier dans ce combat, font beaucoup pour la transition écologique et pour la lutte contre le réchauffement. La Ville aussi, bien entendu. En témoignent le Plan Climat de Paris et ses objectifs ambitieux.
Mais nous trouvons que la création de cette Académie du Climat est un effet de manche, un effet de communication. Le MoDem depuis longtemps soutient une écologie de l’action plutôt qu’une écologie de l’incantation, une écologie de l’accompagnement plutôt qu’une écologie qui reste malheureusement trop souvent très virtuelle. Nous y tenons beaucoup : agir et accompagner, ne laisser personne sans solution face au défi environnemental, voilà ce qui nous tient à cœur.
Ainsi, à la place de cette Académie, la Ville aurait tout intérêt à continuer à travailler à la réalisation des ambitions de l’Accord de Paris, sans s’égarer dans cet affichage qui est avant tout médiatique. N’oublions pas que c’est aujourd’hui la jeunesse qui est la mieux préparée, la plus consciente des dangers qui nous guettent ; bien plus que les générations qui les précèdent, celles-là même qui n’ont pas pris garde à la destruction trop rapide de nos ressources, de nos richesses.
Alors, une Académie du climat, pour quoi faire ?
Je ne m’étends pas sur le budget tellement les éléments à notre disposition sont faibles.
Alors, vous annoncez un espace où la jeunesse pourra débattre, se former sur les questions climatiques. La création d’un énième espace de débat ne semble pas à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face. En réalité, nous ne percevons pas les réels leviers d’actions qui seront offerts aux jeunes Parisiens : la multiplicité des activités proposée fait de cette Académie un espace dont la ligne nous paraît floue. Comme le budget. Si elle l’est pour nous, quand sera-t-il pour le public cible ?
Nous nous interrogeons aussi sur la pertinence de le localité de cette Académie. Bien que central à l’échelle de Paris, le 4ème arrondissement est davantage la destination préférée des touristes plutôt que celle des jeunes. Vous le dites-vous même, dans votre exposé des motifs, la majorité des 9-25 ans habite dans les arrondissements populaires et non pas dans Paris Centre. Je reconnais que, du point de vue de l’affichage, c’est bien placé.
Enfin, nous nous interrogeons sur la pertinence de dédier cette Académie du climat uniquement aux jeunes et sur le fait de l’implanter au sein de la Maison de la Jeunesse. Ce dispositif, de fait exclusif, pose une question : qu’en-est-il des générations qui ont à cœur d’être acteur de la lutte contre le réchauffement climatique ?
Le groupe MoDem y tient, vraiment : ne plus parler, mais agir, par de petites actions et de grandes actions, celles qui feront vraiment avancer ce grand défi.
Ne laissons pas notre jeunesse devenir seulement des militants. Donnons-nous les moyens de faire des jeunes, comme des moins jeunes, de vrais acteurs de la transition écologique.
Pour toutes ces raisons, le groupe MoDem s’abstiendra.