Tous les 5 jours, un enfant meurt en France sous les coups de ses parents et un enfant sur dix est victime de harcèlement entre enfants.

Ces chiffres nous rappellent que le phénomène, déjà existant de longue date, de la violence exercée sur les enfants, est amplifié par l’explosion des réseaux sociaux.

Entre mars et avril 2020, lors du premier confinement, le nombre d’appels au 119, le service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger, a augmenté de 25% avec plus de 700 appels par jour.

Par ailleurs, des chercheurs français ont observé que, sur la même période, dans l’ensemble des hôpitaux publics et privés de France, le nombre d’hospitalisations pour violences sur les enfants de moins de 5 ans a augmenté de 50%.

Si ces chiffres s’expliquent, d’une part par les conséquences économiques et sociales liées à la pandémie et au confinement souvent dans des appartements trop petits. Il s’explique aussi par la libération de la parole des voisins qui ont osé davantage prendre leur téléphone pour alerter.

Avec ses 380 000 enfants, soit 20% de la population parisienne, la Ville doit être concernée par le sort de ces enfants. Et nous nous réjouissons de l’adoption de ce premier plan aujourd’hui, que nous soutiendrons et nous souhaitons apporter une attention complémentaire sur 3 sujets.

Le premier concerne la violence faite aux enfants en situation de handicap.

Plus vulnérables aux prédateurs, les enfants handicapés sont souvent des victimes invisibles. Et pour cause, le taux annuel de violences à l’égard des enfants handicapés est 1,7 fois plus important que les enfants non-handicapés, selon les Nations Unies.

Si recueillir la parole d’un enfant victime de violence est difficile, cela  l’est d’autant plus pour ces enfants non-autonomes qui souffrent parfois de troubles de la communication, de troubles émotionnels. 

Or, il nous semble que le plan ne propose pas de prise en charge spéciale pour ces enfants, ni un renforcement de l’accessibilité des parcours de soins que l’on sait très compliqués à Paris. Sans oublier évidemment la sensibilisation du grand public, peu informé de ces sujets. 

Deuxième point, nous souhaitons également évoquer l’information et l’accessibilité de l’information aux enfants.

Deux enjeux sont sous-jacents à cette question.

  • D’un côté, la diffusion des numéros de secours (119, 3020, 3018) sur les panneaux d’affichages, les réseaux sociaux ou le carnet de santé semble en effet plus que nécessaire. Toutefois, il est possible d’aller plus loin et nous pensons que les enfants ne peuvent prendre connaissance de ces numéros que s’ils sont diffusés sur des supports à « portée d’œil ». Nous proposons donc qu’ils soient également disponibles dans les salles de classes avec des affichettes explicatives, adaptées à l’âge de l’enfant, sur les aires de jeux, dans les cours de récréation. Et que d’autres dispositifs, au-delà des numéros de téléphone, puissent être adjoints, comme des boîtes aux lettres ou des jeux qui aident les enfants à se tourner vers un autre adulte référent.
  • Nous souhaitons également évoquer la question du moment d’appel des numéros d’urgence, très souvent posée par les appelants, qui ne savent pas si les éléments qu’ils ont en main sont suffisants pour signaler qu’un enfant est en danger. Si des campagnes existent, il serait nécessaire de le rappeler dans l’ensemble des dispositifs d’affichage de la Ville pour déculpabiliser ceux qui souhaitent informer des tiers de violences qui sont portées à leurs connaissances.

Nous proposons également, dans le domaine scolaire, dans lequel la protection de l’enfant est primordiale, que les écoles, quelles que soient les écoles, puissent faire l’objet d’un plan d’information et de communication, notamment contre les violences scolaires et les violences entres enfants, afin que les directeurs n’aient pas la tentation de cacher les violences qui pourraient nuire à la bonne image ou la bonne réputation de leurs établissements. Qu’ils n’aient pas la tentation de minimiser des faits de violences entre enfants et qu’au contraire, ils puissent se saisir et être accompagnés quels que soient les types d’établissements scolaires.

Enfin, dernier point, le sujet de la réparation, un sujet auquel je suis particulièrement sensible, moi qui ai commencé ma carrière d’avocate en Seine-Saint-Denis à m’occuper d’enfants défavorisés.

La reconnaissance et la prise en charge d’un trouble de stress post-traumatique chez l’enfant victime est un enjeu de santé publique important au regard des troubles qu’il risque de développer :

  • troubles de comportement,
  • troubles du développement psychomoteur,
  • troubles de la personnalité,
  • troubles de l’attachement,
  • difficultés scolaires,
  • troubles de la mémoire,
  • troubles relationnels,
  • perte de confiance en l’adulte,
  • conduites à risque avec des conduites délinquantes
  • ou violences envers soi-même.

Les professionnels de santé sont en première ligne pour réparer ces dégâts physiques et psychiques. Toutefois, cette aide doit aller de concert avec la mobilisation de l’ensemble des adultes qui prennent en charge les enfants : professeurs d’écoles, police, etc.

Sur ce point, prévoyez-vous des dispositifs complémentaires ?

 

Merci.