La différence entre Harpagon et les élus qui siègent, c’est qu’Harpagon était avare de son argent, les élus eux gèrent l’argent des Parisiens.
Quand un élu est économe, il est responsable, il n’est pas avare. Quand il dépense trop d’argent, il n’est pas généreux, il gère mal.
Deuxième remarque, si on parle de Standard & Poor’s, à ce moment-là, il faut tout dire. Il faut dire qu’elle est l’une des 4 ou 5 plus grandes agences de notation internationales. Ce n’est pas la seule, d’autres agences ont dégradé la ville de Paris comme Moondy’s en mai dernier.
Ou alors on ne dit rien, on ne cite pas les autres agences de notation, mais si on décide de les citer dans un rapport, fait par des équipes très compétentes et des gens très honnêtes, on donne une information complète aux élus de Paris.
Deuxièmement si on ne cite que Standard & Poor’s a minima on cite les notations qui sont donnés aux autres capitales européennes. Et par honnêteté intellectuelle et politique on dit que Paris est moins bien noté que d’autres villes.
On parle toute la journée ici et ailleurs d’inclusions, de ville monde, de métropole internationale. Pourquoi on ne se compare pas à la notation de Berlin ? Et on n’est pas capable de se comparer à des métropoles européennes, on se compare uniquement aux villes de provinces. Pourquoi on ne se compare pas à la notation de Berlin, a la notation de Copenhague, c’est parce que c’est en Europe, c’est trop loin. Et bien désolée ce n’est pas une comparaison sérieuse.
Venons-en au fait le rapport d’orientations budgétaires, nous le désapprouvons pour une raison simple, c’est ce vice de formation qui est d’augmenter les dépenses alors que les recettes qui sont décrites de manière abondante dus à la fois au Covid, à l’État et à la mauvaise gestion, baisse. Ce n’est pas raisonnable, tout parisien, tout français, quand ses revenus baissent, diminue ses dépenses. C’est le bon sens budgétaire et la gestion. Imaginez que la dette ne sera jamais payée est une lubie, imaginez que les taux d’intérêts sont inscrits dans le marbre jusqu’à la fin des temps. Ce n’est pas vrai. Placer davantage de dette augmente les déficits, qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est tout simplement reporter aux prochaines générations de contribuables les dépenses d’aujourd’hui. Ça ne me paraît ni une bonne gestion, ni, je vous le dis franchement, de justice sociale. Car tout le monde sait, qu’une crise soit municipale, nationale ou continentale, ce sont toujours les classes les plus vulnérables, les moins aisées, qui en supportent le plus grand coût. Ce ne sont pas, comme le disent certains de mes voisins, les plus fortunés qui en souffriraient le plus d’une telle crise. Ce seront évidemment les plus vulnérables : ceux qui, pour tous les jours, subissent les difficultés parisiennes.
Alors, d’après les agences de notation – voyez, je suis les sources citées par Madame la Maire – l’endettement de la Ville de Paris va d’ici peu atteindre le montant stratosphérique de 8,6 milliards d’euros. Si je mets de côté les manipulations comptables, comme le recours à la capitalisation des loyers des logements sociaux dont, en effet, à juste titre madame Carrere-Gee a démontré que c’était un artifice, un sujet de discussion juridique et en toute hypothèse un embellissement d’une comptabilité qui est structurellement déficitaire et qui pose de nombreuses questions.
Si l’on essaye de dépasser le seul stade de la critique de ce rapport et que l’on va vers des propositions concrètes : oui, il faut maintenir la TVA et il faut même se poser la question de l’augmenter. Et je rappelle qu’à pleine croisière, la Ville de Paris, avant le Covid recevait 38 millions de touristes. Alors évidemment, c’était avant le Covid. Il faut souhaiter que nous revenions à des chiffres aussi importants. De toute évidence, ces touristes sont autant de contributeurs à la TVA. Il me paraît donc une très mauvaise idée de réclamer une baisse de la TVA. Je pense au contraire qu’il faut ouvrir le chantier – au niveau politique : national comme local – d’un renforcement de la TVA puisque c’est une source de revenus qui à le grand avantage dans un pays d’attraction touristique comme la France et a fortiori Paris, de nous faire des revenus qui ne sont pas que payés par les Français, mais qui sont aussi payés par les étrangers qui traversent la France.
Deuxièmement, il faut aborder, avec courage, la question des 35 heures. Une Ville en déficit, endettée, ne peut pas se permettre le luxe de payer des gens qui n’accomplissent pas la totalité de leur temps de travail. Ça n’est pas raisonnable, c’est démagogique.
Troisièmement, il faut ouvrir, comme mon ami Pierre-Yves Bournazel le disait il y a peu de temps dans une interview. Il faut ouvrir calmement la réflexion sur le non-remplacement des agents qui prennent leur retraite. Ce n’est pas quelque chose ni d’antisocial, ni d’irrésistible, c’est du bon sens. Quand on n’a pas l’argent pour payer un tel budget pharaonique, il faut envisager de rationaliser et de prioriser les objectifs.
Ensuite, je voudrais le dire franchement, il faut passer en revue les dépenses pour retirer tout ce qui relève du clientélisme, des préemptions hasardeuses, des prêts-bande et des autres gâchis.
Il faut peut-être aussi, pourquoi pas, regarder notre propre assemblée. Avons-nous besoin d’être aussi nombreux. Avons-nous besoin pour gérer une ville de 2 millions d’habitants d’être plus nombreux que les sénateurs des États-Unis qui sont 100. Je me pose la question.
Je continue, les dépenses de fonctionnement peuvent bien sûr être diminuées. Et une phrase pour terminer Monsieur le Maire – pardon si j’ai dépassé mon temps de parole. En politique il est très facile de dépenser, en politique le courage, c’est de baisser les dépenses et bien gérer.
Merci.