Merci Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Alors que notre Ville va accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été en 2024, vous nous présentez aujourd’hui cette convention-cadre avec le COJO, sur le partage des responsabilités. Cette délibération était très attendue, tant l’inquiétude sur la gestion des JO était en train de grandir, la Ville ayant déjà de grandes difficultés à gérer Paris au quotidien.
En propos préliminaires, je souhaiterais ajouter quand même que les habitants de Paris attendent des jeux sobres, durables et responsables. Alors oui nous nous inquiétons pour le maintien des délais de construction et de livraison des ouvrages olympiques et surtout le maintien de l’enveloppe budgétaire pour la réalisation des ouvrages pérennes tels que l’Arena de la Porte de la Chapelle par exemple. Nous nous inquiétons également de la capacité du COJO à obtenir des partenariats et sponsoring prévus alors que nous venons d’apprendre par la presse le départ de la directrice des partenariats. Attention, les défaillances possibles ne doivent pas in fine être à la charge des parisiens ou des contribuables.
Avec cette convention, Paris 2024 sera responsable de toutes les opérations à l’intérieur des sites officiels, et la Ville de Paris assumera les missions de service public nécessaires à la bonne organisation des Jeux, qu’il s’agisse de la gestion des flux de spectateurs, de l’entretien et du nettoyage des abords des sites, de la gestion et de l’enlèvement des déchets, de l’éclairage public, ou encore de la décoration de Paris aux couleurs des Jeux. Nous mettrons également à dispositions de nombreux lieux existants comme le Parc des Princes, faisant partie de ce qu’on appelle l’héritage, comme l’Arena 2 ou des sites temporaires comme le Champ de Mars, l’Esplanade des Invalides ou encore la place de la Concorde.
En contrepartie, le COJO versera à la Ville une indemnité forfaitaire de 10,1 millions d’euros et devra remettre les équipements en l’état.
Ce qui peut inquiéter dans cette répartition, c’est que la Ville de Paris, en extrême difficulté pour assurer certaines de ses missions de base de service public, aura pendant toute la durée des Jeux Olympiques et Paralympiques la responsabilité d’assurer les flux des près de 11 millions de spectateurs qui seront présents à Paris à ce moment-là. Alors oui c’est vrai, notre pays a déjà dû faire face à l’organisation d’évènements sportifs internationaux, qu’il s’agisse de la Coupe du Monde 1998, la Coupe du Monde de Rugby en 2007, ou encore l’Euro de Football de 2016. Sauf qu’à l’inverse, ces événements se déroulaient sur tout le territoire français, et non uniquement sur Paris et sa petite couronne.
C’est peut-être la première fois dans l’histoire de notre Ville qu’autant de spectateurs viendront établir leur lieu de villégiature à Paris lors de l’été 2024, avec tous les sportifs, les équipes, ou encore les médias accrédités et les non accrédités.
Les 10 millions d’euros d’indemnités compensatoires sont les bienvenus. Sauf que c’est d’une véritable révolution dont Paris a besoin à l’aube de ces jeux. Chaque évènement sera l’objet d’une quantité innombrable de déchets, de personnes à orienter, de nuisances sonores, de risques de sécurité, de besoins en transports en commun, de circulation dans Paris. Plus d’un millier de bus feront la navette depuis le village olympique et plusieurs milliers de véhicules véhiculeront la famille olympique et leurs représentants. Paris va vivre à pleine vitesse, et c’est une excellente nouvelle. Paris va grouiller de monde, d’activités, de lieux à visiter, d’évènements à partager, et nous devons nous en satisfaire. Mais pour s’éviter un réveil difficile en septembre 2024, et éviter des débordements qui terniraient à jamais l’image de notre Ville, Madame la Maire et Monsieur le Maire, il nous faut au plus vite prendre la mesure de nos difficultés et agir.
Les 10 millions d’euros d’indemnités seront-ils selon vous suffisants pour gérer les JO jusqu’aux périmètres de sécurité des lieux d’épreuves ? En cas de défaillance du COJO Paris 2024 qui prendra à sa charge ces coûts ? Qu’est-il prévu en termes de recrutements d’agents supplémentaires ? Les 5000 à 7000 bénévoles seront-ils là pour suppléer à nos difficultés ? Je souhaiterais vraiment que nous obtenions des réponses à ces questions qui sont primordiales me semble t’il.
Nous avons pris des engagements auprès du CIO, notre devoir est de les respecter et de s’assurer que Paris soit en mesure de gérer ces jeux. La liste des responsabilités paraît en effet très lourde, bien que s’appuyant sur une logique irréfutable, c’est donc le moment ou jamais de se mettre au travail.
Nous pouvons tout de même nous satisfaire de cette convention cadre qui met fortement l’accent sur des objectifs partagés de l’organisation de jeux éthiques, durables, inclusifs et accessibles, permettant de laisser un héritage pérenne aux habitants et au territoire parisien.
Mais en matière d’accessibilité par exemple, vous connaissez l’attachement de notre groupe à ce sujet. Nous alertions en octobre dernier sur la nécessité d’accélérer la cadence sur l’accessibilité des transports. Paris ne peut décemment accueillir le monde avec seulement 9 stations de métro accessibles. Cela coûte cher et cela prend du temps, et à force de retarder l’échéance, Paris exclut durablement toutes les personnes ayant des difficultés à se déplacer.
C’est la réputation de notre Ville qui se joue avec cette délibération, avec les Jeux Olympiques. Or Paris se transforme petit à petit en ville lépreuse, sans une véritable révolution, ce n’est pas « Saccage Paris » que nous risquons d’entendre, mais bien pire. Et Paris, sera pour toujours la Ville qui n’aura pas réussi à accueillir convenablement les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Je vous en remercie.