Monsieur le maire, mes chers collègues,

 

Mettre en lumière la situation des aidants, c’est aborder la question de la dépendance dans notre ville. En France, la famille est la pierre angulaire de la prise en charge à domicile des personnes en situation de fragilité ou de perte d’autonomie en raison de l’avancée en âge ou d’un handicap. C’est cette grande armée, de plus de dix millions d’aidants, valeureux et courageux, qui mettent leur vie entre parenthèses pour aider un conjoint, des parents ou en enfant en situation de dépendance. En France, la société utilise l’aidant, mais ne le reconnaît pas assez. La morale collective considère normal de s’occuper de ses proches quand ils sont malades. Or, les aidants ont leur limite : le sentiment de culpabilité, d’être le dernier rempart pour aider celui ou celle qu’on aime, entraîne inexorablement les aidants à l’épuisement moral et physique, à gérer une énorme charge mentale en plus de tout le reste de la vie quotidienne. Et pourtant, heureusement que les aidants sont là, car c’est bien grâce à eux que le maintien à domicile est possible. Et c’est bien le maintien à domicile qu’il faut encourager et promouvoir, comme 80% des Français le souhaitent. Heureusement, et même s’il reste encore énormément à faire, une reconnaissance à leur égard se fait jour peu à peu. Depuis 2017 les choses ont bougé : création d’un congé proche-aidant avec une indemnisation de 58 euros nets par jour pendant trois mois, un don de RTT à un collègue aidant ou proche en perte d’autonomie, déploiement de maisons de répit, expérimentation du relayage, où un professionnel de santé prend le relai pendant six jours, 24 heures sur 24, qui permet un repos de l’aidant pendant cette parenthèse. Mais ces mesures ne sauraient en rester là. Elles doivent être poursuivies et amplifiées, et tout ce qui va dans ce sens va dans le bon sens. C’est pourquoi votre délibération est intéressante parce qu’elle met à l’honneur les aidants à Paris, où le parcours  du combattant y est peut-être encore plus difficile pour eux qu’ailleurs. Solitude des grandes villes, temps de transport important, difficulté de trouver les informations, manque de considération pour les personnes âgées et pour ceux qui les aident.

 

Les aidants font trois demandes principales : un droit au répit, des moyens financiers supplémentaires, et aucun reste à charge pour l’aidant. Une porte d’entrée unique qui les guide vers l’ensemble des dispositifs existants. Et c’est là, il me semble, sur ce dernier point que vous auriez dû insister. En effet, les mairies d’arrondissement, qui sont la meilleure entrée pour rassurer, guider et simplifier le parcours du combattant des aidants. Une formation et une sensibilisation des personnels serait le meilleur service à leur rendre.
Enfin, un dernier mot sur tous ces mots sur tous ces jeunes qui sont arrachés effectivement comme vous l’avez souligné Monsieur, de l’insouciance de leur vie pour les plonger dans leurs responsabilités lourdes pour leur jeune âge. Ils sont 700 000 jeunes aidants en France et 70% d’entre eux présentent des troubles anxio dépressifs. 

Pendant la période covid, de nombreux jeunes ont été perdus de vue par l’éducation nationale. Ils étaient nombreux, ils étaient devenus des aidants à temps-plein, les empêchant de poursuivre leurs études correctement.

Il y a donc un travail indispensable, de reconnaissance et de soulagement à faire auprès de ces jeunes. Nous voterons donc bien évidemment cette délibération pour mettre à l’honneur ces millions d’hommes et de femmes qui ont vu leur quotidien bouleversés du jour au lendemain. 

Pour 54 d’entre eux, ils ne sont pas au courant qu’ils sont des aidants, et le plus souvent “elles” d’ailleurs. puisque dans 2 cas sur 3 l’aidant est une femme. Ils et elles font seulement ce que leur cœur dit de faire en s’occupant d’une personne de leur famille devenue vulnérable. Aujourd’hui ces aidants ont des droits, il faut leur faire savoir, il faut les accompagner, il faut aider les aidants. 

Je vous remercie.