Merci madame la Maire.
Dans votre intervention, vous avez rappelé la genèse de ce projet et je vais me permettre de le rappeler également, mais à ma manière. En 2019, le groupe PRG avait suggéré la mise en place d’une MIE sur la question du téléphérique et, à l’issue de plusieurs mois de travaux, une quarantaine de recommandations ont été présentées, notamment par Éric Azière qui avait la chance de rapporter cette mission d’information. Se fondant sur des constats partagés de la nécessité à agir pour la santé publique et donc lutter contre le bruit et la pollution auxquels expose cet anneau urbain de 35 kilomètres de long, la MIE proposait notamment une instance de concertation obligatoire entre les collectivités territoriales au regard du caractère stratégique du périphérique pour la région capitale. Elle proposait également un chemin pour apaiser le trafic d’ici 2024 à travers notamment l’expérimentation de voies réservées dans le cadre des JO. Et puis, elle proposait une ambition pour transformer le périphérique à horizon 2030. Autant de propositions qui ont été, sur tous ces bancs, applaudies.
Ces recommandations de la MIE furent suivies d’une communication sur le périphérique que vous avez présentée, Madame la Maire, en décembre 2019. Cette communication prévoyait la transformation du périphérique en un véritable boulevard urbain comprenant des voies dédiées aux mobilités douces et propres, des traversées piétonnes, un projet paysager urbain, des réductions globales du trafic motorisé, et une réduction massive de la pollution environnementale et sonore. Bref, le copier-coller de ce que vous nous proposez aujourd’hui dans cette nouvelle délibération. Alors trois ans plus tard, qu’est-ce qui nous donne ce sentiment d’être dans un film Un Jour sans fin ? Nous sommes au même point, voire même en recul, puisque l’expérimentation de la baisse de la vitesse sur le périphérique a été renvoyée sine die. Parce qu’en trois ans, vous avez été incapables de créer les conditions de la concertation, pourtant indispensable pour aménager un tel dispositif à rayonnement régional à horizon 2030.
Et puis on parle beaucoup de 2030 mais on ne parle pas d’aujourd’hui. Or, le périphérique se pense pour aujourd’hui et pour demain. La communication rappelle à juste titre les conclusions du GIEC. Mais qu’avons-nous fait ces trois dernières années qui viennent de s’écouler ? Ces trois dernières années, qu’avons-nous fait en termes de santé publique, pour protéger les riverains exposés à des pollutions jusqu’à six fois supérieures aux normes édictées par l’OMS et en matière de lutte contre le bruit ? Qu’avons-nous fait des études votées en 2019 ? Qu’avons-nous fait, comment avons-nous protégé les habitants, notamment ceux qui font du sport aux abords immédiats du périphérique ? En 2030, les voitures thermiques seront interdites à la circulation. Le sujet du bruit et de la pollution sera donc moins prégnant. C’est pour aujourd’hui qu’il faut agir : de nouveaux revêtements, des murs anti bruit, lutter contre la congestion. Travaillons résolument sur le court terme, au bénéfice de la santé des Parisiens et des Franciliens, concernés par des taux bien trop élevés en matière d’exposition aux polluants.
Et, oui, nous devons avoir une vision pour 2030, articulée autour de la transformation du périphérique mais surtout dans une démarche concertée. C’est la seule condition pour avancer. Or, trois ans après cette communication, vous n’avez toujours par créé les conditions de la concertation avec les collectivités territoriales, la région et l’État. Il suffit de voir la réaction des uns et des autres. Et puis vous n’avez pas non plus tranché, et d’ailleurs les débats à l’instant viennent de le montrer, sur votre politique d’urbanisme sur le périphérique. Prise entre un impérieux besoin d’argent pour combler votre trou budgétaire qui vous pousse à bétonner à outrance ; et un discours vert qui ne convainc plus personne face aux abattages d’arbres. Prenons le périphérique pour ce qu’il est : une autoroute urbaine, avec un million de déplacements quotidiens, qui irrigue l’ensemble de la région capitale, utilisée à 80% par des non-Parisiens, avec des conséquences en termes de santé publique pour les Parisiens et les habitants de la petite couronne. Travaillons ensemble pour élaborer des études d’impact sur les reports de circulation. Pour financer des offres de transport alternatives : ne reproduisons pas les quais rive droite et l’abandon du projet de tram bus à haut niveau de service. Pour accompagner la transformation du parc automobile à l’échelle métropolitaine ou régionale : pourquoi dès lors attendre l’automne pour présenter les mesures d’accompagnement à la transformation du parc automobile ? Pour lutter contre les congestions via l’expérimentation de la baisse de la vitesse, et la réflexion autour de la suppression des entrées et sorties sur le périphérique. Et puis végétaliser la zone, en commençant par un moratoire sur tout abattage d’arbres à proximité.
Et faisons de la transformation du périphérique une opportunité pour recoudre la fracture que constitue cet anneau qui encercle Paris pour élargir la capitale.
Je vous remercie.