Madame la Maire,
Tout au long de cette journée, les membres de mon groupe, Maud Gatel, Béatrice Lecouturier, Pierre Casanova, Maud Lelièvre et Alexis Govciyan ont développé notre vision face au budget et aux choix financiers qui sont les vôtres pour ce budget 2025. Une fois encore, nous avons dénoncé, non par posture mais dans un esprit de responsabilité, votre choix assumé de recourir à la dette, qui atteint plus de 9 milliards d’euros.
Cette année encore, vous continuez à gérer la ville comme si vous pouviez éternellement jouer avec des emprunts sans conséquence. Mais au final, ce sont les Parisiens qui paient déjà la facture.
Cette dépendance croissante des finances parisiennes à l’emprunt, qui est devenue la principale et la première source de financement des investissements, est pour nous préoccupante. D’autant plus, qu’un tiers de ces nouveaux emprunts sera finalement consacré au remboursement des emprunts précédemment contractés : 308 M€ en 2025.
Face à cette situation, nous sommes bien sûr en droit de nous interroger sur la qualité de la gestion budgétaire de la collectivité qui hypothèque les choix à moyen et long termes. En atteste d’ailleurs le rapport budgétaire rédigé par les services de la ville, je cite : les taux sont élevés et la charge de la dette obère de plus en plus les recettes de fonctionnement : 225 M€ au BP 2025 contre 213 M€ au BP 2024.
En défense, nous vous avons entendu ce matin avec beaucoup de véhémence critiquer l’Etat, responsable finalement de tous les maux. Vous déplorez les charges nouvelles pesant sur la Ville au titre de la péréquation horizontale, qui fonde pourtant le pacte de solidarité entre les communes. Comment des élus locaux, qui se réclament de la gauche, peuvent-ils s’insurger contre ce principe de réduction des inégalités territoriales ? Car oui Paris reste une ville riche mais, n’ayant jamais bénéficié de réformes de structure, c’est vrai que nous vivons aujourd’hui désormais à crédit et la péréquation n’y est pour rien dans cette dérive.
Vous augmentez la dette alors que dans le même temps vous accusez un retard dans le financement de l’ensemble de vos axes d’investissement. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous faites clairement le choix d’hypothéquer l’avenir des Parisiens, au risque à terme de ne plus avoir de marge de manœuvre.
Quelques illustrations.
Le plan vélo est considérablement retardé, seulement 21% des pistes cyclables ont été aménagées à mi-mandat, selon l’association Paris en Selle.
Le plan Arbre qui vise à planter 170 000 arbres d’ici 2026 est aussi considérablement en retard et privilégie le quantitatif au qualitatif, nuisant à l’adaptation de Paris au réchauffement climatique.
Quant au plan « embellir quartier », son exécution a déjà une mandature de retard.
Et pendant ce temps la capacité d’autofinancement de la ville dépasse difficilement les 60%, en retrait de 3% par rapport à 2024. Pour financer les 40% restants, comment faites-vous ? Vous augmentez encore la dette ou les impôts et les taxes sur les Parisiens et les entreprises ?
Que pensez aussi de votre présentation en trompe l’œil de l’évolution des dépenses réelles de fonctionnement, annoncée comme étant limitée à 11,8 millions d’euros, alors que les dépenses de péréquation et de reversements fiscaux, mécanismes liés à l’État, diminuent de 123 millions d’euros. Cette évolution globale masque la progression de la masse salariale (+ 64,3 M€) et des dépenses de gestion (+56,4 M€), avec des dépenses d’administration générale qui augmentent de 5,5% d’une année à l’autre ce qui, là aussi, nous interroge sur le pilotage de la dépense publique et les choix de la collectivité, notamment celui de ne pas procéder à une évaluation de la qualité et de la performance de sa dépense.
D’ailleurs, où est votre plan d’économies de 250 millions d’euros promis en 2021 ? Vous avez gouverné pendant une décennie comme si l’argent public était une ressource infinie.
Sans compter votre vision très optimiste de la conjoncture économique, puisque le BP 2025 annonce des DMTO (droits de mutation à titre onéreux) au même niveau qu’en 2018, alors que la croissance, cette année-là, était de 1,5%, quand, en 2025, la Banque de France prévoit qu’elle se situe à 1,2 %. La question de la sincérité des inscriptions à ce sujet peut être, là aussi interrogée, au regard de l’exercice 2024.
Vous revendiquez aussi des investissements pour la transition écologique. Certes, les chiffres sont là : 1,8 milliard d’euros inscrits chaque année, 800 millions pour l’adaptation climatique, et même 100 millions pour les espaces verts. Mais au-delà des annonces et des outils de communication, où sont les réalisations concrètes ? On empile les plans mais dans les faits on en est encore à négocier, voire faire l’aumône, pour la pose d’un store pare soleil dans une école ou sur le toit terrasse d’une crèche.
Nous considérons que Paris mérite mieux qu’une gestion approximative et un endettement à outrance. Ce budget n’est pas la solution : c’est un problème supplémentaire. Vous dites « nous assumons » et bien nous aussi. Nous assumons de défendre les intérêts des Parisiens et de dire que ce budget n’est pas responsable et constitue une impasse. C’est pourquoi, nous voterons contre ce projet de budget.
Je vous remercie.