Merci beaucoup Monsieur le maire,

Alors, nos débats budgétaires se suivent et se ressemblent. La Ville de Paris ne cesse de se féliciter d’un budget prétendument sain quand les chiffres racontent une toute autre histoire.

Ce matin, nous avons eu droit à un monde particulièrement fantasmé avec quelques citations qui, je pense, plairont beaucoup à nos concitoyens : “nous savons gérer nos finances”, “les comptes sont bons”, “nous saluons le sérieux de notre gestion”. Effectivement un monde fantasmé, et pendant ce temps-là des absents de taille : aucunement question de l’explosion de la taxe foncière, on mentionne la troisième année consécutive d’une DGF à zéro – c’est la réalité, c’est juste su depuis dix ans – et puis il manque le fait que la péréquation a significativement augmenté tout comme les recettes de fiscalité transférée. Des oublis quand-même un petit peu problématiques.

Au fil des années, nous assistons à une dérive alarmante dans la gestion de nos finances et le constat est le même aujourd’hui : un modèle budgétaire sous perfusion qui s’essouffle, une dérive incontrôlée des dépenses et une explosion de la dette qui nous mènent droit dans le mur. Aucune prévision de long terme, aucune anticipation, aucun changement structurel dans la composition des dépenses de la ville.

L’effondrement des DMTO. Je crois qu’il faut s’arrêter quelques secondes sur ce sujet. Vous avez mis, Monsieur le maire, plus de douze mois pour revoir des prévisions qui étaient amplifiées alors que la crise immobilière était déjà là, ce qui pose nécessairement la question de la sincérité puisque nous sommes partis de 1,650 milliards d’euros en 2022, niveau record, à 300 millions de moins, ce que nous avions annoncé dès le budget supplémentaire, sans pour autant que vous modifiez les prévisions de recettes des DMTO. On le verra d’ailleurs dans le cadre du budget supplémentaire le mois prochain, nous sommes sur la même interrogation quant à vos prévisions on ne peut plus optimistes sur les DMTO.

Alors, malgré cette chute des DMTO, on assiste à une hausse des recettes de fonctionnement et également à une hausse de l’épargne brute. Comment un tel miracle est-il possible ? Tout simplement parce que vous avez renoncé à vos promesses envers vos administrés. Pour compenser les pertes des DMTO, vous avez massivement augmenté les impôts des Parisiennes et des Parisiens, trahissant ainsi vos promesses de campagne réitérées à plusieurs reprises, ce qui a permis 830 millions € supplémentaires dans les caisses de la Ville de Paris. Et nous regrettons que vous ayez trompé vos concitoyens, d’autant plus que cette manne financière n’a pas été gérée de façon responsable.

En effet, s’il y a bien une chose que l’on ne peut vous dénier, c’est la constance dans les nouvelles dépenses. Des dépenses qui ne cessent de croître, réduisant chaque année nos chances de voir naître le plan d’économie que nous appelons pourtant de nos vœux.

Les dépenses de fonctionnement sont en hausse 265 millions d’euros, une hausse de 3,1% et plus précisément les recettes de gestion augmentent de manière significative à hauteur de 179 millions € par rapport à l’exercice précédent. 

Quant aux dépenses d’investissements, elles augmentent de 234 millions d’euros, soit une hausse de 15% par rapport à 2022. Ces recettes d’investissement nous laisse également entrevoir quelques incohérences : 

  • En 2023, ce sont 34 millions d’euros qui ont été investis pour les actions transversales en faveur du Plan Climat alors que 59 millions avaient été budgétés. Où sont donc passés les 25 millions en faveur de la politique d’adaptation de la ville au changement climatique ? 
  • Autre exemple : 21 millions ont été investis dans les dépenses d’entretien des chaussées et des trottoirs. Par rapport à 2022, c’est une baisse de 10 millions qui est à constater. Comment dès lors tenir vos promesses faites dans le cadre du plan piéton ou du code de la rue quand nous voyons l’état quotidien de l’espace public parisien ?

Au regard de l’ensemble de ces éléments, nous n’avons pas été étonnés de constater l’envolée de la dette qui atteint désormais le niveau record de plus de 8 milliards d’euros en 2023, en augmentation de 328 millions d’euros par rapport au prévisions budgétaires et dépassant largement ce que nous avions voté au BP 2023. Ajoutons également l’augmentation de 20% des charges financières qui évidemment s’explique par l’augmentation des taux d’intérêt.

Alors, notre inquiétude est très forte. On ne peut se résoudre à voir augmenter les impôts des Parisiens et augmenter en parallèle la dette de la ville. Nous devons mettre un terme à cette spirale afin de choisir une gestion rigoureuse et transparente qui assumera la stabilité financière au profit des Parisiennes et des Parisiens. 

Je vous remercie.