Madame la Maire, mes chers collègues,
Ce matin, en vous écoutant introduire le débat d’orientation budgétaire, j’avais le sentiment de déjà-vu.
Les mêmes griefs. Les mêmes artifices. Les mêmes lacunes. Le débat budgétaire à Paris s’apparente à un jour sans fin.
La mauvaise foi est particulièrement forte cette année. L’effet campagne sans doute. On parle beaucoup de l’État mais jamais du plan de relance, des coronapistes, des avances perçues en matière de DMTO, de la compensation intégrale et dynamique, des réformes fiscales ou de la taxe de séjour via le « filet de sécurité ». Ou encore des 2 milliards d’avances remboursables à IDF Mobilités ou les 150 millions d’euros de compensation.
Dans ce DOB, aux mêmes causes, les mêmes effets :
Côté recettes :
– Le recours aux taxes : cette fois, ce sera l’augmentation des tarifs de stationnement pour les automobilistes dès 2020, pour les 2RM en 2021 ;
– La vente des bijoux de famille qui s’accélère ;
– L’annonce d’une nouvelle opération de conventionnement dont on se demande si elle a pour objectif l’atteinte des objectifs de la loi SRU ou si elle n’est pas plutôt une astuce comptable permettant de récupérer à nouveau 500 millions d’euros aux dépens des locataires du parc social ;
– Le recours à l’emprunt, et on se demande bien comment ça se passera quand les taux augmenteront ?
– Au final, une dette qui explose : officiellement, 7,2 milliards fin 2021, mais plutôt plus de 8 milliards d’euros avec les loyers capitalisés, soit un quasi doublement de la dette depuis votre arrivée à la tête de la ville.
Côté dépenses, des invariants. Dans le cadre de la contractualisation avec l’État, la ville de Paris avait contenu ses dépenses de fonctionnement en dessous de 1,2%. Sortie de cette contractualisation, ses dépenses augmenteront de 2,2% en 2022, tirées quasi exclusivement par la masse salariale. Or, contrairement à ce qui est indiqué dans le document budgétaire, le « glissement vieillesse technicité » n’est en rien automatique et dépend du pilotage de la masse salariale par la ville…
Pas de réforme structurelle, des dépenses contraintes. Et des projets pharaoniques qui ne correspondent plus aux attentes de la ville d’aujourd’hui. Et encore moins à vos discours.
Comme s’il fallait que tout change pour que rien ne change.
Comme si gérer une ville, c’était subir, même face aux évolutions structurelles majeures qui obligent à se poser la question de la dépense, du rôle de la ville et de ses priorités.
Bien sûr que la crise sanitaire a eu un impact sur les finances de la ville, entre les dépenses liées à la gestion de la pandémie et la perte de recettes en raison de la chute du tourisme et du ralentissement des transactions immobilières. Mais les marges de manœuvre étaient déjà inexistantes avant 2020. La crise n’a fait que démontrer que le système était à bout de souffle.
Combien de temps allez-vous continuer à piloter à vue, sans plan d’investissement de la mandature ? A alourdir constamment les taxes en tentant de faire croire aux parisiens – sans aucun succès – que la fiscalité n’augmente pas ? A vous plaindre des prix de l’immobilier tout en alimentant la spéculo dépendance de la ville qui compte sur l’envolée des prix de l’immobilier pour boucler son budget ? A créer de l’emploi sans se poser la question de l’organisation et du temps de travail… ?
Vous nous avez accusés tout à l’heure d’être Harpagon. Pour être Harpagon et donc avare, encore faut-il qu’il y ait de l’argent. Et il n’y en a plus dans les caisses de la Ville. Nous nous prenons simplement une bonne gestion : celle d’une mère ou d’un père de famille.
Il est temps de revenir aux fondamentaux : se donner les moyens de gérer efficacement et sobrement la ville, de permettre à ses habitants d’y vivre bien, en l’adaptant au changement climatique. C’est ça Madame la Maire respecter les Parisiens. C’est à ces enjeux que le budget 2022 doit répondre. Et le DOB ne nous en montre pas le chemin.