Mes chers collègues,
Je veux d’abord donner une forme de quitus sur les actions lancées pour aider les Parisiens en cette crise sanitaire et économique que nous traversons. Certes, le Gouvernement prend sa part, et elle n’est pas mince puisqu’on a dépassé les 400 milliards d’aides diverses – mais il est essentiel me semble-t-il, que la Ville prenne sa part aussi !
C’est ce qu’elle a fait, mais parfois de façon un peu désordonnée, il faut en convenir. Désordonnée, éparpillée, voire quelquefois un peu à l’aveugle : les évaluations financières manquent souvent pour avoir une idée du montant des aides ainsi apportées en 2021, que ce soit pour l’exonération des droits de voierie, des droits de terrasses, etc…
Enfin, quelquefois des idées un peu originales – un peu trop ? quand on aide les prestations de coaching personnalisé un peu à l’aveugle. Je m’interroge donc quant au rôle de la Ville de Paris : cela ne va-t-il parfois pas trop loin ? Bref, l’intention y est, on le voit, mais le sérieux manque à l’appel. D’ailleurs, l’un de nos collègues a, à juste titre, demandé, en commission des finances, un récapitulatif de ce qui a été fait et de ce qui va être fait (avec chiffrage et calendrier). Nous l’attendons et le redemanderons.
Sur les mêmes critères, ou plutôt les mêmes critiques, il y a, de façon un peu choquante pour la nouvelle élue de Paris que je suis, un manque très net de sérieux dans l’attribution de certaines subventions. Lorsqu’en commission, l’on demande des détails, la réponse ne vient pas. Pas d‘information sur le bilan d’une association qu’on subventionne, pas d’information réelle sur les projets à venir. Comme le disait très bien mon collègue Pierre Casanova hier lors du débat d’orientation budgétaire, c’est bien de l’argent des Parisiens dont on parle, celui de leurs impôts. Il n’est pas question ici de critiquer les subventions, simplement le manque de transparence et d’exigence surtout !
À ce titre, le MoDem avait demandé, à plusieurs reprises, lors de la précédente mandature, cette transparence qui manque tant à la gestion des subventions distribuées par la Ville de Paris. Et je sais que certains de nos collègues seront sur la même position.
Par ailleurs, je suis surprise par la non-prolongation de mesures prises au printemps pour aider financièrement les Parisiens. Je pense notamment à la gratuité du stationnement pour tous pendant ce deuxième confinement. C’était l’objet du vœu que le groupe MDE a déposé et que l’Exécutif a rejeté hier : soyez-en sûr, les Parisiens s’en souviendront !
Mais nous ne les laisserons pas tomber, et en particulier les commerçants qui souffrent plus que jamais de cette crise. C’est pourquoi nous présentons aujourd’hui un vœu relatif à la digitalisation, appelant la Ville à aider techniquement et financièrement les petits commerces parisiens, afin de les aider à pratiquement massivement le click and collect. L’approche du Black Friday et de Noël rendent d’autant plus urgente cette mobilisation de la Ville que nous appelons de nos vœux.
Mais j’en viens au Plan Paris Boost emploi. La crise sanitaire a des conséquences sociales et économiques très fortes. Les premiers touchés sont évidemment ceux qui sont déjà en difficulté et ceux qui cherchent leur premier emploi. Le groupe MoDem considère donc qu’il est essentiel d’en faire une priorité.
Nous saluons donc les efforts affichés par l’Exécutif mais avons cependant des remarques, qui appellent des réponses claires.
Les questions se posent surtout en termes financiers. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a des imprécisions, des absences de chiffrages, des éléments qui restent bien flous. Et il est délicat, je trouve de demander à des élus de voter sur des bases aussi imprécises. Nous savons néanmoins que ce plan coûtera 9 millions en 2021, 500 millions d’ici 2026. Alors que la dette explose, l’absence de transparence sur le financement de ces mesures fait plus que nous inquiéter.
Par ailleurs, la facilité de l’emploi public revient à grand pas : stages et apprentissages sont évidemment indispensables pour les jeunes. Mais l’installation dans les services de la Ville ne peut être l’alpha et l’oméga pour ces jeunes. Il y a sans doute là un manque d’imagination ou alors un pas rapide vers la solution la plus simpliste. Parce qu’il ne suffit pas de signer une convention de stage, il faut les accompagner, les former, leur donner envie de découvrir des métiers…
Autre question : la relation avec les dispositifs mis en place par la région et les autres acteurs de Paris, la CCIP en particulier. Là encore une question de rationalité et – on y revient toujours, du chevauchement de dépenses publiques, toujours avec l’argent des Parisiens. Tout cela n’apparaît pas évident à la lecture des documents que nous avons.
Nous pouvons donc légitimement nous demander si toutes ces mesures ont bien fait l’objet des évaluations nécessaires pour connaitre leur utilité, leur point faible et s’il n’y a pas des redondances.