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Maud Lelièvre à propos de la création de la fonction de Défenseur des enfants de la Ville de Paris

Nous examinons aujourd’hui la création de cette fonction essentielle dont nous partageons le constat et l’objectif. En cette journée internationale des droits de l’enfant, il est de notre responsabilité collective de rappeler cette vérité simple : les enfants sont les premiers à subir des violences qu’ils ne peuvent nommer, dénoncer, affronter seuls et parfois psychologiquement confrontés à leur propre famille. Il leur est particulièrement difficile de franchir le cap. Pour avoir été quelques années avocate de l’ASE, je peux vous dire que tous les milieux sont concernés. 

Ils dépendent de notre vigilance, de nos institutions, des institutions en général, de nos décisions pour être protégés. Et lorsque cette protection faillit, c’est tout un système qui vacille mais c’est aussi leur avenir et notre avenir collectif qui est touché. Face à l’ampleur des violences subies par les enfants à Paris comme ailleurs, personne ne peut considérer que notre collectivité en fasse trop. Les révélations dernières ont bouleversé les familles, les personnels éducatifs, les associations, l’ensemble des élus ici présents mais aussi sont sources d’inquiétude pour les familles. Les témoignages des enfants agressés dans leur école, les défaillances dans la chaîne de signalement, les classements sans suite administratif, tout cela est un véritable séisme, un véritable me too des enfants pour reprendre les mots évoqués par la presse. Et la tolérance zéro que vous venez d’évoquer doit être réelle et non pas un slogan ou une bonne intention. C’est pourquoi nous soutenons que ce défenseur des enfants qui devra jouer demain un rôle central, un recours identifiable, un point d’entrée clair pour les familles, pour les enfants eux-mêmes de façon indépendante, y compris pour les mineurs, notamment ceux qui font l’objet de violence infra familiales, les professionnels et lorsqu’une situation de doute, de violence ou d’alerte survienne, il devra agir. 

Il devra être un garant que les signalements ne se perdent plus, que les délais de traitement qui sont souvent trop longs ne s’allongent plus, que les recommandations soient suivies, évaluées et qu’aucune inertie administrative ne mette un enfant en danger. Il devra être ce défenseur capable d’interpeller la ville, de pointer les fragilités en toute indépendance, ce qui n’est pas toujours facile, et pouvoir y apporter les correctifs, y compris lorsque cela va toucher nos pratiques internes ou nos missions internes, car aucun service aujourd’hui n’est exempt de sa capacité à bien agir. 

Alors moi, j’ai quatre questions au nom de mon groupe. La première, pourquoi maintenant ou pourquoi finalement avoir attendu les signaux d’alerte ne sont pas apparus simplement cette année. Ils sont connus, documentés, rapportés depuis des années par les associations, par les collectifs d’avocats, par le défenseur des droits et parfois même par nos propres services, nos propres professionnels sur le terrain. Que fait-il que cette question soit urgente aujourd’hui ? Il est évidemment nécessaire d’agir aujourd’hui. C’est quand même un regret que nous avons au sein du groupe Modem de ne pas avoir eu cette délibération plus tôt. 

Deuxième chose, dans quel cadre administratif ? Il y a un contexte politique à prendre avec intérêt et questionnement. La création d’une nouvelle fonction au sein de l’administration intervient à un moment où l’Exécutif organise ses périmètres, structure et rééquilibre ses structures internes. Une nouvelle instance qui reprend en partie le périmètre de la mission des droits de l’enfant. Est-ce que cela va vraiment clarifier les choses telles que c’est conçu ? 

Troisième chose, je reviendrai sur la procédure. Il est quand même questionnant que ce défenseur soit rattaché directement à la maire. Est-ce vraiment la bonne formule ? On peut imaginer que demain, y compris des élus, soient concernés par cette question, que ce soit dans le cercle privé ou dans le cercle professionnel. Donc, ce n’est pas à mon sens et à notre sens la garantie d’avoir une vraie indépendance. Moi, j’ai une suggestion à faire, celle de reprendre la procédure qui est notamment appliquée à l’Assemblée nationale depuis des années, comme par exemple pour les grandes agences, comme pour l’ADEME, faire en sorte qu’il puisse y avoir une audition par la commission concernée qui sera la commission de référence et un vote au 3/5e, ce qui oblige majorité et opposition à trouver un certain accord, mais surtout de donner une vraie légitimité à celui qui devra intervenir pour défendre les enfants de notre territoire. 

Et puis quatrième question, celle du combien. Il est nécessaire d’affecter des moyens. Trop souvent d’ailleurs dans le monde de la justice, on voit et c’est pas une question de gouvernement, j’ai quelques collègues qui sont avocats sur ces bancs, on sait très bien combien il est difficile notamment pour les droits de l’enfant d’avoir des moyens affectés suffisants dans l’ensemble des services. Donc combien affecterons-nous de moyens pour faire en sorte que tout ce système, la formation des délégués volontaires puisse obtenir les moyens pour leur formation et leur exercice et puis combien aussi sera rémunéré ce défenseur des enfants pour avoir aussi une idée du type de personne qui pourrait être attirée par cette nouvelle fonction bien évidemment dans le cadre d’une procédure transparente. 

C’est pourquoi nous voterons ce texte, parce que l’urgence le commande, mais j’espère que nous aurons au cours de ce débat quelques éclaircissements. Merci.

Maud Gatel à propos de l’intelligence artificielle pour la Ville de Paris

Je me réjouis tout particulièrement de ce débat pour deux raisons. Première raison, c’est qu’on a trop peu l’habitude de parler d’IA dans cette salle des séances alors que nous assistons à une véritable révolution et que Paris ne peut pas en rester éloignée. La seconde, c’est parce qu’elle permet, ce débat permet de saluer Pénélope Komites qui depuis trois mandats s’engage résolument pour défendre un certain nombre de sujets. Je veux citer le handicap, la biodiversité ou encore l’innovation. Déterminée toujours à avancer mais dans le respect des opinions des uns et des autres et pour cela, merci. 

Alors, c’est la première fois que notre conseil est saisi d’une communication sur la question de l’IA et cette délibération constitue un état détaillé du cadre actuel tant national qu’européen et des enjeux globaux auxquels nos collectivités territoriales sont confrontées. Mais ce que révèle en creux en réalité cette communication, c’est que elle est bien seule. C’est-à-dire que aujourd’hui l’utilisation de l’IA au niveau parisien reste au niveau théorique et global et c’est indispensable, mais que les adjoints ne se sont pas saisis pleinement de ce sujet. 

Bien sûr, par sa puissance, l’utilisation de l’IA doit faire l’objet d’un cadre en matière d’éthique et de transparence mais pas d’un pied sur le frein. Les possibilités offertes par l’IA sont infinies, toutes n’ont pas encore émergées et cette 5e révolution industrielle mérite davantage qu’une approche frileuse. Sur le plan de la sécurité par exemple, nous sommes évidemment défavorables à la reconnaissance faciale, c’est d’ailleurs dans la loi. Mais l’IA peut contribuer à œuvrer pour la sécurité de nombreuses autres manières. Et ce qui s’est passé pendant les JO en a été une formidable démonstration. Gérer les flux, anticiper les mouvements de foule. Sur la circulation également, ce sont les véhicules autonomes, c’est l’aide au stationnement. Ça permet de mieux gérer les flux et de fluidifier le trafic. 

C’est aussi la lutte contre le gaspillage alimentaire, la collecte des déchets adaptés aux besoins, la maintenance prédictive des réseaux, la réduction de l’empreinte environnementale des logements. Bref, l’IA permet de rendre plus efficace l’ensemble des politiques publiques et doit donc être pleinement exploitée. Et je veux insister sur un point concernant l’acculturation des agents à l’IA. C’est évidemment un sujet éminemment important qui peut provoquer un certain nombre d’inquiétudes. Il faut accompagner les agents et leur faire confiance. Nous en parlions hier, même si certains d’entre vous semblent dénier le droit de parler des agents. L’IA peut-être un outil pour redonner du sens aux missions du service public. Elles permettent d’interroger les différentes tâches et leur donner davantage de valeur. 

Prenons un exemple, le 39 75, il y a de nombreuses requêtes qui relèvent d’un premier niveau, un niveau 1, c’est-à-dire qui pourrait être pris en charge par un agent conversationnel : horaire d’ouverture, modalité de participation et même état d’avancement des dossiers, ce qui permettra aux agents de se concentrer sur les missions à plus forte valeur ajoutée. 

Les craintes sur l’emploi sont parfaitement légitimes. Oui, l’IA va permettre d’aller plus vite dans un cadre toujours contrôlé par l’homme et ce sont les missions qui vont évoluer avec l’IA. Et c’est donc le rôle de la direction des ressources humaines que d’accompagner les agents dans cette voie. Faisons leur confiance. Ils sauront par eux-mêmes réinventer leur mission au service des Parisiens. Il y a donc urgence. C’est aujourd’hui qu’il faut s’en saisir. Nous avons trop tardé. Cela nous permettra de faire de Paris la capitale européenne de l’IA, responsable que nous appelons de nos vœux. Je vous remercie.

Delphine Bürkli à propos du rôle des agents municipaux dans l’action de la Ville

Merci Monsieur le Maire, 

S’il est un pilier que nous partageons tous dans cet hémicycle, c’est l’ambition de défendre un service public solide capable de répondre aux besoins des Parisiens et c’est une évidence. Ce sont les agents qui par leur engagement donnent vie au service public et en garantissent toute la qualité. 

Ce sont 53 000 agents de la ville qui assurent chaque jour l’accueil dans les crèches, la sécurité dans les écoles, la propreté de l’espace public, l’entretien de nos équipements sportifs et culturels, la gestion de nos espaces verts, l’animation de nos quartiers. Sans eux, Paris ne fonctionnerait pas. Et pourtant, depuis plusieurs années maintenant, ces agents expriment un malaise. Un malaise qui n’est pas ponctuel, qui n’est pas lié uniquement au manque de moyens, mais qui procède d’une paire progressive de reconnaissance et de confiance de la part de la collectivité elle-même. La ville a cessé progressivement d’assumer pleinement son rôle d’employeur. Ce malaise s’observe d’abord dans le choix croissant de la ville de recourir à des prestataires privés pour des missions que l’administration municipale a longtemps assumées qu’il s’agisse d’ingénierie, de conduite de projet, de gestion de l’espace public ou même de l’accompagnement des carrières. La ville délègue et au-delà du coût financier dont nous aimerions bien avoir le montant, la ville affaiblit ses équipes et s’éloigne de ce qui fait la force et la fierté du service public parisien : ses agents. 

Ce glissement a eu une autre conséquence importante, l’affaiblissement du dialogue social. Cela se traduit par des décisions structurantes qui arrivent sans concertation suffisante ou qui sont perçues comme déjà décidées. Résultat, les agents ont le sentiment d’être mis à distance. Ce n’est pas une question idéologique, c’est une question de méthode. Un dialogue social, Mesdames et Messieurs, n’est pas une formalité, c’est un outil de travail. C’est ce qui permet l’adhésion, la confiance, l’élaboration collective, lorsque ce dialogue se fragilise, tout le système se tend. Et aujourd’hui, dans ce même temps, de nombreux services publics peinent à fonctionner normalement. Des piscines affichent porte closes et des bibliothèques réduisent leurs horaires. Nous en voyons les effets très clairement dans les écoles. Ce sont aujourd’hui des équipes entières, animateurs, ATSEM, personnel technique, agents d’entretien, intervenants, personnel de restauration qui doivent faire face à des organisations fragilisées. Les directrices et les directeurs d’école ont été mis en difficulté par des réorganisations rapides, là où une concertation approfondie aurait permis d’apporter des améliorations plutôt que des tensions. Les PVP dont la place dans le projet éducatif parisien est essentiel, voient leurs effectifs diminuer, ce qui appauvrit la richesse de l’offre scolaire. Les animateurs et les ATSEM indispensables à la vie quotidienne des enfants alertent depuis des mois sur les sous-effectifs, la complexité des horaires et l’épuisement des équipes. 

Cette situation se retrouve aussi dans les crèches. Dans certains arrondissements, la moitié des places restent vacantes, faute de personnel. Et nous connaissons les conditions parfois insuffisantes dans lesquelles les équipes doivent travailler. Des salles de repos sont encore situées en sous-sol, sans fenêtre, dans des conditions matérielles indignes comment parler d’attractivité ou de qualité de vie au travail dans ces conditions. Alors, ce n’est donc pas un hasard si l’immobilisation se répète. La grève, actuellement en cours dans les écoles à l’initiative des personnels de l’animation s’inscrit dans ce mouvement. Les revendications qu’il portent sont simples et mesurées, des recrutements suffisants, la fin de la précarité des vacataires, un accès renforcé aux formations, des moyens pour accompagner les enfants à besoins particuliers et une rémunération qui reconnaissent vraiment la valeur de leur métier, autrement dit les conditions indispensables pour assurer un service public de qualité. Et si cela se répète dans les crèches, les écoles, les piscines, les bibliothèques, les services techniques, c’est bien qu’il y a un problème global. La ville ne se tient plus assez ceux qui la font vivre. Cela crée du stress, de l’épuisement, une perte de sens et affecte directement la santé mentale des agents. 

Car au-delà de porter un service public à bout de souffle, ce sont nos agents qui doivent affronter en première ligne souvent le mécontentement des Parisiennes et des Parisiens. Et puis dans ce contexte déjà tendu, certaines décisions municipales ont été vécues ces derniers mois comme brutales. Il y en a une notamment qui a profondément marqué les esprits, l’annonce juste avant l’été de l’éventuelle suppression de la DAE sans concertation et moins d’un an avant les municipales. Une décision tombée dont on ne sait où, sans considération pour le devenir des agents ni pour les politiques publiques de cette direction pilote. D’ailleurs, certains membres de l’Exécutif se sont joints à une manifestation des agents et on leur a fait comprendre qu’il n’y avait pas leur place. 

Cet épisode a été vécu comme d’une très grande violence par les agents de la DAE, mais aussi par l’ensemble des agents municipaux qui ont vu une désinvolture et un mépris profond pour leur travail. J’évoquerai également le déménagement de la DRH pour transformer le site en logements sociaux sans plan clair pour accueillir l’administration qui a été vécue comme l’idée que la qualité de vie au travail des agents était secondaire. La ville fait de la création de logements sociaux une priorité, nous le savons, mais cela ne peut pas se substituer à une autre priorité qui est celle d’offrir à nos agents des conditions de travail stables et reconnues. 

Beaucoup d’agents ont ressenti cette décision comme une mise à distance symbolique. Éloigner la direction qui gère le personnel de l’hôtel de ville, de l’Exécutif et du secrétariat général, a été perçu comme un geste de mépris. À cela s’ajoute l’incompréhension suscitée par le choix de quitter des bureaux appartenant à la ville pour installer les agents dans des locaux loués. Alors que d’autres collectivités comme la région ont fait le choix de rationaliser leur implantation administrative, la ville de Paris continue à fonctionner sans planification d’ensemble, ni pour les services centraux, ni pour les services territoriaux. Et au lieu de profiter de ces nouveaux locaux pour regrouper des services aujourd’hui éparpillés, la décision a fragmenté encore davantage l’organisation administrative. 

À cela s’ajoute la question du logement qui est centrale pour l’attractivité d’une ville employeur. La moitié des agents, on le sait, vivent hors de Paris. 10 000 sont en attente d’un logement social. Et malgré un contingent qui devrait théoriquement leur être réservé, moins de 500 logements leur ont été attribués l’année dernière. Comment fidéliser des équipes ? Comment attirer de nouveaux professionnels, quand vivre à proximité du lieu de travail devient un luxe ? Alors, que faire ? 

Il me semble que la réponse tient en une orientation simple. Remettre les agents au centre de l’action municipale. Cela suppose de réinvestir dans l’expertise interne plutôt que d’externaliser. Cela suppose de revaloriser les carrières non pas seulement en offrant des perspectives hiérarchiques, mais en reconnaissant la valeur du travail sur le terrain. Cela suppose d’améliorer véritablement les conditions de travail dans les écoles, dans les crèches notamment. Cela suppose aussi une politique du logement plus volontariste parce que la proximité est un facteur de bien-être et de stabilité et surtout cela suppose que nous reprenions le temps de parler avec nos agents sereinement et collectivement. C’est pourquoi la prochaine mandature devra absolument organiser des assises RH de la ville de Paris réunissant les agents, les directions, les syndicats et les élus : non pas pour refaire un diagnostic que nous connaissons déjà, mais pour construire ensemble des décisions durables, Madame Polski. Il faudra alléger la bureaucratie, simplifier les procédures, redonner de la souplesse au service et surtout remettre des agents sur le terrain là où leur action est la plus reconnue et la plus valorisante. 

Alors Mesdames et Messieurs les élus, on ne défend pas le service public en multipliant les slogans, le défend en soutenant celles et ceux qui le portent. C’est reconnaître leur expertise, leur engagement, leur rôle indispensable auprès des Parisiens pour faire fonctionner notre municipalité. Et aujourd’hui, ils ont besoin de reconnaissance, de stabilité, de confiance. C’est notre responsabilité de les entendre et c’est ainsi que nous pourrons de nouveau donner aux agents les conditions d’exercer leur métier dignement et aux Parisiens, la qualité de service public qu’ils sont en droit d’attendre. 

Je vous remercie. 

Béatrice Lecouturier à propos du bilan des missions d’information et d’évaluation (MIE)

Mes chers collègues,

En préambule, je souhaiterais à nouveau saluer l’esprit de concorde qui a souvent régné dans ces MIE que nous avons pu suivre. Nous pouvons donc remercier la patience parfois voir souvent mise à l’épreuve des présidents et des rapporteurs pour mener des débats de manière sereine et aboutir à des propositions votées à l’unanimité des membres. En profiter aussi pour remercier bien évidemment l’administration qui a toujours fourni un travail remarquable. 

Mon intervention portera ce matin sur la MIE des Bois de Boulogne et de Vincennes. Première MIE traitant de ce sujet essentiel pourtant pour notre capitale. Merci donc à sa présidente Valérie Montandon et à son rapporteur Émile Meunier. Alors, ce sujet des bois n’ayant jamais été exploré, les sujets abordés allant de la biodiversité en passant par la sécurité, la propreté, les coupes rases, la circulation ou le patrimoine, et bien tous ces sujets ont donné corps à de nombreuses et riches propositions, 68 en tout. Si nous saluons quelques avancées significatives selon la délibération que vous nous présentez aujourd’hui sur les mobilités avec le développement des pistes cyclables ou une reconquête écologique, une avancée sur la propreté, ce bilan reste encore bien en deçà de la richesse des préconisations de cette MIE et notamment une absence totale sur tout le volet patrimonial que portait notre groupe MoDem et Indépendants. 

Vous connaissez notre combat à défendre le patrimoine à Paris et notamment tous les éléments de ce petit patrimoine qui abonde aussi dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Rappelons que ces deux bois ont une histoire puisqu’ils ont été créés sous Napoléon III et qu’ils recèlent de très nombreux éléments architecturaux pour rendre la promenade plus agréable. Les Parisiens sont tous témoins et regrettent de voir la dégradation rapide patrimoniale de nos bois. Aucune réalisation ou réflexion n’a été menée sur le sujet, aggravant encore l’état préoccupant des bancs, des abris, ou de tous ces petits bâtiments du 19e siècle qui sont en danger par manque d’entretien. 

Alors, nous réitérons encore notre demande à faire un véritable travail d’inventaire et de protection des éléments patrimoniaux des deux bois. Qu’en est-il également de la clause pollueur-payeur pour l’événementiel ? De la lutte anti dépôt sauvage par piège photo ? Rien non plus sur l’intégration des deux bois au plan de mobilité avec un calendrier d’accessibilité PMR ou les cheminements de déploiement d’abribus de banc et de sanitaires. Rien sur la continuité écologique anti fragmentation. La gouvernance reste au registre des bonnes intentions bilatérales sans généralisation des conventions, ni refontes de l’achat 2003 que vous réclamez. Donc un sentiment très mitigé sur ce bilan des MIE, de la MIE des Bois de Boulogne et de Vincennes. Un sentiment plus de saupoudrage de mesure qu’une réelle volonté à s’attaquer à des sujets structurants qui demandent évidemment plus de volonté politique et de moyens pour être efficace. 

Nous le regrettons sincèrement car c’est tout le travail des élus de la MIE, des dizaines de personnes auditionnées et de l’administration qui n’est pas suffisamment reconnu. C’est donc le sens du vœu que nous présentons avec les élus du groupe MoDem et Indépendants pour que chaque MIE ait un bilan détaillé et qui soit transmis au Conseil indiquant l’état d’avancement de chaque recommandation, le service responsable, le calendrier et les résultats obtenus et surtout que ces informations soient régulièrement mises à jour et rendues publics dans un vrai esprit de transparence. Car si les présentations en commission méritent d’être saluées, elles ne sont pas assez régulières pour permettre un véritable suivi dans le temps et leur méthodologie pose question car ces préconisations sont regroupées par grand thème, les réponses se limitant à l’avancement global des politiques municipales sans examen précis de chaque recommandation. 

Néanmoins, un travail a été fait, il faut le reconnaître. Il demandera certainement d’autres MIE sur les sujets précis qui en ont émergé. Il faudra aussi peut-être et certainement une autre majorité pour les mettre en œuvre. Je vous remercie. 

Maud Gatel à propos de l’information électorale des citoyens dans le cadre de la réforme PLM

Enfin ! 

Enfin, en mars prochain, les Parisiennes et les Parisiens seront des électeurs comme les autres, comme les Toulousains ou comme les Lillois. Ils pourront voter directement pour leur équipe municipale à l’hôtel de ville. 

Alors, malgré les opposants de tous bords souhaitant s’opposer à cette avancée démocratique majeure, les Parisiens pourront voter deux fois pour leur équipe d’arrondissement et pour l’Exécutif parisien. Une réforme attendue et profondément démocratique. 

Et comme tout changement, il est nécessaire de sensibiliser les Parisiens au fait qu’ils devront voter différemment cette fois-ci et peut-être même changer de bureau de vote. Dès lors, nous souhaitons que la ville remplisse ses devoirs d’une information factuelle et neutre et informe par tout moyen les Parisiennes et les Parisiens. 

Et j’insiste de manière factuelle et neutre et pas comme nous avons eu l’occasion de voir il y a encore quelques mois de la part de Madame la Maire du 10e arrondissement qui a financé sur argent public, une communication fallacieuse contre un texte de loi. 

Soucieux du respect des règles démocratiques et de la participation citoyenne, je ne doute pas, Monsieur le Maire, que vous donnerez un avis favorable à ce vœu de bon sens. Je vous remercie.

Alexis Govciyan à propos du bleu budgétaire Politique de la Ville 2024

Mes chers collègues, Nous examinons aujourd’hui le bleu budgétaire consacré à la politique de la ville affichant près de 476 millions d’euros en 2024 pour nos quartiers populaires. 

Cet engagement financier est évidemment nécessaire dans une ville où les fractures sociales et territoriales demeurent profondes. Pour autant, l’essentiel réside dans l’efficacité réelle de chaque euro dépensé, dans la capacité de la ville à répondre aux besoins concrets des habitants de chaque quartier. Or, force de constater que le fléchage budgétaire actuel ne permet pas de distinguer les priorités selon les besoins spécifiques de chaque quartier. 

Nous sommes face à un budget empilé sur des logiques administratives, direction par direction, sans pilotage fin, sans priorisation des territoires et sans croisement des données de santé publique d’accès à l’emploi de précarité ou de facture numérique. Concrètement, un quartier où l’isolement des seniors et des majeurs n’aura pas de réponse adaptée. Un autre le taux de chômage des jeunes explose n’aura pas de réponse spécifique ou encore des dispositifs comme ceux de l’apprentissage et de la formation ne seront pas pris en compte. Cela n’est plus acceptable. 

Cette approche budgétaire généraliste qui répartit des crédits par tuyau administratif de manière technocratique sans tenir compte des urgences et des besoins locaux montre aujourd’hui ses limites. Elle empêche de répondre efficacement à la diversité des situations que connaissent nos 21 quartiers prioritaires répartis dans neuf arrondissements. La politique de la ville ne peut pas être une simple ligne budgétaire. Elle doit être une politique publique transversale et renforcée. Elle ne peut pas se contenter d’un fléchage administratif. Elle doit s’appuyer sur une lecture fine des besoins locaux, des attentes des habitants et des priorités qui doivent être hiérarchisées. 

Nous en avons assez des grands plans qui s’empilent sans cohérence et qui font office d’affichage budgétaire sans que les urgences concrètes continuent à persister dans nos quartiers populaires. Dans le même temps, nous le rappelons, cette politique se déploie dans un cadre budgétaire plombé par une dette municipale dépassant de 9 milliards d’euros. Or, à force de tout financer sans hiérarchisation, la Ville de Paris met en péril sa capacité à maintenir des actions durables dans les quartiers populaires. 

Nous proposons donc que la ville engage un véritable audit de besoins par quartier partagé avec les habitants, les associations de terrain et les acteurs locaux pour hiérarchiser quartier par quartier les priorités d’action. Nous parlons d’un véritable audit de besoins et non de ce que vous appelez les consultations dans les arrondissements concernés tel que précisé dans le bleu budgétaire que vous nous présentez et qui s’appuie apparemment sur une moyenne de 166 questionnaires par arrondissement.  

Cela ne nous paraît pas adapté ni suffisant pour prétendre connaître ce qui relève du terrain et du travail de proximité. C’est la raison de notre demande insistante de nos dites de besoins. Si nous voulons que la politique de la ville soit utile, qu’elle permette réellement de réduire les inégalités et d’améliorer la vie des habitants, nous devons changer de méthode. Passer d’une approche administrative, technocratique à une approche de terrain, une approche qualitative, ciblée, lisible et partagée. Le temps des effets d’annonce doit se terminer, seule l’action utile doit enfin commencer. En tout cas, nous sommes prêts à travailler dans ce cadre. Je vous remercie.

Alexis Govciyan à propos des nouveaux pouvoirs aux Parisiens par l’Assemblée citoyenne

Merci, Chers collègues,

Notre groupe, MoDem et Indépendants, tient à saluer les travaux de l’Assemblée citoyenne de Paris. Merci à l’ensemble de ses membres pour leur implication, la rigueur de leur méthode et pour la qualité des propositions formulées.

Cette réflexion sur le renouveau démocratique est précieuse, elle est bienvenue et notre débat intervient à un moment crucial pour la démocratie locale.

Nous traversons en effet une crise de confiance profonde entre les citoyens et la Ville, alimentée notamment par la multiplication des dispositifs participatifs, qui manquent de lisibilité, de transparence ou d’efficacité.

Plus nous créons de mécanismes censés rapprocher les citoyens des décisions, plus ils ont le sentiment que leur parole ne porte pas.

Ce décalage, entre l’intention affichée et la réalité perçue, alimente les frustrations et les colères.

Alors, la démocratie participative ne saurait servir de façade pour légitimer des décisions déjà prises. Elle ne peut pas être instrumentalisée comme un outil de communication politique. Car lorsque la participation est factice, les citoyens s’en détournent.

Nous le disons clairement : oui à la démocratie participative, à condition qu’elle soit exigeante, sincère, et dotée de réels leviers d’influence.

C’est pourquoi, nous souscrivons à une majorité des propositions qui nous sont présentées aujourd’hui. Permettez-moi de revenir sur quelques-unes d’entre elles.

D’abord, sur la mise en place d’un véritable droit de suite. Cela fait des années que nous demandons des retours concrets sur les vœux que nous adoptons ici-même. Force est de constater que l’Exécutif ne s’y résout pas. 

Alors si les travaux de l’Assemblée citoyenne permettent de faire émerger un mécanisme clair de suivi et d’évaluation des décisions votées, alors oui, ce sera un progrès démocratique concret et nécessaire.

Nous voulons également réaffirmer notre soutien à la création d’un passeport de l’engagement, une de vos propositions que notre collègue Béatrice Lecouturier avait saluée à l’occasion du rapport du Conseil parisien de la jeunesse.

De la même manière, nous saluons l’idée d’une Semaine de la participation et de l’engagement. Cette initiative offrira une visibilité nouvelle à l’ensemble des dispositifs participatifs existants, souvent méconnus ou mal perçus.

Elle pourra également devenir un temps fort de restitution, de pédagogie, de dialogue et d’évaluation.

Un point de satisfaction également concernant vos réflexions et vos propositions sur l’organisation des votations citoyennes. Chers membres de l’Assemblée citoyenne, vous le soulignez justement : il est urgent d’élargir ce mécanisme, de mieux l’encadrer, et surtout d’en améliorer la communication.

Car par exemple, personne ne peut ignorer les caractéristiques des deux dernières votations organisées à Paris : manque d’information, calendrier peu lisible, formulation des questions contestées, car mal orientées, modalités critiquées, et des réserves formulées jusqu’au sein de la commission de déontologie.

Une remarque aussi sur la mesure 20 où il est proposé aux mairies d’arrondissements de concevoir un dispositif de propositions de questions locales par les citoyens, en laissant l’exécutif maître du choix final. Ne serait-ce pas une forme de mépris démocratique à l’égard des maires d’arrondissements et surtout une absence de confiance dans la démocratie de proximité. La question vous est posée. 

Les Parisiens méritent mieux. Ils méritent des dispositifs compréhensibles, bien préparés, bien encadrés. C’est une de vos demandes que nous soutenons.

Pour finir, un point d’attention sur la création, dans chaque arrondissement, d’assemblées citoyennes locales. Bien évidemment, nous sommes pour le renforcement de la démocratie de proximité. Mais sa mise en œuvre devra être rigoureuse.

Car ces nouvelles instances devront disposer de moyens réels pour fonctionner, et surtout d’un rôle clair pour éviter tout chevauchement avec les conseils de quartier et autres dispositifs déjà existants. La complémentarité devra être pensée dès le départ, sous peine de créer de la confusion là où l’on souhaite apporter de la clarté.

Les Parisiennes et les Parisiens ne veulent pas être consultés pour la forme. Ils veulent être des acteurs pleinement associés à la vie citoyenne. Ils veulent comprendre, débattre, co-construire, décider. Et ils ont raison.  

Nous saluons d’ailleurs votre souhait de généraliser les pré-conseils d’arrondissements comme nous le faisons déjà depuis notre élection dans le 9eme arrondissement avec Delphine BÜRKLI.

Alors à nous d’ouvrir sur le plan parisien, une nouvelle étape, plus transparente, plus sincère, plus partagée. Avec vous. Nous serons au rendez-vous ! 

Je vous remercie.

Maud Gatel à propos de la réforme du mode de scrutin PLM

En décembre 82, tordant les règles les plus basiques de représentativité simplement pour s’assurer sa réélection, Gaston Defferre a mis en place la loi PLM. (Paris-Lyon-Marseille). 

40 ans plus tard, nous en subissons parfaitement les conséquences même si, elle est absolument légitime et personne n’a dit le contraire. 

Aujourd’hui nous avons un système illisible où les Parisiens votent pour une équipe d’arrondissement dénuée de prérogatives mais pas pour un exécutif municipal qui concentre tous les pouvoirs. 

Un système où on peut perdre sèchement dans son arrondissement et être élu pour autant Maire de Paris voire pire, même si ça n’est jamais arrivé, j’avais déjà eu l’occasion de le dire l’emporter en obtenant moins de voix que son adversaire. 

Un système qui divise durablement la ville selon l’arrondissement dans lequel on réside et dont les traductions se voient dans la manière de mener des politiques publiques. Et plus grave, un système où une part importante des Parisiens n’est pas représentée. 

Depuis 2020, 5 000 Parisiens du 10e arrondissement n’ont pas voix au chapitre, tout comme 4 000 habitants du 16e arrondissement puisqu’ils n’ont pas de représentants au Conseil de Paris. 

Un scandale démocratique qui fait dire aux Parisiens que leurs voix ne comptent pas et ce n’est en rien une invention. Les Parisiens nous le disent tous les jours, tous les démocrates sincères devraient se lever contre cette incongruité qui engendre défiance et fatigue démocratique. Et je vous ai bien écouté Madame la Maire ce matin : à aucun moment vous n’avez remis en question les effets pervers de la loi actuelle. À aucun moment, aucune critique sur un système que vous paraît aujourd’hui de toutes les vertus quitte à tordre la réalité. 

Pour vous tout va bien et tous les promoteurs d’une évolution sont des populistes hors-sol. Le système actuel crée de la défiance, les Parisiens interrogés sont 91 % à appeler à le revoir. 

Il y a un principe, que chaque voix compte à Paris comme ailleurs et il y a les modalités. J’entends des interrogations parfaitement légitimes à la droite de cet hémicycle, sur la gouvernance, la représentativité des élus au Conseil de Paris et sur l’indispensable proximité dans la mise en œuvre des politiques publiques, pour veiller à ne pas affaiblir davantage les arrondissements. Ces interrogations portent sur des modalités d’une évolution du mode de scrutin, pas sur le principe de la nécessaire réforme afin de faire en sorte que les Parisiens ne soient pas des sous-électeurs et c’est le rôle du travail parlementaire. Ce à quoi s’est attelé Jean-Paul Matteï. Après on peut avoir des divergences et les parlementaires trancheront. 

Il peut y avoir des améliorations de proposées. Si on ne fait pas ça ce sont des postures ce que vous avez encore démontré Madame la Maire ce matin. Il y a une différence notable entre ceux qui veulent que les Parisiens bénéficient d’un système lisible et démocratique et ceux qui feignent de ne voir aucun problème dans le système actuel et pour le protéger utilisent des arguments soit totalement à côté de la plaque soit totalement fallacieux comme la taille des bulletins de vote ou encore l’affirmation que le texte supprimerait l’échelon d’arrondissement ce qui est totalement faux. 

Ce soutien d’ailleurs, ô combien tardif aux arrondissements, on aurait tellement aimé Madame la Maire que vous mettiez la même énergie à les défendre au moment de la réforme du statut de Paris en 2017. 

Dans ces conditions qui sont ceux qui instrumentalisent le mode de scrutin à des fins partisanes, au regard des scores des quatre précédentes élections, le résultat final aurait été le même car oui, dans un mode de scrutin normal : moins de voix pas de victoire. Pas comme aujourd’hui. Mais les Parisiens auraient fait entendre leur voix et pour nous c’est essentiel. 

Alors Madame la Maire, de quoi avez-vous peur ? 

Une chose est certaine, l’évolution indispensable du mode de scrutin n’est qu’une étape, devront venir celles des compétences et de la gouvernance aujourd’hui obsolètes. 

Confier de véritables pouvoirs aux arrondissements et retravailler l’ensemble de l’architecture illisible et inefficiente des arrondissements à la métropole en passant par les départements pour que ce soit enfin à la hauteur d’une capitale comme Paris. 

Car oui, Paris mérite mieux. Mieux que ces petits arrangements sur le dos des Parisiens, mieux qu’une démocratie incomplète, mieux que ce statu quo qui n’est que la marque d’un manque d’ambition pour les Parisiens.

Maud Gatel à propos des votations citoyennes

Merci beaucoup Monsieur le Maire.

Nous croyons à la démocratie participative. Dans un climat de défiance, elle peut utilement contribuer à rapprocher les citoyens des décisions mais à condition qu’elle ne soit pas instrumentalisée. 

L’an passé, c’était une question qui occultait la réelle question en raison d’une formulation dont même la commission de la déontologie s’est émue. Cette année, c’est une proposition : plus ou moins de rues jardins, sur laquelle le Conseil de Paris s’est déjà prononcé à l’unanimité. 

Alors, un peu de politique fiction. Et si, le 23 février, les votants disaient non, que fait-on ? Alors l’hypothèse est peu probable, vous en conviendrez mais justement, la démocratie participative, c’est un outil extrêmement intéressant mais à condition de ne pas l’utiliser n’importe comment, d’autant plus qu’elle a un coût élevé mais la démocratie a aussi un prix. 

Alors les thèmes ne manquent pas, sur lesquels consulter les Parisiens. Donc évitons les sujets plébiscitaires, c’est l’objet de notre vœu, soyons un peu sérieux avec la démocratie participative. 

Je vous remercie.

Delphine Bürkli à propos de l’acte 2 de la territorialisation des politiques municipales

Merci Madame la Maire et merci surtout pour cette déclaration d’amour pour les maires d’arrondissement que nous sommes, je suis sûre qu’à droite comme à gauche, les Maires sont touchés par vos mots. Mais nous sommes à la veille ou à l’avant veille de la saint Valentin peut-être que ceci explique cela. 

Revenons à cette communication, vous l’avez baptisée territorialisation des politiques municipales pour une ville du quart d’heure, et derrière ce mot au fond très technocratique, vous nous recyclez en fait, un concept dont on parle depuis plus de 40 ans, qui s’appelle la décentralisation.

Tout cela part d’une bonne intention. C’est un bel outil de communication, qui s’inscrit dans un contexte particulier puisqu’on évoque prochainement, vous l’avez longuement évoqué ce matin, une réforme de la Loi PLM et une refonte de l’organisation politique de notre ville et puis je laisserai ma collègue Maud Gatel répondre sur le vœu de l’exécutif dans quelques instants.

Alors bien sûr, je partage votre volonté de réformer selon vos mots, en profondeur l’administration parisienne pour la transformer en un véritable outil efficace au service des parisiens. Et si je vous lis entre les lignes, après avoir fait grossir les effectifs de l’administration et créer des dépenses supplémentaires, vous souhaitez aujourd’hui, alors que nous arrivons à la fin de votre mandat, débureaucratiser. C’est d’une certaine manière un aveu d’échec sur la politique menée depuis dix ans.

Encore une fois, ce document est semé de bonnes intentions mais dans notre quotidien de maire d’arrondissement, nous n’avons bien évidemment pas attendu cette nouvelle feuille de route décentralisatrice pour tenter de répondre, en lien permanent avec les services déconcentrés de la Ville, le plus efficacement possible aux attentes et aux besoins de nos administrés.

Vous annoncez des déblocages financiers pour la propreté, pour l’entretien des pieds d’arbres, très bien et merci, mais prenons un exemple concret :

Vous parlez dans cette communication qu’un « véritable choc d’investissement » pour les arrondissements. Je vous rappelle quand même que les dotations d’investissement des arrondissements dits IIL, comme nous vous le disons chaque année malheureusement au moment du vote du budget, ces dotations n’ont absolument pas évolué d’un centime depuis Bertrand Delanoé, depuis 2010 précisément !

Depuis l’inflation est passée par là, les prix des matériaux, des services ont flambé et le nombre d’équipements et d’espaces verts dont la mairie d’arrondissement doit assurer l’entretien a considérablement augmenté !

Comment ne pas voir dans cette communication, une volonté sans moyens, qui fabrique de l’impuissance publique et du désarroi à la fois pour les élus locaux mais aussi des services de la ville et indirectement des habitants de nos arrondissements? On ne peut plus faire l’économie d’une réforme plus profonde sur les critères de choix budgétaires, par arrondissement et tenant compte d’un plus grand nombre de paramètres (l’attractivité touristique, le nombre d’emplois, l’occupation du domaine public, et j’en passe). 

Autre annonce dans ce texte qui m’a évidemment interpellée : la création de trois nouveaux fonds d’animation locale, un spécial solidarité, un pour la culture et un consacré au sport. Ces trois fonds prennent exemple sur le fonds d’animation locale mis en place il y a environ trois ans… Il est de 300.000 euros pour tous les arrondissements – soit 10.000 euros pour le seul 9e, ce qui veut dire 0,16 euros par habitant… un montant bien dérisoire comparé aux sommes bien plus importantes accordées en Conseil de Paris sous forme de subvention à diverses associations… donc on est très, très, très loin là encore de pouvoir parler de décentralisation quand il s’agit d’octroyer 16 centimes d’euros par habitant ! Avant, cela s’appelait les fonds du maire, maintenant cela s’appelle le fonds d’animation locale, en langage marketing on appelle ça le naming.

Et puis un mot sur les finesses et les subtilités qui se cachent derrière cette communication pour évoquer la démocratie locale. A Paris vraiment on peut parler de tout, sauf des sujets qui fâchent. Ce n’est pas de la démocratie locale où les habitants pourraient s’emparer des sujets qui leur tiennent à cœur en toute liberté. Illustration de mon propos : dans quelques semaines vous allez poser une question aux Parisiens, une question fermée : êtes-vous pour ou contre les rues végétalisées ? C’est prendre finalement les citoyens pour des gogos, et d’ailleurs la faiblesse de la participation ces deux dernières années prouvent à quel point les parisiens se détournent de ce type d’initiatives.

Alors pourquoi refuser de mettre en place chaque année un recueil auprès des Parisiennes et Parisiens d’idées de sujets à soumettre à votation, à la fois au niveau local et puis au niveau parisien ?

Lors de la concertation avec vos adjoints et le secrétariat sur ce texte, j’ai fait un certain nombre de propositions qui n’ont malheureusement pas été retenues. Alors je les réitère ici :

Pour un meilleur entretien de la voirie, la demande, forte, de réformer le règlement de voirie de 2015 : c’est du bon sens pour une gestion territorialisée sans changer les compétences, pour ne plus laisser, surtout aux concessionnaires, la maîtrise de notre espace public. 

Sur la propreté, des besoins en ressources, tant humains que financiers, alloués à nos arrondissements dans le cadre de l’enveloppe souplesse pour tenir compte des spécificités territoriales (nombre de visiteurs à la journée versus nombre d’habitants) .

Et puis pousser la logique de la territorialisation jusqu’au bout et créer par arrondissement des services déconcentrés. Nous n’en pouvons plus d’avoir une circonscription des affaires scolaires à cheval sur les 8e, 9e et 10e dont les locaux se trouvent en dehors du territoire comme la police municipale. Les policiers du 9ème sont rue Bernard Buffet Porte de Clichy cher Geoffroy, et bientôt la CASPE chez François Dagnaud dans le 19e.

Cette soi-disant rationalisation des moyens qui a été renforcée en 2014 sous l’impulsion de l’administration, en regroupant les directions propreté, voirie, espaces verts sur plusieurs arrondissements a été – il faut le bien reconnaître- une erreur évidente. D’ailleurs vous-mêmes, il y a quelques semaines, vous dénonciez à juste titre les services de la Ville qui n’arrivaient pas à se coordonner pour mieux mener les projets avec efficacité et réactivité.

Alors aujourd’hui il faut avoir le courage de défaire cette organisation pour créer à moyens humains constants, des directions par arrondissement. Ce serait aussi l’occasion d’enfin décentraliser la gestion des collèges qui, contrairement aux crèches et aux écoles échappent aux maires d’arrondissement, héritage d’une époque lorsque la Ville de Paris était ville et département ce qui n’est plus le cas depuis 2017 !

Parmi les autres demandes : celle d’émettre des avis conformes sur les Permis de construire et non plus consultatifs, cela vaut aussi pour les occupations du domaine public, les DIA et les changements d’usage.

Et puis une demande récurrente, celle que les mairies d’arrondissement puissent organiser le fameux SMA, le service minimum d’accueil, dans les écoles en cas de grève des enseignants et du périscolaire afin que nous puissions enfin tout simplement appliquer la loi, et je ne peux pas ici m’empêcher de rappeler que nous sommes plusieurs maires à demander aussi à pouvoir choisir dans nos arrondissements notre propre organisation du temps scolaire et périscolaire en revenant à la semaine de quatre jours pour les enseignants et à un mercredi complet dédié aux activités périscolaires.

Alors maintenant l’heure est à la réforme pour faire rentrer Paris sans le 21e siècle.

La réforme du statut de Paris votée en 2017 fut une occasion manquée alors que l’alignement des planètes politiques entre le gouvernement d’alors, Monsieur Hollande, et la mairie de Paris vous était favorable pour faire réellement bouger les lignes. Sept ans après, nous nous retrouvons maintenant au pied du mur et ce ne sont pas avec ces 10 pages de communication que nous ferons une réforme en profondeur des institutions parisiennes. Il faudra passer par la loi, passer par un débat parlementaire pour remettre à plat une bonne fois pour toute le statut de Paris, établir les responsabilités des uns et des autres, pour assurer vraiment un service public de qualité et de proximité aux Parisiennes et aux Parisiens.

Je vous remercie. 

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