Mes chers collègues,
Merci de me donner la parole. Mon projet de vœu porte sur le budget participatif et la possibilité d’ouvrir aux Parisiens, qui participent à cette procédure qui dépasse les 70 millions d’euros, d’après le projet de budget qui nous est soumis, de proposer non seulement des idées de dépenses mais aussi des idées d’économies.
Je formule cette proposition pour trois raisons. Si nous regardons le problème, sans utiliser de “lunettes partisanes” (droite ou gauche), car cela serait le meilleur moyen de rater la moitié du sujet.
Premier motif, un principe, me semble-t-il, d’égalité. Deuxième motif, un motif de réalité et troisième motif, pour finir, un motif de responsabilité des élus.
Le motif d’égalité est évident. Dans cette enceinte, les élus peuvent discuter de charges et de recettes, de dépenses et d’économie. Si nous souhaitons faire participer nos concitoyens via un processus participatif. J’insiste sur le mot. Il est évident qu’il ne doit pas s’agir d’un exercice contraint où une seule des deux branches de l’option leur est permise, c’est-à-dire, la dépense, mais leur serait interdit d’envisager des propositions d’économies. Sachant bien évidemment, tout le monde le sait que certaines économies permettent parfois, quand il s’agit de mettre fin à des gâchis, d’augmenter des dépenses légitimes, justes.
Par conséquent, si vous regardez le problème dans son ensemble, il est possible d’avoir une dépense vertueuse à condition de mettre fin aux dépenses qui ne le sont pas. Et ce serait un respect du principe égalitaire que de donner aux concitoyens qui participent à la discussion participative, la même liberté que nous avons, vous et moi quand nous discutons des éléments du budget, dépenses, charges, recettes économiques.
Deuxième élément, me semble-t-il, qui devrait nous inciter à regarder ça avec pragmatisme. Le principe de réalité, nous ne pouvons pas ouvrir une discussion budgétaire. En se lamentant de la baisse des recettes, en en appelant à la Cour des Comptes et ensuite refuser d’ouvrir sans passion avec un simple pragmatisme, la question des économies.
Je ne place la question des économies en France, soyez en certains, ni à droite ni à gauche. Tout observateur honnête des 40 dernières années de gestion des financements publics, verra que c’est un opium qui traverse tous les clivages. Il y a eu des gens vertueux à gauche. Jacques Delors a utilisé les deniers publics avec sérieux, avec modération. En Allemagne, Helmut Schmidt, j’ai en mémoire le théorème de Schmidt, a montré que les progressistes et la gauche moderne en Europe avaient parfois une gestion des fonds publics plus vertueuse que la droite. Inversement, la droite a su montrer à plusieurs reprises, je pense évidemment à Giscard d’Estaing et à Barre, qu’on pouvait être moderne, moderniser un pays, sans dilapider de façon aveugle les fonds.
Tout ça pour dire, cela n’est une question, ni de droite, ni de gauche. C’est une question de réalisme. Quand on est en période de décrue, n’est-il pas le moment venu d’ouvrir la vraie question qui compte, celle de la réforme ? Tourner le dos au conservatisme, tourner le dos aux vieilles lunes, aux vieilles habitudes. Décider de combattre le gâchis quand il est injuste, décider de maintenir la dépense quand elle protège les plus faibles. Enfin, dernier point, il me semble que c’est un principe de responsabilité des élus. Responsabilité des élus vis-à-vis de nos enfants, vis-à-vis de nos citoyens, vis-à-vis de ceux qui nous liront dans les procès-verbaux dans 20, dans 30, dans 40 ans.
Avions-nous eu le courage d’aborder un débat pénible. Giscard disait: “En France, on ne fait pas des campagnes sur des promesses d’économies, on gagne des campagnes sur des promesses de dépenses”. Il était mélancolique et amusé quand il disait ça et c’est vrai qu’on ne gagne pas des voix en regardant les économies, en essayant de les traiter. Mais, il y a un grand intellectuel de gauche, pour qui on a tous une immense admiration, qui a publié un livre majeur, dont le titre, à mon avis, doit guider notre réflexion sur ce sujet. Ça s’appelle : “Le courage de la vérité”. Sur les finances publiques, il faut être courageux, il faut dire la vérité. Les recettes baissent, les dépenses augmentent. Ouvrez le débat calmement avec les Parisiens des recherches d’économies. Notre groupe, nos cinq élus centristes, vous ont proposé à la première séance du Conseil de Paris, une mesure d’économie toute simple. Mettre fin aux jetons de présence, versés aux élus du Conseil de Paris, dans les conseils d’administration des sociétés d’économie mixte. Ce n’était une question ni de droite ni de gauche. Je forme le vœu, qu’elle est en train de suivre son chemin puisque j’ai entendu, que plusieurs élus de la majorité municipale s’intéressaient à cette piste qui avait été évoquée par ma collègue, Maud GATEL.
Eh bien, je vous propose dans le même esprit. Au-delà des schémas partisans, d’ouvrir les discussions du budget participatif à la vox populi. Si les parisiens nous font des propositions intéressantes d’économies mais pourquoi ne pas les écouter ? Pourquoi ne pas y réfléchir calmement ? Comme chaque année, j’ai été adjoint au budget dans le 5e arrondissement quand ils proposaient des dépenses intéressantes, on les soutenait.
Voilà ce que je voulais vous dire, mes chers collègues.
Merci.