Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Dominique BERNARD, 57 ans, assassiné le 13 octobre 2023 dans son lycée à Arras par un jeune terroriste islamiste parce qu’il était professeur.
Assassiné parce qu’il était professeur de lettres, parce qu’il éveillait les consciences de ses élèves par la connaissance, parce qu’il exerçait leur esprit critique pour éclairer leur jugement sur le monde, parce qu’il leur enseignait la richesse de notre langue et de notre culture pour leur ouvrir la voie de la liberté.
Assassiné, comme Samuel Paty l’avait sauvagement été 3 ans auparavant par autre terroriste islamiste, et pour les mêmes raisons.
Nos professeurs sont devenus des cibles. Des cibles pour tous ceux qui vouent une haine à notre démocratie, à notre République, à notre modèle basé sur le respect de la laïcité, à la richesse de la diversité, à notre culture française et universelle.
Dominique Bernard, un homme discret qui passait sa vie le nez dans les livres, un homme discret qui exerçait son métier avec un grand professionnalisme, reconnu et apprécié de ses élèves et de ses collègues. Un homme qui avait choisi de consacrer sa vie à transmettre à ses élèves son amour de la littérature, les humanités.
Et les paroles de Charles Péguy résonnent avec force en pensant à lui. Charles Péguy disait, « L’instituteur est le seul et l’inestimable représentant des poètes et des artistes, des philosophes et des savants, des hommes qui ont fait et qui maintiennent l’humanité. »
Dominique BERNARD était le représentant de l’humanité. Il avait choisi la vie et c’est la haine mortifère qui s’est abattue violemment sur lui.
Alors oui nous pouvons pleurer. Oui nous pouvons nous révolter, mais oui nous devons surtout agir. Agir pour honorer la mémoire de Dominique Bernard comme celle de Samuel Paty.
Nos professeurs doivent se sentir soutenus et protégés par leur hiérarchie, par la police, par la justice, par les réseaux sociaux. Il faut que chacun d’entre eux retrouve le courage de résister contre la peur, la peur d’aborder certains sujets en classe comme la Shoah, le conflit israelo-palestinien, l’histoire des religions ou même un tableau de Poussin montrant artistiquement la nudité des femmes.
Il est temps que notre République laïque reprenne ses droits à l’école, sans trembler, sans compromis, avec respect des règles qui sont bien souvent piétinées.
Il est temps de rendre hommage à nos enseignants souvent méprisés. Il est temps que l’autorité revienne dans nos écoles sans ambiguïté. Il est temps enfin de reconnaître tous nos renoncements, nos lâchetés, nos silences qui montrent aujourd’hui toutes nos faiblesses.
Alors, pour Dominique Bernard, pour Samuel Paty, soyons intransigeants pour notre école. Intransigeants contre tous ceux qui ciblent les professeurs comme des femmes et des hommes à abattre.
Notre République ne se négocie pas. Elle se respecte.
Je vous remercie.