Merci Madame la Maire,
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
La suppression de postes d’enseignants et la remise en cause du régime de décharge des directeurs d’écoles sont des questions lourdes, qui touchent directement les élèves, les familles et l’ensemble de la communauté éducative.
Nous sommes pleinement engagés sur le sujet et je tiens à excuser Delphine Bürkli qui se trouve actuellement à leurs côtés dans le cadre de la mobilisation qui a lieu au Rectorat.
Oui, les chiffres sont impressionnants. Mais ils ne sont malheureusement que le reflet de votre politique depuis 10 ans. Depuis 2014, c’est une baisse de 136 000 Parisiens à laquelle nous avons assisté. Tous niveaux confondus, les écoles et les établissements publics parisiens ont perdu 39 000 élèves depuis la rentrée 2014, soit une baisse de 15 % des effectifs.
Et inéluctablement, cette baisse a des conséquences concrètes sur nos écoles.
Pour un débat sincère, il est indispensable de ramener le nombre d’élèves au nombre de classes à Paris. C’est bien le taux d’encadrement, les conditions d’accueil et la politique d’inclusion qui importent.
Cette baisse démographique s’est accélérée depuis 2021. Il est donc normal que Paris prenne sa part dans la fermeture de classe alors qu’elle a toujours bénéficié d’un taux d’encadrement plus favorable que la moyenne nationale.
En 2024, Paris était l’académie de l’Hexagone (hors Corse) où le ratio professeurs/élèves était le plus élevé, loin devant les académies de Créteil et de Versailles avec 600 ETP (équivalent temps plein) pour le 1e degré que la moyenne française. Et malgré la baisse du nombre de classes liée à une prévision de moins 3 200 élèves à la rentrée 2025, le bon taux d’encadrement se poursuivra à Paris avec un ratio professeurs/élèves qui augmentera en 2025.
C’est une question d’équité entre les territoires. Et je m’étonne que cela ne soit pas davantage souligné par l’Exécutif. Bien sûr, nous demandons que la réduction du nombre de postes ne se fasse pas au détriment des dispositifs essentiels pour les élèves à besoins spécifiques et que les filières d’excellence soient poursuivies. C’est la raison pour laquelle nous nous réjouissons de l’annonce en matière d’amélioration de l’inclusion, à travers la création de deux ULIS en lycée, d’une unité de RSA (refus scolaire anxieux) et la création d’une UP2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants).
Et il faut impérativement penser à la suite. Il faut préparer notre école à une chute du nombre d’élèves qui se poursuit plutôt que de reporter systématiquement sur autrui les conséquences de votre propre politique.
C’est aussi le cas sur la suppression annoncée du régime de décharge des directeurs d’écoles à 5 classes.
En novembre 2024, la Cour des comptes a demandé la fin de l’exception parisienne sur les décharges des directeurs d’école.
La dernière convention, qui date du 15 novembre 2019, fixait à 12 millions le montant dû par la Ville au titre de l’année 2018-2019. Or, depuis 2018, le ministère de l’Éducation nationale rencontre des difficultés à obtenir ce remboursement et à la fin de l’année scolaire 2023-2024, le coût pour l’État des décharges de directeurs d’écoles parisiennes, non compensées par la ville de Paris, atteignait 116,4 millions, pensions incluses.
Madame la Maire, le régime spécifique dont bénéficient les directeurs d’écoles parisiennes depuis 1982, sous l’impulsion de Jacques Chirac, est devenu une nécessité, de votre responsabilité, et vous ne pouvez vous en affranchir.
Dans notre capitale, les directeurs sont confrontés à des responsabilités accrues, et bien souvent, ils sont livrés à eux-mêmes. La gestion des cours Oasis ou l’aménagement des rythmes scolaires illustrent parfaitement le manque d’accompagnement dont ils souffrent.
Nous dénonçons le véritable entêtement de la Ville à ne pas revenir sur la question des rythmes scolaires, alors que cela constitue un véritable enjeu pour les directeurs d’école.
Si les compléments de décharge venaient à disparaître, les conséquences pour les écoles parisiennes seraient considérables : les directeurs ne pourraient plus assurer pleinement leurs missions, la fonction deviendrait moins attractive, le dialogue avec les familles se détériorerait.
Aujourd’hui, la Ville cherche à faire porter la responsabilité à l’État. Pourtant, si nous en sommes là, c’est bien parce qu’elle n’a pas respecté ses engagements financiers.
Le rectorat lui-même a confirmé que la question des décharges était principalement liée au différend budgétaire entre la Ville et le Ministère. Autrement dit, cette crise aurait pu être évitée si la Ville avait simplement assumé ses obligations.
C’est pourquoi nous demandons à la Ville de Paris de sortir de l’affrontement stérile et d’ouvrir un véritable dialogue avec l’État. Trouver une solution est une nécessité pour les directeurs d’école, qui ne peuvent être victimes collatérales de la mauvaise gestion de la ville.
Je vous remercie.