La force des hommages à la suite de sa disparition démontre combien Marielle de Sarnez a marqué de son empreinte la vie politique. Et combien elle était unanimement respectée pour son travail, son talent et sa droiture. Marielle nous a quittés le 13 janvier dernier à l’issue d’un combat contre la maladie qu’elle a mené, entouré des siens, avec le courage et la pudeur qui n’ont cessé de la caractériser.

Elle nous manque terriblement.

Si Marielle était, sans le vouloir, un modèle pour celles et ceux qui avaient la chance de croiser sa route, c’est qu’au-delà de son talent, elle incarnait comme personne, les valeurs de liberté, de fidélité, d’engagement et de courage.

Libre, Marielle l’était dans sa vie de femme, comme dans la vie politique. S’étant battue pour choisir son destin, elle ne se laissait jamais enfermée dans une voie toute tracée. Elle récusait les postures qui caractérisent si souvent la vie politique en plaçant toujours son action sous le signe de l’intérêt général.

Fidèle, Marielle l’était à ses convictions, à ses combats, et aux autres. Convaincue de la nécessité de dépasser des clivages qu’elle jugeait archaïques, elle fut, pendant plus de 40 ans, l’inlassable artisane d’un Centre fort et indépendant. C’est à elle, et à François Bayrou avec qui elle a mené tous ces combats, que nous devons d’avoir transformé ce rêve en réalité, malgré les difficultés et les trahisons de tous ordres. Fidèle en amitié, elle se souciait des autres et permettait à chacune et à chacun de grandir.

Engagée aussi. Marielle est même l’incarnation de l’engagement. Elle n’a eu de cesse de se battre pour les causes qui lui tenaient à cœur. Les droits des femmes et leur place dans la vie politique. C’est sous son impulsion que le Centre a imposé une parité dans ses instances et permis à des générations de femmes de s’engager.

L’éducation également, elle qui considérait que la République devait garantir l’excellence de l’enseignement pour tous, quel que soit son parcours ou son origine sociale.

Et puis engagée pour l’Union européenne. De ses débuts avec Simone Veil à la présidence de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, au Parlement européen, et comme ministre des Affaires européennes, elle n’a cessé de se battre pour l’idée européenne. Ardente défenseure d’une Europe plus protectrice pour ses peuples mais aussi en dehors de ses frontières, elle œuvrait pour une Europe forte, pesant sur l’équilibre du monde.

Courageuse, indéniablement. Car pour faire bouger les lignes, il faut du courage dans les convictions et dans les actes. « Dans la politique comme dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font plus de mal que les décisions nettes et courageuses ». Marielle avait fait siens les mots de Stefan Zweig qu’elle aimait tant.

Et c’était bien le courage qui caractérisait son action. Pour se rendre sur la route des migrants et porter au Parlement européen la parole de ceux que l’on n’entend pas. Pour défendre jusqu’au bout ses convictions, y compris quand cela devait aboutir à la disparition, annoncée, d’un courant de pensée pour ne pas trahir ses valeurs…

Démocrate, profondément. Marielle portait une certaine idée de la démocratie et de la manière de servir ses concitoyens. C’est ce que ses collègues de la commission des Affaires étrangères ont unanimement salué. Si elle combattait avec force certaines idées, elle se battait avec la même force pour qu’elles puissent s’exprimer. Son mode de gouvernance, inspiré des travaux du Parlement européen, a d’ailleurs permis de revaloriser le travail parlementaire et de remettre au centre du jeu la prestigieuse commission des Affaires étrangères.  

Marielle avait Paris au cœur. Elle disait elle-même qu’elle était « une fille de Paris ». Née dans la capitale, elle a habité dans de très nombreux quartiers avant de s’installer à Pernety. Un quartier qui lui ressemble, solidaire, dynamique, attentif aux autres que Marielle avait choisi pour recréer, avec ses plus proches, son village.

Marielle avait une relation intime avec la capitale qu’elle parcourait à pied, à un rythme que peu arrivait à suivre. Elle défendait une vision, profondément humaine, mêlant ambition à long terme pour la ville et prise en compte du quotidien des Parisiens, de leurs attentes, de leurs difficultés. Ce projet, elle l’a notamment porté lors des élections municipales de 2008 : réparer les fractures de tous ordres, adapter la ville à l’urgence climatique, garantir l’excellence éducative pour tous, promouvoir la mixité sociale.

Marielle allait inlassablement à la rencontre des Parisiens, échangeait avec tous, y compris ceux qui ne partageaient pas ses opinions, essayant de les convaincre, tout en respectant leur point de vue.

Si le Centre et l’Union européenne lui doivent tant, Paris également. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons que la ville puisse lui rendre hommage avec un projet qui ait du sens et corresponde à ses combats et ses valeurs.

Aujourd’hui nous pensons à Justine et Augustin, ses enfants dont elle était si fière. A Iris, Céleste, Élise, Merlin et Anatole, ses petits-enfants. A Valérie, Sophie, Laurent, ses sœurs et son frère. A toute sa famille et à ses amis. A toutes celles et ceux qui ont partagé ses combats. Nous partageons leur peine et leur adressons nos pensées les plus sincères et les plus affectueuses.

Je vous remercie.