Madame la maire, mes chers collègues,
La Tour triangle est anti écologique, et un non-sens en matière environnementale, compte tenu de son caractère énergivore, très loin de nos aspirations en matière de préservation de l’environnement et des ressources.
La Tour triangle constitue une barrière entre la capitale et ses voisins.
La Tour triangle ne répond pas aux besoins économiques du Parc, puisqu’il s’agit avant tout d’une tour de bureaux qui aura pour conséquence l’amputation de l’emblématique hall 1.
La Tour triangle ne répond pas aux besoins des habitants du 15e arrondissement par la pauvreté des services publics proposés.
La Tour triangle contribue à asphyxier un quartier déjà au bord de la saturation.
Au-delà de l’utilité du projet que nous mettons en cause depuis 2008, nous nous sommes beaucoup interrogés sur le montage financier. Et le rapport de la Chambre régionale des Comptes (CRC) éclaire un certain nombre de points pour lesquels nous n’avions eu, jusqu’à ce jour, que des réponses partielles.
En premier lieu, ce rapport illustre la difficulté, voire l’incapacité pour la ville de piloter et contrôler ses concessionnaires et de tirer le meilleur parti de cette organisation. Stratégie globale d’aménagement du parc, niveau des redevances, contrôle des marchés et des obligations d’investissements de l’opérateur, c’est toute une série de dysfonctionnements qui est mise en exergue par le rapport.
Avec deux perdants : le contribuable parisien et la dimension d’intérêt général, de service public de la concession.
Mais la Chambre va plus loin en mettant en lumière des dysfonctionnements coupables.
- Un bail à construction sujet à caution ; ce que dénoncent les associations de défense du patrimoine depuis des années !
- Un mélange des genres lié à l’unicité de l’opérateur final entre la concession et la SCI Tour triangle qui aboutit à faire en prendre en charge le financement des études du projet, non pas sur la SCI Tour triangle mais sur la concession, aux dépens donc des Parisiens !
- La résiliation du contrat de concession et le dédommagement afférent, que rien ne justifiait pour la CRC. Soit une indemnisation de 263 millions d’euros pour un préjudice non démontré !
- La CRC met en cause la procédure de passation de marché avec des délais très courts, ne permettant pas à de nombreux opérateurs de se positionner, l’asymétrie des conditions et notamment du droit d’entrée qui faisait que tout autre prétendant était financièrement moins disant. Et la coïncidence vraiment étrange un droit d’entrée, étonnamment fixé à 263 millions d’euros, soit l’exacte somme de l’indemnisation pour un préjudice non démontré.
Dans le meilleur des cas, ce qui est déjà dramatique, le rapport démontre, preuves à l’appui, que la ville est un piètre gestionnaire, incapable de tirer le meilleur du système des concessions pour les Parisiens, l’intérêt général et ses finances. Ce n’est malheureusement pas la première fois, mais le projet d’aménagement en donne de multiples exemples.
Au pire, l’entreprise a bénéficié de procédures particulièrement généreuses et très contestables.
Vous n’avez jamais su nous convaincre de la pertinence du projet Tour triangle au regard des enjeux environnementaux et économiques.
Aujourd’hui, nous vous demandons solennellement des explications sur le rapport édifiant de la CRC. Car au-delà de la mauvaise gestion avérée, les critiques très graves posent la question de la légalité des différents actes liés à la passation du marché.
Dès lors, nous vous demandons évidemment de suspendre le projet en attendant que toute la lumière soit faite sur les accusations de la CRC.
Je vous remercie.