Madame la Maire, mes chers collègues,
Les Parisiens attendent de l’efficacité dans l’action publique.
Clarifier les compétences, donner les moyens de les exercer, c’est une exigence démocratique. Car l’enchevêtrement des compétences, l’illisibilité actuelle, avec des élus désignés directement, comptables devant leurs administrés mais dénués de réels pouvoirs, et des responsables plus lointains qui concentrent toutes les prérogatives, ne sont pas sains et participent d’une défiance de nos concitoyens à l’égard de l’action publique. Au MoDem, nous croyons à la décentralisation, au rôle majeur des élus pour déployer les politiques publiques, à la proximité comme gage de bonne mise en œuvre de l’action publique. La territorialisation est, dès lors, une évidence.
Certes vos propositions arrivent tardivement.
Vous auriez pu vous saisir bien plus tôt des dispositions existantes et vous auriez pu peser dès 2015 et 2017, au moment de l’examen de la loi sur le statut de Paris si vous aviez réellement voulu aller plus loin, notamment sur la question des compétences. Je pense naturellement à la police municipale. Certes, vos propositions arrivent opportunément, au moment où les effets de votre gestion sont douloureusement perçus par les Parisiens et où la grogne ne cesse d’enfler. Certes, pour la plupart des maires, ce que vous annoncez – un travail partenarial avec les services centraux et déconcentrés – est la norme.
Cela ne changera donc pas radicalement leur manière de fonctionner. Car depuis longtemps, et fort heureusement, ils travaillent avec les services pour rendre le meilleur service possible aux Parisiens. Si clairement vos propositions ne sont pas à la hauteur de ce que vous annoncez, la territorialisation de l’action publique va évidemment dans le bon sens et je voudrais retenir plusieurs points positifs. D’abord :
- La mise en place d’un directeur général adjoint des services, ainsi qu’un responsable par quartier chargé de coordonner et de gérer l’ensemble des problématiques liées à l’espace public,
- Une coordination systématique entre les services et la mairie d’arrondissement,
- Un point d’entrée unique avec l’objectif de rendre un meilleur service aux Parisiens,
- Un meilleur partage de l’information entre les services et les agences de la ville,
- Des pouvoirs accrus sur certaines procédures, du retrait des permis à végétaliser aux permis de construire.
Des choses finalement assez simple, de bon sens. Et c’est peut être ça le big bang. Mais quand vous annoncez que, désormais, l’arrondissement sera l’échelon de référence de toute action municipale, il faut l’entendre à moyens constants.
Même avec la meilleure volonté du monde, et les élus comme les agents n’en manquent pas, on a du mal à voir comment cela sera possible.
Un mot sur la propreté : malgré l’insatisfaction des Parisiens et la multiplication des plans, rien ne change. Pire, la situation s’aggrave.
Ce que vous proposez dans cette délibération, c’est de vous désengager en donnant l’autorité fonctionnelle, et non hiérarchique, aux maires d’arrondissement, à travers les Directeurs généraux des services.
- De mieux utiliser le matériel ;
- De revoir l’organisation des équipes et des horaires et de prioriser les interventions.
Bref, ce que la Mission d’information de Florence Berthout demandait il y a déjà 4 ans. La question de la propreté est symptomatique des questions non abordées ici, et pourtant centrales, pour assurer la réussite de cette territorialisation : celles des personnels et des moyens. Ils doivent être déterminés en fonction du nombre d’habitants et d’usagers de l’espace public et du nombre de kilomètres de voirie à entretenir. Et là, on pourra parler d’égalité.
Vous ouvrez la possibilité pour les maires d’arrondissement de recourir à des marchés publics de la ville.
Ce n’est pas ce qu’on attend, mais bien une meilleure organisation des services.
Ce que vous nous présentez ce matin ne constitue qu’une toute petite première étape, qui en appelle d’autres, très rapidement.
Un réel partage des responsabilités entre le niveau central et les arrondissements, dans la clarté, afin que chacun puisse savoir qui fait quoi :
- Un réel transfert de personnel.
- Demander aux arrondissements de prendre en charge davantage doit passer par un redéploiement, car cela doit se faire à moyens constants. Une révision en profondeur de la politique RH de la Ville de Paris, afin que le cheminement dans les arrondissements soit un élément de valorisation des carrières et non de dévalorisation dans la carrière des agents
- Un redéploiement au service des arrondissements d’un certain nombre de fonctions qui ne doivent plus être concentrées dans les services centraux et qui ne sont pourtant pas concernées par cette communication. Et je pense par exemple à la DICOM. Enfin, la remise à plat d’un certain nombre de process en remettant le local au cœur du pilotage de l’action. Un exemple : la voirie. Si le Directeur général adjoint des services est en charge de l’espace public, le règlement de voirie doit être revu.
De big bang, il n’en est rien. Et nous prenons votre communication pour ce qu’elle est : une conversion tardive à la proximité et un souci de déléguer pour tenter de faire oublier votre gestion hasardeuse.
Une première étape qui en appelle d’autres très vite et des précisions : car selon les moyens humains et budgétaires alloués à cette étape, on saura si la volonté est réelle ou si ce n’est qu’un simple affichage destiné à calmer le mécontentement
Je vous remercie.