Madame la Maire, Monsieur le Maire, mes chers collègues,
Alors que le précédent plan vélo n’avait été déployé qu’à hauteur de 50%, nous avions évidemment énormément d’attentes et d’impatience face à l’acte 2. Car malgré les bouleversements connus par notre Ville, que ce soient les grèves en 2019 ou la pandémie depuis 2020, la part modale restait loin des 15% que le plan vélo 1 ambitionnait. La faute à des aménagements et stationnements insuffisants et insuffisamment sécurisés.
Alors nous saluons dans cet acte 2 une ambition certaine : autour du nombre de kilomètres de linéaires cyclables, du développement de la filière vélo, cela était dit.
Cela est illustré également en matière budgétaire : même si Paris reste très loin des bons élèves notamment de nos amis hollandais qui dépensent 70 euros par an et par habitant pour adapter la ville aux mobilités actives, ou même du plan vélo national, l’augmentation annoncée du budget, de 150 à 250 millions d’euros va évidemment dans le bon sens. C’est 23 euros par Parisien et par an qui seront ainsi consacrés au développement de la pratique cyclable. Et nous pouvons compter sur d’autres financements – ne l’oublions pas – que ceux de la Ville pour développer le vélo à Paris, qu’il s’agisse des financements gouvernementaux et régionaux.
Alors si nous partageons l’ambition, nous avons plusieurs inquiétudes. D’abord en matière de calendrier, notamment sur la question de la création des pistes cyclables et l’on sait que c’est ce qui a pêché lors du plan vélo 1. Et puis sur la méthode, la concertation avec les élus comme les associations.
L’augmentation du nombre de kilomètres, c’est bien, mais ce qui est pour nous une priorité absolue, c’est la nécessité de créer des aménagements sûrs et confortables. Et c’est d’ailleurs à cette aune que nous pourrons juger de la réussite ou non de ce plan vélo 2.
Des aménagements sécurisés, cela passe par des pistes entretenues : nids de poule, débris sur les voies mettent en danger les cyclistes et il est inconcevable que ces situations perdurent pendant plusieurs jours ; c’est l’objet de notre vœu n°19 qui demandent une priorité d’intervention de la part de la direction de la voirie pour réparer les pistes cyclables.
Cela passe également par un travail prioritaire sur les continuités urbaines, qu’ils s’agissent des portes de la capitale ou des voies intramuros, il faut pouvoir proposer aux cyclistes des cheminements sécurisés de bout en bout.
Également cela passe par un travail sur l’existant : certaines pistes actuellement sont dangereuses, notamment lorsque les bus et les cyclistes cohabitent au sein d’une seule voie de bus trop étroite ; la priorité doit être donc de revoir les aménagements qui ne conviennent pas et c’est l’objet du vœu 25.
Les carrefours, les places parisiennes restent l’énorme point noir des aménagements cyclables à Paris ; les dramatiques accidents, en augmentation, qui ont endeuillé notre ville l’ont montré ; la visibilité des carrefours doit être une priorité d’action pour la Ville. Comme cela existe à l’étranger, nous prônons pour l’aménagement des places à la hollandaise et l’identification des carrefours via des dispositifs de couleurs ; nous en connaissons les enjeux et demandons, par notre vœu 26, qu’un travail soit engagé avec les ABF (Architectes des Bâtiments de France) pour concilier sécurisation accrue et esthétisme parisienne.
Enfin, nous avons besoin d’adapter la signalétique d’une ville organisée autour de la voiture au profit de signalisation fondée sur la diversité des usages ; c’est l’objet de notre vœu n°22 qui demande à ce qu’un travail soit engagé autour de cette question.
L’autre point noir pour le développement de la pratique cyclable, c’est bien la question du stationnement, sous dimensionné et insuffisamment sécurisé. Les vélobox, trop chères, trop massives, trop contraignantes ont été abandonnées. Mais il faut désormais accélérer la mise à disposition de stationnements sécurisés, à tarif adapté, partout où cela est possible. Et commençons immédiatement par le parc concédé de la ville, c’est inconcevable qu’on attende les renouvellements de concessions pour mettre en place des espaces pour les vélos. Le sujet du stationnement sécurisé impose un volontarisme sur la durée pour identifier, contractualiser et informer le public cycliste.
Cela doit s’ajouter à l’augmentation du nombre d’arceaux en surface, des arceaux élargis pour permettre aux VAE de se garer sans dommages, dont l’emplacement doit contribuer à améliorer la visibilité, notamment celle des piétons. C’est l’objet de notre vœu 21.
Alors je voudrais dire un mot sur la pérennisation des coronapistes.
Elles ont eu évidemment le mérite d’accompagner l’augmentation des déplacements à vélo post confinement. Mais à l’heure de leur pérennisation, il est urgent d’en tirer tous les enseignements. Trop nombreux sont les plans, mal dessinés et dangereux qui engendrent des conflits d’usage avec les autres publics, qu’il s’agisse des usagers de bus, des véhicules d’urgence ou encore ceux de la propreté.
Et dans ce cadre, nous exigeons la sanctuarisation des trottoirs dans le cadre de la pérennisation de ces pistes. Les piétons, les plus fragiles, sont les grands oubliés de la politique de déplacement à Paris et ils doivent être protégés ce qui passe par cette sanctuarisation et leur élargissement, l’élargissement des trottoirs partout où cela est possible c’est l’objet de notre vœu 23.
Et puis enfin, la pérennisation des coronapistes doit passer par un dialogue apaisé avec les élus et les associations ; le principe des pistes est acté, mais acceptez d’écouter ses usagers. Ce n’est pas parce qu’une piste est utilisée qu’elle est forcément adaptée.
Sur le calendrier lié de la pérennisation, il y a aussi une absente de taille : c’est la rue de Rivoli. Or, quoi que vous en disiez, l’aménagement actuel n’est pas optimal : les conflits d’usage sont permanents, notamment avec les piétons et les livreurs, taxis, subissent des congestions permanentes. Il faut le revoir car Rivoli c’est l’anarchie et personne ne peut dire le contraire.
Face à l’augmentation du nombre de cyclistes, nous assistons à l’explosion des comportements dangereux, pour les cyclistes, mais aussi tous les usagers de l’espace public. Il n’est pas question d’opposer les publics, tous ont leur part de responsabilité, mais la situation actuelle ne peut pas durer. Certaines règles ne sont pas suffisamment connues, le sas vélo, le tourner à droite, … Amplifions la campagne de communication. Mais accélérons aussi la verbalisation de tous les comportements qui mettent en danger les usagers de la route. Cela doit être une priorité de la police municipale et c’est l’objet de notre vœu 24.
Je ne peux pas terminer cette intervention sans avoir un mot sur Vélib’. 4 ans après le début du marché, si la livraison de 3000 nouveaux vélos a donné un peu d’air, personne ne peut se satisfaire de la situation actuelle. Le service reste à un niveau inacceptable, pour les usagers comme pour les contribuables parisiens. Le compte n’y est pas. Et cela reste de la responsabilité de la Ville.
Alors vous le voyez, nous avons énormément d’attentes et une exigence d’excellence. Car ce n’est qu’ainsi que Paris pourra prétendre au titre de ville cyclable.
Je vous remercie.