Madame la Maire, 

Mes chers collègues,

Il y a dix ans, Paris accueillait un moment rare d’unité internationale : l’Accord de Paris. Un traité climatique, certes, mais aussi une feuille de route partagée pour repenser nos trajectoires de développement. Il portait une ambition claire : inscrire l’action de chacun dans une dynamique globale, aligner les politiques publiques, les investissements, les comportements, autour d’un objectif et d’un horizon commun et soutenable.

Dix ans plus tard, le bilan est contrasté. Si des avancées sont visibles – notamment sur l’intégration de la neutralité carbone dans de nombreuses stratégies –, les dynamiques engagées ne sont pas à la hauteur des défis. Les effets du réchauffement climatique s’intensifient au-delà des prévisions, les écarts d’engagements se creusent, les trajectoires restent globalement éloignées des objectifs à long terme. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Accord de Paris, mais de reconnaître que l’heure n’est plus aux déclarations de principes, mais à la consolidation et l’accélération de l’action.

À Paris, il est de notre responsabilité de traduire ces ambitions dans le concret, au plus près des habitants.

Des efforts ont été faits. La baisse des émissions depuis 2004, les politiques de verdissement très présentes, les mobilités actives, les investissements dans les énergies renouvelables : tous ces éléments vont dans le bon sens. Mais pour que ces actions portent pleinement leurs fruits, elles doivent s’inscrire dans une approche plus structurée, mieux coordonnée, et plus équitable sur le territoire.  

La résilience doit se planifier et elle suppose d’abord de mettre les moyens là où l’urgence est la plus importante. Or que constate-t-on ? Une chute des investissements depuis 2019. Pour 2025, le budget total alloué à l’environnement atteint 110,2 millions d’euros, ce qui ne représente qu’environ 6 % des besoins réellement estimés. La Ville devrait en effet pouvoir mobiliser chaque année près de 500 millions d’euros pour répondre efficacement à l’ensemble de ces enjeux. Un désengagement pointé par la Chambre régionale des comptes couplé à une baisse des effectifs notamment dans les services de la DEVE. 

À l’inverse des exigences de l’Accord de Paris, le court terme l’emporte parfois sur le long terme.

Sur la question de la biodiversité, les initiatives locales se multiplient, des arbres sont plantés, des îlots de fraîcheur sont créés. C’est essentiel. Mais il faut faire plus. Donner plus de moyens. C’est ce que les habitants et la nature attendent, ce sont des continuités écologiques. Pour une végétalisation plus cohérente et plus vivante. 

Il faut arbitrer en faveur de la nature à chaque fois quand c’est possible car ces solutions fondées sur la nature participent à l’adaptation de la ville, au rafraîchissement urbain, à la résilience sociale et écologique. En ce faisant, c ’est prendre acte de l’interdépendance entre nos politiques climat et celles du vivant.

Et pour réussir, nous avons besoin de transversalité, de coopérations renouvelées. L’énergie, la logistique, la gestion de l’eau ou des déchets ne s’arrêtent pas au périphérique. La stratégie climatique de Paris ne peut rester isolée. Elle doit se construire dans la Métropole, avec la Région, avec les communes voisines et dans un esprit de partenariat, de co-échange et d’efficacité.

Enfin, l’un des enjeux cruciaux reste l’adaptation sociale. C’est peut-être là où nos politiques sont trop en retrait. Les événements climatiques extrêmes frappent d’abord les plus fragiles. Il faut aller plus loin : cartographier les vulnérabilités, anticiper les risques, ouvrir des lieux de refuge accessibles, signalés, opérationnels et 24H/24. Il ne s’agit pas uniquement de résilience technique, mais de solidarité. 

C’est cette vision que nous portons au sein du groupe MoDem et Indépendants :

– Une écologie partagée, co-construite à l’échelle du territoire.

– Une écologie protectrice, centrée sur l’adaptation et la justice sociale.

– Une écologie rigoureuse, avec des objectifs publics, des échéances claires et des budgets fléchés.

– Et une écologie non partisane, où le climat n’attend pas nos désaccords. 

Paris a une responsabilité particulière. Parce que l’histoire des Accords de Paris s’est construite à Paris. Parce que la crédibilité de la transition passe aussi par l’exemplarité locale. Parce que, dix ans après, il est urgent de traduire l’esprit des Accords de Paris en actes concrets, efficaces et durables.

À l’approche de la COP30 au Brésil, Paris devra se hisser à la hauteur du texte qu’elle a accueilli. Non par des effets de communication, mais par une stratégie ancrée dans les quatre piliers de l’Accord de Paris : universalité, long terme, transversalité, durabilité.

Je vous remercie.