Monsieur le Maire,

Mes chers collègues,

Le combat pour la place des femmes dans la société et la prise en compte dans les politiques publiques est une nécessité impérieuse que nous imposent les statistiques et la réalité du quotidien. Elles ne sont pas le fait de circonstances particulières, mais traduisent les anomalies, les injustices qui une fois cumulées aboutissent à une inégalité majeure de fait. 

Si le rapport que vous venez de présenter permet de montrer les actions de la ville et beaucoup d’actions, d’évènements également en faveur de l’égalité homme-Femme, les chiffres, eux, sont alarmants. 

Je souhaiterais avant tout revenir sur le volet ressources humaines de la Ville de Paris. Je pense que le constat est unanime : malgré les avancées sociétales en matière d’égalité hommes-femmes, les femmes continuent à se heurter à un plafond de verre en matière de responsabilité. 

La première urgence, c’est celle de la rémunération, parce qu’elle est un marqueur de reconnaissance. Payer moins, c’est aussi considérer que le travail des femmes et l’engagement des femmes a moins de valeur. L’écart actuel de rémunération pour les fonctionnaires entre hommes et femmes est sur la bonne voie mais s’il continue de se réduire, il est encore insuffisant. Et Paris doit poursuivre des engagements réels pour obtenir une égalité réelle. 

Malgré la réduction des écarts de salaire se cache une seconde urgence : celle du contrat de travail dont disposent les femmes. Au sein de la Ville de Paris, le temps partiel est un véritable maillon faible. 86% des agents à temps partiels sont des femmes en 2022 et 79% des femmes effectuent un temps non complet en 2022. 

Il est également pertinent de constater que les femmes occupent des grades d’emplois plus précaires que les hommes. Le rapport mentionne notamment une explosion du recrutement en catégorie B. En effet, 64,6 % des agents de catégorie B sont des femmes en 2022, un chiffre en constante augmentation, également marqué par une forte inégalité salariale, 2 218 euros net pour les femmes contre 2 730 euros net pour les hommes. Nous souhaiterions comprendre ce chiffre et le mettre en lien avec le devoir d’exemplarité de la Mairie en matière d’égalité homme-femme.

De manière plus générale sur la mise en place des politiques publiques, l’égalité doit être recherchée dans l’ensemble des politiques publiques menées par la Ville dont elle est responsable.

Les inégalités économiques persistent. Pour rappel, fin 2020, selon les chiffres de l’APUR, on dénombre 150 921 foyers allocataires de la Caf vivant en dessous du seuil bas revenus, parmi lesquels 53 % sont des femmes. Si le rapport énonce des propositions comme celles instaurant le dispositif de gratuité dans les transports pour les publics cibles dont la répartition genrée pourrait être étudiée, nous nous interrogeons sur la capacité des agents de la ville pour contrôler la catégorisation des personnes, et notamment lorsque celles-ci s’identifient comme non binaires par exemple. Le rapport n’en parle pas.

La prise en compte de la question des femmes dans l’espace public est un défi que nous devons également relever. La ville a un rôle à jouer, un rôle primordial. Le sentiment d’insécurité dans l’espace public touche l’ensemble de la population mais les femmes sont plus largement concernées. 67%, soit deux fois plus que les hommes.

Je souhaiterais également revenir sur une problématique qui m’est chère et qui concerne la question des équipements sportifs. Des fortes inégalités persistent en matière d’équipements sportifs et en matière de pratiques sportives. On a eu l’occasion avec le groupe MoDem, Démocrates et Écologistes de déposer en octobre dernier, un vœu demandant davantage, de prendre en compte davantage les besoins des femmes pour ce type d’équipement qui sont devenus des lieux plutôt occupés par les hommes à la fois pour des questions de sécurité mais aussi de temps. Cette proposition avait été refusée ainsi que celle qui consistait à trouver d’autres systèmes qui facilitent à la fois la pratique du sport et le système de garde.

Le financement public du sport dans les villes profite trois fois plus aux hommes, ce que montrent différentes études, notamment celle de Yves Raibaud, géographe du genre. Faciliter l’intégration et l’appropriation par le public féminin des espaces extérieurs, ouverts, en accès libre, sécurisés est une absolue nécessité si on veut favoriser à la fois leur bonne condition de santé et leur socialisation.

Si toutes ces actions semblent nécessaires, il est important de pouvoir utiliser ce rapport comme une source des réels indicateurs et sur l’ensemble des politiques publiques. Certaines thématiques en parlent mais de façon insuffisante et nous allons y revenir à plusieurs reprises lors de ce conseil.

La question de l’égalité salariale, professionnelle, aux corps et aux genres sont des combats qui méritent d’être renforcés, poursuivis par la Mairie dans l’ensemble de ses politiques et dans l’ensemble de ses responsabilités pour promouvoir demain une véritable culture de l’égalité.

Je vous remercie.