Madame la Maire,

Merci de me donner la parole.

Le débat sur le Plu s’inscrit dans un contexte de crise sanitaire qui n’est qu’un élément de plus d’une crise environnementale profonde et durable.

Au cours de l’histoire, la nature et la ville ont été tantôt antagonistes tantôt intimement associées.

Définir une ville :
Plus économe en ressources,
Plus résiliente,
Plus anticipatrice.

Est une urgence sociale et environnementale.

Aujourd’hui la biodiversité à Paris est en net déclin. Il est vital d’agir pour le maintien et le développement du plus grand nombre d’espèces vivantes sur notre territoire. C’est le critère par excellence de durabilité de nos sociétés.

Tous les indicateurs sont au rouge. Derrière l’emblématique moineau, la quasi-totalité des passereaux et autres espèces faunistiques historiquement présentes à Paris disparaissent.

Le constat est le suivant

➢ tous les espaces de nature existant à Paris qu’ils soient des arbres remarquables, d’alignement, des espaces verts, des espaces de nature doivent être protégés et classés par ce nouveau PLU.

La Ville de Paris est engagée dans une politique urbaine d’hyperdensification et d’artificialisation de tous les espaces encore libres à Paris. L’objet du débat d’aujourd’hui doit permettre à renverser la tendance.

La préservation d’une réelle diversité d’espaces et de milieux est un préalable fondamental à toute politique prétendant oeuvrer en matière de biodiversité, car oui Paris est l’une des villes les plus pauvres en Europe en m2 d’espaces verts par habitant.

Il y a une contradiction voir une schizophrénie environnementale :

➢ La contradiction entre le discours d’exemplarité de la Mairie sur la biodiversité à Paris et la réalité d’une action « cosmétique » qui « habille de vert » des projets d’urbanisation.

Les techniques de végétalisation artificielle ne sont pas une alternative équivalente à la préservation de véritables espaces de nature à Paris et de reconstruction de la nature là où cela est possible.

➢ la contradiction depuis plusieurs années entre les appels à projet pour créer de nouveaux sites de biodiversité et la destruction d’ espaces “naturels” comme les serres d’Auteuil, les terrains d’Eau de Paris proposés pour des projets anti-environnementaux, la densification de la
cite Universitaire internationale dans le 14è arrondissement,  de la ZAC Bercy Charenton, les aménagements de Paris Nord Est dans le 18è arrondissement, la destruction à la Porte Maillot du jardin Alexandre Soljenitsyne pour le remplacer par un immense cube de béton et toutes les constructions sur les jardins et cours en cœur d’îlots…

➢ Lutter contre la destruction de la nature à Paris est devenu la bataille quotidienne des maires d’arrondissement qui ne partagent pas votre point de vue.

C’est le choix qu’à fait la maire Delphine BURKLI il y a 6 ans en mettant en place un végétalisation imaginative et durable.

Paris est une des villes les plus denses au monde, très attractive et bien desservie par les transports en commun, en comparaison avec d’autres villes européennes notamment Londres, Berlin, Barcelone ou Madrid. Paris et sa petite couronne comptent 6,2 M d’habitants soit 56% de la population régionale sur 6% de la surface de la Région.

Plus de 1,8 millions de personnes y travaillent tous les jours sans parler des millions de touristes en temps normal et que nous espérons voir revenir.

  1. Un PLU mono centré

Alors comment imaginer un PLU parisiano-centrée alors qu’il faut agir en responsabilité. En environnement ce qui compte avant tout ce sont les eco-systèmes.

Mais quelle que soit la complexité urbaine actuelle, la ville étant inscrite dans un territoire donné, toute politique et action urbaine dépend et impacte son environnement.

La maîtrise de l’empreinte écologique de la ville, la nécessité de concevoir une ville moins consommatrice, impliquent de repenser les principes de l’urbanisme ce que nous ne retrouvons pas aujourd’hui dans les premières déclarations.

À ce jour, le PLU se limite à la réorganisation de Paris intramuros. Or, Paris ne peut plus se permettre d’engager des changements urbains de cette ampleur sans concerter les villes avoisinantes, au risque sinon d’omettre dans sa conception les enjeux métropolitains qui y sont liés (mobilités, répartition des lieux de travail et d’habitation, etc…). Paris ne vit pas en autarcie.

Un PLU parisien accentuera les disparités entre les territoires, comme l’illustre la proposition de la conférence citoyenne de reléguer les constructions de tours aux portes de Paris, délégant le sujet de la densification, de l’obstruction du paysage et de la consommation énergétique du bâti aux arrondissements les plus excentrés et aux communes hors périphérique.

Est-ce une approché équitable que de vouloir concentrer les tours là où mes gens souffrent déjà le plus de :

  • De l’atteinte aux paysages
  • du bruit et de la pollution
  • Des externatilités négatives en général.

Alors il y a une autre vision, une autre approche.

Celle de rendre la ville vivable pour tous, pas seulement les plus privilégiés des parisiens, pour es parisiens contre la banlieue.

Il existe un principe de responsabilité : celui de construire un espace, commun et pas de dresser de nouvelles frontières.

  • Votre approche de la végétalisation nous interroge

La proposition de la conférence citoyenne propose de rendre obligatoire la végétalisation des habitations et des toits parisiens.

Il y a des questions techniques qui se poseront sur de nombreux toits et et les bâtiments parisiens sont souvent classés, ce qui empêche d’y effectuer des changements de cet ordre.

Les injonctions concernant la végétalisation des espaces publics sont récurrentes dans les propositions de la conférence citoyenne.

Cependant, la manière dont doit être effectuée cette végétalisation n’est jamais mentionnée. 

Pourtant, c’est bien dans la manière dont sera effectuée cette végétalisation que réside la réussite du projet sur plusieurs points.

A – L’intelligence global du projet

La biodiversité c’est un peu plus compliqué » que la construction de cornapiste quoique.

Sans continuité sans logique nous n’avons pas de bénéfice environnemental.

On ne peut pas demander la mise en place de trame verte bleue brune blanche et développer de façon anarchique cette continuité.

B- la végétalisation a une face cachée – celle de gonfler de façon artificielle les plantations les plus utiles parmi lesquelles la diminution de pleine terre dans les nouvelles parcelles construites (moins de grands arbres) ou reconstruites.

C- l’absence de l’évocation des solutions sur la nature.

Sur la base de réflexion initié par l’union internationale de conservation de la nature, les solutions fondées sur la nature ont des bénéfices reconnus.

Qu’il s’agisse de contribuer à l’atténuation du changement climatique (en stockant le carbone sous forme organique dans le sol et dans la végétation) ou de s’adapter à ses effets (en rafraîchissant la ville lors des canicules ou en captant l’excès de ruissellement lors des pluies d’orage).


Certaines stratégies urbaines affichent ailleurs sous forme de slogan, une préoccupation particulière pour l’un des effets du changement climatique, par exemple la gestion du ruissellement et des inondations.

Toutes reposent en pratique sur un même triptyque :

maintien d’un sol vivant,
accroissement du couvert végétal
et rétablissement de la circulation naturelle de l’eau.

Une ville-éponge est forcément plus rafraîchissante, grâce à l’évapotranspiration végétale, et les couloirs végétaux de la ville-fraîcheur lui permettent de mieux stocker l’eau.  Ces approches présentent des bénéfices connexes (épuration de l’eau et de l’air, biodiversité…) d’autant plus importants que les espaces sont gérés écologiquement et sont reliés entre eux par une « trame verte et bleue », et ce à toutes les échelles ! L’approche minérale de la rénovation parisienne de Nation à République en est le contre-exemple. 

Alors la liste des demandes est longues et pragmatiques car au-delà des slogans il faut agir :

➢ IL FAUT de cesser de détruire les espaces naturels existants.
➢ de consolider une véritable trame verte et bleue en articulation avec le Grand Paris et la Région Ile de France.
➢ de créer un véritable réseau de zones humides dans Paris.
➢ d’inscrire dans le PLU tout espace non bâti comme espace non constructible.
➢ de recenser tous les espaces de nature avec des aménagements appropriés, en lien avec des associations et les habitants des quartiers concernées.

  • Enfin pour conclure je reviendrai sur la méthode de concertation annoncée et le calendrier

Les mairies d’arrondissement auront la responsabilité d’organiser des concertations citoyennes locales sur le PLU. Pour cela, elles seront accompagnées par un kit méthodologique fourni par la Ville de Paris. Cependant, le contenu du kit reste encore très flou et sa date de distribution également.

L’exécutif a affirmé à plusieurs reprises sa volonté de déléguer une partie du pouvoir de la mairie centrale aux mairies d’arrondissement. L’importance que représente la création d’un nouveau PLU et l’expertise de terrain que détiennent les mairies d’arrondissement illustrent encore davantage la nécessité pour les mairies d’arrondissement de détenir un rôle clé dans la mise en place du PLU. On ne saurait donc reléguer les mairies d’arrondissement au rôle d’intermédiaire entre la mairie centrale et les citoyens dans un sujet aussi majeur er déterminant qui doit dessiner le Paris vivable de demain.