Merci Madame la Maire,

Je voudrais, si vous le permettez, aborder successivement trois points :

  • Le budget supplémentaire ;
  • L’absence de PIM ;
  • Et enfin nos propositions.

Le budget supplémentaire de 221 millions d’euros nous semble être à la fois le reflet d’une dégradation conjoncturelle et des conséquences fâcheuses d’une absence de réforme.

Malgré la mobilisation des artifices habituels, en particulier les 70 millions d’euros supplémentaires de loyer capitalisés qui s’ajoutent aux 50 millions de loyers capitalisés déjà annoncés lors du budget primitif, on aboutit, depuis 2016, à près de 1,3 milliard de loyers capitalisés qui sont ainsi captés. Et malgré ces artifices, plusieurs indicateurs sont fort préoccupants :

  • Baisse de l’autofinancement
  • Augmentation gravissime de l’endettement
  • Un désendettement théorique qui passe en perspective de 9 à 18 ans, et une perspective d’endettement totale à la fin de votre mandature de près de 10 milliards d’euros.

Première réaction naturelle, imputer la faute de ces difficultés à l’État. Si dans les discussions budgétaires et économiques françaises, à chaque fois qu’on emploie le mot “État”, on le remplaçait par la réalité qui est “les contribuables”, la discussion serait très différente. Est-ce que nous sommes en train de dire que c’est aux contribuables de France de payer les déficits de la Ville de Paris ? Je pense que si, vraiment, on faisait cette transparence terminologique (les contribuables doivent-ils payer ou non les résultats de notre mauvaise gestion ?) on serait dans une situation, peut-être, un petit peu plus honnête, en tout cas transparente sur la réalité des flux économiques.

Deuxièmement, il ne me semble pas vrai de dire que l’État ne fait rien.

  • Les chiffres de la Préfecture nous indiquent un montant du plan de relance pour la ville de Paris de 57 millions. 57 millions d’euros, ce n’est pas rien ;
  • Une augmentation de la prestation compensatoire du handicap de 4 millions ;
  • Une augmentation pour l’apprentissage de 3,4 millions.

Troisièmement, nous ne pouvons pas dire que la suppression de la taxe d’habitation soit une surprise. On peut considérer que ce n’était peut-être pas la mesure fiscale la plus réussie de ce gouvernement. Il y a eu des réussites, celle-là peut, peut-être, porter à débat. Mais cela fait 4 ans que nous la connaissons, nous ne la découvrons pas aujourd’hui. Et de toute évidence, les villes qui s’étaient réformées, structurées et qui avaient équilibré leur budget ont mieux affronté les difficultés conjoncturelles que nous connaissons aujourd’hui. Et évidemment, une des principales difficultés, une des principales raisons du heurt que nous connaissons, c’est l’immobilisme de nos finances municipales.

Enfin, je souhaite insister sur la faiblesse des investissements et la difficulté d’aborder ce débat sans un Plan d’Investissement de la Mandature (PIM)  proprement dit. Je vous ai entendu, Madame la Maire, tout à l’heure, dresser une liste, que je ne qualifierais pas de liste à la Prévert, disons une liste variée, pas toujours chiffrée, peut-être un peu désordonnée, de dépenses et d’investissements, ici et là. Ce sont des énoncés oraux très utiles, mais si vous voulez que nous délibérions, donnez-nous une documentation proprement dite, chiffrée, argumentée, circonstanciée, ce qu’on appelle un PIM.

Moi, je trouve difficile de porter un jugement éclairé. C’est ce que nous demandent nos électeurs, on nous demande siéger ici, pour avoir des débats adultes avec des faits, des objectifs, des instruments d’analyse. Qu’est-ce que nous avons ? Nous avons 10 minutes d’autosatisfaction, pas de PIM. Désolé, je ne pense pas que nous puissions travailler avec une méthode aussi approximative, aussi impressionniste.

Et pour finir, car je veux finir chacune de nos interventions par des propositions constructives :

  • Nous vous avons proposé, depuis les premiers débats, des mesures d’économie de bon sens ;
  • Nous vous avons proposé de tenir, deuxièmement, des assises des baisses du gaspillage et de la rationalisation des dépenses de la Ville, pour assurer tout à la fois la justice sociale, l’aide aux acteurs économiques de Paris, et prendre en compte la réalité économique.

Je finis ces cinq minutes pour vous dire que nous pourrions, au-delà de ces assises, décider qu’à chaque séance du Conseil de Paris, une demi-journée serait consacrée à la rationalisation de nos finances municipales. Que les élus prennent à corps ce dossier, en débattent sans passion, sans clivage partisan, ni pause, pour que nous cessions d’être dépendants des événements extérieurs.

Voilà ce que je voulais vous dire mes chers collègues.