Madame la Maire, mes chers collègues,

Annoncé depuis des mois, cette communication arrive enfin. Et notre désarroi est à l’image de l’attente qu’elle avait engendrée. Si nous relevons plusieurs avancées que nous avions d’ailleurs eu l’occasion de réclamer, je pense à la facilitation du stationnement des professionnels ou à la nécessaire meilleure visibilité aux abords des passages piétons, nous restons sur notre faim. Parce qu’une vraie politique de mobilité ne peut reposer uniquement sur la taxation du stationnement. 

Or, vous placez cette délibération sous l’égide de deux objectifs : mieux partager l’espace public d’une part et lutter contre la pollution d’autre part. 

1/ Pacifier et mieux partager l’espace public constituent un impératif car : 

–       La voirie parisienne est caractérisée par son climat anxiogène : voirie dans un état lamentable par manque d’investissement, comportements inciviques. Piétons, cyclistes, automobilistes, utilisateurs de deux roues motorisées cohabitent de plus en plus difficilement et les conflits se multiplient. La faute à un plan de circulation global inexistant, à la juxtaposition de mesures sans cohérence globale. Pacifier l’espace public est donc un enjeu majeur et les drames récents nous rappellent combien c’est impérieux. Alors que les piétons sont les grands oubliés de la politique de déplacement, nous demandons l’application urgente du code de la rue. Un bilan devrait être également réalisé sur la stratégie Paris Piéton, 4 ans après son adoption, et un accroissement des sanctions à l’encontre des opérateurs de transports en cas de mésusage, comme c’est le cas actuellement. 

Pour revoir le partage de la voirie parisienne, nous sommes favorables au stationnement payant des 2RM car l’utilisation de l’espace public a un coût. Mais fixer le prix du stationnement à la moitié du stationnement auto est profondément injuste, quand une place de stationnement voiture équivaut à 3 voire 4 2RM…

Cette mesure finalement révèle bien qu’il ne s’agit pas là de juste partage de l’espace public. Mais bien de ponctionner les motards pour compenser la gestion hasardeuse des finances de la ville.

Cette mesure fait aussi écho aux débats que nous avons eus ce matin. Quant à l’absence d’anticipation et de réalisme de la ville dans sa trajectoire budgétaire. Au mois de décembre dernier, nous avons voté une augmentation du budget de stationnement au BP 2021 qui présageait la mise en œuvre du paiement du stationnement des 2RM comme Monsieur Simondon nous l’avait confirmé. En réalité, faute d’avoir anticipé cette mesure, on appelle à la rescousse les automobilistes. En les ponctionnant à nouveau. Ce qui pose un réel problème de sincérité du budget, si les recettes votées ne correspondent pas in fine aux usages qui sont pris.

La contribution des automobilistes au budget de la ville ne cesse d’augmenter. Et cette délibération ne fait pas exception. Nous, nous défendons l’enfouissement du stationnement, notamment pour les résidents. Mais plutôt que de mener une politique volontariste, en renégociant les contrats avec les concessionnaires, en les obligeant à accueillir les résidents et à proposer des tarifs abordables aux visiteurs, vous faites le choix de la contrainte pour les automobilistes en augmentant les tarifs en voirie et en les obligeant à aller dans le stationnement souterrain. Or, le vivier disponible en sous-sol est bien plus important ! C’est ce levier qu’il faut activer, afin de proposer une offre accessible permettant à ceux qui doivent se déplacer en voiture à Paris, qu’il s’agisse des Parisiens ou des visiteurs, de pouvoir le faire à un tarif abordable. C’est la raison pour laquelle nous déposons le vœu 12 visant à accélérer le recensement et l’ouverture des parkings souterrains, en commençant par ceux des bailleurs et des administrations de la ville.

2ème objectif que vous dîtes poursuivre : lutter contre la pollution atmosphérique. 

Mais cela ne se résume pas à taxer automobilistes et utilisateurs de 2RM thermiques. Il s’agit de préparer l’avenir. Et c’est la raison pour laquelle nous déposons deux vœux :

–       Le vœu 11 qui demande une augmentation massive du nombre de bornes de recharge électrique pour que Paris soit en ligne avec les besoins des automobilistes qui utilisent les voitures électriques. Paris, on le sait, est en retard en matière de déploiement de bornes électriques et si l’on veut, réellement, accompagner la transition vers l’électrique, il faut mettre tout en œuvre pour déployer le nombre de bornes suffisantes et informer les Parisiens afin qu’ils puissent contribuer à la transition en ayant à disposition toutes les informations nécessaires.

–       Et l’autre vœu, le n°13, demande à la ville de saisir le tournant de l’hydrogène afin de préparer l’avenir, mener les études nécessaires et étudier les emplacements dédiés à l’implantation de stations hydrogène sur les places de stationnement en voirie et en sous-sol.

Mieux partager l’espace public, lutter contre la pollution atmosphérique, si les délibérations que vous nous présentez poursuivaient réellement ces objectifs, vous nous trouveriez à vos côtés. Mais il ne s’agit là que d’un habillage pour des délibérations destinées en réalité à abonder les caisses d’une ville exsangue. Et nous ne pouvons pas vous suivre là dessus. 

Je vous remercie.