Nous présentons donc un vœu relatif à la protection des oiseaux en milieu urbain, c’est un sujet qui a déjà été évoqué à plusieurs reprises.
Je rappelle juste quelques chiffres qui est l’effondrement et le déclin global de la population des oiseaux depuis les années 80 de l’ordre de 20 % avec différents facteurs qui en sont responsables :
les difficultés de nidification ;
l’impact des fortes chaleurs sur les espèces d’oiseaux qui va s’amplifier, nous l’avons évoqué, nous avons reçu plusieurs associations dans le cadre de la mission d’information Paris à 50 °C qui a permis de mettre en évidence cet impact qui va s’accélérer ;
l’impact également des produits de dératisation.
C’est pourquoi nous proposons plusieurs mesures. D’une part de laisser intacts les lieux connus de nidification, de pouvoir les compenser quand c’est possible et de travailler à une gestion réduite des toitures végétalisées pour favoriser l’apparition de nourriture pour les oiseaux. D’autre part, et c’est un sujet sur lequel nous sommes en échange avec l’adjoint, d’installer des réservoirs d’eau en période de canicule qui seront utiles dès l’été prochain. Et enfin réduire l’impact des produits de dératisation.
Je souhaite également commencer par des remerciements. D’abord vous remercier, vous, chers collègues, membres de cette Mission d’Information et d’Evaluation, pour votre implication et votre présence constantes tout au long de ces six mois.
Je souhaite également remercier le Bureau des missions de l’Assemblée, en particulier Michel Des-Boscs et ses collaborateurs Williams Andres, Fabrice Deschamps, Jeanne Giraudon, Nicolas Rose, Anne-Gabrielle Grenet, Dominique Martin. Qui nous ont permis, grâce à leur savoir-faire, à leur technicité de travailler dans des conditions plus que favorables et nous aider et nous guider pour produire un rapport de qualité.
J’adresse également mes remerciements tout particuliers aux collaborateurs des différents groupes qui se sont impliqués dans cette mission, et en particulier ceux du groupe MoDem Démocrates et Écologistes : Jeanne Bes de Berc et Pierre Seguin.
Enfin il m’apparaît important de dédier quelques mots au Président de la mission, Alexandre Florentin, avec qui, effectivement c’est vrai, j’ai partagé de longues séances de travail, y compris le week-end pour essayer de trouver une voie consensuelle et partagée avec qui il a été très agréable de travailler intellectuellement pour produire un rapport de qualité.
J’espère que ces liens convergeant au sein de la mission que nous avons trouvés entre élus, collaborateurs, que nous avons su créer, perdureront, permettront d’avancer ensemble dans des sujets importants pour dessiner un meilleur avenir pour Paris.
Ce rapport laisse tout de même une interrogation en suspens : Fuir ou périr dans une ville radiateur ?
Voilà une question que, je l’espère, ne devront jamais se poser les Parisiens, notamment ceux qui ne peuvent pas partir. Or, dans un Paris devenu inhabitable, dans un Paris sous 50°C, qui pourrait arriver plus rapidement que prévu si nous ne changeons pas de trajectoire, il faudra avant tout protéger les populations.
Sous bien des aspects Paris est une ville riche. Riche en histoire, en ressources, en savoirs, en forces vives, en compétences. Notre capitale dispose de capacités de résilience qu’aucune autre ville au monde ne peut se vanter d’avoir grâce à son Histoire, à l’hétérogénéité de son architecture. L’histoire de Paris est remplie de moments durant lesquels nous n’avons pas cédé. Durant lequel les Parisiens ont toujours su trouver les ressources nécessaires à la défense et la protection de leur capitale. C’est aujourd’hui à nous de la protéger face à un ennemi plus invisible, plus sournois, mais tout aussi dangereux.
Nous devons nous retrouver ensemble, en tant qu’élus de la Ville de Paris, à ce moment clefs de notre histoire commune. Je ne reviendrai pas sur les propositions ni les conclusions, qui ont été présentées par Alexandre Florentin mais les axes d’adaptation sont maintenant connus nous l’avons largement présenté. Ce qui est important c’est de se dire qu’il faut partir de l’existante, il faut aller vers un avenir et il faut agir dès maintenant
Agir dès maintenant pour protéger dès l’été prochain les populations, agir dès maintenant, dès ce mois de juin pour protéger ceux qui travaillent dans des conditions difficiles.
Les Parisiens nous attendent, ils attendent de nous, décideurs politiques, que nous puissions mettre de côté nos luttes partisanes et que nous avancions ensemble. Il est vrai parfois que notre vision d’adapter Paris n’est pas totalement la même, mais cette mission a su montrer qu’on pouvait ensemble avoir des points de convergence, trouver de grandes idées, des volontés communes. Il est vrai que parfois, c’est un peu l’image que j’ai de cette mission, c’est que nous avons un peu comme des plaques tectoniques qui se rencontrent, créent quelques remous, produit des montagnes, je ne sais pas si c’est l’Everest. Mais en tout cas la conclusion c’est qu’individuellement nous ne pouvons y arriver ; c’est avec une volonté commune exacerbée que nous arriverons à dépasser ces difficultés que nous connaissons aujourd’hui.
Ces six mois de mission nous auront permis de comprendre que c’est la manière avec laquelle nous faisons ville qui doit être repensée. Nous devons partir de ce qui fait Paris pour imaginer demain.
Paris c’est une histoire, une architecture, un romantisme et une renommée que nous ne pouvons oublier quand nous pensons à l’adapter. Bien au contraire, c’est en permettant à Paris de continuer à rayonner, à travers l’imaginaire que notre capitale véhicule, que nous pourrons mettre en place des mesures d’adaptation dont le monde entier s’inspirera. Paris est une source d’inspiration et nous pouvons permettre qu’elle le reste en dépassant les contraintes. Elle deviendra ainsi la première ville au monde ayant embrassé son avenir tout en regardant son passé. S’appuyer sur le patrimoine parisien afin de penser une ville totalement reconnectée avec la nature doit être le moteur de l’élaboration de nos prochaines politiques publiques.
Paris doit devenir le berceau du nouveau triptyque Humains – Ville – Nature. Prendre en compte l’histoire et le patrimoine Parisien sans avoir peur du changement doit nous permettre collectivement de rendre cette ville plus résiliente, à travers la création d’une nouvelle relation entre l’homme et le vivant. Cette relation peut être porteuse d’espoir notamment la mise en place de solutions fondées sur la nature.
Endiguer la spirale infernale dans laquelle l’humanité s’est insérée ne passera que par des solutions collectives notamment dans les villes, et en changement de modèle civilisationnel.
Il faut une implication de tous, celle du Conseil de Paris, des associations que nous avons largement concertées, des citoyens qu’ils soient engagés, ceux qui s’engageront demain, du monde économique et du monde du travail.
Quand nous parlons protection de l’environnement, nous parlons aussi de la protection de la ressource en eau, de l’énergie, de l’air non polluée, de système alimentaire ainsi que de la protection des conditions de viabilité sans lesquelles l’espèce humaine ne peut perdurer. C’est pourquoi, un modèle d’une ville qui serait intelligente, technique et surclimatisée ne peut être utile qu’à court terme.
Sans un environnement sain, les sociétés humaines et leurs structures politico-sociales n’existent pas. Et c’est donc sur ce chemin collectif que nous devons avancer ensemble, collectivement pour garder un Paris viable et habitable.
Repenser Paris, c’est repenser la manière avec laquelle nous faisons ville, avec laquelle nous faisons société. En ce sens, revenir au cadre conceptuel de l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour les questions de l’environnement, à savoir :
La nature pour la nature,
La nature pour la société,
La nature pour la culture.
S’applique parfaitement à Paris et peut demain servir de fil vert à notre politique d’adaptation.Nous devons retourner à l’essentiel, recréer ces liens et j’espère que cela sera le sens de nos travaux des prochains mois.
Derrière les données techniques, les chiffres, le droit de l’urbanisme, il nous faut imaginer et projeter, comme d’autres avant nous, que les changements que nous votons aujourd’hui imprégneront les esthétiques urbaines et les vies de demain.
La ville vit, croit, ressurgit en dehors de nous selon les mots de Julien Gracq. Elle nous imprègne à tout jamais, nous forme et nous la reformons.
Ce PLU s’inscrit dans une longue série de révisions et de débats, de reports également.
Mais l’élaboration d’un PLU est avant tout un moment stratégique, un moment de rupture. Aujourd’hui, ce PLU doit répondre aux défis majeurs de la lutte et de l’adaptation de la ville aux effets du changement climatique, à la question surtout de l’habitabilité.
Depuis 2006, les données des différents rapports du GIEC alertent sur l’accélération du réchauffement dont les effets se feront ressentir plus fortement dans une ville comme Paris, très dense, trop dense, et ne comptant pas assez d’espaces verts par habitant. Paris a déjà connu des températures pouvant monter jusqu’à 80°C. Les scientifiques nous disent que si nous continuons sur cette trajectoire, des températures extrêmes, telles que l’Inde et le Pakistan ont connues en avril 2022, pourront devenir des événements climatiques récurrents, y compris dans notre capitale.
Dessiner la ville ne relève plus du débat partisan, mais relève bien de la nécessité de répondre à l’urgence.
Comme l’a montré la Mission d’Information et d’Evaluation « Paris à 50°C », dont je salue le travail collectif, ce qui se joue devant nous n’est plus à prendre à légère. Il est question aujourd’hui de savoir si Paris, dans 5, 10, 15, 20 ans sera encore habitable. Il est primordial d’avoir toujours cette interrogation en tête lorsque nous élaborons des projets urbanistiques qui permettront de rendre cette ville plus sûre et plus vivable pour tous ses habitants et pour le vivant.
Pour avoir un Paris résilient, ce nouveau PLU doit répondre à trois exigences. La première celle de la cohérence. Paris doit disposer d’un urbanisme cohérent, adapté, se confrontant à la réalité.
Ce PLU doit rompre avec les logiques urbanistiques du passé. Il n’est plus possible de construire de grandes tours vitrées, ou de déroger aux règles les induisant, qui au-delà d’un esthétisme discutable et d’un confort relatif de vie pour ses habitants sont des gouffres énergétiques favorisant le réchauffement de la ville. Même la ville de New-York, connue pour sa skyline ponctuée de nombreux grattes-ciels a interrogé ce modèle de tours durant l’élaboration de son plan d’adaptation “New York 2050”.
L’adaptation du bâti parisien ne peut se faire contre l’histoire de Paris, et notre amie Béatrice Lecouturier développera nos propositions. L’isolation par l’extérieur, technique d’isolation au demeurant très efficace afin de réduire la température au sein des logements, peur se faire dans le respect des caractéristiques esthétiques de façade. Il convient d’adapter Paris, tout en faisant perdurer son esthétisme. Quel sens aurait pour notre identité une ville mondialisée, dont les façades et les toits ont perdu leurs caractéristiques qui permettent, dès le premier regard, de savoir que nous sommes à Paris. Encore plus lorsque les rues se bordent de marques et de façades commerciales qui se répètent à l’infini de Prague à Milan, de Tokyo aux malls d’Abu Dhabi. C’est le sens du consensus que nous avons trouvé au sein de la MIE, à savoir conjuguer au présent adaptation et identité, modernisme et histoire.
Seconde exigence, celle du vivant. Paris peut devenir une véritable ville-nature si nous y mettons de la volonté et des moyens financiers. En ce sens, la végétalisation de l’espace public doit être massive mais doit surtout être réalisée de pleine terre et dans la durée en choisissant des essences adaptées face à la réalité du futur climat parisien, et il n’est pas forcément judicieux de seulement s’appuyer sur des essences locales mais également d’imaginer celles qui pourront être plus résistantes au stress hydrique.
Sachons regarder ce qui se fait de mieux et aidons-nous des outils qui sont à notre disposition, comme ceux du Muséum National d’Histoire Naturelle qui, par son expertise, peut nous accompagner dans l’élaboration d’un panel d’essence aptes à avoir des plantations adaptées au réchauffement climatique.
Sachons également nous prémunir des effets de mode sans recul d’analyse. Expérimenter les plantations miyawaki a son utilité dans certains territoires, or en France, qui plus est à Paris, son efficacité reste toute relative, car cette méthode doit s’adapter au contexte écologique de chaque lieu. Une étude, parue dans la revue Landscape, fait état d’une mortalité des arbres à hauteur de 80 % au bout de dix ans, raison pour laquelle une autre capitale européenne comme Berlin revient en arrière. Et ce n’est qu’un exemple de mal adaptation ou de contre-solution sur lequel il faut savoir revenir en arrière.
Alors pour permettre à la biodiversité de s’implanter en ville et de croître de manière positive, il convient d’étendre les trames vertes continues à partir des bois, des parcs et des squares, dans le but de créer de nouveaux corridors de biodiversité et de fraîcheur. Les choix urbanistiques du passé ont rendu l’espace urbain parisien trop fragmenté entraînant des ruptures de continuité trop importantes.
Notre contribution aujourd’hui se traduit par un certain nombre d’amendements importants – je viens d’en évoquer quelques-uns et j’espère que nos contributions seront lues comme un enrichissement dont nous partagerons collectivement le bon sens.
Pour maintenir et augmenter le taux de végétalisation à Paris, il convient de planifier et de sanctuariser des espaces à végétaliser chaque année. Pour cela, nous proposons d’augmenter le nombre d’Espaces verts protégés, en définissant des seuils sur le nombre avec une tendance à l’augmentation chaque année.
Enfin, troisième exigence, celle d’une ville adaptée, celle d’une ville qui protège ses habitants.
Le premier outil à notre disposition est bien évidemment la végétalisation que je viens d’évoquer. Par son rôle de climatiseur naturel mais aussi par ses capacités d’ombrage, la végétalisation permet de rendre l’espace public plus sûr, utilisable. C’est pour cela que nous proposons l’établissement d’un coefficient ombre de l’espace public permettant à tout un chacun de s’adapter et de s’approprier un espace public plus frais. Il est utile face aux crises d’avoir des indicateurs de suivi non pas pour nous satisfaire ou nous féliciter mais pour savoir où nous allons. Ce sont les indicateurs qui sont au cœur des débats des COP.
Protéger la population c’est aussi préserver et décider de ne pas faire, de ne pas construire. Nous ne préservons pas suffisamment, à travers ce PLU, des corridors d’air car en continuant à sur-densifier, à surélever la ville, nous nous disons que demain nous allons abandonner certains quartiers, certains habitants, à la chaleur d’une ville radiateur sur-bétonnée. Il nous est aussi possible également d’agir en urgence sur le bâti. L’adaptation du bâti doit impérativement prendre en compte la protection des Parisiens et la réduction de l’effet d’îlot de chaleur urbain dans la capitale. Le confort d’été doit être au cœur de nos transformations, et pour cela, nous proposons, pour toute construction neuve ou restructuration lourde, un système de ventilation passif, qui doit être choisi en priorité.
Enfin, parce que Paris doit être une ville facilitatrice d’échanges et de liens intergénérationnels, nous avons déposé un vœu afin que soit aménagée une ou plusieurs placettes oasis par quartier, ce n’est pas une idée simplement de notre groupe, c’est une préconisation de la MIE. Ces placettes seront des lieux de sociabilisation intergénérationnelle et de sauvegarde.
La vision du Paris que nous défendons est un Paris adapté, frais et sûr pour ses habitants. Un Paris qui répond dans le concret, avec des indicateurs chiffrés et transparents. C’est le sens de nos amendements.
Après le temps de la construction, celui du PLU de 2006, passons à celui de l’adaptation, de la résilience et de la sobriété. Celui d’une ville qui protège et prépare l’avenir dont les Parisiens ont besoin. C’est cette vision de Paris que défendra notre groupe.
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