Merci Madame la Maire, mes chers collègues,

Le dispositif Paris Med’, qui fut créé en 2016, ne pouvait à lui seul répondre aux besoins en termes de santé de la population résidant en Ile-de-France, en témoignent notamment les chiffres actualisés par l’Assurance Maladie et cartographiés par l’APUR. 

Pour toutes les professions de santé et selon les arrondissements, les écarts de densité médicale à Paris s’échelonne de 37 à 289 professionnels pour 10 000 habitants et les spécialités, au-delà des chiffres, ne correspondent pas forcément à la sociologie des habitants et à leurs besoins.

De plus, les études de l’APUR le démontrent, de nombreux Franciliens n’habitant pas à Paris, sont contraints, du fait d’une offre de santé encore plus insuffisante sur leur territoire, d’aller se soigner dans Paris. IRM, orthophonie, kinésithérapie, dentisterie, autant de parcours du combattant faute d’une voix de territorialisation de proximité pour chacune des villes du territoire francilien.

Ainsi, je ne peux que saluer l’initiative de renforcer et d’améliorer le dispositif Paris Med’ afin d’encourager et de renforcer le maillage de professionnels de santé à Paris. Il est essentiel pour notre capitale d’attirer et de fidéliser de jeunes médecins, en mettant les moyens nécessaires, notamment pour leur installation, mais également les spécialistes, car, au cours de cette dernière décennie, nous avons perdu plusieurs centaines de généralistes et de spécialistes.

Pour autant, les annonces de cette communication restent faibles et ne sont pas à la hauteur des enjeux de santé du territoire parisien.

Il est d’abord regrettable que la santé des personnes âgées, des aînés, ne soit pas abordée. C’est un sujet pourtant essentiel compte tenu du vieillissement de la population parisienne : les projections prévoient 25 % de seniors à Paris en 2040. Faudra-t-il être en bonne santé, jeune et sans enfant pour vivre demain à Paris ?

Je tiens à rappeler que le groupe MoDem, a tenté à plusieurs reprises de mettre ce sujet à l’ordre du jour du Conseil de Paris, avec notamment un vœu déposé au Conseil de juin dans le cadre du PLU, demandant l’augmentation du nombre de places en EHPAD à Paris, vœu rejeté par la majorité. Nous avons également en février 2022, dans le cadre de notre niche, demandé que la présence d’animaux dans les EHPAD parisiens soit rendue possible de façon concrète, car les conditions de résidence dans cette dernière partie de vie est une question de dignité et de bien-être pour les personnes âgées. Qualité, végétalisation, activités, soins, devraient faire partie de nos priorités dans ces établissements.

Cette communication indique que la Ville de Paris prévoit une « planification de la hausse des effectifs médicaux et paramédicaux ». Cette préconisation va dans le bon sens, mais encore faudrait-il que cette prévision permette de compléter le maillage d’offres de services de soins en assurant le recrutement et l’installation de nouveaux professionnels sur le territoire parisien. Madame la Maire a évoqué tout à l’heure l’orthophonie, là encore un nouveau parcours du combattant pour les familles, bien souvent les mères, trop souvent les mères, qui, faute de professionnels pour des raisons de loyers trop chers, doivent accompagner leurs enfants ou se heurtent à de longues listes d’attentes avant de pouvoir trouver des solutions.

Là encore, nous avions fait des préconisations précises dans le cadre de la MIE santé. Je tiens également à rappeler que le groupe MoDem avait fait voter en 2015 un vœu relatif à l’instauration de logements tremplins destinés aux internes en médecine. Ce vœu prévoyait qu’en échange d’un accès facilité à un logement social, les internes s’engageraient à exercer à Paris. Cette proposition a été adoptée à l’unanimité, mais elle n’a jamais été mise en place. Cela aurait pu notamment résorber une partie du problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. Il serait nécessaire que cette proposition, au-delà de la communication, soit remise à l’ordre du jour.

Cette communication comporte aussi une lacune assez forte en matière de santé mentale des Parisiens, notamment des adolescents et des enfants. La crise du COVID a mis en exergue la difficulté, notamment pour les plus jeunes, de vivre à Paris, de vivre dans des logements trop petits, d’affronter une société complexe, compliquée et anxiogène.

Nous avons également fait des préconisations dans le cadre de la MIE santé, il est urgent que cette question soit remise à l’ordre du jour pour l’ensemble de la population, mais vital pour les enfants et les adolescents quand les services d’accompagnement psychiatrique et psychologique de l’ensemble des établissements publiques sont en surcharge plus qu’ailleurs.

Enfin dernier point, sur la question de la santé environnementale, Paris est tenue de faire mieux. Peut-être en commençant par reprendre les préconisations de la MIE « Paris à 50°C » afin de limiter les risques sanitaires causés par les effets de vague de chaleur en végétalisant massivement l’espace public et en adaptant les logements afin que ceux-ci ne deviennent pas des amplificateurs des inégalités socio-économiques. Mais la Ville doit aussi agir sur les pollutions, la pollution lumineuse de l’espace public parisien, la pollution sonore la nuit. Car redonner à la nuit sa tranquillité, sa vocation de repos va dans le bon sens pour améliorer la santé publique. 

Face aux défis qui se présentent devant nous, il devient impératif d’élaborer un plan d’actions plus ambitieux, plus concret et plus efficace afin de répondre de façon urgente aux difficultés des Parisiens dans le but de réduire les inégalités de genre de d’âge dans l’accès aux soins.

Je vous remercie.