Merci beaucoup Madame la Maire, 
Mes chers collègues, 
 
Les deux délibérations qui nous sont soumises concernent aujourd’hui un site exceptionnel du 14e arrondissement, l’ancien hôpital de la Rochefoucauld. Ce site n’est pas un foncier ordinaire, c’est un ensemble hospitalier et paysager dont l’histoire a commencé à la fin du 18e siècle grâce à Jacques-Denis Antoine, l’architecte de l’hôtel des Monnaies et qui a servi sans interruption une mission de service public pendant près de 250 ans. Un patrimoine architectural, végétal et paysager cohérent, rare à Paris, dont l’équilibre s’est construit dans le temps et qui mérite d’être préservé. 
 
Alors que sa fermeture se profilait, nous avions au sein du Conseil de Paris demandé que l’APHP puisse transformer ces bâtiments en logement pour le personnel soignant pour conserver sa vocation sanitaire. À l’époque, en 2018, nous ne parlions pas beaucoup des sujets d’accès aux soins, du manque d’attractivité de l’APHP. Pourtant, la crise était déjà là et elle se révélera quelques années plus tard. 

Nous avions fait voter par cette assemblée le dispositif des logements tremplins qui permettait à tout professionnel de santé s’engageant à l’hôpital public ou à exercer en secteur 1 à bénéficier d’un accès privilégié au logement social. Un dispositif voté à l’unanimité et qui n’a jamais été mis en place. On a vu ce que ça coûtait cette erreur. Ce site exceptionnel de la Rochefoucauld, a été totalement ignoré par la ville, n’est-ce pas, Emmanuel Grégoire ? Ville qui n’a jamais réellement souhaité le racheter pour permettre un projet respectueux de son histoire, son patrimoine tant architectural que végétal, permettant d’ouvrir cet espace sur tout un quartier et en faire un véritable îlot de fraîcheur. La ville a préféré le laisser vendre à un promoteur. 

En 2023, l’APHP a lancé un appel d’offres mettant explicitement en avant le potentiel de valorisation financière du site avec des études de valeur vénale et des recettes immobilières attendues. Autrement dit, un basculement assumé d’un site public patrimonial vers une logique de rendement foncier. Face à cela, une mobilisation citoyenne et associative extrêmement forte s’est organisée. Et je voudrais évidemment saluer l’association sauvant la Rochefoucauld, les riverains, les historiens du patrimoine qui ont rappelé ce qui est ce qu’était réellement ce site. Un bâtiment néoclassique et de ses communs inscrit à l’inventaire des monuments historiques, un parc de près de 2 hectares dont subsistent encore environ 14000 m² de patrimoine végétal. Et enfin, un ensemble paysager cohérent, structuré par des perspectives et des trouées visuelles sur les grands axes urbains du sud parisien. Des associations qualifiées par la maire du 14e arrondissement, “d’associations qui ne disent pas la vérité” et tronc le débat démocratique, donc j’ai beaucoup apprécié votre hommage ce matin, Madame la Maire. 

Les deux délibérations examinées aujourd’hui au Conseil de Paris consistent dans des programmes de 44 logements étudiants d’un côté, 40 logements sociaux de l’autre à travers la rénovation de bâtiments existants. Et je le dis très clairement, ce ne sont pas ces logements qui nous posent problème, mais bien l’ensemble du projet. Un projet qui prévoit outre la transformation des bâtiments actuels la construction de nouveaux bâtiments notamment sur des espaces non à ce jour artificialisés. Cet ensemble exceptionnel est aujourd’hui fragilisé par une densification qui ne dit pas son nom. Lors du débat sur le PLU, j’avais déposé un amendement pour que l’ensemble de la parcelle soit classé et que les espaces verts protégés soient agrandis. Il a été rejeté, le PLU ayant opportunément laissé libre les espaces qui aujourd’hui sont concernés ou seraient concernés dans le cadre du prochain permis de construire par des constructions de nouveaux bâtiments. 

Mardi dernier, effectivement, le promoteur a enfin présenté l’ensemble du projet et a confirmé la densification de cette parcelle à travers la construction de trois immeubles de logement privé sans compter l’extension du bâtiment des infirmières. Bref, la bétonisation de cette parcelle qui constitue pourtant un îlot de fraîcheur au cœur d’une zone dense. L’espace vert actuel sera partiellement privatisé pour ces logements. À plus de 15 000 € le mètre carré, on peut le comprendre. Le parc actuel ou plutôt ce qu’il en restera après la dite privatisation fera l’objet d’une convention entre le propriétaire et la ville, qui pourrait parfaitement ne pas durer. 

Grâce au ministère de la Culture qui a demandé l’extension de la protection au titre des monuments historiques du site, le bâtiment au nord a été revu en R+1. Comment pouvons-nous justifier qu’un ancien hôpital parisien, porteur d’une histoire hospitalière, sociale et paysagère aussi forte, soit traité comme un banal foncier sans ambition patrimoniale, climatique et urbaine à la hauteur de ce qu’il représente et à rebours des engagements pris par le Conseil de Paris lui-même en 2019, lorsqu’il appelait (J’ai 10 minutes Madame la Maire, parce que je suis inscrite sur les deux délibérations. Si si. C’est la même délibération. Je suis inscrite sur les deux). Je vous demande 30 secondes pour conclure. Je rappelle que c’est à rebours des engagements pris par le Conseil de Paris lui-même en 2019 lorsqu’il appelait à protéger ce site de la spéculation foncière et à garantir le développement d’intérêt général. Densification de la partielle, privatisation d’une partie du parc. Ce projet de la Rochefoucauld illustre parfaitement l’hypocrisie du discours de préservation du patrimoine architectural et végétal de la ville. Je vous remercie.