Monsieur le maire, je vais intervenir sur le réaménagement du site de la Tour Eiffel.
Monsieur le maire, mes chers collègues, en mai 2019, lorsque Anne Hidalgo a présenté le projet de réaménagement du site Tour Eiffel, elle se mettait à rêver d’un jardin extraordinaire où l’on allait réentendre le chant des oiseaux.
Qui pourrait d’ailleurs souhaiter le contraire, mes chers collègues ?
Mais parfois la réalité peut s’avérer bien différente des rêves.
Une pandémie mondiale s’est invitée entre-temps, bouleversant violemment notre économie, notre tourisme et nos finances.
Commençons si vous voulez bien par nos finances.
Annoncé pour un budget initial de 72 millions euros en fin juin 2019, le coût global de ce projet s’établit à présent à 107 millions euros, soit une augmentation de 50% par rapport à ce qui avait été annoncé.
Alors j’entends bien Jean-François Martins, nouveau président de la société d’exploitation de la Tour Eiffel, qui finance les travaux déclaré à la presse.
“C’est comme les travaux chez soi. On a beau faire des évaluations les plus fines possible, les coûts réels sont toujours plus élevés.”
Et bien non ! Non, ce dépassement n’est pas acceptable ni audible pour les Parisiens.
Pas acceptable parce qu’une hausse de 50 % signifie que les études préalables n’ont pas été suffisamment rigoureuses pour prévoir des surcoûts importants de 35 millions euros et présenter un budget en deçà des réalités.
Comment nous garantir que ces dépassements ne vont pas se poursuivre en découvrant, au gré des travaux, des surprises qui n’auraient pas été sérieusement prévues ?
Et puis ce n’est pas audible pour les Parisiens, ni pour nous élus, qui entrons dans un examen budgétaire contraint.
Déjà fragilisé par votre gestion et un endettement de plus de 6 milliards qui ne va que s’accentuer compte tenu de la situation sanitaire, sociale et économique de notre ville.
D’un point de vue touristique.
Oui, le site de la Tour Eiffel mérite d’être, entièrement revu, devenu inadapté.
C’est par un accueil moderne et attractif, seulement 15 % des 47 millions de touristes à Paris, soit 7 millions de visiteurs, paient une entrée pour visiter ce monument mondialement envié.
Car un projet architectural où environnemental n’est pas suffisant pour attirer des visiteurs.
Il nous faut nous reposer des questions de coût du ticket qui je le rappelle, est passé de 17 à 25€ en 2019.
Il faut nous reposer des questions sur la qualité de l’accueil du site, sa sécurité et sa propreté qui sont autant d’enjeux pour l’activité et l’attractivité futur de ce monument.
Et puis la baisse inquiétante de la fréquentation touristique à Paris depuis 2018 due aux différents mouvements sociaux et à la pandémie du coronavirus en 2020, est une réalité pesante dans les perspectives d’avenir pour toute l’économie touristique de notre capitale.
D’un point de vue environnemental, ce projet paraît encore là, bien séduisant, avec de cette coulée verte piétonniser parsemée de pelouse et d’arbres, qui partirait du Trocadéro pour rejoindre le Champ de Mars.
Coup de communication.
Il serait honnête de se poser la question si la perméabilisation des des sols est une mesure que nous approuvons.
Nous ne pouvons que regretter des arbres en pot installé sur le pont d’Iéna qui ne sont qu’un pis-aller à des arbres plantés en pleine terre.
Comment le croire ?
Comment faire croire aux parisiens qu’il est écologique de mettre des arbres en pots, très demandeurs d’eau car ne pouvant pas puiser l’eau profondément dans la terre ?
Et le groupe écologique que nous savons entendu ce matin ne pourra pas me contredire. Pour Alain Sarfati, architecte et urbaniste, planter des magnolias en pots, c’est comme des poulets en batterie, c’est de la maltraitance végétale avec un effet sur la photosynthèse.
Nul car il n’y a pas suffisamment de profondeur pour absorber le CO².
Enfin, quel sera l’impact sur la vie quotidienne des Parisiens ?
Pendant la durée des travaux et après ?
En tant qu’élu du 16e et du 15e, nous ne pouvons qu’être inquiets de l’impact des travaux sur le bruit.
Le report de la circulation, les embouteillages qui ont un très fort impact sur nos arrondissements.
Je pense également à tous les Parisiens, les franciliens qui n’ont pas la possibilité de prendre les transports en commun, notamment les personnes âgées, celles qui sont en situation de handicap ou encore les familles qui ne pourront plus circuler.
Enfin je pense à tous ces jeunes qui vont être exclus de ce lieu emblématique qui est le CIDJ, qui accueille, conseille et oriente plus de 100 000 jeunes par an.
À ce jour, aucun lieu n’a été proposé pour le relocaliser, alors que nos étudiants et nos lycéens ont plus que jamais besoin de cet endroit de conseil.
Dans cette période de crise, c’est en ce sens que nous avons déposé un voeu demandant qu’un lieu soit rapidement trouvée pour relocaliser le CIDJ.
Alors, monsieur le maire, ce projet est un beau projet de carte postale, mais qui pose de nombreux problèmes auxquels la municipalité ne semble pas vouloir prendre compte.
La nature en ville est aussi un débat philosophique. Alain Sarfati, toujours lui, estime qu’à trop vouloir mettre de la nature dans la ville, ont fini par tuer les deux. Il faut garder un équilibre entre la densité, les activités et une présence équilibrée de la nature pour assurer la mixité et le vivre-ensemble.
On doit garder le choix de vivre à la nature ou en ville et laisser la nature où aller pour cesser de la maltraiter.
Je vous remercie.