Chers collègues, 

Cette délibération s’inscrit dans la suite de notre vœu voté par le conseil du 9e arrondissement puis par le conseil de Paris en novembre 2024, il y a donc 1 an. 

Vœu qui exprimait notre volonté commune de rendre hommage à la maison Schneeberg et à son fondateur Samuel Schneeberg ainsi qu’à son fils Édouard en apposant une plaque commémorative aux 43 rues de la Victoire. Fondée en 1840 par Samuel, la maison Schneeberg a été une véritable institution du 9e arrondissement de Paris. Située face à la grande synagogue rue de la Victoire, spécialisée dans les pompes funèbres israélites, la maison a accompagné durant plus d’un siècle les familles de la communauté juive parisienne dans les moments les plus douloureux de la vie. À la mort du fondateur, Samuel, son fils Édouard a repris le flambeau avec la même rigueur et le même sens du service. Mais au-delà de la profession, Édouard Schneeberg a incarné les valeurs républicaines et humanistes et nombreuses sont ses actions dans ce cadre. Il prenait notamment en charge l’inhumation gratuite des plus démunis, les vacances d’enfants pour la colonie scolaire et il organisait des banquets pour nourrir des chômeurs et des familles en situation de précarité. 

Lorsque la guerre a éclaté, la maison Schneeberg a essayé de poursuivre son activité dans le contexte d’oppression et de persécution lancé. Malgré son statut particulier de commerce rituélique qui lui permettait d’exercer sous l’occupation, Édouard Schneeberg a été arrêté à plusieurs reprises. D’abord par les Allemands nazis le 10 septembre 1941, puis par la police française le 20 mars 1942 dans ses bureaux de la rue de la Victoire, lui l’ancien combattant de 14-18. 

Le 31 juillet 1943, il était déporté par le convoi numéro 58 à destination d’Auschwitz. Il n’en est jamais revenu. 

Son histoire est celle d’un homme fidèle à son identité, à son héritage moral, d’un homme fidèle à la République française, à ses valeurs, à ses principes. Son histoire est celle d’une personnalité parisienne dont la vie et le destin s’inscrivent dans la tragédie : l’horreur de la Shoah. En rappelant son nom, celui de sa famille et de la maison qu’il a dirigée, nous préservons une mémoire essentielle. Une mémoire qui relie notre arrondissement à la grande synagogue de la victoire toute proche et à l’histoire des juifs de Paris, de France, à notre histoire commune. 

Grâce au travail remarquable entrepris par Madame Michèle Schneeberg, son arrière petite fille, l’histoire d’Édouard nous est aujourd’hui transmise pour redonner toute sa place non pas à une victime anonyme, mais à un homme d’exception, juste et courageux qui a gardé sa dignité jusqu’au bout. Quelqu’un qui a trouvé la force de penser aux autres jusqu’à sa mort. 

Alors mes chers collègues, adopter cette délibération c’est reconnaître cette part de notre histoire, celle de Paris, celle de la France, c’est transmettre cette part de notre histoire à tous ceux qui passeront devant le 43 rue de la Victoire. Cette délibération c’est aussi offrir à nos concitoyens et en particulier à la famille Schneeberg une place dans nos cœurs, une place qui soit ce lieu de mémoire, de transmission, de vigilance mais aussi et surtout d’amitié et d’espérance. 

Je vous invite, mes chers collègues, à voter de manière unanime en faveur de cette délibération.