Madame La Maire, Mes chers collègues,
Tout d’abord permettez-moi de remercier tous les enseignants et les personnels scolaires qui ont permis le bon déroulement de cette rentrée pour que nos élèves soient accueillis dans de bonnes conditions.
Les crises se succèdent et pourtant, l’école doit rester un sanctuaire préservé, un lieu d’apprentissage et de sécurité pour nos enfants.
Alors merci madame la Maire de mettre, enfin, dans votre communication de rentrée des mots comme « école bienveillante » , « accueillante » ou encore « d’excellence pédagogique ». Vous ne nous aviez pas habitués à ce vocabulaire, et les élus de notre groupe qui défendent depuis toujours ces valeurs d’excellence pour tous ne peuvent que saluer ce progrès.
Les effectifs des élèves poursuivent leur baisse inexorable. Cette année encore, 3000 élèves en moins dans nos classes parisiennes. Rappelons que l’année dernière c’était 6000 élèves en moins. Nous ne pouvons que nous réjouir du ralentissement de ces chiffres inquiétants.
Cependant, les causes profondes de départ des familles restent toujours les mêmes: des logements trop chers, des difficultés à se déplacer, le mauvais entretien de la ville, une insécurité galopante et un manque d’espaces verts entre autres arguments. Et force est de constater que vous ne vous attaquez pas à ces vrais problèmes.
Les crises climatologique et énergétique qui frappent notre pays se sont invitées dans nos établissements scolaires parisiens et ont remis en lumière les enjeux de climat dans notre capitale. Toutes les initiatives qui vont dans ce sens sont bonnes. Alors oui aux cours oasis même si un réel effort doit se poursuivre, car une centaine de cours sur plus de 600 écoles, cela reste encore assez faible.
Un point faible dans cette communication sont les rénovations thermiques de nos établissements scolaires, point que vous n’abordez pas et pourtant capital. Comme vous le soulignez, le parc immobilier parisien de nos écoles est ancien. Alors que vous êtes à la moitié de votre second mandat, pouvez-vous nous dire, Madame la Maire, quel est le bilan des travaux de rénovation énergétique dans les écoles parisiennes ?
Patrick Bloche a indiqué que 40 interventions ont été effectuées à des fins de rénovation énergétique. Cela paraît bien maigre au regard des 683 écoles publiques parisiennes. Une exemplarité de la ville des travaux d’isolation énergétique serait la bienvenue. Mais il est vrai que cela fait moins de buzz que de planter des forêts urbaines.
Alors, au chapitre des travaux, les enseignants remontent encore trop souvent des lourdeurs administratives de la Ville de Paris et le manque de coordination entre les équipes intervenantes pour avoir des résultats rapides. Là encore, Madame la Maire, trouvons les moyens pour simplifier la vie des directrices et des directeurs dans la gestion de leur école.
En ce qui concerne la situation de l’accueil des élèves en situation de handicap, nous ne pouvons que nous féliciter de la progression constante de l’inclusion des élèves. À la rentrée 2022, un effort particulièrement important du gouvernement a été porté sur les AESH et leur recrutement. Paris compte 3246 AESH, soit une augmentation de 35 % depuis 2017.
Mais la réponse reste encore insuffisante pour de nombreuses familles. Car le handicap recouvre diverses formes, complexifiant l’inclusion de ces élèves. Selon l’Unapei, encore trop de jeunes atteints de handicaps mentaux ne seront pas scolarisés ou ne bénéficieront que de “quelques heures par semaine” de cours en cette rentrée 2022. Ne relâchons pas nos efforts. L’accueil des enfants porteurs d’un handicap, quel qu’il soit, est une question d’humanité, une question d’éducation à l’altérité, une acceptation de la différence dès le plus jeune âge. C’est une richesse pour notre société qui se morcelle et ne se respecte plus.
Enfin, je souhaiterais terminer mon intervention sur la situation très préoccupante des crèches. En effet, le manque de personnel dans le secteur de la petite enfance crée une situation de grande tension dans l’accueil des tout petits. Le problème est encore récurrent à Paris mais prend une tournure tout à fait inédite cette année.
A Paris, vous avez choisi de geler 6000 places en attendant de recruter effectivement des personnels qualifiés. Les premiers lésés sont les parents de jeunes bébés qui n’ont pas eu l’attribution de places en crèche, comme vous l’avez si bien dit Patrick Bloche.
L’exigence de ces métiers, le rythme éreintant qu’ils imposent, des salaires peu attractifs couplés à des problèmes de logements trop chers et des temps de trajet trop importants, n’attirent plus de vocations dans cette profession.
Aussi, une réflexion est à avoir sur la politique du logement des personnels de la petite enfance à Paris. Un quota de logements du parc social attribué au personnel des crèches est à envisager sérieusement. Mais là encore, c’est toute la politique du logement social à Paris qui est à revoir et que notre groupe appelle de ses vœux depuis de longues années.
Alors, comme je le disais en introduction, malgré tous ces nuages noirs, la vie des écoliers, collégiens et lycéens à Paris doit être épargnée de ces questions lourdes afin qu’ils étudient dans les meilleures conditions.Souhaitons leur à tous une année scolaire de belles réussites.
Je vous remercie.